Petite crevette, maximum 22 mm
Transparente à rougeâtre
Rostre court, bifide*, dépassant à peine les yeux
Antennules particulièrement plumeuses
Seconde patte avec un carpe de 7 articles
Zones rocheuses et peu éclairées
Eualid shrimp (GB)
Spirontocaris occultus Lebour, 1936
Spirontocaris cranchi (dans certains cas seulement)
Remarque : Eualus occulatus, sur ITIS, semble une faute d'orthographe.
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Cette crevette se trouve dans l'Atlantique du Nord-Est entre 64° Nord et 15° Nord. Elle est présente sur toutes les côtes européennes et nord-africaines, y compris celles des îles des Açores, Madère, Canaries et Cap Vert, ainsi que dans presque toute la Méditerranée.
L'hippolyte bouledogue secrète est une crevette sciaphile* qui se rencontre dans l'infralittoral* et le circalittoral*.
En Manche-Atlantique, on la trouve sous les pierres et dans les cuvettes du bas de l'estran et du bas de la ceinture à Fucus serratus jusqu'à une centaine de mètres de profondeur (160 m maximum). Elle est relativement commune au niveau des laminaires, et plus rare dans le maërl*, les cailloutis coquilliers et les algues en épaves roulées (voir ce terme en bas de page, rubrique Divers biologie).
En Méditerranée, elle est plus rarement observée qu'en Atlantique et y habite entre autres les zones rocheuses sombres, le coralligène* et les rhizomes de posidonies, jusqu'à une profondeur de 200 m (?). Les signalements profonds (160 et 200 m) seraient à confirmer.
L'hippolyte bouledogue secrète est une petite crevette (maximum 22,6 mm).
L'animal est transparent à rougeâtre, avec de très petites taches d'un rouge-brunâtre (les chromatophores*), assez bien réparties sur le corps, en particulier chez les grands individus et les femelles ovigères.
Son rostre est court, légèrement dirigé vers le bas, et dépasse à peine les yeux, il porte deux à quatre dents sur le bord dorsal ; son extrémité est typiquement bifide*, plus rarement trifide (divisée en trois) et exceptionnellement acuminée*, c'est-à-dire se terminant par une pointe. Elle possède des antennules particulièrement plumeuses.
Un examen approfondi permet de voir que la seconde paire de pattes locomotrices (P2) a le carpe (segment après le “coude" correspondant à notre “avant-bras") divisé en sept articles.
Plusieurs autres espèces de petites crevettes Hippolytidae pouvant être plus ou moins transparentes existent en Europe. L'espèce la plus commune avec laquelle il est classique de la confondre est l'hippolyte bouledogue de Cranch, Eualus cranchii qui est plus commune que Eualus occultus à faible profondeur (estran et quelques mètres).
Les espèces Eualus pusiolus (Kröyer, 1841), en Atlantique et Eualus drachi Noël, 1978, en Méditerranée, ont l'une et l'autre un rostre acuminé*.
Eualus gaimardi (Milne-Edwards, 1837) est une espèce circumarctique (Canada...) possédant un rostre très long dont l'extrémité atteint le bout de l'écaille antennaire.
On a peu de données sur son mode d'alimentation. On peut supposer qu'elle consomme de petits organismes qu'elle trouve à la surface des substrats qu'elle fréquente.
Egalement peu de données sur la reproduction. En Manche-Atlantique, on trouve des femelles ovigères d'avril à septembre.
L'espèce peut être occasionnellement parasitée par le Crustacé Isopode Epicaride Hemiarthrus abdominalis (Kröyer).
On la trouve parfois associée à l'actinie Telmatactis cricoides, et en Manche-Atlantique, à l'alcyon jaune Alcyonium digitatum.
Algues en épaves roulées :
Arrachées par les tempêtes, broutées par les Gastropodes ou pour d'autres raisons, des algues se détachent du substrat et sont emportées au loin. Les unes flottent et vont s'échouer en donnant les "laisses de mer", d'autres coulent et se rassemblent dans des creux à quelques dizaines de mètres de profondeur, en fonction des courants de marée. Ces algues "roulées" par les mouvements de l'eau forment de grands amas mouvants en ripple-marks*.
Hippolyte est un nom commun chez les crevettes appartenant à la famille des Hippolytidés.
Bouledogue, parce que cette crevette a un faciès très compact et une tête courte et carrée, rappelant un peu l'allure des chiens bouledogue.
Secrète est inspiré du nom d'espèce occultus ; en effet cette crevette est le plus souvent discrète, voire secrète...
(Ce nom d'Hippolyte bouledogue secrète est une proposition de P.Y. Noël).
Eualus : ce nom de genre a été créé en 1891 par J. Thallwitz du Dresden Museum, Allemagne. Il est composé du préfixe [eu-] = vrai et du suffixe [-alus]. Ce même [-alus] a été repris par Holthuis en 1947 pour créer le nom du genre Thoralus, autre crevette, très proche systématiquement et d'aspect comparable.
La signification de ce [-alus] est obscure : il pourrait être dérivé du grec [alaos] = aveugle, ou du nom d'une divinité romaine assez mineure (Alus), ou encore une déformation de [hals]= (marin, salé),
occultus (latin), signifie caché, secret.
Numéro d'entrée WoRMS : 107506
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Caridea | Caridés | Les Caridés sont caractérisés par des pléopodes natatoires. C'est à ce groupe qu'appartiennent une grande partie des espèces de crevettes. |
Famille | Hippolytidae | Hippolytidés | |
Genre | Eualus | ||
Espèce | occultus |
Femelle ovigère
Dans le céphalothorax, on peut clairement voir l’ovaire de cette femelle. La couleur bleu-gris de cet organe montre que la vitellogenèse est en cours et la ponte proche. Par ailleurs, les œufs fixés sur les pléopodes de la mère (sous l’abdomen) sont embryonnés : les points noirs sont les yeux des larves proches de l’éclosion.
Remarque : comme pour toutes les photos de cette fiche, l'identification est faite d’après photo, il reste donc une toute petite possibilité que la crevette photographiée appartienne en fait à une autre espèce.
Antibes (06), de nuit
2008
Les chromatophores
Les taches blanches correspondent à des chromatophores (leucophores) rétractés entourant le tube digestif (hépatopancréas dans le céphalothorax et intestin dans l’abdomen). Le reste de la crevette est largement transparent.
Saint Yves, Arcachon (33), 10 m, de nuit
30/10/2008
Mimétisme par transparence
Spécimen entièrement transparent (donc peut-être un mâle ?) à l’exclusion de la glande digestive située au centre du céphalothorax. Noter la présence de balanes et de l’éponge perforante jaune, Cliona celata.
Les Ridens, 11 milles au large de Boulogne-sur-Mer (62), 21 m
21/10/2007
Dans une moulière
L’hippolyte bouledogue secrète se rencontre sur une variété de substrats durs, comme ici sur une moulière, avec divers hydraires (Tubularia sp. en haut à gauche, et Eudendrium sp.) dans le voisinage.
Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 10 à 15 m, de jour
03/06/2001
Femelle ovigère parmi les zoanthaires
Cette femelle ovigère ne semble pas gênée par un environnement de tentacules pouvant paraître hostiles (Epizoanthus couchi)…
Chez Hortense, Cap-Ferret, près d’Arcachon (33), 5 à 7 m, de nuit
23/09/2000
En balade sur les Corynactis
Quelle est la nature des relations entre cette crevette et les anémones encroûtantes Corynactis ? Est-elle une proie, y trouve-t-elle une nourriture voire une protection ?
Photo prise au Nikonos avec une pige ; le photographe a quelque peu "poursuivi" la crevette pour la faire entrer dans la pige et ce n'est peut-être pas son lieu de résidence ordinaire...
Pointe du Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 10 m, de nuit
31/10/1998
Amateurs d'ombre
Noter la présence de plusieurs hippolytes bouledogue secrètes (flèches rouges) qui évoluent au sein d’une éponge caractéristique d’un environnement typiquement sciaphile* : Aplysina cavernicola.
Antibes (06), de nuit
2008
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Vérificateur : Michel BARRABES
Responsable régional : Anne PROUZET
Barnich R., 1996, The larvae of the genus Eualus Thallwitz , 1892 (Crustacea, Decapoda, Hippolytidae) in the plankton of the French Mediterranean coast, In : Abstr. Vol. VI. Coll. Crustacea Decapoda Mediterranea, Florence, 6-7.
Bourdon R., 1963, Epicarides et Rhizocéphales de Roscoff, Cahiers de Biologie marine, 4, 415-434.
Greve L., 1963, The genera Spirontocaris, Lebbeus, Eualus and Thoralus in Norwegian waters (Crust. Dec.), Sarsia, 11, 29-42.
Lagardère J.-P., 1976, RECHERCHES SUR LA DISTRIBUTION VERTICALE ET SUR L'ALIMENTATION DES CRUSTACES DECAPODES DE LA PENTE CONTINENTALE DE L'ATLANTIQUE NORD-ORIENTAL, Thèse de Doctorat, Université d'Aix-Marseille, 188p.
Manconi R., Mori M., 1992, Caridean Shrimps (Decapoda) found among Corallium rubrum (L., 1758), Crustaceana, Leiden, 62 (1), 105-110.
Noël P. Y., 1978, Eualus drachi nov. sp. (Crustacea, Caridea, Hippolytidae) des côtes françaises de la Méditerranée, Archives de Zoologie expérimentale et générale, Paris, 119 (1), 21-38.
O'Ceidigh P., McGrath D., 1981, The occurrence of Eualus occultus (Lebour, 1936) (Crustacea : Decapoda) in Irish coastal waters, Irish Naturalists' Journal (Belfast), 20 (8), 346-347.
Turquier Y., 1964, Eualus pusiolus (Krøyer) (Hippolytidae) crevette nouvelle pour la faune de France, Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, sér. 10 (5), 140-142.
La page d'Eualus occultus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN