Petit nudibranche de 5 mm
Corps blanc avec l'extrémité des rhinophores, branchies et appendices jaune
5 paires de papilles latérales et 1 papille sur crête dorsale
Rhinophores plus longs que les appendices et avec 7 à 9 lamelles sur la partie postérieure
4 branchies formant un arc autour de l'anus
Okénia de Pico, doris de Pico
Ochenia Pocoense (I), Pico okenia, Pico goniodoridella (E), Pico-Okenia, Pico-Goniodoridella (D)
Okenia picoensis Paz-Sedano, Ortigosa & Pola, 2017
Açores, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce a été décrite en 2017 à partir d'individus récoltés en 2013 à Pico, aux Açores en Atlantique. Elle était alors connue uniquement autour de cette île. Ce n'est qu'en 2020 que cette espèce a été observée à Malte et simultanément et soudainement depuis 2021 dans toute la Méditerranée, de l'Espagne à Israël. Elle est dorénavant observée fréquemment dans toute la Méditerranée, cette dissémination si rapide est assez surprenante.
Deux individus attribués à Goniodoridella miramarae ont été photographiés à Gran Canaria aux Canaries en 2016. Il est probable qu'il s'agissait en fait de G. picoensis, mais sans prélèvement il n'est pas possible de les différencier. Ils constitueraient un deuxième signalement en Atlantique Est.
Goniodoridella picoensis se rencontre sur les fonds rocheux entre 5 m et 30 m de profondeur.
Goniodoridella picoensis est un petit nudibranche dont le corps atteint un maximum de 5 mm de longueur. Il a un aspect épais, trapu et un bourrelet parcourt le milieu du dos et le bord du manteau*. Le pied est épais et peut déborder largement du manteau notamment au niveau de la queue.
Le bord latéral du manteau porte 5 paires de papilles également appelées appendices : la première en avant des rhinophores*, une en arrière des branchies* et trois entre les rhinophores et les branchies. Il y a généralement 1 papille sur la crête dorsale, en avant des branchies. La paire d'appendices en arrière des branchies est la plus longue.
Les rhinophores sont allongés, plus longs que les appendices. Ils portent 7 à 9 lamelles sur leur partie postérieure et latérale mais en sont dépourvus sur leur partie antérieure et à leur extrémité.
Les branchies, de même taille que les appendices, sont au nombre de 4 et forment un arc autour de l'anus, situé en arrière du dos.
Enfin, deux petits tentacules buccaux sont situés de part et d'autre de la bouche.
La petite doris de Pico est connu sous 3 livrées :
- corps jaune vif avec l'extrémité des rhinophores, branchies et appendices parfois orange (connue uniquement aux Açores)
- corps jaunâtre translucide avec l'extrémité des rhinophores, branchies et appendices parfois orange
- corps blanc avec l'extrémité des rhinophores, branchies et appendices jaune (forme majoritaire ces dernières années en Méditerranée).
Goniodoridella miramarae est de couleur semblable à la version méditerranéenne de la petite doris de Pico, avec un corps blanc et l'extrémité des papilles, rhinophores* et branchies* jaune. Cependant, cette espèce n'a que 3 lamelles sur la partie inférieure des rhinophores et 5 tubercules sur sa partie supérieure. C'est une espèce qui se rencontre dans les Caraïbes.
Okenia mediterranea est une espèce parfois confondue avec la petite doris de Pico dans la littérature. Son corps est translucide avec l'extrémité des appendices, rhinophores et branchies orange et des taches orange sur le dos. Le nombre de paires de papilles est toujours supérieur à 5. Sa distribution est méditerranéenne et en Atlantique le long des côtes du Portugal et aux Açores.
Goniodoridella savignyi est une espèce indo-pacifique, y compris en mer Rouge. Son corps est blanc avec l'extrémité des rhinophores, appendices et branchies jaune. Cependant il n'y a pas d'appendices sur le bord marginal du corps.
Bien que la plupart des observations de Goniodoridella picoensis se font sur les algues, cette espèce, comme celles de la même famille, se nourrit probablement de petits bryozoaires comme ceux des genres Valkeria, Nolella ou Amatia.
La petite doris de Pico, comme tous les nudibranches, est hermaphrodite*. Les orifices génitaux mâle et femelle sont situés à l'avant-droit de l’animal. Les deux partenaires adoptent donc une position en tête-bêche pour se féconder réciproquement. La ponte n'a pas encore été observée mais il est probable qu'elle ait le même aspect que celle de l'espèce très proche Goniodoridella miramarae : une masse gélatineuse blanchâtre fixée sur le substrat*.
La formule radulaire* de la petite doris de Pico est 19 × 1.1.0.1.1
La répartition géographique de la petite doris de Pico soulève plusieurs questions. En effet, sa première observation a été faite à Pico, aux Açores, dans l'océan Atlantique en 2017. Il faut attendre 2020 pour une deuxième observation de cette espèce, cette fois à Malte en Méditerranée puis en 2021 dans toute la Méditerranée. Comment expliquer ce phénomène ? Cette espèce est-elle invasive en Méditerranée ou bien y était elle déjà présente ? Si elle a envahi la Méditerranée, cela s'est fait en moins de 2 ans. A titre de comparaison, il y fallu 17 ans au lièvre de mer Aplysia dactylomela pour y arriver ou 7 ans au poisson-flûte Fistularia commersonii.
Petite doris de Pico est une francisation du nom de genre et la traduction de nom d'espèce. Il s'agit d'une proposition du site DORIS.
Goniodoridella : du grec [gonion] = angle, et du nom mythologique "Doris", une Océanide, fille d'Océan et de Téthys, épouse de Nérée et mère des 50 Néréides. Goniodoris est le nom donné à un genre de nudibranches. Le suffixe -ella (= petit) a été rajouté par Pruvot-Fol en 1933 pour différencier ces deux genres proches et caractériser la petite taille des Goniodoridella.
picoensis : le suffixe [-ensis] signifie "provenant de". Cette espèce a été décrite la première fois de Pico, une île des Açores.
Numéro d'entrée WoRMS : 1723425
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Goniodorididae | Goniodorididés | Corps de forme haute et trapue. Branchie dorsale. Présence de crêtes ou d'appendices sur ou autour du manteau, autour du panache branchial et des rhinophores. Rhinophores à lamelles sans gaines. |
Genre | Goniodoridella | ||
Espèce | picoensis |
Petite doris
Petite doris de 5 mm maximum, il est de couleur blanche avec l'extrémité des excroissances jaune orangé
La Gavinette, Villefranche-sur-Mer (06), 20 m
10/04/2022
Appendices et papilles
Le bord latéral du manteau porte 5 paires de papilles (flèches vertes). La première en avant des rhinophores, trois entre les rhinophores et les branchies et une en arrière des branchies. Les branchies, de même taille que les appendices, sont au nombre de 4 et forment un arc autour de l'anus, situé en arrière du dos.
Marseille (13), 15 m
15/05/2022
Rhinophores
Les rhinophores sont allongés et portent 7 à 9 lamelles sur leur partie postérieure et latérale mais en sont dépourvus sur leur partie antérieure et à leur extrémité.
Agay (83), 12 m
20/06/2021
Vue de dessus
En plus des appendices latéraux, il y a une papille sur le dos, en arrière des rhinophores.
Moyades, Marseille (13), 15 m
31/07/2022
Invasive ?
Cette espèce a été décrite en 2017 à Pico, aux Açores où elle était alors connue uniquement autour de cette île. Ce n'est que depuis 2021 - 2022 que cette espèce est observée simultanément et soudainement dans toute la Méditerranée, de l'Espagne à Israël.
Xlendi, Gozo, Malte, 10 m
05/2023
Peu profond
Goniodoridella picoensis se rencontre sur les fonds rocheux entre 5 et 30 m de profondeur.
Moyadon, Marseille (13), 20 m
20/05/2023
Nourriture
Goniodoridella picoensis se nourrit probablement de bryozoaires et notamment de Nolella stipata sur lequel il se trouve ici.
Lion de Mer, Saint-Raphaël (83), 20 m
11/02/2024
Accouplement
Les orifices génitaux mâle et femelle étant situés à l'avant-droit de l’animal, les deux partenaires adoptent donc une position tête-bêche pour se féconder réciproquement. Le troisième individu attend son tour ?
Bastia (2B), 18 m
04/03/2024
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Vérificateur : Pascal GIRARD
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
A Lombardo, G Marletta, 2021, New evidence of the ongoing expansion of Okenia picoensis Paz-Sedano, Ortigosa & Pola, 2017 (Gastropoda: Nudibranchia) in the central-eastern Mediterranean, Annales: Series Historia Naturalis, 31(2), 173-178.
Paz-Sedano S., Ortigosa D., Pola M., 2017, A new Okenia Menke, 1830 from the Azores Islands, Portugal (Mollusca, Nudibranchia, Goniodorididae), Spixiana, 40(1), 13-22.
Paz-Sedano S., Moles J., Smirnoff D., Gosliner T.M., Pola M., 2024, A combined phylogenetic strategy illuminates the evolution of Goniodorididae nudibranchs (Mollusca, Gastropoda, Heterobranchia), Molecular Phylogenetics and Evolution, 192, Volume 192, 11p.
Trainito E., Migliore V., Doneddu M., 2022, How many seas must a nudibranch sail ? Okenia picoensis (Mollusca: Nudibranchia: Goniodorididae) conquering the Mediterranean, Stud. Mar., 350(1), 15-25.