Mérou géant de l'Atlantique

Epinephelus itaraja | (Lichtenstein, 1822)

N° 5671

Atlantique tropical et subtropical

Clé d'identification

Mérou pouvant atteindre une grande taille, généralement 1,5 m, maximum 2,5 m
Corps robuste et allongé, robe brune barrée de larges bandes foncées à l'arrière
Points noirs visibles surtout sur la tête, le dos et les nageoires
Yeux bien à l'avant de la tête semblant de petite taille chez l'adulte
Caudale imposante et arrondie

Noms

Autres noms communs français

Mérou goliath, mérou géant, têtard

Noms communs internationaux

Atlantic goliath grouper, goliath grouper, esonue grouper, giant grouper, coral cod, jewfish (GB), Mero gigante del Atlántico, mero guasa, mero pintado, cherna, mero (E), Zackenbarsch (D), Badejo, camapu, garoupa, mero-tigre, mero batata, mero sapo, canapu (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Serranus itajara Lichtenstein, 1822
Promicrops itajara (Lichtenstein, 1822)
Serranus mentzelli Valenciennes, 1828
Serranus galeus Müller & Troschel, 1848
Serranus guasa Poey, 1860
Promicrops esonue Ehrenbaum, 1915
Promicrops ditobo Roux & Collignon, 1954

Distribution géographique

Atlantique tropical et subtropical

Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Caraïbes, ○ [Guyane française]

En Atlantique Est, le mérou E. itajara est présent le long des côtes d'Afrique de l'ouest, depuis le Sénégal jusqu'à l'Angola. En Atlantique Ouest, il est mentionné depuis le nord de la Floride jusqu'au sud du Brésil, incluant les côtes françaises de Martinique, Guadeloupe et Guyane. Dans cette dernière région, malgré des évaluations difficiles à mener, il est bien présent aux îles du Salut et dans les mangroves littorales.

Initialement signalé dans le Pacifique Est, il a été établi en 2009 qu'il ne s'agit pas là-bas d'une sous-population de E. itajara, mais de l'espèce proche E. quinquefasciatus.

Biotope

Comme la plupart des mérous et quel que soit son âge, le mérou géant de l'Atlantique recherche des habitats comportant des failles ou des crevasses afin de se cacher lorsqu’il n’est pas en chasse. Capable d’un choix large d’habitat à l’état juvénile (mangroves à structure complexe, rivières saumâtres à fonds rocheux chaotiques ou substrats durs d’îles marines), il devient exclusivement marin à l'âge adulte (lorsqu’il atteint la taille de 1,1 m environ). Il recherche alors des fonds rocheux à fort relief jusqu'à des profondeurs pouvant atteindre 90 m environ. Il apprécie également les structures portuaires et pétrolières ainsi que les épaves.

Description

Le corps d'Epinephelus itaraja est robuste et allongé. La taille adulte est de 1,5 m et peut atteindre un maximum de 2,5 m, faisant de ce mérou l'un des plus grands à l'échelle mondiale.

La robe globalement brune présente des variations jaunâtres, verdâtres ou encore grisâtres. De larges bandes foncées barrent l'arrière du corps, plus ou moins visibles en fonction des individus, qui laissent la place à des taches moins organisées géométriquement vers la tête. Des individus à la robe assez uniforme peuvent également être observés. Dans tous les cas, de petits points noirs sont bien visibles sur l'ensemble du corps avec une densité plus élevée sur la tête et le haut du corps. Ces ponctuations se retrouvent en forte densité sur les nageoires.

La bouche large et entourée de lèvres bien développées comporte de nombreuses canines courtes recourbées vers l'arrière, permettant de ne pas laisser échapper ses proies. Relativement à la taille du poisson, les yeux situés bien en avant de la tête paraissent de petite taille. Les narines sont visibles à l'avant des yeux.

La nageoire dorsale ne comporte pas de séparation, les pectorales sont arrondies et larges, de même que l'imposante nageoire caudale. Les rayons mous de la nageoire dorsale, assez élevés, s'étendent jusqu'à l'avant du pédoncule* caudal. La nageoire anale, également élevée, présente une relative symétrie avec la partie molle de la dorsale.

Espèces ressemblantes

Du fait de son allure massive et de ses dimensions imposantes, le mérou géant de l'Atlantique est assez facile à identifier au sein de son aire de répartition. Il est remplacé par l'espèce très similaire E. quinquefasciatus côté Pacifique et la loche géante Epinephelus lanceolatus dans une large partie de l'Indo-Pacifique.

Les juvéniles, souvent bien contrastés et bicolores brun et crème, peuvent faire penser à Epinephelus striatus.

Alimentation

Epinephelus itaraja est un prédateur à l'alimentation diversifiée, généralement lent, mais capable d'accélérations fulgurantes pour capturer ses proies. L'analyse de 9 contenus stomacaux réalisée en Floride a permis d'établir qu'il se nourrit principalement de crustacés (80% de langoustes, crabes et crevettes) et de poissons (dont certaines raies et diodons). Il peut également consommer des poulpes et de jeunes tortues marines.

Reproduction - Multiplication

A l'est du golfe du Mexique, la reproduction a lieu de juin à décembre avec un pic observé entre juillet et septembre. La maturité des mâles arrive entre 4 et 6 ans pour une taille voisine de 1,1 m, tandis qu'elle est observée pour des femelles de 6 à 7 ans mesurant environ 1,3 m. La fécondité d'une femelle de 1,4 m dépasse 50 millions d'ovocytes*.

On soupçonne ce poisson d'être hermaphrodite* protogyne* (d'abord femelle puis mâle) comme nombre de ses congénères. Toutefois, cette hypothèse n'a pas été formellement démontrée à ce jour. De surcroît, le fait que les mâles soient matures avant les femelles est de nature à s'interroger sur sa validité.

Comme d'autres espèces de mérous, E.itajara se rassemble ponctuellement en groupe pouvant compter plusieurs dizaines d'individus pour frayer autour de certains récifs naturels (voire artificiels, notamment des épaves), le rendant très vulnérable à certaines formes de pêche durant cette période. Des observations font état de comportements de cour se produisant lors des périodes de pleine lune d'août : le mâle caresse les fentes branchiales de la femelle et émet des séries de "booms" sourds, peut-être liés à la défense territoriale.

Une étude (Mann 2009) évoque une activité sonore liée à la reproduction se produisant préférentiellement entre minuit et 3h du matin, en dehors des phases de pleine lune (contredisant l'ensemble des autres articles trouvés), permettant peut-être de minimiser la prédation par les prédateurs planctonivores*. Malgré l'absence d'observation directe, des couples de poissons pourraient se reproduire au sein d'un système harémique* en remontant brièvement dans la colonne d'eau. La ponte et la fécondation se produisent en pleine eau. Les larves* pélagiques* dérivent ensuite avant d'atteindre les milieux côtiers et notamment les mangroves pour se développer avant de partir vivre au large

Au Brésil, la reproduction semble se produire préférentiellement durant les phases de pleine lune des mois de décembre à février.

Vie associée

E. itajara constitue l'hôte de nombreux parasites tels trématodes, nématodes, isopodes, copépodes (Sadovy 1999).

Il sert également de refuge mobile à des espèces de poissons souhaitant se protéger des prédateurs ou contribuant à son nettoyage et à son déparasitage (Carangidés, autres petits pélagiques, gobies).

Divers biologie

La longévité maximale relevée atteignant 37 ans, il est possible que ce poisson puisse vivre une cinquantaine d'années en l'absence de prédation humaine.

Informations complémentaires

Il est fait état de comportements potentiellement agressifs vis-à-vis des plongeurs.

De fortes concentrations de mercure ont été trouvées dans les tissus d'individus pêchés en Floride, pouvant nuire à la santé et à la capacité reproductive de ce poisson.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Dans sa publication de la liste rouge des espèces menacées de 2018, l'UICN* considère que le mérou géant de l'Atlantique est une espèce vulnérable (statut VU). Il est même considéré comme en danger (statut EN) localement dans le golfe du Mexique (il était en danger critique d'extinction soit "CRitically endangered" lors de la précédente évaluation en 2011).

Dans les zones où il était auparavant abondant, il a été très largement victime de la surpêche durant la seconde partie du vingtième siècle. Il cumule des caractéristiques le rendant particulièrement sensible à la prédation humaine, telles sa longévité, l'âge assez élevé auquel il arrive à maturité, le fait qu'il se regroupe périodiquement en des lieux précis pour se reproduire et son caractère peu craintif vis-à-vis des pêcheurs sous-marins. Le déclin des mangroves où se développent les jeunes pose également problème.

Des mesures de protection intégrale ont été mises en œuvre dans certains pays, comme dans le sud-est des Etats-Unis en 1990 et au Brésil en 2002, permettant de freiner le déclin de l'espèce. Ce n’est malheureusement pas le cas en France, et notamment en Guyane française où semble pourtant exister une belle population, notamment aux îles du Salut.

Malgré les interdictions de capture appliquées localement, il demeure difficile d'évaluer la reconstitution des stocks, et ce d'autant plus qu'une grande quantité de ces poissons continuent d'être victimes du braconnage et que leurs migrations les rendent toujours vulnérables lorsqu'ils se déplacent en dehors des zones où il sont protégés.

Origine des noms

Origine du nom français

Mérou : le mot vient de l’espagnol [mero], d’origine obscure, qui signifie « vieille de mer, mérou ». On trouve le mot espagnol francisé en 1752 dans la quatrième édition du Traité de l'orthographe franc̜oise, en forme de dictionnaire (Tome 2, p. 382) de P. Restaut, avec la définition suivante : « Méro : sorte de poisson ».

géant de l'Atlantique : il s'agit d'une des plus grandes espèces de mérous au plan mondial avec la loche géante ; à la différence de cette dernière qui vit dans la zone indo-pacifique, E. itajara vit exclusivement en Atlantique depuis qu'il a été démontré qu'E. quinquefasciatus constitue une espèce à part entière, et non une sous-population de E. itajara vivant dans le Pacifique Est.

Origine du nom scientifique

Epinephelus : du grec [epi] = sur et [nephelus] = nuage, "couvert de nuages". Ce mot décrit une livrée portant des taches contrastées, irrégulières, disposées de manière désordonnée sur tout le corps.

itajara : cette qualification signifiant littéralement "roi" en malais est probablement issue d'une méprise concernant la distribution de ce gros mérou qui n'est présent qu'en Atlantique. On peut supposer qu'il a été confondu à l'époque avec la loche géante E. lanceolatus bien représentée dans l'Indo-Pacifique.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 159353

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopteri
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Famille Serranidae Serranidés 1 à 3 épines sur l’arrière de l’opercule.
Genre Epinephelus
Espèce itaraja

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