Eudendriums de Méditerranée

Eudendrium spp. |

N° 632

Cosmopolite

Clé d'identification

Hydraire à squelette, dressé
Colonie arborescente peu ramifiée, de façon irrégulière et fine
Hydranthe en forme de vase

Noms

Autres noms communs français

Hydraire dendriforme

Noms communs internationaux

Stickyhydroid, tree-hydroid (GB), Eudendrio (I), Eudendrium (E), Bäumchenpolyp (D), Boompjeshydroïd (NL)

Distribution géographique

Cosmopolite

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

La distribution du genre est cosmopolite. Certaines espèces méditerranéennes peuvent se rencontrer en Atlantique Est et dans l'océan Indien.

Biotope

Les hydraires du genre Eudendrium se rencontrent fixés sur fonds rocheux, mais aussi sur les galets, les coquilles ou d'autres supports durs comme le coralligène*. Ils sont plus fréquents à l'entrée des grottes ou sous les surplombs, généralement entre 5 et 30 m de profondeur (certaines références précisent jusqu'à 200 m), mais certaines espèces comme par exemple E. racemosum se retrouvent juste sous la surface.

Description

Les hydraires du genre Eudendrium sont difficiles à identifier et nécessitent un examen approfondi des organes reproducteurs et de l'appareil urticant (organites* présents dans les cellules urticantes).
Une dizaine d'espèces environ sont présentes en Méditerranée, dont certaines sont de petite taille et passent inaperçues. Les espèces macroscopiques (sans doute au nombre de six) forment des colonies arborescentes, irrégulièrement ramifiées. En aucun cas une identification ne peut se faire sur la base de la forme de la colonie, celle-ci étant variable en fonction de l'âge et des particularités du milieu.

Les tiges principales des colonies et la base des branches sont généralement composées de plusieurs tubes entre-collés (polysiphoniques) ; seules les extrémités des colonies sont monosiphoniques. Les hydranthes* (polypes nourriciers) s'insèrent sur les branches via de courts pédicelles*. Les tiges, les branches et les pédicelles sont recouverts de périsarc* (exosquelette chitineux) ; les hydranthes eux-mêmes ne le sont pas (hydraire athécate).
L'hydranthe est en forme de vase
(vasiforme) et possède une couronne de 15 à 32 tentacules, suivant l'espèce, entourant un hypostome* (structure portant la bouche) en forme de trompette.

Les gonophores* (polypes produisant les gamètes*) sont caractéristiques pour chaque espèce : certains sont bien individualisés au niveau de la colonie, alors que d'autres sont formés par des polypes nourriciers qui dégénèrent tout en développant des gonades au niveau de leur corps. Les gonophores femelles sont représentés par des grappes irrégulières d'ovocytes, alors que les mâles sont formés par plusieurs alignements de chambres sphériques (remplies de spermatozoïdes) en chapelet.

Espèces ressemblantes

Les eudendriums sont très difficiles à distinguer les uns des autres, et seul un examen approfondi permet d'identifier l'espèce. Les espèces macroscopiques, buissonnantes, rencontrées en Méditerranée sont :

E. carneum Clarke, 1882 : espèce rare en Méditerranée.

E. glomeratum Picard, 1952 :
  • colonies jusqu'à 15 cm ; période de fertilité toute l'année, avec un maximum en automne et en hiver ;
  • hydranthes avec 15-27 tentacules, plus fréquemment 20-22 ;
  • gonophores mâles portés par des blastostyles (polypes hautement modifiés assurant la formation des gamètes) dépourvus de tentacules ; gonophores composés de grappes formées par la superposition de 2 chambres sphériques contenant des spermatozoïdes ;
  • gonophores femelles se formant sur des hydranthes atrophiés, dépourvus de bouche et portant jusqu'à 8 tentacules ;
  • distribution : Méditerranée, Atlantique Est (Grande Bretagne jusqu'en Espagne), Australie, Brésil.

E. racemosum (Cavolini, 1785) :
  • colonies jusqu'à 25 cm ; période de fertilité de mars à décembre ; disparaît en plein hiver ;
  • hydranthes avec 25-34 tentacules, certains possédant un appendice latéral caractéristique de l'espèce (= cnidophore), similaire à un très long tentacule et richement armé de cellules urticantes ;
  • gonophores mâles se formant sur des hydranthes atrophiés, souvent manquant de tentacules ; chaque gonophore portant 3-4 chambres superposées ;
  • gonophores femelles se formant sur des hydranthes complètement atrophiés ;
  • distribution : Méditerranée, Atlantique Est : de la Péninsule Ibérique à l'Afrique de l'Ouest, Seychelles, Australie, Vietnam, Indonésie.

E. ramosum (Linnaeus, 1758) :
  • colonies jusqu'à 18 cm; présentes à peu près toute l'année (sauf autour de juin), plus abondantes d'octobre à mars ; période de fertilité de juillet à février ;
  • hydranthes avec 20-30 tentacules ;
  • gonophores mâles se formant sur des hydranthes normaux ; jusqu'à 5 gonophores par hydranthe, chacun composé de 2 chambres superposées ;
  • gonophores femelles sur des hydranthes normaux ou de taille un peu plus petite ; jusqu'à 7 gonophores par hydranthe ;
  • distribution : présent partout dans des eaux froides (Arctique) à tempérées.

E. rameum (Pallas, 1766) : espèce rare en Méditerranée.

Alimentation

C'est un carnivore actif à bouche saillante, qui capture ses proies (zooplancton) grâce à ses tentacules urticants. Les polypes nourriciers portent des nématocytes* (le nématocyte est la cellule qui sécrète le nématocyste = organite impliqué dans l'injection du venin). Les proies sont ensuite digérées dans la cavité gastrique qui relie tous les individus entre eux, par l'intermédiaire d'un tissu mou et vivant, de structure tubulaire, protégé à l'intérieur du périsarc*. Les matières non digérées sont également expulsées par la bouche.

Reproduction - Multiplication

La reproduction sexuée s'effectue grâce aux polypes reproducteurs, les gonozoïdes*, sur lesquels se forment des structures tissulaires enfermant les gamètes*. Chez certaines espèces, les gamètes se forment au niveau des polypes nourriciers eux-mêmes, qui alors dégénèrent progressivement pour faire place aux gonozoïdes. La fusion d'un oocyte avec un spermatozoïde donne naissance au zygote qui se développe ultérieurement en larve planula*, libérée par la suite dans le milieu. Celle-ci se fixe sur un substrat adéquat et donne naissance à un polype primaire qui, en bourgeonnant latéralement, forme une nouvelle colonie.
Les gonozoïdes femelles forment des grappes portant des ovocytes globuleux ; les gonozoïdes mâles comportent des séries linéaires de deux ou trois chambres empilées l'une au-dessus de l'autre et reliées ensemble par une base commune.

Vie associée

Les hydraires du genre Eudendrium sont la nourriture principale de nudibranches éolidiens comme Cratena peregrina, Flabellina affinis, et Coryphella pedata. D'ailleurs, la larve de Cratena peregrina voyage dans le courant jusqu'à ce qu'elle rencontre les conditions nécessaires à sa vie et notamment cet hydraire.
Les tiges d'eudendrium se couvrent parfois de moules minuscules.

Informations complémentaires

Il existe aussi des espèces de petite taille qui forment des colonies discrètes :
Eudendrium album Nutting, 1896
Eudendrium calceolatum Motz-Kossowska, 1905
Eudendrium capillare Alder, 1856
Eudendrium moulouyensis Marques et al., 2000
Eudendrium simplex Pieper, 1884

Origine des noms

Origine du nom français

C'est le nom scientifique qui est conservé.

Origine du nom scientifique

Eu : préfixe, du grec [eu] = bien,
dendrium : du grec [dendros] = arbre ; qui a la forme d'un arbre.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 117553

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Hydrozoa Hydrozoaires Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce.
Sous-classe Hydroidolina Hydroïdes Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype.
Ordre Anthoathecata Anthoathécates

Hydraires dont la phase polype est dépourvue de thèques protectrices rigides. Phase polype presque exclusivement benthique, quelques espèces tropicales sécrétant un exosquelette calcaire (coraux de feu). Méduse avec ombrelle haute possédant des ocelles, les gonades se développent autour du manubrium.

Sous-ordre Filifera Filifères Hydroïdes coloniaux, tentacules des polypes filiformes, anthoméduses, quelques espèces sécrètant un squelette calcaire (Hydrocoralliaires).
Famille Eudendriidae Eudendriidés
Genre Eudendrium
Espèce spp.

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