Taille maximale documentée 5 cm
Couleur de fond beige jaunâtre à verdissant constellé de petites taches blanches et de taches brun-rouge
Deux rangées de taches brun-rouge plus grosses sur les flancs
Profil de la tête formant un angle droit dont le sommet est occupé par les yeux
Petite marque oblique rose vif derrière l’œil
Bande vert olive derrière le préopercule, une autre devant la base de la nageoire pectorale
Delicate blenny (GB)
On trouve parfois Glyptoparus delicatus Smith, 1959 et Glytoparus delicatulus Smith, 1959. Ce sont des erreurs d'écriture.
Océan Indien et océan Pacifique Ouest et centre
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCette espèce est présente dans l’océan Indien et dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Pacifique.
Dans le Pacifique, on la trouve d’ouest en est, de l’Indonésie aux îles Australes. Du nord au sud, on peut la rencontrer du sud du Japon à l’Australie.
On peut rencontrer cette espèce entre 0 et 8 mètres, en lagons et sur les pentes externes des récifs, dans des zones mêlant surfaces de sable et massifs de coraux. Cette blennie semble privilégier les coraux massifs du genre Porites parasités par divers invertébrés ayant foré des trous ou formé des tubes minéraux (comme les vers tubicoles), orifices qui lui servent d‘abri. Mais on peut la trouver sur d’autres types de coraux (par exemple du genre Montastrea). Elle fréquente aussi les zones coralliennes dégradées recouvertes de gazon algal.
Description sommaire :
Blennie de très petite taille (5 cm max) au corps est gris-beige avec une multitude de petites taches blanches et de nombreuses taches brun-rouge. Deux rangées horizontales, plus ou moins alignées, de taches brun-rouge plus grosses sont repérables le long des flancs. Une marque oblique rose vif se trouve derrière l’œil. Une bande vert-olive est visible derrière l’opercule* et une autre à la base de la nageoire pectorale. Les mâles portent une petite crête sur la nuque.
Description détaillée :
Le corps est long, fuselé et comprimé latéralement. Il est dépourvu d’écailles. Le dos est presque rectiligne du front au début du pédoncule* caudal. La taille maximale documentée est de 5 cm.
La couleur de fond est un beige pâle jaunâtre à verdissant qui devient plus ou moins translucide en partie postérieure, en fonction de la taille. Elle est constellée de petites taches blanches de taille et de forme variables, ces taches étant toujours plus denses en partie antérieure. Deux rangées de taches brun-rouge arrondies et plus grosses marquent les flancs de part et d’autre de l’axe médian du corps. Ces rangées, qui ne présentent pas le même nombre de taches, sont plus ou moins bien alignées et généralement asymétriques. De nombreuses taches brun-rouge plus petites se trouvent au-dessus de la rangée supérieure et forment parfois une rangée mal alignée. Une quatrième rangée de ces taches accompagne la base de la nageoire dorsale.
Le profil de la tête forme un angle droit dont le sommet est occupé par les yeux. On observe une paire de cirres* courts et simples sur la nuque et les yeux, ainsi qu'une paire de cirres plus longs et courbés vers le haut sur les narines antérieures. Les yeux sont proéminents, globuleux, mobiles et indépendants. L’iris* est doré autour de la pupille, et blanc à jade au-delà, avec six à huit traits roses (généralement sept), rayonnant dans ses deux tiers supérieurs.
La tête est de la même couleur que le corps, avec une partie antérieure plus foncée et grisâtre constellée de taches blanches. Une petite marque oblique rose vif en forme de tilde (~) se trouve derrière l’œil. Une autre marque plus large, d’un rose plus foncé et souvent moins discernable, lui succède. Certains individus présentent une ligne noirâtre plus ou moins marquée qui part de la partie inférieure de l’œil et descend jusqu’au menton.
Les mâles sont reconnaissables à plusieurs caractéristiques : une petite crête nucale* formant un arc de cercle beige avec trois marques verticales brun rouge, une large bande noirâtre sous le menton, et deux taches bleu foncé à noires reliées par une ligne rouge devant la base des nageoires pelviennes.
Chez les femelles, une bande vert olive passe sous le menton et remonte sur le préopercule* jusqu’à la moitié de la hauteur de la tête.
Chez les deux sexes, une autre bande vert olive se trouve derrière le préopercule et une troisième, plus large, devant la base de la nageoire pectorale.
La nageoire dorsale est continue mais les rayons mous sont plus hauts que les rayons durs. Chez les plus grands individus, unelarge bande orange clair marque la base de la partie des rayons durs ; la partie supérieure est occupée par des taches quadrangulaires blanches à bord supérieur rose, l’ensemble étant couvert par un liseré blanc. La base de la partie des rayons mous est grisâtre, le reste est translucide avec un fin liseré jaunâtre.
La nageoire anale est translucide à rosâtre avec un large liseré rouge.
L’extrémité postérieure des nageoires dorsale et anale est reliée au pédoncule caudal par une membrane.
La base des pectorales est vert olive avec des taches blanches, les nageoires elles-mêmes sont translucides.
Les pelviennes sont blanches. La nageoire anale est légèrement arrondie et translucide.
La livrée des juvéniles ne diffère pas sensiblement de celle des adultes.
La combinaison des caractéristiques suivantes permet d’éviter toute confusion entre G. delicatulus et une autre espèce : une très petite taille, deux rangées de taches brun-rouge plus ou moins alignées sur les flancs, une marque oblique rose vif derrière les yeux, les couleurs très particulières des yeux et les deux bandes vert-olive en partie inféro-postérieure de la tête. Dans leur description sommaire, Allen et al. (2003) mentionnent d’ailleurs ces deux bandes en caractères gras, indiquant par là qu’il s’agit de critères d’identification sur le terrain.
L’espèce se nourrit principalement de détritus et d’algues filamenteuses.
La biologie de la reproduction n’a pas été étudiée pour cette espèce à la date de publication de cette fiche (mai 2020), à notre connaissance. Toutefois, les « blennies à dents de peigne » ("combtooth blennies", groupe artificiel dont fait partie Glyptoparus delicatulus - voir Divers bio infra) sont généralement sexuellement dimorphiques*, les mâles défendant un territoire de reproduction comprenant des cavités dans lesquelles viennent pondre les femelles. Un nid peut contenir les pontes de plusieurs femelles. C’est le mâle qui se charge de la garde du nid (y compris en chassant les femelles y ayant pondu) et ventile les œufs jusqu’à leur éclosion. Les larves* sont pélagiques*.
G. delicatulus peut être solitaire mais vit plus volontiers en couple et en petits groupes.
L’espèce est cryptique* du fait de sa petite taille, d’un patron de couleur assez discret et de ses abris favoris constitués par des trous créés dans les coraux massifs par des foreurs spécialisés (certaines crevettes-pistolet, certains pagures, certains bivalves, etc.) ou les tubes minéraux formés par des vers polychètes (notamment les Serpulidés). Elle est relativement craintive mais s’accoutume assez facilement à un observateur patient.
La dentition est composée de 75 à 80 dents très fines, peu espacées, distribuées en une seule rangée sur le maxillaire* et de 50 à 55 dents identiques sur la mandibule*. De cette dentition particulière vient l’expression anglaise commune « combtooth blennies » (blennies à dents de peigne) pour désigner la plupart des espèces de la famille des Blenniidés (les autres étant les « blennies à dents de sabre », ou « sabertooth blennies » en anglais). Il n’y a ni canines, ni dents palatines* (sur le palais).
La nageoire dorsale comprend 12 rayons durs et de 16 à 17 rayons mous. L’anale comprend 2 rayons durs et de 18 à 19 rayons mous. Cette espèce n’ayant pas d’écailles, la ligne latérale* est une simple rangée de pores logés dans un sillon longeant le dos jusqu’à l’aplomb des huitième ou neuvième rayons durs de la nageoire dorsale.
Le mode d’existence des blennies étant benthique*, elle n’ont généralement pas de vessie natatoire. Seules les « blennies à dents de sabre » en ont une et peuvent nager dans la colonne d’eau.
Sa petite taille fait
qu’elle n’intéresse pas les pêcheries et elle n’est pas fortement concernée
par le commerce aquariophile.
Elle est cependant dépendante des milieux
coralliens, dont le déclin contemporain rapide à l’échelle mondiale ne peut que
l’affecter.
Son statut pour l’UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : En danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : Vulnérable). Fonction de quoi elle n’est pas actuellement concernée par des mesures de protection.
Blennie : nom commun issu du nom de la famille des Blenniidés. Le mot grec à l’origine de ce nom est [blennos], qui signifie mucosité, en référence au corps couvert de mucus de ces poissons dépourvus d’écailles.
délicate : se reporter à l’origine du nom scientifique delicatulus.
Glyptoparus : composé à partir des mots grecs [gluptos], qui signifie gravé, ciselé et [paros], qui signifie devant, en avant.
Smith décrit le genre en 1959 dans Fishes of the families Blenniidae and Salariidae of the Western Indian Ocean (p. 249), sans donner d’explication pour le choix de son nom. Il précise toutefois que ce genre est apparenté au genre Rhabdoblennius, mais qu’il s’en différencie notamment par un plus grand nombre de dents en partie antérieure des mâchoires. Il se pourrait donc que le mot composé « Glyptoparus » (« ciselé en avant ») fasse référence à cette particularité.
Le genre appartient à la sous-famille des Salariinés. Il est monotypique*.
delicatulus : de l’adjectif latin [delicatus], qui signifie délicat, élégant, voire efféminé, et du suffixe diminutif [-ulus] (qui ajoute au radical du mot une nuance de petitesse, de fragilité ou d‘affection). Le choix de l’épithète spécifique semble donc tenir à la petite taille de cette blennie et à son patron de couleur, à la fois complexe et discret.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Famille | Blenniidae | Blenniidés | Nageoire dorsale unique. |
Genre | Glyptoparus | ||
Espèce | delicatulus |
Une blennie délicate
Glyptoparus delicatulus tient probablement l’épithète spécifique de son nom latin, de même que son nom commun, de sa très petite taille, de son patron de couleur à la fois complexe et mimétique ainsi que de sa discrétion.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
22/12/2018
Femelle porteuse d’œufs
Cette femelle est vraisemblablement prête à l’accouplement : son ventre distendu laisse voir des grappes d’œufs. Notez la translucidité de la partie postérieure du corps.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
22/12/2018
Marques distinctives -1
Ce gros plan permet de mieux distinguer deux marques distinctives de l’espèce et généralement assez discrètes : deux bandes vert olive, dont l’une se trouve derrière le préopercule et l’autre, plus large, est attenante à la base de la nageoire pectorale.
Cet individu est un mâle, comme l’indique la petite crête nucale qu’il arbore. On peut aussi distinguer les cirres, eux aussi très discrets
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
16/01/2019
Marques distinctives -2
L’une des marques distinctives des mâles se trouve sous la gorge, devant les nageoires pelviennes. Il s’agit de deux taches bleu foncé à noires reliées par une ligne rouge, qu’on peut observer sur cette photo.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
10/04/2019
Marques distinctives -3
Les yeux ont des couleurs très particulières : ils sont
blancs à jade avec six à huit traits roses (généralement sept),
rayonnant autour de l’iris dans les deux-tiers supérieurs de l’œil.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
10/04/2019
Nageoire dorsale
La nageoire dorsale est continue, mais les rayons mous sont plus hauts que les rayons durs.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
09/01/2019
Champ de vision
Ses yeux globuleux et haut placés donnent à cette espèce un champ de vision remarquable. Ils sont de surcroît indépendants l’un de l’autre, ce qui permet de surveiller en même temps ce qui se passe au-dessus et à côté de soi, comme le montre cet individu.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
26/12/2018
Grande gueule !
La bouche de G. delicatulus peut s’ouvrir à 180° ! De quoi ratisser large en broutant les algues filamenteuses dont elle se nourrit.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
10/04/2019
Attitude typique
Cette attitude est typique de nombreuses espèces de blennies : le poisson observe ce qui l’entoure, dressé sur ses nageoires pelviennes.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
09/01/2019
Dans un tube de ver...
Cette espèce est assez petite pour s’abriter dans les tubes de calcaire sécrétés par des vers dits, pour cette raison, « tubicoles ».
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
13/12/2018
... Ou dans un trou
Les individus plus grands choisissent des trous plus spacieux, creusés dans les coraux par des organismes foreurs qui peuvent être très divers (mollusques et vers, notamment).
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
05/01/2018
En groupe
Certains individus sont solitaires mais on voit plus souvent l’espèce former de petites communautés.
Glyptoparus delicatulus manifeste une préférence marquée pour les coraux massifs du genre Porites, ce qui est le cas de ces trois individus, photographiés sur une colonie de Porites lutea..
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
29/12/2018
Cryptique
Cette très petite espèce est bien souvent manquée par les observateurs. Il faut s’arrêter devant un massif et l’examiner très attentivement pour repérer un individu.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
20/12/2018
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Bourjon P., Fricke R., 2020, First record of the delicate blenny Glyptoparus delicatulus (Actinopterygii: Perciformes: Blenniidae) from Reunion Island (southwestern Indian Ocean), Cahiers de Biologie Marine, 61, 259-261.
Kropp R.K., 1987, Description of some endolithic habitats for snapping shrimp (Alpheidae) in Indonesia, Bulletin of Marine Science, 4(2), 204-213.
Oliveira R.F., Canário A.V.M., Grober, M., 2001, Male sexual polymorphism, alternative reproductive tactics, and androgens in combtooth blennies (Pisces: Blenniidae), Hormones and Behavior, 40, 266-275.
Smith J.L.B, 1959, Fishes of the families Blenniidae and Salariidae of the Western Indian Ocean, Ichthyological Bulletin, 14, 249.
Springer V.G., Spreitzer A.E, 1978, Five new species and a new genus of Indian Ocean blenniid fishes, tribe Salariini, with a key to genera of the tribe, Smithsonian Contributions to Zoology, 268, 1-20.
Wilson S.K., 2000, Trophic status and feeding selectivity of blennies (Blenniidae: Salariini), Marine Biology, 136(3), 136–431.
Wilson S.K., Fisher R., Pratchett M., 2013, Differential use of shelter holes by sympatric species of blennies (Blennidae), Marine Biology, 160(9), 2405-2411.
La page de Glyptoparus delicatulus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase