Eolidien de petite taille : souvent inférieur à 10-12 mm
Couleur du corps blanc-bleuté translucide
Cérates apparaissant orange à rouge vif, renflés à leur extrémité et terminés de blanc
Rhinophores lisses et palpes labiaux blancs
Deux taches carmin visibles en avant des rhinophores
Eolis digitée
Calmella (I)
Eolis peregrina Delle Chiaje, 1841
Eolidia de cavolini Verany, 1846
Calma cavolinii (Vérany, 1846)
Calmella cavollini (Vérany, 1846)
Jojenia rubrobranchiata Aradas, 1847
Aeolis digitata Costa, 1866
Calmella digitata (Costa, 1866)
On trouve également l'orthographe non valide Calmella cavolinii (avec 2i).
Il est probable que se rattachent également à la description de cette espèce : Aeolis peregrina Langerhans, 1873, Cavolinia peregrina Cantraine, 1840, et Eolidia cavolinii Verany, 1846.
Dernier changement de nom : l'espèce est redevenue Flabellina cavolini en 2021.
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Méditerranée
On trouve cette espèce sur de petits tombants et des zones herbues, entre la surface et 12 mètres de profondeur.
C'est un tout petit éolidien de 12 mm de long au maximum, souvent bien moins. Le corps blanc bleuté, translucide à laiteux, est assez fin ; le diamètre transversal du corps va décroissant régulièrement depuis la tête vers la queue. A la base, le pied est à peine plus large que le corps.
A l'avant, la tête porte des appendices sensoriels différenciés : deux paires d'extensions labiales (de discrets palpes courts près de la bouche et des tentacules plus longs, bien visibles, de chaque côté) ainsi qu'une paire de rhinophores* simples non lamellés sur le dessus. Rhinophores et tentacules sont plus longs que tout autre extension visible sur l'animal. Ces organes translucides sont, comme le corps, hyalins à bleutés. Mais leurs extrémités respectives sont souvent d'un blanc beaucoup plus opaque.
En avant des rhinophores, il est possible d'observer deux taches violettes à carmin qui correspondent à des pièces de la mâchoire vues par transparence.
Le corps porte sur une partie de sa longueur (la partie caudale restant nue) cinq à six pédoncules bi- ou trifurqués d'où partent des faisceaux de trois à huit extensions en forme de massues. En effet, ces cérates*, au travers desquels on distingue bien les ramifications de la glande digestive orange à la base et virant au rouge vif vers le haut, sont renflés à leur extrémité. La zone des cnidosacs*, à l'apex* des cérates, est blanc translucide. Les premières paires de pédoncules portent plus d'extensions que les suivantes.
Flabellina gaditana (Cervera, Garcia-Gomez, & Garcia, 1987)
Cet éolidien est de mêmes dimensions que Flabellina cavolini. Principalement connue d'Atlantique mais également présente en Méditerranée, elle possède généralement des points blancs sur le rouge des cérates.
Mêmes choses pour Flabellina confusa Gonzalez-Duarte, Cervera & Poddubetskaia, 2008, dont la principale différence, invisible à l'œil nu, avec Piseinotecus gaditanus se situe au niveau de la radula.
Note : il est confirmé par les études moléculaires de [Furfaro &al 2018] que Flabellina confusa est en fait un synonyme de Flabellina gaditana (Cervera, García-Gómez & García, 1987).
Un article récent [Furfaro &al. 2021] appuie sur l’extrême difficulté à distinguer F. gaditana et F. cavolini sur le simple aspect physique.
Cuthona genovae O'Donoghue, 1926
Présente en Méditerranée et Atlantique. Quelques millimètres seulement (3 à 5 mm). Les cérates orangés portent un anneau jaune au sommet mais conformément à la description du genre, ne prennent pas naissance sur les pédoncules visibles chez Flabellina cavolini. Une ligne jaune médiane sur le corps, un dessin orangé sur le devant et l'arrière de la tête ainsi que des palpes labiaux assez courts lèvent en général le risque de confusion.
Possédant une radula*, à l'instar de quasiment tous les éolidiens, Flabellina cavolini est une mangeuse de polypes de Cnidaires. On peut donc la rencontrer à proximité d'hydraires, notamment du genre Eudendrium. Vicente [1967] avance également qu'elle consomme les polypes de la gorgone Paramuricea clavata (à confirmer).
Les nudibranches sont hermaphrodites* synchrones. Flabellina cavolini possède donc les organes sexuels des deux sexes dont les conduits respectifs (oviductes* et spermiductes*) se rassemblent pour former l'organe de la copulation. L'orifice génital débouche à droite, derrière la tête, sous le premier appendice.
L'acte reproductif exige donc un rapport proximal en position tête-bêche durant lequel seront échangés les gamètes* mâles de chacun des partenaires. L'impression qui en est donnée au plongeur est une boule informe d'excroissances rouges et blanches.
Chaque individu pourra ensuite aller pondre plusieurs centaines d'œufs rassemblés en pelotes.
Flabellina cavolini se nourrit en broutant des polypes et ce, grâce à un organe spécifique des Mollusques Gastéropodes : la radula*. Il s'agit d'une bande râpeuse située à l'arrière du larynx et composée de denticules. Celles-ci sont organisées selon un schéma propre à l'espèce et cette disposition, visible uniquement en dissection et avec des outils optiques, est un élément discriminatif de la classification.
La radula de F. cavolini est trisériée. Les dents médianes sont courtes mais très larges. Elles montrent, autour d'une pointe médiane, six denticules de chaque côté, pratiquement de même taille que la pointe. Les deux séries de dents latérales sont composées de petites dents triangulaires, à bord interne lisse.
Si les polypes des Cnidaires sont dévorés par les nudibranches éolidiens, il est remarquable que ces derniers ne soient pas affectés par les cnidocystes urticants des hydraires. En effet, ils parviennent, non seulement à ne pas être les victimes de ces cellules urticantes mais en plus les détournent à leur propre usage en les faisant migrer dans leur système digestif et en les stockant au sommet de leurs cérates, dans les cnidosacs. Dès lors, voilà le nudibranche protégé par une arme fort efficace !
Chez F. cavolini, l'anus se trouve entre le premier et le second appendice.
On ne leur connaît pas vraiment de prédateurs...
Calmella : le nom commun de l'espèce est une transposition littérale de son ancien nom de genre : Calmella.
Flabellina : diminutif du latin [flabellum] = éventail.
A propos de son ancien nom de genre : Calmella : L'animal avait été décrit par Verany en tant que Calma cavolini. Jusqu'à ce qu'Eliot 1910 découvre une différence anatomique notable chez l'animal, non concordante avec la description du genre Calma. Il inventa donc spécialement le genre Calmella à partir du mot Calma. Calmella est ainsi un diminutif de Calma.
Calma est un fils d'une divinité guerrière irlandaise.
cavolini : Baptisée ainsi par Verany en l'honneur du napolitain Filippo Cavolini (1756-1810) qui fut un des plus anciens biologistes marins. Il publia en 1785 et 1792 plusieurs articles à propos des polypes, des poissons ou encore des crustacés.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Flabellinidae | Flabellinidés | Éolidiens de forme étroite, avec des tentacules pédieux. Les cérates sont parfois insérés sur des pédoncules dorsaux. |
Genre | Flabellina | ||
Espèce | cavolini |
Blanche et rouge
Calmella apparaît à l'œil du plongeur (qui regarde attentivement au plus près du substrat) comme un animal blanc avec des extensions rouges. A cause de la taille de notre sujet, il est difficile de voir en plongée les deux taches carmin qui ornent le devant de sa tête. Devant de si petits organismes, l'appareil-photo, grâce à ses possibilités macro et le traitement a posteriori des images, s'est imposé comme un outil de première importance pour le plongeur qui s'intéresse à la vie sous-marine.
Pointe de la Gavinette, Villefranche-sur-mer (06), 7 m
03/08/2008
Peu profonde
Calmella cavolini est à chercher dans de petites profondeurs, sur des plateaux herbus ou rocailleux des côtes méditerranéennes. Elle y traque les colonies d'hydraires qui composent son régime alimentaire.
Pointe de la Causinière, Cap Ferrat (06), 6 m
08/08/2008
Un éolidien de petite taille
Le thalle de l'algue Padina pavonica sur lequel gambade Calmella cavolini donne une échelle de grandeur pour le nudibranche : à peine quelques millimètres.
Cap Gros, Antibes (06), 13 m
23/08/2006
Implantation des cérates
Calmella cavolini montre une organisation particulière et bien ordonnée des cérates. Au départ du corps, chacun des pédoncules (il y en a 6 ou 7 paires) est le support de plusieurs extensions diversifiées à l'intérieur desquelles se ramifie la glande digestive. Celle-ci, orangée, devient rouge vif vers le haut. Le cérate se termine par le cnidosac de couleur blanche. Les pédoncules se rangent en vis-à-vis pour les premières paires et se décalent un peu ensuite. De même, les premières paires portent plus de cérates que les suivantes.
Pointe de la Gavinette, Villefranche-sur-mer (06), 7 m
03/08/2008
Détails de la tête
Un gros plan rapproché sur la tête de calmella met en évidence le côté opaque de l'extrémité des extensions céphaliques sensorielles, palpes et rhinophores.
On distingue parfaitement sur l'avant la macule violette à carmin. Il s'agit de pièces de la mâchoire vues par transparence.
Il est même possible d'y remarquer le point noir juste au-dessus, à la base du rhinophore droit. C'est une tache oculaire, simple afférence de cellules sensibles à la luminosité qui donne encore à l'animal des informations sur son milieu.
Cap Gros, Antibes (06), 10 m
16/03/2008
Animal blessé
Cet individu semble blessé. En effet, la pointe du rhinophore gauche parait franchement cassée et pendante. Bagarre ou accident ? Quant à présumer de la gravité d'une telle blessure...
Cap de Nice (06), 13 m
06/08/2008
Animal blessé 2 ?
La rangée de cérates est interrompue sur son côté droit et il semble que cet individus ait perdu un certain nombre d'appendices. Pour quelles raisons ?
A noter que l'on peut voir sur des cérates quelques petites mouchetures blanches inhabituelles. Mais les espèces proches avec lesquelles nous aurions pu avoir un doute (notamment Calmella gaditana) ne sont pour l'heure pas signalées en Méditerranée.
Pointe Causinière, cap Ferrat (06), 8 m
12/05/2019
Cadre de vie
Dans son cadre de vie habituel, une zone "herbue", peu profonde, près des côtes.
Crau de Nao, Villefranche-sur-mer (06), 5 m
09/08/2008
Orifice génital
Sur cette photo, on voit très bien l'emplacement de l'orifice génital.
Cap d'Antibes (06), 11 m
05/04/2009
Câlin
La reproduction des éolidiens nécessite une rencontre entre deux individus et une étreinte en bonne et due forme. A regarder, on a l'impression d'une jolie boule rouge et blanche assez confuse, sans réussir à discerner ce qui est à l'un ou l'autre des protagonistes.
Ici, dans un champ romantique de Corynactis, ils sont bien deux mais... qui est où dans la mêlée ?
Le grand Congloue, Marseille (13), 3 m
25/10/2008
Copulation (1)
Les deux individus se sont positionnés tête-bêche, position habituelle des nudibranches pour l'acte reproductif.
Le Graillon, Cap d'Antibes (06), 8 m
26/04/2009
Copulation (2)
Les partenaires, hermaphrodites, ont "connecté" leurs organes génitaux respectifs. Ils s'échangent leurs gamètes mâles et iront ensuite pondre chacun dans leur coin.
Le Graillon, Cap d'Antibes (06), 8 m
26/04/2009
Avant la ponte ?
Sur ce très petit individu (moins de 5 mm), on peut distinguer par transparence à l'intérieur de certains cérates, la présence de ce qui doit très probablement être des oeufs.
Pointe Causinière, Cap Ferrat (06), 4 m
05/04/2009
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Aedwina REGUIEG
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Furfaro G., Salvi D., Trainito E., Vitale F., Mariottini P., 2021, When morphology does not match phylogeny: The puzzling case of two sibling nudibranchs (Gastropoda), Zoologica Scripta, 10.1111/zsc.12484.
La page sur Flabellina cavolini dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN