Anchois commun

Engraulis encrasicolus | (Linnaeus, 1758)

N° 3096

Atlantique Est, Méditerranée, mer Noire

Clé d'identification

Poisson subcylindrique élancé, longueur commune voisine de 13 cm atteignant 20 cm au maximum
Museau conique proéminent, bouche largement fendue en partie inférieure de la tête
Mâchoire inférieure plus courte que la supérieure se prolongeant loin en arrière de l’œil
Œil de grande dimension positionné très à l'avant de la tête
Nageoire dorsale unique à l'arrière des nageoires pelviennes, caudale homocerque fourchue
Dos bleu à bleu-vert, flancs argentés, petite tache noire visible en arrière de l’œil
Marque dorée soulignant le museau

Noms

Autres noms communs français

Anchois, anchois bleu, anchois européen, anchois de l'Afrique australe, amplovo (Provence), amaru (Nice), goulard (Vendée), antchoïa (Pays Basque)

Noms communs internationaux

Anchovy (GB), Boqueron, anchoa (E), Acciuga, alice (I), Biqueirão, anchova (P), Sardelle, anchovis (D), Ansjovis (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Clupea encrasicolus Linnaeus, 1758
Engraulis amara Risso, 1827
Engraulis meletta Cuvier, 1829
Engraulis vulgaris Nilsson, 1832
Engraulis argyrophanus Valenciennes, 1848
Engraulis capensis Gilchrist, 1913
Engraulis encrasicolus ponticus Alexandrov, 1927
Engraulis russoi Dulzetto, 1947
Anchoviella guineensis Rossignol & Blache, 1961
Engraulis guineensis (Rossignol & Blache, 1961)

Distribution géographique

Atlantique Est, Méditerranée, mer Noire

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

L'anchois commun est présent dans les zones chaudes et tempérées de l'Atlantique Est. Il est répertorié sur l'ensemble des côtes atlantiques d'Europe et d'Afrique, depuis le sud de la Norvège (Bergen) jusqu'à l'Afrique du Sud. On le trouve également sur les côtes de la Méditerranée et de la mer Noire incluant la mer d'Azov, en mer du Nord et plus rarement en mer Baltique jusqu'à l'Estonie. Sa présence a enfin été signalée à Sainte-Hélène, île située très au large de l'Angola dans l'Atlantique Sud.

Biotope

L'anchois commun est un poisson marin pélagique* et grégaire des zones néritiques* (situées entre la côte et le bord du plateau continental) capable de rentrer localement dans les estuaires et les lagunes en eaux saumâtres*. Sa présence est signalée jusqu'à des profondeurs de 400 m au large des côtes africaines et entre 100 m et 150 m en Méditerranée en hiver, saison durant laquelle ce poisson gagne des profondeurs plus importantes.

Description

L'anchois commun est un poisson subcylindrique élancé pouvant mesurer jusqu'à 20 cm, la longueur moyenne étant proche de 13 cm. La grande mobilité de ce poisson rend son identification assez délicate in situ, tandis que ses caractéristiques morphologiques sont plus facilement reconnaissables lorsqu'il est observé hors de l'eau.

Le museau est conique et proéminent. La bouche largement fendue est située en partie inférieure de la tête (bouche infère*). La mâchoire inférieure, plus courte que la supérieure, débute à l'avant de l’œil et se prolonge loin en arrière de celui-ci jusqu'au préopercule*. L’œil de grande dimension se positionne très à l'avant de la tête.

Le poisson possède une nageoire dorsale unique débutant juste à l'arrière des nageoires pelviennes*. Les nageoires pectorales sont peu développées et situées en partie basse du corps. La nageoire caudale est homocerque* et fourchue.

Les flancs argentés comportent une cinquantaine de grandes écailles facilement détachables dans leur longueur. Le dos est bleu à bleu-vert. Une petite tache noire est visible en arrière de l’œil. Une marque dorée souligne le museau.

Espèces ressemblantes

Deux espèces d'anchois coexistent en Méditerranée, l'une vivant au large E. encrasicolus dite anchois bleu et l'autre plutôt côtière E. albidus, baptisée ainsi en 2004 en référence à la couleur blanchâtre de son dos ([albidus] signifiant blanc en latin). Des études génétiques ont ainsi permis de séparer les deux espèces côtière et océanique, tandis que les critères morphologiques observables hors de l'eau (couleur du ventre et du dos notamment) laissaient déjà supposer cette différenciation (Borsa 2004).

L'anchois commun peut par ailleurs être confondu avec d'autres petits poissons pélagiques* grégaires.

La sardine se distingue de l'anchois par la position terminale de sa bouche, celle-ci étant nettement moins fendue. Sa nageoire dorsale est située à l'avant des nageoires pelviennes*. Elle présente une succession de taches le long des flancs qui sont absentes chez l'anchois commun.

La sardinelle Sardinella aurita, présente en Méditerranée, porte une ligne longitudinale jaune tout le long du corps. Celui-ci est plus haut et son aspect plus trapu.

Le sprat Sprattus sprattus est de forme moins allongée, la bouche est en position supère* contrairement à l'anchois.

Le hareng Clupea harengus porte des écailles nettement plus petites et solidement implantées. Ces deux dernières espèces sont très rarement rencontrées par les plongeurs ou apnéistes en milieu naturel.

Les athérines (prêtre, joël et sauclet) portent deux nageoires dorsales. Leur nage est assez différente lorsque les bancs sont très petits : par à-coups, contrairement aux sardines et aux anchois nettement plus mobiles, dont la nage est dite « ondulante » voire « en zigzagant » lorsqu'ils se nourrissent.

Le chinchard possède lui aussi deux nageoires dorsales et une ligne latérale très marquée en forme de "baïonnette". Le corps est plus haut que celui de l’anchois, la ligne latérale* faisant une marche visible.

La bogue Boops boops présente un profil de tête plus arrondi et une coloration générale uniformément argentée. Une ligne latérale se détache nettement chez cette dernière qui n'est pas visible chez l'anchois.

Alimentation

L'anchois commun se nourrit principalement de mesozooplancton, c'est-à-dire de proies planctoniques* mesurant entre 0,2 et 2 mm. Ces proies comprennent très majoritairement des crustacés (copépodes, malacostracés, branchiopodes) mais aussi des vers, diverses larves* (dont celle de mollusques bivalves et gastéropodes), œufs de poissons, etc.

Dans le golfe du Lion, l'anchois se nourrit selon deux mécanismes distincts, sélectionnant les proies les plus grosses d'une part et filtrant les proies de petite taille d'autre part. Son activité trophique est importante durant la journée, lorsqu'il se trouve au-dessous de la thermocline*. Il est alors capable d'ingérer quotidiennement 4 % du poids de son corps.

Des migrations nycthémérales* ont été observées chez les adultes qui ont tendance à se regrouper en profondeur le jour et remonter de façon plus dispersée près de la surface la nuit. Ces migrations sont en partie associées à des comportements alimentaires.

L'anchois ingère involontairement des micro-plastiques aux stades larvaires avancé et juvénile. Il constitue de ce fait une espèce sentinelle pour ce type de pollution marine. Les humains, qui le consomment, sont susceptibles d'ingérer ces micro-particules organiques avec le risque potentiel que cela pourrait représenter pour leur santé (Savoca 2020).

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés (espèce gonochorique*). La maturité sexuelle est atteinte à l'âge d'un an. La longueur moyenne de l'anchois est alors comprise entre 8 et 12 cm. La croissance, très rapide la première année, va se poursuivre plus lentement tout au long de la vie du poisson. La longévité atteint généralement 3 ans et au maximum 5 ans de façon très exceptionnelle.

La ponte et la fécondation des ovules* ont lieu la nuit en pleine eau, près de la surface. La femelle pond de manière fractionnée sur une période durant plusieurs semaines (environ 20 pontes à raison d'une tous les 4 à 5 jours), assurant de meilleures chances de survie à l'espèce en augmentant la probabilité de trouver des conditions favorables. La fécondité des femelles est comprise entre 110 000 et 350 000 ovules par saison et par femelle. Les œufs et les larves* sont pélagiques*. L'éclosion se produit au bout de 2 à 5 jours et les larves se transforment en poissons juvéniles de 25 à 60 jours après la ponte.

En Atlantique dans le golfe de Gascogne, la reproduction a lieu de mars à août avec un pic d'activité en mai et juin, mois durant lesquels les eaux de surface se réchauffent et atteignent une température idéale comprise entre 14 et 18°C. La concentration des poissons puis la ponte débutent courant mars-avril dans le sud-est du golfe avant de s'étendre en juin vers le nord et l'ouest. Certaines zones de reproduction sont privilégiées où la productivité biologique est élevée : au large des estuaires (Gironde, Adour notamment), en bordure du plateau continental (remontées d'eaux profondes appelées upwellings), au niveau des tourbillons océaniques.

En Méditerranée dans le golfe du Lion, la ponte a lieu de mai à septembre voire octobre et se concentre particulièrement sur deux zones situées respectivement du Cap Béar à Port-la-Nouvelle à l'ouest et au large de la Provence rhodanienne à l'est.

Vie associée

L'anchois sert de nourriture aux divers prédateurs pélagiques* partageant sa zone d'évolution : thonidés, carangidés, cétacés, oiseaux marins, etc.

Il sert d'hôte à de nombreux vers parasites, comme cela a été observé dans une étude établissant les liens entre parasitisme et dégradation de la fécondité (Ferrer-Maza 2016). Au cours de ces travaux de recherche, 63 % des poissons étudiés étaient infectés par au moins un parasite et l'effectif moyen de ces derniers atteignait entre 4 ou 5 par poisson. Cinq mille parasites différents furent recensés et classés en 8 catégories de vers plathelminthes (3 Digènes, 4 Nématodes et 3 Cestodes).

Informations complémentaires

L'anchois commun est particulièrement connu du grand public pour son intérêt gastronomique. Sans détailler ici l'ensemble des recettes de cuisine dont il constitue l'ingrédient incontournable, on peut tout de même mentionner quelques spécialités méridionales telles que la pissaladière niçoise, l'anchoïade provençale ou bien encore la tapenade inventée en 1880 à Marseille. L'anchois de Collioure bénéficie même d'un label IGP (Indication Géographique Protégée).

Les nombreux articles scientifiques le concernant s'expliquent par l'intérêt économique qu'il suscite et la volonté de pérenniser sa pêche industrielle, réalisée principalement au chalut pélagique en bœuf (environ 80% des captures) et à la senne tournante également appelée bolinche.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Bien que l'anchois commun soit classé comme "Least Concern", c'est-à-dire ne figurant pas dans la liste des espèces considérées comme menacées dans le classement de l'UICN* (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), le classement 2013 considérait néanmoins cette espèce, fortement ciblée par la pêche industrielle, comme étant en déclin.

Des mesures de préservation ont donc été mises en place au sein des États exploitant la ressource : recommandations de quotas en Afrique de l'Ouest, exigences de tailles minimales en Europe (variant de 6,5 cm en Géorgie et Ukraine à 9 cm en Turquie et 10 cm pour la mer Noire).

En France, après avoir été interdite entre 2005 et 2010 suite à un effondrement des stocks, la pêche de l'anchois dans le golfe de Gascogne (Zone CIEM VIII) et en Manche (Zone CIEM VII) fait l'objet d'une réglementation établissant une taille minimale de capture à 12 cm et des période de suspension de l'activité durant l'hiver (Arrêté du 29 avril 2011 relatif au contrôle de la pêcherie d'anchois (Engraulis encrasicolus) dans les zones CIEM VIII, VII e et h). En Méditerranée la taille minimale de capture est de 9 cm pour la pêche de loisir.

Origine des noms

Origine du nom français

Anchois vient du vieux provençal "anchoia" lui-même dérivé du grec [aphye] = très petit poisson de mer par l'intermédiaire du latin vulgaire [apyia]

commun : le genre Engraulis comporte une dizaine d'espèces, l'espèce européenne est arbitrairement considérée comme l'espèce "commune"

Origine du nom scientifique

Engraulis : signifie anchois en grec

encrasicolus : dans la première description du genre Engraulis faite par Cuvier en 1816, il est précisé dans une note de bas de page que encrasicolus (en fait enkrasicholos) signifie « qui a le fiel dans le crâne». (En grec [khôle] = la bile, [kras]= la tête, et le préfixe [en] = dans). Selon certains auteurs dont Aristote, cette appellation ferait référence à la préparation du garum chez les grecs et les romains, saumure élaborée en utilisant la tête et les viscères de l'anchois et version anthique du nuoc-mâm contemporain. On arrachait alors le foie de l'anchois avec sa tête, ce qui aurait conduit au nom de l'espèce.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 126426

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Clupeiformes Clupéiformes
Genre Engraulis
Espèce encrasicolus

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