Corps allongé de forme ovale
Longueur maximale 3 cm
Couleur rouge à orangée
Face dorsale bombée
Une bande centrale nue sur toute la longueur du corps
Des branchies et des soies sur les côtés, sur toute la longueur du corps
Euphrosyne foliosa Audouin & Milne Edwards, 1833
Lophonota audouinii Costa, 1841
Euphrosine mediterranea Grube, 1863
Euphrosine racemosa Ehlers, 1864
Euphrosine audouini Marion & Bobretzky, 1874
Euphrosyne intermedia Saint-Joseph, 1888
Euphrosine robertsoni McIntosh, 1900
Euphrosyne magnoculata Izuka, 1912
Atlantique Nord-Est, Méditerranée, Mer Rouge, Japon, ...
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Euphrosine foliosa est présente de la Norvège jusqu'au golfe de Gascogne, en passant par les îles Britanniques, ainsi qu'en Méditerranée. Elle a été observée en mer Rouge et dans l'Indopacifique.
Euphrosine foliosa apprécie les fonds meubles mais également les fonds durs offrant des abris (roches perforées, moulières, bancs d’huîtres, crampons de laminaires, etc.).
En Manche et en Méditerranée, elle fréquente notamment les fonds de maërl*.
On peut la rencontrer depuis le la zone de balancement des marées jusqu’à des profondeurs importantes (l’espèce a été récoltée sur le talus continental jusqu’à 1000 m de profondeur).
En Méditerranée, cette espèce peut être rencontrée de jour sous les pierres ou dans la matte* de posidonies. Son comportement est typiquement sciaphile*.
C'est une annélide polychète au corps allongé de forme ovale, la face dorsale est bombée. La longueur maximale est de 30 mm, pour une largeur de 6 mm. La couleur varie de l’orange au rouge brique. Deux paires d’yeux, une paire dorsale plus grosse que la paire ventrale. Le corps présente entre 30 et 36 segments sétigères*. La partie dorsale de l’animal révèle une bande centrale nue, sur toute la longueur du corps, ce qui est une caractéristique partagée par tous les membres de la famille des Euphrosinidés.
La partie dorsale avant du corps présente une caroncule*, allongée avec trois lobes* longitudinaux, dont le lobe médian forme une crête saillante, et qui s'étend jusqu'au cinquième segment sétigère. On peut observer la présence d’une antenne* impaire, épaisse et cylindrique, insérée entre les deux yeux dorsaux en avant de la caroncule.
Les branchies* sont disposées en rangées transversales sur chaque segment, de chaque côté du corps (7 à 9 par rangée). Elles ont l'aspect de troncs ramifiés aux extrémités pyriformes*.. Elles débutent dès le premier segment sétigère.
Des soies* dorsales, bifurquées, sont disposées en rangées transversales à l’avant des branchies. Elles se présentent sous deux formes : des soies lisses, aux deux branches très inégales, et des soies crénelées. Ces dernières ont une allure très particulière, rappelant une mâchoire animale (soies « en gueule », ou ringent-setae). Celles-ci constituent une double courbure chez Euphrosine foliosa.
La bouche est ventrale et s’étend jusqu’au quatrième segment sétigère.
D’autres espèces du genre Euphrosine peuvent être rencontrées dans nos eaux et la distinction n’est pas toujours évidente sans recourir à la loupe binoculaire.
Le risque de confusion porte principalement sur Euphrosine armadillo. Ce risque est théorique puisque cette espèce se rencontre en eaux profondes (nettement en dessous de 100 m et jusqu’à 3 000 m de profondeur) et de potentielles observations en plongée seraient donc liées à des individus rapportés. Cette espèce se distingue par le fait que ses soies* dorsales ne sont pas renflées à leur extrémité et présentent une courbure simple (et non pas une double courbure comme celles d'Euphrosine foliosa). Sa taille n’excède pas 10 mm de longueur.
En Méditerranée, il est également possible de rencontrer Euphrosine myrtosa, avec laquelle avait été initialement confondue Euphrosine foliosa. Cette espèce fréquente actuellement l’Adriatique mais, compte tenu du réchauffement climatique, il n’est pas impossible qu’elle puisse migrer vers l’ouest (elle aurait d’ailleurs été observée dans le canyon de Capbreton). Il s’agit également d’une espèce d’eaux profondes. Euphrosine myrtosa présente sur le dos des soies bifides ressemblant beaucoup à celles d'Euphrosine foliosa, mais également des soies simples, dont les extrémités sont recourbées en forme de faux.
Les pratiques alimentaires de Euphrosine foliosa ne sont pas connues. De nombreux représentants de la famille des Euphrosinidés se nourrissent d’éponges.
La reproduction est sexuée. Comme chez la plupart des annélides polychètes, les sexes sont séparés.
Euphrosine feuillée : le nom français est une traduction directe du nom scientifique
Le nom de genre Euphrosine provient du grec [Euphrosyne]. Dans la mythologie grecque, Euphrosyne est la fille de Zeus et de l’Océanide Eurynomé. Elle est l’une des trois Charides (ou Grâces) et représente la joie. On ne sait pas pourquoi Jean-Baptiste de Lamarck (ou Jules-César Savigny, puisque Lamarck rapporte beaucoup de propos de ce zoologiste dans son ouvrage) a choisi ce nom lors de sa description initiale d'Euphrosine myrtosa.
Le nom d’espèce foliosa provient du latin [foliosus] qui signifie feuillu, ou feuilleté. Si les zoologistes français Audoin & Milne Edwards n’explicitent pas clairement la raison de cette dénomination dans leur description initiale d'Euphrosine foliosa, on note qu’ils insistent fortement sur la forme des terminaisons des branchies, qu’ils appellent folioles.
Numéro d'entrée WoRMS : 130083
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Polychaeta | Polychètes | Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles. |
Sous-classe | Errantia | Annélides Polychètes Errantes | La tête porte plusieurs organes sensoriels et des mâchoires. Animaux très mobiles et prédateurs. Parapodes biramés avec un notopode et un neuropode, chaque lobe du parapode a des baguettes squelettiques (acicule) liant le muscle parapodial aux lobes et aux soies ; cirres parapodiaux dorsaux et ventraux ; deux ou trois palpes sur le prostomium. |
Ordre | Amphinomida | Amphinomides | Prostomium réduit entouré par ls premiers segments. |
Genre | Euphrosine | ||
Espèce | foliosa |
Petit ver orange, poilu et trapu
Cette espèce de polychète est peu
véloce, elle mesure ici 1 à 2 cm de longueur. On observe nettement l’antenne impaire,
cylindrique, qui vient s’insérer entre les deux yeux, que l’on devine ici, en
avant de la caroncule (visible sur la photo juste derrière l’antenne). La
partie dorsale centrale est dépourvue de soies et de branchies et d'aspect fripé. Les nombreuses
soies dorsales, situées à l’avant des branchies sur chaque segment, sont bien
visibles et l’excellent piqué de la photo permet même d’observer leur courbure
très particulière à l’extrémité !
Parc National des Calanques, Marseille (13), 5 m, Méditerranée.
25/04/2021
Vue dorsale d'une euphrosine feuillée
Cette euphrosine a été trouvée sous une pierre à marée basse par grande marée. Elle mesurait environ 1,5 cm de longueur. On peut observer la partie centrale dépourvue de soies et de branchies.
Estran, Le Croisic (44), Atlantique
18/04/2022
Euphrosine en balade
Cette euphrosine mesurait environ 2 cm de long, elle était sous un rocher. On devine la caroncule sur les premiers segments, du côté gauche de la photo.
Piriac sur Mer (44), 3 m, Atlantique
24/04/2022
Une euphrosine feuillée dans son milieu
L’espèce adopte en général un comportement typiquement sciaphile et on la trouve donc à l’abri de la lumière dans la journée, sous les rochers ou les algues, ou dans les mattes de posidonies.
Sous un rocher, Méjean (13), - 8 m, Méditerranée
29/05/2021
Une euphrosine feuillée vue de dessous
La bouche est ventrale, mais est ici peu visible, alors qu’elle occupe plusieurs segments.
Agay (83) 2 m, Méditerranée
30/12/2011
Illustration des soies et des branchies d'Euphrosine foliosa
Le détail g permet de voir les soies bifides dentelées typiques d'Euphrosine foliosa. A titre de comparaison, le détail q présente les mêmes soies chez Euphrosine armadillo et le détail m les soies similaires chez Euphrosine myrtosa. Le détail e montre la forme typique d’une branchie d'Euphrosine foliosa. Le détail k dévoile les soies simples dont les extrémités recourbées en forme de faux caractéristiques d'Euphrosine myrtosa.
Figure 49 page 138, Fauvel 1923 – Polychètes errantes –
Reproduction de documents anciens
1923
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Patrick SCAPS
Responsable régional : Yves MÜLLER
Amoureux L., 1982, Annélides polychètes recueillies sur la pente continentale de la Bretagne à l’Irlande, campagne 1973 de la « Thalassa » (suite et fin) avec la description de quatre espèces nouvelles pour la science, Cahiers de biologie marine, Tome XXIII, 29-51.
Audouin J.V. , Milne Edwards H.,1833, Classification des Annélides et description de celles qui habitent les côtes de la France, Annales des sciences naturelles, Paris. sér. 1, 28, 187-247.
Harmelin J.G., 1964, Etude de l’endofaune des « mattes » d’herbiers de Posidonia oceanica Delille, Recueil des travaux de la station marine d’Endoume, Bulletin, 35(51), 43-105.
Jacquotte R., 1962, Etude des fonds de maërl de Méditerranée, Recueil des travaux de la station marine d’Endoume, Bulletin, 26(51), 141-235.
Lamarck J.B., 1818, Histoire naturelle des Animaux sans Vertèbres, présentant les caractères généraux et particuliers de ces animaux, leur distribution, leurs classes, leurs familles, leurs genres, et la citation des principales espèces qui s'y rapportent; précédés d'une Introduction offrant la détermination des caractères essentiels de l'animal, sa distinction du végétal et des autres corps naturels, enfin, l'Exposition des Principes fondamentaux de la Zoologie, Paris, Deterville. vol 5: 612 p :
Laubier L., Paris J., 1962, Faune marine des Pyrénées Orientales Fascicule 4 – Annélides polychètes, Université de Paris, Laboratoire Louis Arago, Banyuls-sur-mer, 80p.
Núñez J., Parapar J., Moreira J., 2012, Fauna Ibérica-Annelida Polychaeta III: Familia Euphrosinidae, Museo Nacional de Ciencias Naturales, 76-87.
Smyth D., Roberts D., 2010, The European oyster (Ostrea edulis) and its epibiotic succession, Hydrobiologia, 655, 25-36.
La page d'Euphrosine foliosa sur le site de l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN