Petit museau saillant
Disque plus large que long, de forme sublosangique, élargi vers la queue
Queue courte armée d’un à deux aiguillons venimeux
Couleur du dos formant une mosaïque d'ocelles clairs sur fond brun à gris-vert
Parfaitement camouflée sur fond sableux
Face ventrale claire, rosée à rouille
Mourine bâtarde, pastenague ailée, choucka bastarda
Spiny butterfly ray, stingrays (GB), Bugghiu, gavila (I), Raya mariposa, raya de papel, mantelina (E), Farfett (Malte), Leptirica (Croate), Avejao (P), Egasser (Diola), Khop (Wolof), Kunka sori yékhé (Guinée)
Dasyastis altavela (Linnaeus, 1758)
Pteroplatea altavela (Linnaeus, 1758)
Raja maclura (Lesueur, 1817)
Pteroplatea canariensis (Valenciennes, 1843)
Méditerranée, mer Noire et Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Gymnura altavela apprécie les zones tropicales et les eaux chaudes tempérées.
L'espèce fréquente l’ensemble de la Méditerranée et la mer Noire.
Elle est plus rare en mer Tyrrhénienne qu'en mer Egée.
Quelques signalements récents sont avérés
sur les côtes continentales
françaises (îles de Lérins, août
2014 et Cap Bénat, septembre 2018) et la façade tyrrhénienne de la
Corse (embouchure du Golo, 6 juillet 2014 ; embouchure étang de
Diana, 29 octobre 2016 ; sud-est de Bastia, avril 2018, sur une communication de M. Marengo et 28 octobre 2019, selon une observation personnelle de J-J Riutort).
En Atlantique, on la trouve du Portugal à l’Angola, en passant par les Canaries et Madère.
L'espèce est toutefois absente au Cap Vert.
Sur les côtes américaines, l'aire de répartition de la raie-papillon épineuse court du littoral de l'Etat du Massachusetts à celui de l'Argentine ; elle peut être localement abondante, comme en zone côtière de Virginie ou rare, comme dans le golfe du Mexique.
Dans le détail, la distribution de cette raie apparaît inégale et discontinue ; elle semble avant tout tributaire de son habitat.
Gymnura altavela est une espèce benthique* qui montre une préférence pour les fonds sablo-vaseux côtiers sur lesquels elle peut laisser l'empreinte caractéristique de son corps. Elle pénètre les estuaires, les lagunes et se rencontre entre 1 et 60 mètres avec des incursions possibles jusqu'à cent cinquante mètres de profondeur.
En Corse, il est fait état d'une observation atypique, en surface, au large du golfe de Sagone (Miniconi, 2006).
Le profil antérieur du corps, aplati dorso-ventralement, est terminé par un petit museau saillant. La raie-papillon épineuse se distingue par le développement extrême de ses nageoires pectorales. Le disque sublosangique, environ deux fois plus large que long s'élargit vers la queue. L'envergure peut atteindre 1,50 m, voire exceptionnellement 3 à 4 mètres (Stehmann) pour une longueur totale de 1,40 m. Le poids maximum publié est de 290 kg. Le bord latéral interne du spiracle* est muni d'un petit tentacule. Les nageoires pelviennes* sont réduites et fines, de couleurs blanches ou brunâtres.
Un à deux petits aiguillons venimeux barbelés sont insérés à la base d'une courte queue (un tiers de la longueur du disque). Selon Schwartz (2005), le dard est court, plus grand chez les femelles (33 mm) que chez les mâles (23 mm) et dépourvu de dentelures à sa base. Le nombre moyen de ces dentelures est plus élevé chez les femelles (62) que chez les mâles (53). Une crête cutanée est présente sur les faces dorsale et ventrale de la queue. Les 3 à 5 bandes noires présentes sur la queue sont souvent peu différenciées.
La peau, lisse chez les jeunes devient rugueuse chez les adultes.
La coloration variable de la raie-papillon épineuse résulte de la juxtaposition de cercles et de points blanchâtres, formant une mosaïque d’ocelles* clairs, de taille variable, sur fond brun à gris-vert. Quelques petites taches noires et des macules sombres plus grandes sont aléatoirement réparties sur le dos. Le bord du disque est souvent ourlé d’un liseré où les motifs clairs et sombres sont disposés en alternance. L’ensemble confère à la raie-papillon épineuse un camouflage* parfait avec les fonds sablo-vaseux qu’elle fréquente. Le ventre est clair, blanc, légèrement rosé ou rouille.
Gymnura altavela adopte le plus souvent une nage caractéristique, au plus près du fond, où se succèdent de courtes phases durant lesquelles elle bat alternativement des ailerons et plane.
Le genre comprend onze espèces (cf. I.T.I.S), parmi lesquelles il convient de distinguer les plus proches :
Gymnura altavela se nourrit essentiellement de Téléostéens (Yemışken and al., 2018) mais également de mollusques, de crustacés et de plancton*.
Gymnura altavela atteint sa maturité alors qu'elle a une grande taille (Largeur Disque : LD), 78-130 cm pour les mâles et 102-108 cm pour les femelles. En Syrie, la taille de première maturité sexuelle est atteinte à 77,1 cm chez les mâles et à 96,1 cm chez les femelles (LD).
Son cycle de reproduction est annuel (faible résilience). La gestation dure environ six à neuf mois pour développer quatre à sept embryons (quatre en moyenne dans l'ouest Atlantique) qui se distribuent symétriquement dans les utérus. En Mauritanie, les eaux peu profondes du banc d'Arguin constituent une zone potentielle de mise bas.
En Méditerranée, trois embryons d’une largeur discale comprise entre 28.6 cm et 30.9 cm ont été observés en Turquie. La largeur du disque à la naissance est comprise entre 29,4 cm (Tunisie) et 28,7 à 31,9 cm (Syrie). Cependant, Last et al. (2016), mentionnent une taille à la naissance entre 38 et 44 cm (LD) sur l'ensemble de l'aire de répartition de l'espèce.
La raie-papillon épineuse est l’hôte de plusieurs parasites :
L’analyse des vertèbres de raies-papillons épineuses du nord ouest Atlantique a permis à Parson et al. (2018) d’estimer l’âge des plus vieux mâle et femelle à 11 et 18 ans pour une largeur du disque respective de 135,5 cm et 215 cm.
La raie-papillon épineuse possède de petites dents pointues dont le nombre varie fortement suivant les études. La dentition de sa mâchoire comporte quatre-vingt-huit à cent trente-huit dents formées d'une robuste cuspide* conique. La mandibule* comprend soixante-seize à cent-douze dents. Toutes se répartissent en sept à douze rangées fonctionnelles et grandissent avec la croissance de l'animal.
La raie-papillon épineuse semble avoir peu de prédateurs potentiels : quelques mammifères marins et requins, comme Sphyrna mokarran, le grand requin marteau.
Solitaire, la raie-papillon épineuse ne constitue pas un danger réel pour l'homme ; elle ne développe pas d'agressivité particulière. Toutefois, il est recommandé de ne pas blesser l'animal, ni de le stresser et enfin de prendre garde à ne pas placer accidentellement le pied dessus. Cependant, aussi douloureuse soit-elle, la blessure n'est pas mortelle.
Gymnura altavela est inscrite au registre de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) comme étant en Danger Critique d'Extinction pour la Méditerranée, où la population semble avoir décliné de plus 80 % et en Danger d'Extinction pour les autres zones de répartition de l'espèce, pour lesquelles les experts redoutent une diminution constante des effectifs.
Bien que l'on manque sectoriellement d'éléments d'appréciation, la disparition de l'espèce semble effective, comme l'illustre la baisse d'abondance à 99 % au sud du Brésil !
Raie-papillon épineuse : analogie avec les grandes ailes d’un papillon et épineuse pour son dard.
Gymnura : du grec [gymnos] = nu
altavela se décompose du latin en [alta] = haute et [vela] = voile
Numéro d'entrée WoRMS : 105856
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Super ordre | Euselachii | Sélaciens | Raies et requins. |
Ordre | Myliobatiformes | Myliobatiformes | Raies dont la dentition évoque une meule. |
Famille | Gymnuridae | Gymnuridés | |
Genre | Gymnura | ||
Espèce | altavela |
Nage planante au ras du fond
Ce cliché montre la nage planante au-dessus d’un fond sableux, aux îles Canaries. Souvent estompé, on remarque ici la présence d’un liseré ourlant le bord du disque le long duquel sont réparties des taches noires et des macules noires, plus grandes, dispersées sur le dos.
Los Gigantes, Tenerife, 18 m
17/08/2007
Détail de la tête
Le profil antérieur du disque présente un très petit museau. L’ensemble est confondu avec l’habitat fréquenté.
Los Gigantes, Tenerife, 18 m
17/08/2007
Posée sur le fond
Posée sur le fond, la raie-papillon expose la forme caractéristique sublosangique de son corps prolongé par une courte queue. Les dessins et la coloration confèrent un camouflage parfait avec le substrat sableux qu’elle affectionne. Ceux-ci évoquent ceux du platophrys Bothus podas qui fréquente les mêmes fonds.
Los Gigantes, Tenerife, 18 m
17/08/2007
Coloration caractéristique
Cette coloration caractéristique est formée par la juxtaposition de points blanchâtres formant une mosaïque d’ocelles clairs sur fond brun-vert. Seuls les spiracles se distinguent de l’ensemble.
Los Gigantes, Tenerife, 18 m
17/08/2007
Capture
Ce cliché, observé en plongée montre une jeune raie-papillon épineuse prise dans un filet maillant. L’épine venimeuse, présente à la base de la queue est bien visible. Les captures de raies-papillons épineuses au moyen de filets constituent l’une des principales causes de mortalité de l’espèce, déjà handicapée par une croissance lente, une maturité sexuelle tardive et un nombre de petits faible.
Golfe de Gabès, Tunisie, 20 m
20/06/2015
Vidéo : Nage de la raie-papillon épineuse
Ici sur un herbier de posidonies, la raie-papillon épineuse adopte le plus souvent une nage caractéristique, au plus près du fond, en battant alternativement des ailerons.
Cap Bénat (83), 1 m
07/2018
Rédacteur principal : Jean-Jacques RIUTORT
Rédacteur : Vincent MALIET
Vérificateur : Jean-Jacques RIUTORT
Responsable régional : Daniel BURON
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La page sur Gymnura altavela sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La fiche de Gymnura altavela dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN