Animal oblong d'environ 20à 40 mm de long
Corps brun foncé à noir avec des petits points plus clairs de couleur jaune
A l'avant, le rostre est blanc
Les deux premières paires de pattes, blanches, portent des pinces
Longues antennes et pattes ambulatoires violettes et bleuâtres
Drimo, crevette-arlequin, crevette ponctuée, crevette-porcelaine
Mediterranean bumblebee shrimp, spotted bumblebee shrimp (GB), Gambero vinaio (I), Camarón de lunares, drimo, gambita de lunares amarillos (E), Gepunktete Harlekingarneche, Gepunktete Hummelgarnele, Gepunktete Garnele Mittelmeer (D), Camarão pontilhado (P), Goudgestippelde bumblebee garnaal (NL), Kreveta nádherná (Tchéquie)
Alpheus elegans Risso, 1816
Drimo elegans Risso, 1826
Méditerranée, Atlantique oriental
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Espèce rencontrée sur tout le pourtour méditerranéen. Dans l'Atlantique oriental, l'espèce est également citée sur les côtes du Maroc, de Madère, des Açores, des Canaries et des îles du Cap Vert.
La crevette drimo vit entre la surface et quarante mètres de profondeur, sous les pierres, sur des parois rocheuses et des substrats durs (coralligène), plus rarement dans les herbiers. On la trouve également très souvent dans les grottes sous-marines.
Gnathophyllum elegans est une crevette pouvant atteindre une taille de 40 mm maximum (27 mm pour les mâles et 40 mm pour les femelles). Son corps oblong a un aspect très particulier en forme d'obus. La carapace est lisse. La couleur générale du corps tourne autour de nuances de brun carmélite ponctuée de nombreux petits points jaune doré.
Le céphalothorax est terminé à l'avant par un petit rostre blanc bien visible, court et étroit. Celui-ci porte cinq dents supérieures et une dent inférieure (sous le rostre).
Les quatre antennes de la drimo, épineuses à leur base, sont violettes translucides. Leur longueur correspond à la longueur du corps de la crevette. Le pédoncule des yeux est plutôt jaune et les jolis yeux, bleus.
L'animal possède dix pattes. Les pinces sont portées par les deux premières pattes de couleur blanche. La première paire de pattes est beaucoup moins développée que la seconde paire, plus grosse. Les autres paires de pattes, graciles et destinées à la locomotion (les péréiopodes*), montrent une teinte bleue à violette.
Le dernier segment de l'abdomen, juste avant le telson*, est violet. Derrière cet anneau violet, les pièces natatoires de la queue sont arrondies, blanches et ciliées.
Compte tenu de la forme et de la couleur, toutes deux très particulières, de l'animal, il est fort improbable de confondre Gnathophyllum elegans avec une autre espèce dans sa zone de distribution.
Néanmoins, on peut citer une espèce proche, la crevette-bourdon Gnathophyllum americanum Guérin-Méneville, 1855, dont la présence cosmopolite -Atlantique Ouest, Pacifique (Polynésie française), Indo-Pacifique, océan Indien (île de la Réunion)...- a été signalée également dans l'archipel des Canaries que fréquente la crevette drimo. De forme très proche de Gnathophyllum elegans, la robe de la crevette-bourdon est jaune rayée de noir et cette seule différence visuelle permet de lever le doute.
Plusieurs autres espèces du genre Gnathophyllum sont connues dans l'Indo-Pacifique mais ne fréquentent pas les mêmes eaux que notre crevette drimo
La crevette drimo se nourrit de vers et de petits mollusques.
Elle chasse la nuit et reste à l'abri sous les rochers durant la journée.
Notons que des aquariophiles ont pu observer qu'en milieu artificiel, Gnathophyllum elegans semblait apprécier les actinies et ont précisé que la crevette les dévorait de l'intérieur...
De même et en milieu naturel, selon Gonzàlez Pérez [1995] cette espèce se rencontre occasionnellement sur Arbacia lixula et Holothuria sp., et selon Wirtz [1997] sur l'actinie Telmactis cricoides... Qu'en est-il de la réalité alimentaire de Gnathophyllum elegans et de la part d'adaptation déviante induite par la captivité ?
La reproduction de Gnathophyllum elegans, espèce gonochorique*, est de type sexuée.
L'espèce présente un dismorphisme sexuel : les femelles sont plus grandes que les mâles.
La période de ponte se situe entre juillet et septembre. C'est, comme chez beaucoup d'Arthropodes, la femelle qui porte les œufs. Ceux-ci sont de couleur brun-violacé, lie-de-vin.
La crevette drimo développe parfois une association de type commensale avec des oursins ou des holothuries.
En effet, on a pu observer en aquarium que la crevette Gnathophyllum elegans recherchait le contact avec les Echinodermes en général, l'étoile de mer Echinaster sepositus, l'astérie glaciaire Marthasterias glacialis ou l'oursin noir Arbacia lixula en particulier.
En milieu naturel, il arrive également de la trouver en compagnie d'astéries ou d'holothuries. Mais aucune hypothèse ne permet encore d'expliquer définitivement ce comportement. Le caractère commensal de cette espèce mériterait d'être précisé.
Il est possible d'observer de singulières différences de couleurs, d'un individu à l'autre et notamment des écarts de transparence chez le même individu entre le jour et la nuit. Il a été observé, en aquarium, des crevettes drimo qui devenaient quasiment transparentes la nuit. Peu de rapports très explicites en ce sens dans le milieu naturel à notre connaissance même si l'on peut trouver sur certains sites web des photos de crevettes drimo très claires, évoquant un début de coloration nocturne plus transparente. [NB. Pour savoir si une crevette est réellement en phase nocturne, il faut regarder les yeux ; s'ils brillent et réfléchissent la lumière, les hormones (qui contrôlent la pigmentation) sont en équilibre nocturne ; il faut parfois plusieurs heures pour arriver à cet état après la tombée de la nuit].
En plongée, c'est généralement la nuit (ou bien dans des grottes obscures où elle se remarque aisément sur les murs nus) que l'on rencontre Gnathophyllum elegans. Il convient donc de s'approcher d'elle avec lenteur et douceur, en faisant attention à l'éclairage, phares notamment. La crevette a en effet tendance à essayer de se cacher rapidement sous la lumière et aux premiers coups de flash.
Crevette drimo : cette crevette porte en vernaculaire le nom de son ancien genre scientifique, Drimo (genre formé par Risso en 1827).
Drimo était l'une des Alcyonides de la mythologie grecque. Les Alcyonides, filles du géant Alcyonée, étaient au nombre de douze (sept selon les sources). Désespérées par la mort de leur père, tué durant les gigantomachies d'une flèche empoisonnée par Héraclès et traîné par celui-ci loin de sa terre natale où il était immortel, les Alcyonides se jetèrent à la mer et se métamorphosèrent en alcyons (oiseau fabuleux de la mythologie et autre nom donné ensuite aux martins-pêcheurs).
Gnathophyllum : du grec [gnathos]= mâchoire ; et [phyllum] = feuille. Les animaux appartenant à ce genre possèdent des pattes-mâchoires externes foliacées qui les distinguent des genres proches.
elegans : du latin [elegans] = délicat, élégant.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Caridea | Caridés | Les Caridés sont caractérisés par des pléopodes natatoires. C'est à ce groupe qu'appartiennent une grande partie des espèces de crevettes. |
Famille | Palaemonidae | Palaémonidés | Pinces de la seconde paire de pattes beaucoup plus fortes que la première ; carpopodite de la seconde paire de pattes non divisé en articles ; rostre généralement moyennement long avec dents sur le bord dorsal et ventral. Espèces marines littorales ou d'eaux saumâtres. |
Genre | Gnathophyllum | ||
Espèce | elegans |
Une des crevettes les plus remarquables
La crevette drimo attire l'œil, dès les premières plongées de nuit et devient un sujet couru pour les photographes. Mais un sujet si difficile à saisir correctement !
Le Graillon, Cap d'Antibes (06), de nuit
05/03/2007
Brune à pois d'or
La tenue de la crevette drimo, brune à petits pois jaune d'or, tête et pinces blanches, pattes bleues, la rend reconnaissable entre mille et évite toute confusion.
Pointe de la Cuisse, Villefranche-sur-mer (06), 13 m, de nuit
24/07/2008
Une forme caractéristique
Petite crevette d'une trentaine de millimètres de long en moyenne (vingt-cinq pour les mâles, quarante pour les femelles), Gnathophyllum elegans a une ligne caractéristique en forme d'obus.
Antibes (06), de nuit
22/09/2008
Détail de la tête
Une vue rapprochée de la tête de l'animal montre le rostre fin, antennes et antennules.
Les yeux sont souvent bleus.
Pointe de la Cuisse, Rade de Villefranche-sur-mer (06), 15 m, de nuit
03/07/2008
Céphalotorax
La partie avant du céphalothorax de la drimo est caractéristiquement blanche.
Grotte du sémaphore, Villefranche-sur-mer (06), 9 m, de nuit
31/07/2008
Premières paires de pattes
On distingue sur cette photo l'implantation des deux premières paires de pattes, celles qui portent des pinces. La première, courte, est tenue sous la tête. La seconde paire de pattes est beaucoup plus imposante (tout est relatif !) et les deux pinces sont plus distales.
Jardin de Sausset, Côte Bleue (13), 9 m, de nuit
01/06/2006
Transparence du telson
On peut observer sur ce cliché la transparence des pièces du telson ainsi que l'anneau violet, dernier segment de l'abdomen. Les pattes ambulatoires sont de la même nuance.
Certains chercheurs avancent que l'animal devient beaucoup plus transparent la nuit... C'est une hypothèse à vérifier en milieu naturel.
Le Lido, Villefranche-sur-mer (06), 19 m, de nuit
31/07/2008
Avec l'astérie glaciaire
Gnathophyllum elegans semble rechercher le contact avec certains échinodermes, souvent des oursins ou des astéries. Ici, elle va rester dans les parages de l'étoile de mer glaciaire Martastherias glacialis plusieurs minutes... sans que l'on sache vraiment pourquoi.
Cap de Nice (06)
12/08/2007
Sur une holothurie brune
Gnathophyllum elegans semble rechercher le contact avec des échinodermes...
Ici, une crevette drimo explorant l'holothurie brune Holothuria tubulosa. Elle y semblait parfaitement à son aise et même fort affairée. Le crustacé y est resté un long moment… jusqu'à ce que les premiers coups de flash ne l'incitent à fuir sous le surplomb rocheux.
Pointe Malalongue, Cap Ferrat (06), 16 m, de nuit
31/08/2006
Avec l'astérie glaciaire
On peut observer que la crevette Gnathophyllum elegans recherchait le contact avec les Echinodermes en général, et notamment l'astérie glaciaire Marthasterias glacialis, comme ici.
Aucune hypothèse à ce jour ne permet encore d'expliquer définitivement ce comportement particulier.
Crau de Nao, Rade de Villefranche-sur-mer (06), 12 m, de nuit
05/07/2007
A l'entrée d'une grotte
A l'entrée de la grotte, avant que plus profondément les murs ne se déparent de la vie fixée qui foisonne à l'extérieur, une crevette drimo est sortie déambuler parmi les spongiaires (notamment Crambe crambe et Phorbas tenacior). Elle passe sans doute ses journées à l'abri de l'ombre protectrice, à l'intérieur de la grotte.
Grotte du sémaphore, Rade de Villefranche-sur-mer (06), 9 m, de nuit
31/07/2008
Azuréenne
Gnathophyllum elegans est une espèce principalement rencontrée sur tout le pourtour méditerranéen.
Elle y fréquente principalement les parois rocheuses, les substrats coralligènes, biotopes où elle peut s'abriter dans les failles le jour. On peut également la chercher dans les herbiers de posidonie.
Cap d'Antibes (06), 7 m, de nuit
25/07/2007
Provençale de dos
Vue de l'arrière. A remarquer : la longueur des antennes qui sont aussi longues que le corps de la crevette.
Jardin de Sausset, Côte Bleue (13), 9 m, de nuit
01/09/2006
Sur le tombant corse
Une drimo corse, en plein jour, traverse une zone coralligène. Pas trop vite.
La tête de l'homme, Lavezzi, Corse du sud (2A), 15 m
26/06/2007
Détail de la robe (1)
Détail de la robe de Gnathophyllum elegans.
Il s'agit d'une vue à la liaison entre le céphalothorax et l'abdomen.
Sur cet individu, les deux parties sont assez distinctes en couleur, l'abdomen étant un peu plus clair et laissant voir de multiples pointillés sombres entre les taches jaunes. Celles-ci sont relativement homogènes.
Cap Ferrat (06)
24/07/2008
Détail de la robe (2)
Détail de la robe de Gnathophyllum elegans.
Il s'agit d'une vue à la liaison entre le céphalothorax et l'abdomen.
Sur cet individu, les deux parties sont de même valeur de brun sombre. Les taches jaunes s'avèrent en fait être composées de plusieurs petits points (chromatophores*) de même couleur.
Pointe de la Cuisse, Villefranche-sur-mer (06)
24/07/2008
Belle andalouse
Une drimo espagnole court sur une éponge de la Costa Brava.
Une robe joliement imprimée propose un dessin encore différent. Comme si, sur un fond beige, les points jaunes étaient cerclés de brun sombre.
Montgo, Escala, Costa Brava, Espagne, 12 m, de nuit
11/07/2007
Rédacteur principal : Pascal TRELUT
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Desmarest A-G., 1825, CONSIDERATIONS GENERALES SUR LA CLASSE DES CRUSTACES et description des espèces de ces animaux, qui vivent dans la mer, sur les côtes, ou dans les eaux douces de la France, F.G. Levraut, 446p.
Gonzalez-Pérez J.A., 1995, CATALOGO DE LOS CRUSTACEOS DECAPODOS DE LAS ISLAS CANARIAS ; GAMAS. LANGOSTAS. CANGREJOS, Publicaciones Turquesa, Santa Cruz de Tenerife, 282p.
Milne-Edwards H., 1837, HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACES comprenant l'anatomie, la physiologie et la classification de ces animaux, Librairie encyclopédique de Roret, 534p.
La page de Gnathophyllum elegans dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN