Coquille lisse, fusiforme, de couleur brune, pouvant compter 30 mm
Animal de couleur blanche
Absence de ligne spirale blanche ou brune sur la coquille
Horny miter (GB), Mitra cornicula (I)
Mitra lutescens Lamarck, 1811 est un des synonymes les plus courants pour cette espèce.
Mitra cornicula (Linnaeus, 1758)
Il n'y a pas moins de 26 synonymes répertoriés dans WoRMS. La variabilité individuelle de l'espèce explique sans doute cette synonymie importante accumulée au fil des années depuis 1758.
Méditerranée et sur des zones précises et limitées de l’Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]On rencontre cette espèce dans toute la Méditerranée.
L'espèce aurait été trouvée sur les côtes atlantiques espagnoles, aux Canaries, au Maroc, aux îles du Cap Vert et jusqu'en dessous du Sénégal mais les auteurs ne sont pas d'accord pour une question de développement de la coquille (voir § Informations complémentaires).
Cette espèce vit dans l'étage infralittoral* rocheux, jusqu'à 40 m, sous des cailloux ou encore dans des dépressions sédimentaires, enfouie sous quelques centimètres de sable.
L'animal en lui-même est blanc, avec parfois quelques marbrures brunes.
Le pied* ne possède pas d'opercule*. La tête est en forme de fourche dépourvue de museau.
Sa coquille est fusiforme, d'une longueur pouvant aller jusqu'à 30 mm, avec enroulement dextre*. L'apex* est formé d'une protoconque* paucispirale*. Elle comporte ensuite six à sept tours de spire*. Le dernier tour est plus grand que l'ensemble des tours de spire précédents. Les sutures* sont peu marquées. L'ouverture très allongée permet de voir une columelle* dentée avec trois ou quatre plis de taille décroissante vers le canal siphonal*, le dernier pli n'étant pas toujours visible.
Le canal siphonal est large et court. Le labre* est modérément épaissi.
La couleur est marron clair à marron plus foncé ; le périostracum* une fois disparu, la coquille prend une couleur marron clair à beige.
Dans la même zone géographique que Mitra cornicula, on peut trouver :
Les espèces de Mitridés sont carnivores*, prédatrices de Sipunculidés. Les mitres se servent d'une trompe extensible, ou proboscis*, pour aspirer l'intérieur des siponcles capturés.
Concernant Episcomitra cornicula, précisément, il n'y a pas à ce jour d'information dans la littérature à propos de son alimentation. Cependant, cette espèce s'enfouissant sous quelques centimètres de sable, là où vivent des siponcles, cela nous permet de supposer qu'elle partage le même mode alimentaire que la majorité des Mitridés.
Le suivi in situ de l'espèce, n'a pas permis de mettre en évidence ses prédations, ni ses proies.
Episcomitra cornicula est une espèce gonochorique*, c'est-à-dire que les individus possèdent des sexes séparés et que l'on peut donc compter des mâles et des femelles. Le dimorphisme* sexuel existe probablement (mâle plus petit ? couleur ?), mais il n'est pas aussi marqué que pour d'autres espèces du même genre, comme Isara cornea.
Les Episcomitra cornicula qui vivent sur de la roche et sous des cailloux, présentent parfois quelques épibiontes* sur leur coquille comme des bryozoaires ou des algues calcaires encroûtantes. C'est beaucoup plus rare pour les spécimens qui vivent enfouis dans le sable.
La trompe extensible (ou proboscis*) possède un organe particulier propre aux Mitridés, l'épiproboscis. Cet épiproboscis est une fine trompe musculeuse en forme de J au repos, qui est extensible et prolonge le proboscis lorsqu'elle est déployée.
La proie est détectée grâce à son osphradium*, organe olfactif qui est relié au siphon et qui lui permet de tester la salinité de l'eau et la présence de nourriture.
Après que le proboscis se soit fixé sur la proie, l'épiproboscis se déploie et pénètre l'intérieur pour la maintenir et la dévorer.
L'épiproboscis semble être une adaptation pour se nourrir de proies à corps mou qui sont recluses et protégées par une enveloppe, comme les siponcles. Cela représente une évolution vers une spécialisation extrême de l'alimentation des Mitridés.
C'est le proboscis qui supporte la radula* rachiglosse* qui compte des dents pluricuspides (5 à 7 cuspides*) et deux dents latérales, cumulées entre 12 et 16 denticules*.
La variabilité individuelle est sous contrôle génétique et due à l'adaptation aux différents biotopes*.
Cette espèce présente quelques rares spécimens albinos. La couleur de leur coquille devient blanche. Pour les spécimens vivants dont la coquille est recouverte du périostracum, la couleur est plutôt beige.
Quelques spécimens sénestres* ont été signalés.
Si la présence de Episcomitra cornicula en Méditerranée est largement avérée, la distribution hors Méditerranée pose question. En effet, l'espèce aurait été rencontrée sur les côtes atlantiques espagnoles, aux Canaries, au Maroc, dans les îles du Cap Vert et jusqu'en dessous du Sénégal. Mais certains auteurs la considèrent comme endémique* de Méditerranée, estimant que sa protoconque paucispirale (protoconque avec peu de tours) rendrait sa présence en Atlantique improbable selon la règle suivante :
- protoconque paucispirale, en forme de bouton => larves* à vie planctonique* courte. Peu de déplacement.
- protoconque multispirale (3 à 4 tours pour certains genres) => larves à vie planctonique longue. Déplacement longue distance possible.
Les études futures pourront sans doute clarifier ce point.
Mitre corniculaire : francisation de l'ancien nom scientifique de l'espèce, Mitra cornicula, évoquant la forme de la coquille.
Episcomitra : nom de genre construit à partir du latin [episcopus] = évêque et de Mitra,son ancien nom de genre, du latin [mitra] = mitre, coiffure d'un évêque. La forme de la coquille rappelle cette coiffure.
cornicula : du latin [cornicula] = (en forme de) petite corne.
Numéro d'entrée WoRMS : 1060398
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Mitridae | Mitridés | Coquille atteignant 70 mm, fusiforme, à spire plus ou moins haute; ouverture étroite, formant un angle aigu à son extrémité supérieure, munie d'une faible échancrure canaliculée à la base. Columelle à 3 ou 4 plis obliques, le plus épais en bas. Pas d'opercule. Se nourrissent principalement de Sipunculiens. Lindner 2011:109-110. |
Sous-famille | Mitrinae | Mitrinés | |
Genre | Episcomitra | ||
Espèce | cornicula |
Aspect général
La coquille est marron, les sutures des spires sont peu profondes, la protoconque est paucispirale *. L'animal dans sa partie visible, pied, tentacules oculaires et siphon, est tout blanc.
Agay (83), 8 m
20/04/2014
Coquille annotée
Structure et éléments de la coquille d'Episcomitra cornicula.
Specimen ex situ.
03/2017
Partie de l’animal cachée par la coquille
La partie plus ou moins cachée par la coquille (vu de dessus) revêt une pigmentation qui tend vers un dégradé brun clair.
Agay (83), 4 m
30/07/2011
Animal vu de face
L'animal montre un siphon blanc de grande taille, un pied tronqué à l'avant et acuminé à l'arrière et une tête en forme de fourche formée par les deux tentacules oculaires. Les deux yeux noirs se trouvent à leur base.
Agay (83), 4 m
01/03/2015
Spécimen albinos
Les spécimens albinos sont rares.
Le périostracum conserve à la coquille une couleur beige. Par contre, la coquille de l'animal mort, sans périostracum, est complètement blanche.
On peut observer sur l'image du haut que le pied de l'animal, par ailleurs blanc, montre sur la partie cachée par la coquille, des zones brun clair.
Agay (83), 7 m
24/07/2011
Accouplement, phase d’approche
Ces deux spécimens, le mâle à gauche, la femelle à droite, sont de taille différente, ce qui est sans doute lié au dimorphisme sexuel. Une première approche…
Agay (83), 7 m
19/10/2014
Accouplement, positionnement
Les deux mollusques se positionnent tête-bêche pour une tentative d'accouplement.
Agay (83), 7 m
19/10/2014
Accouplement terminé ?
Le mâle a été dérangé (par le photographe) et montre son pénis complètement sorti. Dans sa tentative suivante, le mâle ne sera plus gêné et peut-être sera-t-elle concluante...
Agay (83), 7 m
19/10/2014
La ponte et les embryons dans les capsules
La ponte se présente sous forme de petites capsules ovoïdes et millimétriques.
En haut à droite la vue générale d'une ponte qui compte environ une centaine de capsules.
Les 3 vues suivantes montrent le détail des capsules dans lesquelles on voit par transparence des boules blanches : les embryons. Ils sont par deux ou trois par capsule. Trois semblant être un maximum. On peut distinguer différents stades de maturité, des boules blanches rondes de forme peu différenciée et des embryons à la couleur beige où l'on distingue nettement deux parties dont la protoconque qui a une taille importante.
Les capsules sont ancrées sur le substrat, ici le dessous d'un caillou.
Agay (83), 7 m
25/05/2015
Les juvéniles commencent leur sortie des capsules…
Les juvéniles commencent à sortir des capsules par le haut, formant une sorte de couvercle. Les juvéniles vont devoir le percer.
Certains sont gênés par un embryon mort dans la capsule et leur devenir est plutôt incertain. Pour les autres, c'est l'aventure qui commence avec tous ses risques...
Agay (83)
11/07/2015
Stades juvéniles
Plusieurs spécimens à des stades juvéniles différents.
Les deux du haut et celui en bas à gauche montrent des spécimens ayant le même âge, avec quelques légères variantes dans la croissance.
Le spécimen en bas à droite est à un stade d'évolution un mois après. Sa coquille est plus foncée et il a grandi d'un millimètre ou deux tout au plus.
Agay (83), 4 m
30/10/2014 & 01/11/2014
Epibiontes sur la coquille 1
Les épibiontes poussant sur les coquilles de Episcomitra cornicula sont plutôt rares. Ici un bryozoaire encroûtant (probablement d'une des espèces du genre Hagiosynodos).
Balise de La Chrétienne, Agay, Saint-Raphaël (83), 12 m
30/06/2011
Epibiontes sur la coquille 2
C'est ici une algue rouge encroûtante qui couvre une partie de la coquille en remontant jusqu'à la protoconque.
Agay, St-Raphaël (83), 8 m
13/11/2016
Capsules de pontes
Les capsules de pontes subsistent encore deux mois et demi après la sortie des juvéniles. Mais le processus de dégradation a bien commencé.
Sur le haut de la photo, on peut voir la coquille d'un embryon qui, pour une raison inconnue, n'a pas pu sortir de sa capsule.
Agay, St-Raphaël (83), 4 m
27/09/2014
Prédation sur Episcomitra cornicula
Une coquille qui n'a pas encore perdu son périostracum a été percée d'un trou circulaire. La forme légèrement conique du trou laisse penser qu'il a été fait par une natice…
Agay, St-Raphaël (83), 7 m
19/10/2014
Rédacteur principal : Dominique HORST
Vérificateur : André HOARAU
Vérificateur : Elisabeth JUAN HORST
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Giannuzzi-Savelli R., 1984, La superfamiglia Mitroidea nel Mediterraneo, Lavori S.I.M., Atti Simposio di Bologna, 24-26 sett., 1982, 21, 67-116.
Harasewych M.G., 2009, Anatomy & Biology of Mitra cornea Lamarck, 1811 (Mollusca, Caenogastropoda, Mitridae) from the Azores, Açoreana, Suplemento 6, 121-135.
Horst D., Hoarau A., 2015, Observations in situ de Mitra cornicula (Linnaeus 1758), Xenophora,149,12-17.
Rolan E., Dantart L., Fernandes F., 1997, On some dark species of Mitra from the Mediterranean and the Atlantic, La Conchiglia, 29(285), 11-23.
Scaperrota M., Bartolini S., Bogi C., 2010, Accrescimenti. Stadi di accrescimento dei molluschi marini del Mediterraneo, vol. II, 81, 160.
West T.L., 1990, Feeding behavior and functionnal morphology of the epiproboscis of Mitra idea (Mollusca; Gastropoda; Mitridae), Bulletin of marine Science, 46(3), 761-779.