Planaire tigrée

Girardia tigrina | (Girard, 1850)

N° 3903

Eurasie et Amériques

Clé d'identification

Ver aplati dorso-ventralement
Couleur gris-brun avec taches claires (aspect tigré)
Deux yeux noirs entourés de blanc
Longueur maximum : 10 mm

Noms

Noms communs internationaux

Immigrant triclad planarian, immigrant triclad flatworm, brown planaria (GB), Tiger-Strudelwurm, Tigerplanarie, Gefleckter Strudelwurm (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Dugesia jimi Martins, 1970
Dugesia tigrina (Girard, 1850)
Euplanaria tigrina (Girard, 1850)
Girardia jimi Martins, 1970

Distribution géographique

Eurasie et Amériques

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-Ouest

Girardia tigrina est originaire du nouveau monde où il est présent au Brésil et surtout en Amérique du Nord. Il a été accidentellement introduit en même temps que des plantes d'aquarium en Europe et au Japon, où il est devenu envahissant.

En Europe :

  • il est signalé pour la première fois en 1925 à Brême, Hambourg et Hanovre ;
  • en 1932, il est récolté dans le Rhin ;
  • en 1946 en France, on le trouve dans la végétation de pièces d'eau au bois de Boulogne, au bois de Vincennes et dans la vase de la Seine ; puis dans d'autres cours d'eau français y compris la Loire, la Garonne et le Rhône ;
  • depuis il été répertorié dans de nombreux autres pays européens comme le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie ou la Roumanie.

Il a été identifié en Sibérie en 2008.

Il n'a pas été observé au Canada. Sa présence est signalée de l'État de New York jusqu'à la Caroline du Nord.

Biotope

G. tigrina est fréquent dans les étangs, les lacs et les petits ruisseaux, souvent sous les pierres et dans les plantes aquatiques. Il préfère les eaux dont la température fluctue et peut atteindre des valeurs élevées. Il est moins présent dans les eaux froides et absent des sources. Il est très résistant aux élévations de température (jusqu’à 37 °C), aux variations de pH extrêmes (de pH 4,0 à 10,0), et à la pollution (dont les métaux lourds).

Description

Girardia tigrina est un plathelminthe dont la face ventrale est couverte de cils vibratiles. Ces cils lui servent à se déplacer (même s'il peut aussi nager sur de courtes distances) et à respirer en faisant des tourbillons dans l'eau. Il peut atteindre 10 mm de longueur et une largeur de 1-1,5 mm.

La tête, triangulaire avec des petits lobes latéraux mobiles, a la forme d'un fer de lance. Elle porte deux minuscules yeux noirs situés à l'intérieur de taches blanches qui sont positionnés sur une ligne reliant les pointes des lobes latéraux. Ses yeux ne lui apportent qu'une vue médiocre ; il s'oriente plutôt avec la lumière.

Sa face dorsale est de pigmentation gris-brun avec des taches incolores à gris-jaune qui lui donnent un aspect tigré. Sa face ventrale est généralement plus claire.

Alimentation

Essentiellement carnassier, G. tigrina devient actif la nuit et se nourrit d'oligochètes, d'isopodes, de chironomidés, d'escargots, de trichoptères ou d'éphéméroptères. La proie est détectée à l'aide de deux organes olfactifs situés à l'avant. Elle est ensuite enveloppée dans du mucus visqueux. La bouche est située au milieu de la face ventrale et le pharynx qui est protractile*, en sort et laisse s'échapper des sécrétions digestives. Les tissus de la proie sont décomposés et absorbés.
La bouche sert aussi d'anus.
G. tigrina peut rester des mois et même des années sans manger.

Reproduction - Multiplication

G. tigrina comprend 2 modes de reproduction : un mode secondaire par reproduction sexuée et un mode principal par reproduction asexuée par fission ou scissiparité*.

Dans le cadre d’une reproduction sexuée (mode minoritaire de reproduction), G. tigrina est hermaphrodite* et lors de l'accouplement il est à la fois mâle et femelle. Les œufs une fois développés, sont rassemblés dans un cocon. Ensuite le corps de la mère se déchire pour l'expulser. Ce cocon est de couleur sombre avec une paroi dure et brillante, et il est fixé à des plantes ou à des pierres. Il n'y a pas de stade larvaire*, ce sont des individus complètement formés qui sortent du cocon. Cette reproduction sexuée est plus facilement retrouvée dans les pays d’origine de l’espèce (Amériques), tandis qu’elle n’a été observée qu’une seule fois à ce jour dans les pays où l’espèce a été secondairement introduite (cas d’une population d’individus provenant du lac de Monticchio, situé à 656 m d’altitude, dans la province de Potenza, Basilicata, en Italie du Sud).

La reproduction asexuée par division (mode majoritaire de reproduction) est particulièrement fréquente en Europe et dans les autres régions où l’espèce a été secondairement introduite. G. tigrina possède une capacité de régénération étonnante et supérieure aux autres espèces de Plathelminthes. La reproduction asexuée se déroule dans une eau entre 15 et 25 °C (optimum vers 25 °C).

Informations complémentaires

Girardia tigrina est une espèce que l'on trouve généralement en retournant les pierres. Le plongeur curieux est invité à remettre soigneusement ces pierres en place.

Les différentes espèces de Plathelminthes sont souvent en concurrence pour la nourriture. Girardia tigrina dispose d'une meilleure capacité d'exploitation de la nourriture disponible, supporte mieux les variations de température de l'eau et les températures élevées que Polycelis nigra et P. tenuis qui se déplacent alors vers des zones d'altitude (vers l'amont).
En revanche, on trouve souvent Dendrocoelum lacteum associé à G. tigrina.

Malgré son extrême résistance à divers environnements physico-chimiques et aux polluants, une reprotoxicité, génotoxicité et une toxicité comportementale ont été rapportées chez cette espèce soumise à des herbicides systémiques du groupe des glycines substituées (glyphosate).

Origine des noms

Origine du nom français

Planaire est le nom vernaculaire pour désigner l'ensemble des vers plats libres.
tigrée = traduction directe du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Girardia : d'après son découvreur Charles Frédéric Girard (1822-1895), médecin et zoologiste américain d'origine française.

tigrina : du grec [tigr-] devenu le latin [tigris] = tigre, tigresse en allusion à sa livrée tigrée.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Platyhelminthes Plathelminthes Vers plats à symétrie bilatérale, portant des organes des sens simples sur la tête, tube digestif à une seule ouverture ventrale. Nombreuses espèces libres ou parasites.
Classe Rhabditophora Rhabditophores Plathelminthes libres ou parasites.
Ordre Tricladida Triclades
Famille Dugesiidae
Genre Girardia
Espèce tigrina

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