Taille d’environ 2,5 cm pour un diamètre maximum de 1,3 cm
Corps cylindrique, transparent et non pigmenté
8 rangées de palettes natatoires sur toute la longueur du corps
Deux longs filaments pêcheurs rétractiles et d’apparence perlée
Irisation de la lumière par les palettes natatoires
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]La distribution d’Euplokamis stationis semble s’étendre de la mer d’Alboran jusqu’à la mer Tyrrhénienne, en passant par le golfe du Lion. Cela correspond plus ou moins à la Méditerranée occidentale.
Euplokamis stationis est une espèce planctonique* considérée comme vivant en grande profondeur, entre 200 et 800 m. Cependant, elle peut être rencontrée près de la surface grâce à des phénomènes océanographiques de remontées d’eau causées par des courants ascendants.
Euplokamis stationis présente une forme cylindrique et sa longueur atteint environ 2,5 cm avec un diamètre maximum de 1,3 cm.
Son corps est transparent, sans aucune pigmentation particulière. Cependant, la diffraction de la lumière à travers les 8 rangées de palettes natatoires équidistantes qui parcourent tout son corps, du pôle apical* (ou aboral*) jusqu’à la bouche, provoque des reflets de lumière irisés caractéristiques qui permettent de les repérer.
Deux filaments pêcheurs sont visibles depuis la partie médiane de l’animal. Ils peuvent s’étendre en direction du pôle aboral sur une longueur plus importante que celle du corps. Ils ont également la capacité de se rétracter dans les gaines tentaculaires, situées à l’intérieur du corps dans sa partie médiane. Ces filaments pêcheurs possèdent de nombreuses ramifications, appelées tentilles*, qui sont munies de nombreuses cellules collantes caractéristiques des Cténophores, les colloblastes*.
Lorsqu’ils sont au repos, les tentilles sont enroulés comme un ressort, ce qui donne une apparence perlée aux filaments pêcheurs. En revanche, ils peuvent se détendre très rapidement au contact d’une proie.
Des 6 espèces connues du genre Euplokamis, E. stationis est la plus grande mais aussi la seule espèce observée en Méditerranée. Cependant, elle peut être confondue avec les espèces suivantes :
La hormiphora (Hormiphora plumosa) possède des tentacules avec des ramifications (tentilles) jaunes et présente davantage la forme d'une poire.
La callianira à deux ailes (Callianira bialata) possède des prolongements aliformes* permettant de faire facilement la différence avec Euplokamis stationis et tout autre Cténophore.
La groseille de mer (Pleurobrachia pileus) a une forme beaucoup plus ovoïde.
Enfin, lorsque les tentacules d'Euplokamis stationis sont entièrement rétractés, cela évoque fortement les béroés comme la béroé ovale (Beroe ovata) ou la béroé gracile (Beroe gracilis). Cependant, les béroés ont généralement une taille plus grande.
Comme les autres espèces de Cydippides, Euplokamis stationis utilise ses deux filaments pêcheurs avec ses tentilles* munis de colloblastes* pour capturer ses proies en pleine eau.
De la forme d’un ressort au repos, les tentilles se déploient très rapidement au contact d’une proie. Ce mécanisme propre au genre Euplokamis est unique parmi les Cténophores.
Bien que certainement plus efficace que des tentilles « classiques » (sans muscles striés), ce mode de pêche est néanmoins passif. Ce sont les proies qui viennent malencontreusement à la rencontre des filaments pêcheurs et des tentilles. Les proies ainsi capturées sont ramenées vers la bouche par rétractation des filaments.
Son régime alimentaire dans son habitat naturel en profondeur est mal connu. Cependant, il semblerait que d’autres Cténophores ainsi que des salpes fassent partie de son menu lorsque cette espèce est présente près de la surface.
Comme la plupart des Cténophores, Euplokamis stationis est hermaphrodite*. Les gamètes* sont émis dans l’eau, où a lieu la fécondation. L’œuf fécondé donne une larve* planctonique* appelée cydippide, caractéristique des Cténaires.
Euplokamis stationis est un nageur actif grâce à ses 8 rangées de palettes natatoires présentes tout le long de son corps.
La présence de muscles striés dans les tentilles des espèces du genre Euplokamis est unique dans l’embranchement des Cténophores. Ces tentilles peuvent être considérés comme de vrais organes de capture de proies et sont probablement les plus développés parmi les Cténophores.
La tension du tentille est maintenue par une série de faisceaux de collagène* qui s'étendent sur toute la longueur du tentille et sont intrinsèquement enroulés comme un ressort.
Le genre Euplokamis a été défini la première fois par Chun (1880) sur la base de la collecte puis de l’observation de cette espèce dans la baie de Naples.
Cette espèce n’a pas de nom vernaculaire connu. Euplokamis est une francisation du nom scientifique.
Euplokamis : du grec [Eu] = vrai et [plokamis] = tentacule, ce qui enserre.
stationis : du latin [statio] = piquet, station.
En référence aux tentilles, enroulés lorsqu’ils sont au repos et pouvant se détendre très rapidement au contact d’une proie grâce à l’action de muscles striés.
Numéro d'entrée WoRMS : 106381
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Ctenophora | Cténophores / Cténaires | Organismes carnivores planctoniques (parfois benthiques) transparents à symétrie biradiaire se déplaçant grâce à huit rangées de peignes ciliés et munis le plus souvent de tentacules armés de cellules adhésives particulières, les colloblastes. |
Classe | Tentaculata | Tentaculés | Cténophores possédant des tentacules, qui peuvent secondairement se résorber. |
Ordre | Cydippida | Cydippides | Cténophores sphériques ou ovoïdes, possédant deux tentacules adhésifs bien développés et ramifiés. |
Famille | Euplokamididae | Euplokamididés | Tentacules avec des tentilles qui peuvent rapidement se détendre en raison de la présence d'un système de muscles striés et de collagène. Les gaines tentaculaires sont à égale distance du tube digestif et de la surface externe du corps. Les rangées de palettes natatoires s'étendent sur au moins deux tiers de la longueur du corps. |
Genre | Euplokamis | ||
Espèce | stationis |
Un corps cylindrique et transparent
Euplokamis stationis a un corps cylindrique, transparent et allongé. Cet individu a un de ses deux filaments pêcheurs déployé, l'autre est rétracté.
Baie des Anges (06), sous la surface, en soirée
25/04/2009
Il faut avoir l'œil !
Ce spécimen, à jeun, a un corps bien transparent. Ce qui rend parfois difficile son observation. Les points d'ancrage des filaments pêcheurs, situés dans les gaines tentaculaires de l'animal, sont ici bien visibles.
Cap d'Antibes (06), 6 m
06/04/2015
Reflets de lumière irisés
Ce spécimen, qui semble avoir avalé une salpe, montre des reflets de lumière irisés par ses palettes ciliées.
Palavas-les-Flots (34), 3 m
09/05/2018
Filaments pêcheurs déployés
Les deux filaments de cet individu sont déployés afin de capturer une proie qui viendrait malencontreusement s'y coller.
Villefranche-sur-Mer (06), 5 m
19/05/2012
Un prédateur efficace
Les filaments pêcheurs sont des pièges efficaces. Ce spécimen, qui a une bouche encore bien ouverte, a sans doute récemment avalé une proie.
Villefranche-sur-Mer (06), 5 m
19/05/2012
Filaments d'apparence perlée
Les nombreux tentilles donnent une apparence perlée aux filaments pêcheurs. On distingue les palettes ciliées avec de la lumière irisée.
La Gabinière, Port-Cros (83), 2 m
30/04/2009
Confusion possible avec une béroé
Sans la présence du filament pêcheur à peine visible sur la droite de la photo, et sans indication de la longueur du corps, on pourrait tout à fait prendre cet individu pour une béroé !
En revanche, si la taille dépasse 2,5 cm et si les filaments pêcheurs sont absents, alors il s'agira certainement d'une béroé.
Iles Medes, Catalogne, Espagne, 4 m
08/05/2018
Rédacteur principal : Pascal GIRARD
Vérificateur : Vincent MARAN
Correcteur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Pascal GIRARD
Chun C., 1880, DIE CTENOPHOREN DES GOLFES VON NEAPEL, Vol. 1, Wilhelm Engelmann, Leipzig, 313p + 18 pl.
Gershwin L., Zeidler W., Davie P.J.F., 2010, Ctenophora of Australia In, Davie P.J.F. & Phillips J.A. (Eds), Proceedings of the Thirteenth International Marine Biological Workshop, the Marine Fauna and Flora of Moreton Bay, Queensland, Memoirs of the Queensland Museum, 54(3), 1-45.
Haddock S.H.D., 2007, Comparative feeding behavior of planktonic ctenophores, Integrative and Comparative Biology, 47(6), 847-853.
Mackie G.O., Mills C.E., Singla C.L., 1988, Structure and function of the prehensile tentilla of Euplokamis (Ctenophora, Cydippida), Zoomorphology, 107, 319-337.
Mills C.E., 1987, Revised classification of the genus Euplokamis Chun, 1880 (Ctenophora: Cydippida: Euplokamidae n. fam.), with a description of the new species Euplokamis dunlapae, Canadian Journal of Zoology, 65, 2661-2668.