Gambusie occidentale / Gambusie orientale

Gambusia affinis / holbrooki | Gambusia affinis (Baird & Girard, 1853) / Gambusia holbrooki Girard, 1859

N° 5843

Cosmopolite des eaux douces à légèrement saumâtres en zones tempérées

Clé d'identification

Poissons élancés de petite taille, jusqu'à 3,5 cm pour les mâles et 6-7 cm pour les femelles
Dos vert olive à gris, flancs grisâtres, ventre argenté
Bouche petite, oblique, en position supère
Tache noire en forme de virgule à la base l'œil
Femelles : abdomen proéminent marqué d'une tache noire indiquant la maturité sexuelle
Mâles : nageoire anale modifiée en gonopode érectile

Noms

Autres noms communs français

Gambusia affinis : gambusie de l'ouest
Gambusia holbrooki : gambusie de l'est

Pour les deux espèces : guppy sauvage, poisson-moustique

Noms communs internationaux

Gambusia affinis : Western mosquitofish, gambezi (GB), Gambusia (I), Gambusino (E), Westlicher Moskitofisch, (D),Muskietenvisje (NL)
Gambusia holbrooki : Eastern mosquitofish (GB), Gambusia orientale (I), Östliche Moskitofisch, Texas-Kärpfling (D),

Pour les deux espèces : Top minow, mosquito fish, plague minow (GB), Gambusia (I), Gambusia (E), Koboldkärpfling, Kobold-Kärpfling, Silberkärpfling, Silber-Kärpfling (D),

Synonymes du nom scientifique actuel

Pour Gambusia affinis :

Gambusia affinis affinis Baird & Girard, 1853
Gambusia affinis katruelis Baird & Girard, 1853
Gambusia gracilis Baird & Girard, 1853
Gambusia patruelis Baird & Girard, 1853
Heterandria affinis Baird & Girard, 1853
Heterandria patruelis Baird & Girard, 1853
Zygonectes patruelis Baird & Girard, 1853
Gambusia Poey, 1854
Zygonectes gracilis Girard, 1859
Gambusia humilis Günther, 1866
Haplochilus melanops Cope, 1870
Zygonectes brachypterus Cope, 1880
Fundulus inurus Jordan & Gilbert, 1882
Zygonectes inurus Jordan & Gilbert, 1882

Pour Gambusia holbrooki :

Gambusia Poey, 1854
Gambusia holbrooki Girard, 1859
Gambusia affinis holbroki Girard, 1859
Gambusia patruelis holbrooki Girard, 1859
Heterandria holbrooki Girard, 1859
Schizophallus holbrooki Girard, 1859
Zygonectes atrilatus Jordan & Brayton, 1878

Distribution géographique

Cosmopolite des eaux douces à légèrement saumâtres en zones tempérées

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique, ● Atlantique Nord-Ouest

A l'origine, l'aire de répartition naturelle des gambusies se situe dans l'est de l'Amérique du Nord de part et d'autre de la chaîne des Appalaches. Celle de G. affinis correspondait au vaste bassin hydrographique du Mississipi, à l'ouest des Appalaches (d'où son nom de gambusie occidentale). Celle de G. holbrooki s'étendait sur la côte est des USA, à l'est des Appalaches (d'où son nom de gambusie orientale).

Au début des années 1900, les deux poissons-moustiques ont été introduits dans les pays tempérés et tropicaux comme agent de contrôle biologique des populations de moustiques afin de lutter contre les maladies transmises par ces insectes (malaria, fièvre jaune). L'introduction en France s'est produite en 1928 et a concerné essentiellement la Corse et certaines zones humides du sud, dont la Camargue, et du sud-ouest.

Aujourd'hui, grâce à l'intervention humaine, à leur exceptionnelle capacité d'adaptation et à leur vitesse de reproduction, G. affinis et G. holbrooki sont collectivement les poissons d'eau douce les plus répandus au monde. Cependant, les deux espèces ont été transférées à partir de leurs habitats naturels à un moment où l'ambiguïté taxonomique rendait l'identification des espèces incertaine. De plus, comme les voies de translocation n'ont pas toujours été bien documentées, il est difficile de distinguer avec certitude les répartitions actuelles des deux espèces de gambusies.

Les principales limites physiques de survie des gambusies semblent être l'altitude et la température. Les gambusies préfèrent les altitudes relativement basses dans les régions les plus chaudes du globe. Aucune des deux espèces n'est généralement présente au nord de 40° de latitude nord ou au sud d'environ 38° de latitude sud.

Biotope

Les gambusies sont généralement observées en bancs sur les berges des étangs, des lacs ou dans les bras morts et les zones calmes des ruisseaux car elles apprécient les eaux peu profondes et fortement végétalisées, toujours lentes voire stagnantes et des températures de 12°C à 29°C (même si elles peuvent survivre quelque temps à des températures plus extrêmes de 5 à 41°C). Leur résistance à de faibles taux d'oxygène est remarquable.

Elles sont tolérantes à des teneurs en sels variables et pourront être présentes en eaux saumâtres, voire en pleine mer.

On ne retrouvera pas de gambusies au-dessus de 1000 m d'altitude

Description

Les gambusies sont des poissons élancés de petite taille. Elles sont de couleur plutôt terne avec un dessus de vert olive à gris, des flancs grisâtres et un ventre blanc argenté.

La queue est arrondie. La nageoire dorsale à 7 ou 8 rayons est très postérieure, insérée nettement en arrière de la nageoire anale. Caudale et dorsale peuvent être parsemées de petites ponctuations sombres. La tête est fine, aplatie et se termine par une bouche petite et oblique orientée vers le haut, en position supère*, typique des poissons se nourrissant en surface. La tête et le tronc sont recouverts de grandes écailles. Les yeux sont ronds, assez gros par rapport au volume de la tête. Une virgule sombre part de la base de l'œil et se prolonge jusqu'à la base de l'opercule*, évoquant une sorte de larme. Une tache rougeâtre peut être apparente sur ou à proximité de l'opercule.

A partir de ces points communs, mâles et femelles se distinguent par un dimorphisme sexuel très prononcé. Les femelles peuvent atteindre 6 à 7 cm et sont approximativement 2 fois plus longues que les mâles. Elles ont un dos légèrement plus arqué que celui des mâles et surtout un abdomen proéminent dont la fin est marquée par l'insertion de la nageoire anale. Les femelles à maturité sexuelle arborent une large tache noire sur les flancs de l'abdomen, proche de l'orifice urogénital.

Chez le mâle, dont l'abdomen est peu volumineux, le 3ème rayon de la nageoire anale est transformé en un long organe pointu érectile appelé gonopode*. C'est ce gonopode qui sera utilisé pour la fécondation interne de la femelle.

La distinction entre espèces se fera en comptant les rayons des nageoires et par l'apparence du gonopode. G. holbrooki possède généralement sept rayons dorsaux, dix rayons anaux et un gonopode présentant une série de dents proéminentes sur le troisième rayon. G. affinis, quant à elle, possède six rayons dorsaux, neuf rayons anaux et est dépourvue de dents proéminentes sur le troisième rayon du gonopode.

Espèces ressemblantes

La confusion sera possible avec un autre poisson de la famille des Poecilidés comme le guppy sauvage (Poecilia reticulata). Il faut cependant noter que Poecilia reticulata n'a été signalé officiellement en France métropolitaine que depuis 2024 à proximité d'une source thermale des environs de Montpellier, où il serait présent depuis 2019 d'après des habitants locaux. Cette population viendrait d'un relâché à partir d'aquariums de particuliers.

On peut aussi citer l'Aphanius de Corse (Aphanius fasciatus) qui pourra se rencontrer en Corse comme son nom l'indique mais aussi sur le pourtour méditerranéen. C'est aussi un poisson de petite taille qui viendra se nourrir en surface en eau douce ou saumâtre. Son dos bleu-verdâtre et surtout son corps sombre rayé de bandes verticales le distinguent des gambusies.

Alimentation

Les gambusies sont spécialisées dans la capture de proies de surface avec une prédilection pour les larves de moustiques. Cependant, les gambusies sauvages ont un régime alimentaire très varié qui dépendra du lieu et du moment de la prise de nourriture. Elles peuvent consommer aussi bien des insectes ou des araignées qui tombent sur l'eau que de petits crustacés, vers, mollusques, nymphes, larves d'invertébrés aquatiques ainsi que des algues ou autres matières végétales.

En aquarium, les gambusies sont omnivores avec une préférence pour les petits invertébrés tels que les artémias, les larves de crevettes, les daphnies ou les ostracodes.

Reproduction - Multiplication

La saison de reproduction s'étend du milieu du printemps au milieu de l'automne avec un pic en été. Cette période correspond à la période de spermatogenèse* chez les adultes mâles et à l'ovogenèse* des adultes femelles. La photopériode* et la température de l'eau régulent la reproduction chez les gambusies. Si la photopériode joue un rôle relativement mineur, la reproduction ne s'effectue pas à une température de l'eau inférieure à 16°C. Dans les régions connaissant une période sèche en été et une période hivernale humide avec des températures douces, les gambusies peuvent se reproduire en hiver.

Les femelles investissent relativement plus de ressources corporelles dans la reproduction que les mâles.Le poids des gonades* femelles peut atteindre près de 25 % du poids total tandis que celui des gonades mâles atteint rarement 4 %. Hors période de reproduction, les mâles sont en quiescence testiculaire et les ovaires représentent une part négligeable du poids corporel des femelles.

La fécondation est interne car la nageoire anale du mâle est modifiée dans un organe copulateur appelé gonopode. Mais avant cela, la parade nuptiale et l'accouplement se déroulent en trois phases distinctes : l'association, la parade et l'accouplement. Durant la phase d'association, les mâles se regroupent autour d'une femelle et se montrent généralement agressifs les uns envers les autres, jusqu'à ce qu'un individu, souvent le plus imposant du groupe, devienne dominant et chasse les autres mâles. La parade nuptiale implique ensuite des approches sexuellement agressives du mâle envers la femelle, suivies de l'acceptation ou du rejet par cette dernière. Les comportements de parade nuptiale des mâles peuvent inclure le balancement du gonopode (lorsque le mâle tente de le déployer), la poursuite de la femelle sans déployer son gonopode, et les tentatives de copulation avec le gonopode en érection. La copulation semble néanmoins dépendre de la femelle car elle développe plusieurs stratégies d'approche, d'éloignement ou de comportement arqué avant d'accepter la copulation.

Les tentatives de copulation des mâles se produisent à un rythme d'environ une par minute. Elles consistent en des poussées très rapides des gonopodes vers l'orifice urogénital* de la femelle et sont le plus souvent infructueuses. Lorsqu'elles réussissent, la copulation elle-même est très brève et dure moins d'une seconde.

Des expériences réalisées avec des modèles artificiels de femelles ont montré que les taches anales foncées, indicatrices de maturité sexuelle, attirent les mâles et facilitent leur orientation lorsque le gonopode est présenté à l'orifice urogénital de la femelle.

La gambusie a la particularité d’être un poisson ovovivipare*, c'est-à-dire que la femelle ne pond pas d'œuf, les alevins naissant déjà formés.
Les portées comptent en moyenne 22 alevins par femelle. Ce nombre, très variable avec des limites entre 3 et 108, dépend du moment dans la période de reproduction et de la taille des poissons. C'est en juin que la fécondité est maximale avec, en moyenne, environ 55 alevins par individu. Les poissons qui viennent de naître sont tout de suite actifs et capables de s'alimenter. Si les gambusies mâles sont capables de s'accoupler avec succès à tout moment pendant la saison de reproduction, les gambusies femelles peuvent stocker des spermatozoïdes* mâles viables et disposent d'une grande flexibilité quant au moment de la fécondation de leurs œufs. Elles peuvent conserver des spermatozoïdes viables dans leurs oviductes* pendant plusieurs mois après leur dernier accouplement et produire plusieurs portées à partir de spermatozoïdes issus d'un seul accouplement. Elles peuvent aussi conserver des spermatozoïdes viables hors de la période reproduction.

On trouve des femelles gestantes tout au long de la période de reproduction avec un pourcentage maximal pendant l'été. Les femelles gestantes ne sont généralement pas fécondées à nouveau avant la naissance de leur première portée. Un intervalle de plusieurs jours à deux semaines s'écoule entre la naissance d'une portée et la fécondation suivante.

Les femelles peuvent avoir plusieurs portées au cours d'une même saison de reproduction, les femelles plus âgées et plus grandes ayant davantage de portées que les femelles plus jeunes. La période de gestation est courte, seulement 2 à 3 semaines et il est théoriquement possible que les femelles gambusies se reproduisent environ toutes les 3 à 4 semaines pendant la période propice. Les jeunes femelles de l'année se reproduisent moins que les femelles atteignant leur deuxième saison de reproduction.

Avec un maturité sexuelle atteinte 1 à 2 mois après la naissance et une période de gestation courte, il est possible d'observer jusqu'à 3 ou 4 générations successives au cours d'une seule saison de reproduction.

Vie associée

Les gambusies sont la proie de nombreux prédateurs, notamment les échassiers, les martins-pêcheurs, les grands poissons, les serpents, les chauves-souris, les tortues aquatiques, les grands crustacés et divers autres invertébrés aquatiques tels que les larves d'odonates*.

Divers biologie

A cause de la similarité morphologique entre G. affinis et G. holbrooki, le statut taxonomique* des deux espèces est longtemps resté incertain, brouillant ainsi les résultats scientifiques publiés et les données de peuplement. Ces deux poissons ont longtemps été considérés comme des sous-espèces de G. affinis, et ce n'est qu'après 1990 que le statut d'espèce a été rétabli sur la base de différences morphologiques, d'études génétiques et de la distribution géographique.

Récemment, des outils de diagnostic moléculaire ont été mis au point pour différencier les deux espèces.

Compte-tenu de la petite taille de ces poissons, il est probable que seul le prélèvement ou l'observation sur photo permettra de telles distinctions.

Informations complémentaires

Les récentes analyses critiques sur le contrôle des moustiques indiquent que les gambusies ne sont pas particulièrement efficaces pour réduire les populations de moustiques ou réduire l'incidence des maladies transmises par les moustiques.

Le régime alimentaire très varié des gambusies a fait craindre une perturbation des biotopes où elles ont prospéré. Les avis à ce sujet sont divers mais il ne semble pas y avoir de grands bouleversements écologiques.

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Statuts de conservation et réglementations diverses

Les gambusies sont classées comme espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union européenne. Cela signifie qu'elles ne peuvent pas être importées, élevées, transportées, commercialisées ou libérées intentionnellement dans la nature, et ce nulle part dans l’Union européenne. Ces espèces ne peuvent plus être détenues sauf dans le cas d'animaux de compagnie acquis jusqu’à un an après la date de l'ajout de ces espèces sur la liste européenne.

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom français est une francisation partielle du nom latin.

Origine du nom scientifique

Gambusia fait référence au terme provincial cubain Gambusino utilisé par le zoologiste cubain Felipe Poey y Aloy (1799-1891) pour parler de ce poisson. Gambusino signifie : rien, blague ou farce. Les poissons de ce genre étaient considérés comme du menu fretin sans importance ou sans valeur. Pécher des gambusinos revenait à être bredouille.

holbrooki est en l'honneur du Dr. John Edwards Holbrook, zoologiste et herpétologiste connu comme le "père" de l'herpétologie nord-américaine.

affinis : du latin [affinis] = proche, voisin parent. Vraisemblablement du fait que les deux espèces de gambusies sont très proches l'une de l'autre.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 276134

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Actinopteri
Classe Teleostei
Ordre Cyprinodontiformes Cyprinodontiformes
Famille Poeciliidae Poecilidés
Genre Gambusia
Espèce affinis / holbrooki

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