Couleur générale bleu indigo
Rhinophores et branchies bleu clair grisonnant
Réseau de fines lignes jaunes ou orange ou blanches sur tout le corps
Pied et flancs bien visibles
Villafranca-Doris (D, GB, E, NL), Doride di Villafranca (I)
Le nom de genre Felimare a remplacé celui d'Hypselodoris chez certaines espèces, après une étude de Johnson et Gosliner en 2012 de typage des Chromodorididés par l'ADN mitochondrial. Tous les sites scientifiques de référence n'ont pas encore intégré cette modification récente (et peut-être transitoire). Le nom de genre Hypselodoris est donc encore provisoirement utilisé sur la présente fiche et les photos, dans l'attente d'une harmonisation des sites et d'une pérennisation du nom de genre.
Anciennement appelé Glossodoris gracilis, Hypselodoris gracilis ou Chromodoris villafranca.
Il faut noter que la description trop succincte des premiers auteurs ne permettait pas une identification (détermination ??) fiable de cet Hypselodoris bleu. Cependant la révision précise faite par les auteurs espagnols Ortea J., Valdés A., et García-Gómez J.C en 1996 de la famille des Chromodoridés bleus d'Atlantique, permet une détermination beaucoup plus précise de ce groupe.
Doris caerulea Risso 1826
Doris gracilis Rapp 1827
Doris pulcherrima Cantraine 1835
Doris tenera Costa O.G. 1848
Doris schultzii delle Chiaje 1841
Doris villae Vérany 1846
Doris pasini Veraby 1846
Chromodoris messinensis Ihering 1880
Hypselodoris villafranca (Risso, 1818)
Méditerranée et Atlantique du Maroc à la Manche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Felimare villafranca est l'espèce européenne de Chromodoris bleus à la plus large distribution. On le retrouve dans toute la Méditerranée jusqu'à Chypre et les côtes israéliennes et sur les côtes de l'Atlantique proche, de la Manche au Maroc. Mais aucune observation n'a été faite dans les îles : du Cap Vert (confusion avec Hypselodoris pinna Ortea, 1988), des Canaries, de Madère et des Açores. (Voir « reproduction » pour avoir l'explication).
Ce nudibranche est présent, plutôt à l'abri de la lumière, sur des algues calcaires dès les premiers mètres (zones calmes), jusqu'aux zones de coralligène* vers 40 mètres. Surtout rencontré dans les dix premiers mètres, sur les fonds durs secondaires*, et principalement sur les éponges du genre Dysidea, Ircina et Spirastrella dont il se nourrit. Il est également commun dans les lagunes littorales de Méditerranée.
L'allure générale de ce nudibranche est svelte, lisse et allongée. La couleur générale est bleu indigo à l'aspect velouté (mais parfois plus clair). Le manteau est bordé de jaune sur sa face dorsale. De nombreuses fines lignes dorsales jaune fauve ou jaune orangé et/ou blanches forment des dessins irréguliers représentant un réseau de lignes plus ou moins interrompues et à orientation principale longitudinale. On note également une série de taches faisant le tour du manteau et du pied, de couleur bleu clair iridescent. Ce nudibranche présente une variation de couleur en fonction de sa zone géographique et probablement en fonction de son âge.
Le pied et les flancs sont bien dégagés -et bien visibles- par un manteau court et aux limites peu soulignées. Pied et flancs sont également parcourus par de fines lignes jaunes et/ou blanches. Le pied est néanmoins plus étroit que le manteau.
Les lignes dorsales jaunes forment un cercle autour du panache branchial.
Les feuillets* branchiaux* (pennés)*, au nombre de huit, présentent une ligne jaune pâle longitudinale interne et externe.
Les branchies et rhinophores sont bleu pâle grisonnant. Ils peuvent tous deux se rétracter si l'animal est dérangé, et ne plus laisser apparaître que de petits cercles jaunes à leur emplacement.
Les rhinophores montrent une vingtaine de lamelles. Une ligne longitudinale blanche parcourt l'arrière des rhinophores à la jonction de ces lamelles.
Certains jeunes adultes peuvent avoir 3 lignes parallèles sur le dos, comme F. picta.
Taille habituelle : 25 à 36 mm environ, suivant les auteurs.
F. tricolor présent dans le bassin méditerranéen occidental, l'Adriatique et dans l'Atlantique Est adjacent ;
F. fontandraui en Méditerranée et proche Atlantique ;
F. bilineata et F. cantabrica en Atlantique.
Ce sont des éponges du genre Dysidea (en particulier Dysidea fragilis), Ircina et Spirastrella dont se nourrit le Doris de Villefranche.
Les gastéropodes râpent leurs aliments avec leur radula* (sorte de râpe constituée de rangées de dents calcaires).
Les mollusques se reproduisent uniquement par voie sexuée et sont ovipares* (pondent des œufs fécondés). Les nudibranches sont hermaphrodites* (mâle et femelle). Ils possèdent les organes reproducteurs du mâle et de la femelle, tous deux fonctionnels. Mais l'autofécondation n'a jamais été prouvée, ainsi, l'accouplement est nécessaire pour l'échange de gamètes* et la fécondation*.
Un orifice génital est souvent bien visible sous le manteau, à l'avant droit de l'animal. Cette disposition latérale des orifices génitaux, explique la position tête-bêche adoptée par les doris lors de l'accouplement pour s'entre-féconder.
F. villafranca :
Dans le nord de l'Espagne, la reproduction a lieu d'avril à juin pour des individus matures de 25 mm de longueur. Chez cette espèce, la ponte est un ruban enroulé sur deux tours et d'environ 12 mm de diamètre. Elle contient environ 400 à 500 œufs orangés. La section du ruban est grossièrement rectangulaire.
La larve* donnera un adulte par métamorphose*. Les rares observations semblent montrer que le développement soit direct (pas de phase pélagique*). Ces pontes avec un développement direct expliqueraient pourquoi cette espèce n'a pas colonisé les îles du proche Atlantique.
La forme des dents de la radula, particulière à chaque espèce, est un critère majeur dans l'identification des espèces. Chez F. villafranca la radula* à une 1e dent latérale tricuspidée, toutes les autres sont bicuspidées.
Francisation du nom latin.
Felimare : du latin [felis] = chat et [mare] = mer : chat de mer. L'origine de ce nom de genre, originellement créé par les malacologues brésiliens Eveline et Ernst Marcus en 1971, est une hypothèse. Le couple Marcus était habitué des dénominations "bizarres" et ne donnait jamais d'explications sur le sujet. On peut sans doute chercher cette origine dans la sympathie appuyée d'Eveline Marcus (1901-1990) pour les chats.
villafranca : de Villefranche. Dès 1809, l'Observatoire Océanologique de Villefranche-sur-Mer (06) montre une vocation à la recherche océanologique. Le nom vient du fait que le découvreur de l'espèce (et donc qui donne le nom) l'a découvert à Villefranche, ce qui ne veut pas dire que l'on ne la trouve qu'à Villefranche-sur-Mer !
Numéro d'entrée WoRMS : 597536
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Chromodorididae | Chromodorididés | Doridiens au corps mou allongé et étroit, à coloration vive. Dos en général lisse, bord du manteau développé à l’avant. Pied effilé à l’arrière, dépassant du manteau. Rhinophores lamellés, tentacules buccaux courts et coniques, branchies pennées. |
Sous-famille | Miamirinae | Miamirinés | |
Genre | Felimare | ||
Espèce | villafranca |
Bleu indigo
Les fines lignes dorsales jaune fauve forment un réseau de lignes plus ou moins interrompues et à orientation principale longitudinale. La couleur de fond du manteau, bleu indigo, est ici bien foncée.
Etang de Thau (34), 2 m
04/2005
Rhinophores et branchies
Le manteau est bordé de jaune sur sa face dorsale. De nombreuses fines lignes dorsales jaune fauve forment un réseau de lignes plus ou moins interrompues et à orientation principale longitudinale. On note également une série de taches faisant le tour du manteau (et du pied non visible ici), de couleur bleu clair iridescent. Les lignes dorsales jaunes forment un cercle autour du panache branchial. Les feuillets* branchiaux*, au nombre de huit, présentent une ligne jaune pâle longitudinale interne et externe. Les branchies et rhinophores sont bleu pâle grisonnant. Les rhinophores montrent une vingtaine de lamelles. Une ligne longitudinale blanche parcourt l’arrière des rhinophores à la jonction de ces lamelles.
Ile du Frioul, Marseille, 7 m
06/2003
Fines lignes jaunes
Le manteau est bordé de jaune et de nombreuses fines lignes jaune fauve forment des dessins irréguliers sur le manteau et le pied. Une série de taches bleu clair iridescent fait le tour du manteau. Sur les rhinophores lamellés, une ligne longitudinale blanche parcourt l’arrière des rhinophores à la jonction de ces lamelles.
Rade de Villefranche-sur-mer (06), 32 m
11/09/2007
Robe en service minimum & parasite
La robe dorsale de cet individu présente un nombre de lignes vraiment minimum !
On remarque de plus un copépode parasite.
Carnon (34), 13 m
15/08/2011
Parmi les acétabulaires
Individu se déplacant sur un tapis d'acétabulaires situé sur une des quelques roches disséminées au sein d'un très bel herbier de posidonies. Notez que l'ombrelle n'est pas encore formée au sommet des pédicelles des Acetabularia acetabulum, ceci est normal au mois de mai, c'est le début de la période de reproduction pendant laquelle cette ombrelle se forme.
Galéria, Corse, 4 m
05/2005
Trois individus collés
Les branchies et rhinophores sont bleu pâle grisonnant. Les rhinophores montrent une vingtaine de lamelles. Une ligne longitudinale blanche parcourt l'arrière des rhinophores à la jonction de ces lamelles.
Marseille (13)
2006
Reproduction
Observez les organes reproducteurs en phase pré-coïtale et la position tête-bèche caractéristique des nudibranches.
Îlot de la Gabinière, Port Cros (83), 18 m
28/04/2007
Dans l'étang de Thau aussi !
L'espèce se rencontre parfois également dans la lagune de Thau, qui se révèle d'une richesse biologie étonnante !
Étang de Thau (34)
12/06/2016
Variantes marseillaises
Ces 4 individus cassidains illustrent la variation de patron de cette belle espèce.
Cassis (13)
2010
Doris de Villefranche... de Villefranche !
Voici Felimare villafranca, rencontré dans la zone qui lui a donné son nom d'espèce : Villefranche-sur-mer. L'animal n'y est pas spécialement fréquent, loin de là !
Rade de Villefranche-sur-mer (06), 32 m
11/09/2005
Palavas
Lignes fines jaunes sont bien visibles ainsi que les lamelles des rhinophores. On distingue à l'arrière de l'animal l'orifice permettant la sortie des branchies ici rétractées.
Les Porquières, Palavas (34), 10 m
08/04/2017
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Michel BARRABES
Vérificateur : Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE
Responsable régional : Michel PEAN
Johnson R., Gosliner T., 2012, Traditional Taxonomic Groupings Mask Evolutionary History: A Molecular Phylogeny and New Classification of the Chromodorid Nudibranchs , PLoS ONE 7(4), e33479. doi:10.1371/journal.pone.0033479
Ortea J., Valdès A., Garcia Gòmez J.C., 1996, REVISION DE LAS ESPECIES ATLANTICAS DE LA FAMILIA CHROMODORIDIDAE (MOLLUSCA: NUDIBRANCHIA) DEL GRUPO CROMATICO AZUL. Review of the atlantic species of the family Chromodorididae (Mollusca: Nudibranchia) of the blue chromatic group, Avicennia : revista de ecología, oceanología y biodiversidad tropical, supplemento 1, 1-165.
La page de Felimare villafranca dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN