Coquille de forme rectangulaire allongée
Coquille équivalve et inéquilatérale
Marges ventrales et dorsales toujours droites et parallèles
Coquille bâillante aux deux extrémités
Sinus palléal en forme de U
Coquille blanchâtre à crème avec des stries roses, pourpres ou rougeâtres
Périostracum verdâtre
Manche de couteau commun, couteau commun, manchot (Normandie)
Sword razor shell, pod razor shell (GB), Muergo (E), Schotenmuschel, Schotenförmige Scheidenmuschel, Scheidenmuschel (D), Longueirâo-direito (P), Tafelmesheftgroot, tafelmesheft (NL)
Solen siliqua Linnaeus, 1758
Solen novaculus Montagu, 1803
Solen ligulus W. Turton, 1822
Solen siliquosa Locard, 1886
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Le couteau-silique* est présent sur toutes les côtes européennes, excepté en Méditerranée où il ne semble présent que dans sa partie orientale ; certaines observations semblant néanmoins douteuses du fait de sa confusion avec Ensis minor qui était considérée autrefois comme sa sous-espèce. Il est bien installé sur les côtes sableuses de la mer Baltique au nord jusqu’en Galice, dans le Nord-Ouest de l’Espagne, au sud. Il a été signalé également en Algarve, au Portugal, où il semble beaucoup plus rare, et jusqu’au sud du Maroc.
Ce couteau vit entièrement enfoui verticalement dans le sédiment, seule l’extrémité des siphons affleurent à la surface. Il préfère les fonds de sable fin à moyen, compactés et non envasés. Il est présent des premiers mètres sous la surface jusqu’à 60 m de profondeur environ. Sensible à la dessication, il s'enfonce profondément à marée basse dans le sédiment jusqu'à une trentaine de mètres de profondeur conservant ainsi de l'eau dans le trou dans lequel il vit. Peu tolérant quant à la salinité, il réagit rapidement en remontant à la surface quant celle-ci devient trop élevée (voir chapitre : Informations complémentaires).
La coquille de ce manche de couteau, fine et cassante, est de forme rectangulaire allongée et mesure en moyenne 15 à 20 cm de longueur pour une largeur de 15 à 25 mm, cependant des exemplaires géants (30 à 32 cm) ont été récoltés occasionnellement. On notera que de très légères variations dans la taille et les contours de la coquille ont été observées entre les différentes régions (Irlande, Espagne et Portugal).
La coquille est équivalve* et inéquilatérale*. Les marges ventrales et dorsales sont toujours droites et parallèles. La marge intérieure est lisse.
La coquille est bâillante aux deux extrémités ; celles-ci sont tronquées obliquement, la postérieure rectiligne, l’antérieure légèrement arrondie et leurs coins sont arrondis. La valve* gauche, au niveau de la charnière dorsale, possède deux dents cardinales* courtes et deux dents latérales lamellaires l’une au-dessus de l’autre. La valve droite est pourvue d’une dent cardinale lamellaire et d’une dent latérale postérieure.
Les deux muscles adducteurs* et la ligne palléale* sont bien visibles. L’empreinte adductrice antérieure est allongée, la postérieure petite et ronde. Le sinus palléal*, qui correspond à la position des siphons, est en forme de U.
Le ligament*, constitué d'une matière organique, la conchyoline, assure l’écartement des valves lorsque les muscles adducteurs sont relâchés. Il est situé près du bord antérieur ; il est allongé, élastique et de couleur brun foncé à noire.
Les deux siphons* sont soudés presque sur toute leur longueur, sauf à leur extrémité. Ils présentent une couronne de fins tentacules* à leur base. Le siphon inhalant* est entouré de petits tentacules dont 4 ou 5 sont plus grands et en forme de spatules.
Le pied est très musculeux, il est situé à l’extrémité antérieure de l’animal qui est capable de le dilater et de le contracter soudainement dans un mouvement dirigé vers le bas afin de s'enfouir rapidement. Il est de couleur blanc-crème avec de fines lignes brunes à l’aspect réticulé.
La couleur de la coquille est blanchâtre à crème avec des stries roses, pourpres ou rougeâtres. Sculptée de fines lignes concentriques, elle est recouverte d’un périostracum* verdâtre à vert jaunâtre ou olive brillant. La couleur intérieure est blanche parfois teintée de bleu ou de pourpre.
Ensis leei : arrivée accidentellement sur les côtes européennes, cette espèce allochtone* est souvent confondue avec Ensis siliqua. Elle s’en différencie cependant par une longueur plus petite, par une légère courbure et une plus grande finesse de la coquille.
Ensis magnus : sa coquille est plus étroite, plus trapue et nettement plus courbe.
Ensis minor : espèce très proche mais de taille plus petite (17 cm maximum), l’intérieur des valves est violacé. Sa zone de répartition est identique mais elle est présente également en Méditerranée et en Atlantique Nord-Ouest.
Pharus legumen : Son bord antérieur (côté pied) est nettement convexe et sa charnière, située du côté dorsal de la coquille, est pratiquement médiane.
Solen marginatus : sa coquille droite et rectiligne ne dépasse pas 17 cm de longueur. Il possède une seule dent cardinale de chaque côté de la charnière. Le sillon, côté antérieur, est oblique.
Le régime alimentaire de ce mollusque suspensivore* est composé de phytoplancton* et de matières organiques en suspension. L'absorption de la nourriture se fait grâce aux deux siphons* qui affleurent à la surface du sédiment. L’un, inhalant*, permet l’entrée d’eau dans la cavité palléale* ; cette eau est filtrée sur les branchies lamellaires par le mollusque qui en retient les particules alimentaires puis est expulsée vers l’extérieur par l’autre siphon exhalant*.
Des études ont estimé que la filtration pouvait atteindre jusqu’à 2 l d’eau par heure.
La reproduction de ce couteau se fait dans l’eau de mer. C’est une espèce gonochorique* sans dimorphisme* sexuel. La maturité sexuelle est atteinte dès la première année. La période de reproduction est légèrement différente selon la latitude : au printemps-été en Atlantique Nord, elle est prolongée jusqu’en automne au sud (Espagne, Portugal).
Les cellules* reproductrices ou gamètes* mâles sont libérées dans l’eau de mer par le siphon* exhalant*. Elles pénètrent dans la femelle par le siphon inhalant* et les ovules* sont fécondés dans les branchies*. Les embryons* sont libérés dans l’eau, se développent en une larve* trochophore*, grandissent, puis se métamorphosent* en une larve véligère* capable de nager grâce à une couronne ciliée, le velum*. Ces larves sont transportées par les courants ; après une courte vie planctonique* (2 à 3 semaines selon la température) elles se posent sur le fond, préférentiellement dans les zones sableuses à courant modéré, en dessous du niveau des basses mers et adoptent une vie benthique* en s’enfouissant verticalement.
Ensis siliqua est parfois parasité par de petits crustacés copépodes ectoparasites* : Anthessius minor Stock, 1959 ou Herrmannella rostrata Canu, 1891 au stade adulte.
Ces copépodes et trématodes constituent des bio-indicateurs de qualité
du milieu, leur fréquence augmentant avec la densité des populations de
couteaux.
On observe la présence également d’endoparasites* à l’état larvaire comme certains petits vers plats (plathelminthes trématodes) : Lasiotocus longicystis Bartoli, 1965 et Gymnophallus fossarum Bartoli, 1965.
On estime la durée de vie moyenne d’Ensis siliqua entre 6 et 10 ans.
Ce mollusque bivalve est très commun sur les plages bretonnes. Autrefois abondant sur les plages hollandaises et belges où il n’était pas rare de trouver, après une tempête, des milliers d’individus échoués morts et vivants sur les plages, il est maintenant remplacé par l’espèce américaine E. leei.
Ensis siliqua est une espèce bio-constructrice, contribuant à l’aération du sédiment.
Cette espèce comestible fait l’objet d’une pêche de loisir qui se pratique de différentes façons (voir « statuts de conservation et réglementations diverses »). Cependant il existe une méthode plus douce pour attraper les couteaux : après avoir repéré sur le sable une marque en forme de 8 ou de trou de serrure, on dépose une pincée de sel directement sur le trou. Le couteau, croyant le flux venir, remonte alors partiellement à la surface, il suffit de le saisir fermement et de tirer doucement dessus.
On rappellera que l’ensemble des récoltes effectuées doivent être limitées à la consommation familiale du pêcheur, en un mot : les volumes doivent être « raisonnables » !
Une pêche professionnelle artisanale à la drague est également pratiquée sur cette espèce, commercialement importante en Europe et exploitée dans de nombreux pays.
On mentionnera les risques liés à la surpêche récréative et au dragage qui provoquent une altération notable des fonds sableux
La qualité de sa chair, d’un intérêt culinaire moyen, est diversement appréciée selon les régions. Le couteau-silique est surtout utilisé comme esche pour la pêche à la ligne, au surf-casting ou à la traîne pour le bar, le maigre ou la dorade.
La pêche maritime de loisir est réglementée par l’arrêté du 15 janvier 2018 modifiant l'arrêté du 26 octobre 2012. Cette réglementation détermine la taille minimale ou le poids minimal de capture des poissons et autres organismes marins (pour une espèce donnée ou pour une zone géographique donnée). Les arrêtés peuvent varier selon la région maritime et il est important de se renseigner auprès des autorités maritimes locales pour connaître les règles dans votre région.
En France métropolitaine, la longueur minimale pour la pêche du couteau Ensis siliqua, valable également pour les autres espèces de couteaux : (Ensis spp., Pharus legumen, Solen marginatus) est de 10 cm. Cette taille est valable pour tous les départements côtiers français.
Seules changent les quantités ou le poids valables par pêcheur et par jour :
Cette pêche peut se pratiquer toute l’année sauf interdictions temporaires dues à des raisons sanitaires ou à la gestion de la ressource.
Les outils autorisés sont la griffe à dents, la pelle triangulaire, le piquot, la fourche, le croc, la gouge à couteaux ou la baleine de parapluie montée sur un manche en bois ; ils peuvent être limités selon les régions.
Couteau : la forme droite de ce bivalve fait penser au manche d'un couteau.
silique* : fruit sec d’une plante terrestre de la famille des crucifères (chou, radis, colza) formé de deux valves allongées qui s'écartent à maturité pour libérer les graines.
Ensis : du latin [ensis] = épée, glaive. La forme de ces deux armes, droites et allongées, s’apparente à la forme du couteau-silique*.
siliqua : du latin [siliqua] = silique, cosse. La silique est un fruit sec, allongé, s'ouvrant par deux enveloppes ou cosses auxquelles les graines sont attachées. La forme de notre manche de couteau fait penser à ces deux étuis.
Numéro d'entrée WoRMS : 140735
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
| Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
| Sous-classe | Autobranchia | Autobranches | |
| Infra-classe | Heteroconchia | Hétéroconchie | |
| Subter-classe | Euheterodonta | Euhétérodonte | |
| Super ordre | Imparidentia | Imparidenties | |
| Ordre | Adapedonta | Adapédontes | |
| Super-famille | Solenoidea | ||
| Famille | Pharidae | Pharidés | Coquille étroite. Charnière à une dent de chaque côté. |
| Sous-famille | Cultellinae | ||
| Genre | Ensis | ||
| Espèce | siliqua |
Bivalves (ou Lamellibranches)
Forme rectangulaire
La coquille de ce manche de couteau est de forme rectangulaire allongée et mesure en moyenne 150 à 200 mm de longueur pour une largeur de 15 à 25 mm.
Torre Abbey Sands, Torquay, comté de Devon, Angleterre du Sud-Ouest, 8 m
15/08/2015
Bivalves (ou Lamellibranches)
Sur le sable
Ensis siliqua vit sur les fonds sableux dans l’étage infralittoral.
Saint-Pol-de-Léon (29), médiolittoral inférieur
11/01/2020
Coquille bâillante
La coquille du couteau-silique est bâillante aux deux extrémités, tronquée obliquement aux coins arrondis.
Torre Abbey Sands, Torquay, comté de Devon, Angleterre du Sud-Ouest, 8 m
15/03/2005
Présence de deux siphons
Les deux siphons présentent une couronne de fins tentacules à leur base. La coquille est enfoncée verticalement dans le sable.
Beacon Cove, baie de Torbay, comté de Devon, Angleterre du Sud-Ouest, 8 m
27/08/2014
Couleur intérieure blanche
La couleur intérieure de la coquille est blanche mais, parfois, peut se teinter de bleu ou de pourpre.
Plage de Bunowen, baie de Ballyconneely, Connemara, Irlande, estran
27/12/2024
Ligament
Le ligament de la charnière est constitué d'une matière organique, la conchyoline. Il assure l’écartement des valves lorsque les muscles adducteurs sont relâchés.
Plage de Bunowen, baie de Ballyconneely, Connemara, Irlande, estran
27/12/2024
Anatomie interne
Anatomie interne très détaillée d’Ensis siliqua montrant œsophage, intestin, cavité stomacale…
Fig. 2 planche XV dans "Histoire naturelle des Mollusques", Tome premier, mollusques Acéphalés, Atlas par G.P. Deshayes
Reproduction de documents anciens
1848
Comparaison
Cette planche représente les trois espèces principales de couteaux des côtes françaises et permet ainsi d'observer leurs différentes formes. Famille des Solenidés = Solen marginatus, famille des Pharidés = (Solen ensis) Ensis ensis et (Solen siliqua) Ensis siliqua.
Planche dessinée par A. D’Apreval extraite de l’ouvrage de Ph. Dautzenberg ; « Atlas de poche des coquilles des côtes de France »
Reproduction de documents anciens
1913
Morphologie
Ce dessin met en évidence les empreintes adductrices et le sinus palléal de la valve droite d’Ensis siliqua.
Morgat (29). D’après un dessin de Rudo von Cosel dans la publication « The razor shells of the eastern Atlantic, part 2. Pharidae II: the genus Ensis Schumacher, 1817 (Bivalvia, Solenoidea)
Reproduction de documents anciens
2009
Gravure ancienne
Sous le synonyme de Solen siliqua, l’auteur décrit : « Coquille bivalve, à valves égales, oblongue, ouverte aux deux extrémités… ».
Fig. 11, planche 13 dans "Bibliothèque conchyliologique" par J.C. Chenu
Reproduction de documents anciens
1845
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Chenu J.C., 1845, Illustrations conchyliologiques, ed. A. Franck, 1, 1, 1-127, pls 48.
Cross M.E., O’Riordan R.M., Culloty S.C., 2014, The reproductive biology of the exploited razor clam, Ensis siliqua, in the Irish Sea, Fisheries Research, 150, 11-17.
Darriba S., Fernandez-Tajes J., 2011, Razor clams : biology, aquaculture and fisheries, Systematics and distribution, Xunta de Galicia, Consellería do Mar, 1, 29-44.
Fraser S., Shelmerdine R.L., Mouat B., 2018, Razor clam biology, ecology, stock assessment, and exploitation: a review of Ensis spp. in Wales, NAFC Marine Centre report, University of the Highlands and Islands, 52p.
Holme N.A., 1951, The identification of British species of the genus Ensis Schumacher (Lamellibranchiata), Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 29, 3, 639-647.
Owen G., 1959, Observations on the Solenacea with reasons for excluding the family Glaucomyidae, Philosophical Transactions of the Royal Society of London, B, Biological Sciences, 242, 687, 59-97.
Rufino M.M., Vasconcelos P., Pereira F., Fernandez-Tajes J., Darriba S., Mendez J., Gaspar M.B., 2012, Geographical variation in shell shape of the pod razor shell Ensis siliqua (Bivalvia: Pharidae), Helgoland Marine Research, 67, 1, 49-58.
Van Urk, 1964, The genus Ensis in Europe, Basteria, 28, 1, 2, 13-44.
Von Cosel R., 2009, The razor shells of the eastern Atlantic, part 2. Pharidae II: the genus Ensis Schumacher, 1817 (Bivalvia, Solenoidea), Basteria, 73, 1, 3, 9-56.
La page d’Ensis siliqua sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase
La page d’Ensis siliqua dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
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