Doridien bleu foncé de 10 à 65 mm de longueur
Rhinophores bleu foncé avec une ligne claire en arrière
Multiples taches jaunes sur le manteau et le pied
Lignes jaunes en V inversé à la face externe des branchies
Limace « Gordini » (sur le Bassin d’Arcachon, notamment).
Cantabric doris (GB), Doris cantàbrico (E), Kantabrischer Doris (D)
Hypselodoris cantabrica Bouchet & Ortea, 1980
A longtemps été confondu avec Felimare picta jusqu’à la publication de Philippe Bouchet et J. Ortea en 1980.
Le nom de genre Felimare a remplacé Hypselodoris après une étude de Johnson et Gosliner en 2012 de typage des Chromodoridés par l'ADN mitochondrial.
Golfe de Gascogne, Atlantique ibérique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Tout le golfe de Gascogne selon Bouchet 1980, de Roche-Bonne (Charente-maritime) au nord à Oviñana (Asturies) au sud-ouest. Une observation récente repousse sa limite nord au golfe du Morbihan.
Selon Ortea 1996, toute la côte atlantique ibérique, marocaine, et la proche Méditerranée jusqu’à Almeria.
Faciès* rocheux de la zone infra-littorale* de la surface à 30 m environ, où l’on rencontre des éponges de genre Dysidea.
Doridien élevé et allongé, mesurant jusqu’à 65 mm en extension (110 mm selon Ortea 1996), de couleur générale bleu foncé avec de multiples lignes et taches blanches, jaunes et bleu clair.
Le pied* est surélevé et dépasse largement le manteau* en arrière.
Les individus de tous les âges ont le manteau* entouré d’une fine bordure jaune, bordée à l’intérieur d’une bande bleu clair.
Une ligne médiane jaune démarre en avant des rhinophores*, parcourt toute la longueur, entoure les branchies* et se poursuit jusqu’au bord postérieur du manteau*. Cette ligne devient discontinue chez les individus adultes. Elle se poursuit sur le dessus du pied*.
Entre cette ligne et la bordure bleue, de multiples taches jaunes irrégulièrement disposées apparaissent au fur et à mesure que l’individu grandit : quasiment aucune à 10 mm, deux lignes discontinues à 20 mm, un tapis irrégulier à 60 mm. Le pied* bleu foncé se couvre de taches jaunes également au fur et à mesure de la croissance.
Le manteau* a un aspect légèrement verruqueux et porte dans son épaisseur des glandes à mucus toxique situées autour des rhinophores* et en arrière des branchies*.
Les rhinophores* pennés* sont bleu très foncé presque noir, chaque lamelle porte à l’arrière une tache jaune, constituant une ligne pointillée. Les branchies* au nombre de 8 à 14 sont rétractiles facilement, dès que l’animal est inquiété. De couleur bleu foncé elles portent à leur face externe une double ligne jaune en forme de V à pointe en haut, et une ligne blanche à leur face interne.
Sur les côtes françaises, la confusion est possible entre divers doris bleus et notamment des juvéniles de Felimare cantabrica et Felimare tricolor adulte.
Essentiellement des éponges, du genre Dysidea. La prédation de Dysidea fragilis a été prouvée. Au bassin d’Arcachon, il pourrait s’attaquer aussi à Dysidea pallescens (sous réserves).
Les gastéropodes râpent leurs aliments avec leur radula* (sorte de râpe constituée de rangées de dents chitineuses*).
Les mollusques se reproduisent uniquement par voie sexuée et sont ovipares* (pondent des œufs fécondés). Les nudibranches sont hermaphrodites* (mâle et femelle). Ils possèdent les organes reproducteurs du mâle et de la femelle, tous deux fonctionnels. Mais l’autofécondation n’a jamais été prouvée ; ainsi, l’accouplement est nécessaire pour l’échange des spermatozoïdes* et la fécondation*.
Un orifice génital est souvent bien visible sous le manteau, à l’avant droit de l’animal. Cette disposition latérale des orifices génitaux, explique la position tête-bêche adoptée par les nudibranches lors de l’accouplement pour s’entre-féconder.
Les copulations commencent fin mai dès que l’eau dépasse 15-16 °C et durent jusqu’en octobre certaines années.
La ponte est un ruban plat blanc de 10 à 15 mm de largeur enroulé en spirale sur trois tours, collé au support par un de ses bords. L’ensemble de la ponte fait 30 mm de diamètre environ.
La larve* ciliée* est pélagique* (larve véligère*), elle donnera un adulte par métamorphose*.
La phase larvaire est assez courte : on commence à voir des juvéniles en juillet. En fin d’été, on rencontre donc des vieux adultes de 9 -10 mois et des juvéniles de 1 mois ou deux. En hiver, on ne rencontre que des post-juvéniles de 20 à 30 mm.
Espèce très commune toute l’année, fréquentant les mêmes sites rocheux que les plongeurs. Même les débutants arrivent à la voir !
En été, on la rencontre sur tous les types de supports : sable, algues vertes Ulva, algues rouges, éponges rouges… En hiver, on la rencontre seulement sur ou à proximité des éponges grises (Dysidea sp.) On la rencontre aussi bien de jour que de nuit, elle ne fuit pas particulièrement la lumière des lampes.
Comme moyen de défense, elle dispose dans l’épaisseur du manteau de plusieurs glandes pleines de longifoline* (un furanosesquiterpène) tiré des éponges Dysidea qu’elle mange. Ces poches sont situées au pied des rhinophores et en arrière des branchies, protégeant les organes les plus fragiles de l’animal.
Malgré ses couleurs vives (couleurs vexillaires* ou aposématiques*), il arrive qu’un prédateur s’y attaque et laisse des cicatrices (cf. photo).
La forme des dents de la radula, particulière à chaque espèce, est un critère majeur dans l’identification des espèces. Celle de Felimare cantabrica a pour formule radulaire* : 63(135, 0, 135) selon Bouchet, mais jusqu'à : 90(223, 0, 223) selon H. Gantès. Les dents sont bicuspides* avec 5 ou 6 denticules sur le bord externe.
Doris cantabrique : en référence à sa répartition géographique.
Limace "Gordini" : le développement de la plongée sous-marine au bassin d’Arcachon et sur la Côte basque à la fin des années 60 fut contemporain des heures de gloire de la Renault-8 Gordini, bleue à bandes jaunes. D’où le nom donné par les plongeurs à cette limace.
Felimare : du latin [felis] = chat et [mare] = mer : chat de mer. Nom de genre créé en 1967 par Eveline et Enst Marcus, malacologues brésiliens. Eveline avait une prédilection pour les chats, et le sens de l'humour pour inventer des nom de genres originaux.
cantabrica, en référence à sa répartition géographique : le golfe de Gascogne, dit Cantabrico en espagnol.
Numéro d'entrée WoRMS : 597543
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Chromodorididae | Chromodorididés | Doridiens au corps mou allongé et étroit, à coloration vive. Dos en général lisse, bord du manteau développé à l’avant. Pied effilé à l’arrière, dépassant du manteau. Rhinophores lamellés, tentacules buccaux courts et coniques, branchies pennées. |
Sous-famille | Miamirinae | Miamirinés | |
Genre | Felimare | ||
Espèce | cantabrica |
Felimare cantabrica adulte de profil
Adulte de 60 mm, vient juste de copuler. La vue de profil droit permet de voir le pied tacheté, l'orifice génital, la double ligne claire des branchies et la simple ligne claire des rhinophores. Fond de coquilles cassées, avec des éponges Dysidea.
Grand-Piquey, Bassin d'Arcachon (33), 3 m, de nuit
26/09/2004
Adulte
Vue de dessus, les multiples taches jaunes irrégulières, sur un adulte de 50 mm de longueur.
St-Yves, Arcachon (33), 5 m, de nuit
04/10/2003
Bouquet branchial
Gros plan sur les branchies, dix sur ce spécimen ; la double ligne jaune en V inversé est un critère de détermination important.
Grand-Banc, Bassin d'Arcachon (33), 5 m
30/10/2008
Rhinophore et glandes à mucus
Détails d'un rhinophore, avec sa gaine proximale et ses lamelles, et des glandes à mucus enchassées dans l'épaisseur de la peau.
Epave du Roche-Velaine, Arcachon (33), 6 m
28/07/2011
Copulation
Position tête-bèche caractéristique des nudibranches.
Grand-Piquey, Bassin d'Arcachon (33), 3 m, de nuit
26/09/2004
Felimare cantabrica en train de pondre
L'auteur n' a jamais observé de Felimare en train de pondre la nuit.
Paquerette, Hendaye (64), 15 m
01/06/2005
Ponte de Felimare cantabrica
Ponte sur des algues Ulva très près de la surface. L’été on rencontre les F. cantabrica sur tous les supports.
Le Mimbeau, Cap-Ferret (33), 1 m
23/07/2000
Groupe de juvéniles
Cette photo d'un groupe de plusieurs juvéniles confirme la présence de cette espèce sur les côtes atlantiques ibérique ou marocaine.
Puerto del Carmen, Lanzarote, Iles Canaries, Espagne, 30 m
21/04/2016
Juvénile de moins de 10 mm
Sur cette image, on ne retrouve pas les critères distinctifs entre Hypselodoris cantabrica et H. tricolor. Pour une longueur identique, H. cantabrica est plus large. A cet endroit et à cette saison, il y a toutes les chances pour que ce soit un H. cantabrica.
Grand-Piquey, Bassin d'Arcachon (33), 3 m, de nuit
30/10/2004
Juvénile de 15 mm environ
Les taches jaunes du manteau commencent à apparaître.
Bateau en ciment, Bassin d'Arcachon (33), 18 m
14/07/1997
Juvénile de 30 mm environ
Les taches jaunes du manteau deviennent de plus en plus complexes. Malgré son jeune âge, ce spécimen porte quelques cicatrices.
Chez Hortense, Cap Ferret (33), 5 m
10/06/2001
Prédation de Felimare cantabrica sur l'éponge Dysidea sp.
Juvenile de 20 à 30 mm. L'hiver les spécimens sont bien moins nombreux qu'en été et se rencontrent à proximité des éponges Dysidea sp. qu'ils broutent.
Grand-Piquey, Bassin d'Arcachon,(33), 3 m, temp 9 °C
O2/01/2001
Felimare cantabrica de la Côte basque
Coloration plus claire des spécimens de la Côte basque.
Aroka Tikia, St Jean-de-Luz (64), 21 m
O3/04/2005
En Bretagne
Cette observation d'un juvénile en Bretagne situe la limite nord de la zone de distribution de Felimare cantabrica. Il est sur les éponges Dysidea sp qui constituent sa nourriture favorite.
Golfe du Morbihan (56), 19 m
24/09/2008
En Vendée
Le doris tout "recroquevillé" nous présente sans doute sa face ventrale, son pied.
L'autre individu a dû être parasité par des copépodes (deux boursoufflures sur le dos).
Plage de Sauveterre, Vendée (85)
28/08/2018
Rédacteur principal : Michel BARRABES
Rédacteur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Michel BARRABES
Responsable régional : Yves MÜLLER
Bouchet P., Ortea J., 1980, Quelques Chromodorididae bleus (Mollusca, Gastropoda, Nudibranchiata) de l'Atlantique oriental, Ann. Inst. Oceanogr., 56(2), 117-125.
Gantès H., 1980, OPISTHOBRANCHES ARCACHON, Thèse Université Bordeaux 1
Johnson R., Gosliner T., 2012, Traditional Taxonomic Groupings Mask Evolutionary History: A Molecular Phylogeny and New Classification of the Chromodorid Nudibranchs , PLoS ONE , 7(4), 15p.
Ortea J., Valdès A., Garcia Gòmez J.C., 1996, REVISION DE LAS ESPECIES ATLANTICAS DE LA FAMILIA CHROMODORIDIDAE (MOLLUSCA: NUDIBRANCHIA) DEL GRUPO CROMATICO AZUL. Review of the atlantic species of the family Chromodorididae (Mollusca: Nudibranchia) of the blue chromatic group, Avicennia : revista de ecología, oceanología y biodiversidad tropical, supplemento 1, 1-165.
Rudman, W.B., 2000 (March 19) Hypselodoris cantabrica Bouchet & Ortea, 1980. [In] Sea Slug Forum. Australian Museum, Sydney.
La page de Felimare cantabrica dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN