Bryozoaire encroûtant de couleur beige
Surface rugueuse
Individus (zoïdes) ventrus, bien séparés les uns des autres
Deux aviculaires symétriques et parallèles, au niveau de l'ouverture
Épines orales longues chez les jeunes individus
Espèce du large
Lepralia mamillata Wood, 1844
Mucronella coccinea var. mamillata Hincks, 1880
Peristomella coccinea var. mamillata Canu & Bassler, 1928
Atlantique Nord-Est et Méditerranée occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]En Atlantique, E. mamillata a été observée de l’Écosse au Maroc ; en Méditerranée, dans le bassin occidental et en Adriatique.
En Méditerranée, Escharoides mamillata est observée relativement profond, entre 35 et 80 mètres, sur divers organismes calcaires comme des coquilles mortes, des algues .... L'espèce proche Escharoides coccinea remonte plus haut vers la surface, et contrairement à E. mamillata, elle est aussi observée sur des algues précoralligènes*.
Escharoides mamillata forme des colonies encroûtantes dont les individus (zoïdes*) ventrus, plutôt de grande taille et de couleur beige, sont bien individualisés les uns des autres. Sa surface rugueuse formée d'une seule couche de zoïdes lui vaut son nom d'escarre marine. En périphérie de la colonie, de fines et longues épines peuvent être observées.
Voir la rubrique "Divers biologie" pour la description microscopique.
Escharoides coccinea et Escharoides megarostris forment des colonies encroûtantes beiges ou orangé clair d'apparence similaire, la synonymie avec Escharoides mamillata est suggérée par certains auteurs, néanmoins les exigences écologiques différentes d'une espèce à l'autre et quelques détails microscopiques justifient également la séparation de ces trois espèces très affines.
Escharina dutertrei peut être aussi confondue, sans examen microscopique, avec Escharoides spp..
Comme chez tous les bryozoaires, la nutrition est assurée par la capture de particules alimentaires (phytoplancton*, en particulier) par les tentacules* du lophophore*, dont la sortie est assurée par une augmentation de la pression du liquide interne, phénomène obtenu grâce à la compression musculaire.
Une fois la gaine du lophophore* dévaginée, un mouvement pendulaire et circulaire des tentacules ciliés* composant le panache de ce lophophore va permettre le brassage de l’eau environnante et favoriser ainsi la capture des micro-organismes composant le régime alimentaire de la colonie.
Ces animaux sont dits filtreurs* actifs c’est-à-dire, des filtreurs suspensivores* microphages*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et les bactéries sont la base de l'alimentation de ce type de bryozoaire.
La croissance de la colonie se fait par bourgeonnement* périphérique de nouvelles zoécies* (= zoïdes*). La reproduction est sexuée et la colonie est hermaphrodite*. Les œufs fécondés produits par un zoïde femelle sont incubés dans les ovicelles* suborales.
Après maturation, il va y avoir émission de larves* ciliées, qui vont être dispersées par les courants. Après une courte vie dans la colonne d’eau, la larve va se fixer sur un substrat* adéquat et se métamorphoser* en un zoïde primaire ou ancestrule*. Celui-ci bourgeonnera deux à trois zoïdes, qui bourgeonneront eux-mêmes.
En Méditerranée, les ovicelles ont été observées en mai et juillet, les embryons ou larves en juillet.
Description microscopique :
Les colonies multisériées sont unilamellaires.
Les zoïdes sont ventrus, polygonaux, plutôt grands. La longueur des zoïdes va de 0,50 à 0,80 mm.
La paroi frontale convexe présente de petits pores marginaux (areolae = aréole ou pore aréolaire), à sa surface de petites granulations calcifiées sont organisées en une série de lignes régulières et convergentes vers une proéminence suborale (fort mucron* suboral).
L'ouverture est très enfoncée, le péristome* est fort, la région aperturale* en nette saillie. Le bord inférieur (proximal) de l’ouverture est denticulé, le bord supérieur (distal) est bordé de 6 longues épines orales effilées chez les individus jeunes.
Les aviculaires* bien développés sont pairs, placés symétriquement et latéralement à l'ouverture, ils sont quasiment parallèles et orientés en distal (vers l’extérieur de la colonie) alors que chez les autres espèces du genre, ils sont plus divergents et de taille supérieure.
Les ovicelles* sont proéminentes, granuleuses et placées au dessus de l'ouverture.
Escarre mamelonnée est une traduction du nom scientifique et une proposition du site DORIS.
Escharoides : du latin [eschara] = foyer, escarre = nécrose des tissus cutanés avec ulcération chronique et de [oides] = en forme de, qui ressemble à.
mamillata : du latin [mammilla] = petite mamelle, mamelonnée, par allusion à son aspect granuleux.
Numéro d'entrée WoRMS : 111500
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Exochellidae | Exochellidés | |
Genre | Escharoides | ||
Espèce | mamillata |
Bryozoaire encroûtant de couleur beige à la surface rugueuse
Les individus séparés les uns des autres sont bien individualisés, ils forment une croûte rêche.
Barge de Carro, Côte Bleue (13), 35 m (prélèvement)
01/08/2009
Individus organisés en plusieurs séries sur une seule couche
A partir du premier individu (ancestrule*) issu d'une larve* planctonique*, la colonie croît de façon radiante et horizontale.
Barge de Carro, Côte Bleue (13), 35 m (prélèvement)
01/08/2009
Aviculaires pairs et parallèles entre eux
Les aviculaires*, au nombre de deux, sont placés symétriquement et latéralement par rapport à l'ouverture. Chez Escharoides mamillata, ils sont quasiment parallèles (caractéristique) et orientés en distal alors que chez les autres espèces du genre, ils sont plus divergents et de taille supérieure.
Barge de Carro, Côte Bleue (13), 35 m (prélèvement)
01/08/2009
Longues et fines épines en bordure de la colonie
La paroi frontale convexe présente à sa surface de petites granulations calcifiées qui s'organisent en une série de lignes régulières (caractéristique).
La région de l'ouverture est en nette saillie. Le bord supérieur (distal) de l'ouverture est bordé de 6 longues épines orales effilées chez les individus jeunes. Elles deviennent plus courtes chez les individus plus âgés situés plus au centre de la colonie.
Barge de Carro, Côte Bleue (13), 35 m (prélèvement)
01/08/2009
Espèce du large
Escharoides mamillata est une espèce relativement profonde, rencontrée au-delà de 35 mètres, et s'installe prioritairement sur des supports calcaires, comme ici sur une valve morte de Pinna nobilis.
Barge de Carro, Côte Bleue (13), 35 m (prélèvement)
01/08/2009
Dessins anciens de Hincks
Sous le nom de Mucronella coccinea var. mamillata.
Notez les lignes de granulations caractéristiques et l'absence d'épines orales sur ces dessins.
Les individus représentés sont tous ovicellés.
Hincks Th., in British Marine polyzoa, vol. 2, planche 34, fig. 4-6
Reproduction de documents anciens
1880
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Hayward P.J., McKinney F.F., 2002, Northern Adriatic bryozoa from the vicinity of Rovinj, Croatia, Bulletin of the American Museum of Natural History, 270(1), 1-139.