Bryozoaire encroûtant unilamellaire et souple
En forme de fines lignes blanches traçantes uni-, bi- ou pauci-sériées
Inféodé aux feuilles vivantes (vertes) de la posidonie
Bryozoaire des posidonies
Neptune-grasse bryozoan (GB), Briozoo dell'alga marina (I), Briozoo de las posidonias (E), Neptunsgras-Moostierchen (D)
Dans la littérature ancienne cette espèce est signalée en Méditerranée sous le nom d'Electra pilosa avec laquelle elle était confondue avant la description de Electra posidoniae par Gautier en 1954.
Méditerranée (endémique)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Endémique* de la Méditerranée, là où l'herbier de posidonies est présent.
Cette espèce est épiphyte* des feuilles vivantes, de Posidonia oceanica et plus rarement de Zostera marina, en particulier de la face externe (convexe) des jeunes feuilles. Elle s'observera donc de 1 à 35 m environ, zone bathymétrique* de Posidonia oceanica. Elle est presque exclusivement rencontrée sur les feuilles vertes des posidonies. Son cycle de vie est lié à cette dernière : la colonie mourra en même temps que la feuille de posidonie qui la supporte.
Le bryozoaire de la posidonie (Posidonia oceanica) forme de petites colonies blanches, encroûtantes et pouvant atteindre une dizaine de centimètres de longueur sur les feuilles vertes de l'herbier de posidonies. Ces colonies unilamellaires formées d'une succession de petites logettes faiblement calcifiées dessinent de fins rubans rectilignes, bifurquant irrégulièrement et contenus sur la largeur des feuilles de posidonies. Les zoïdes* sont organisés en un petit nombre de lignes parallèles de 1 à 4 en général (uni-, bi- ou pauci-sériées), leurs lophophores* ne sont pas visibles à l'œil nu. Les lignes de zoïdes isolées sont rares et très courtes. Ce bryozoaire est peu calcifié, souple, ceci est directement lié à son substrat spécifique mouvant.
Aucune confusion n'est possible avec d'autres bryozoaires dans sa zone de distribution et dans son biotope. Néanmoins, de nombreux épiphytes des posidonies peuvent blanchir ses faisceaux de feuilles vivaces tels que des algues calcaires légèrement violacées, des hydraires rampants ou d'autres bryozoaires comme Chorizopora brongnartii qui forme de petites taches circulaires et discrètes.
L'espèce proche, Electra pilosa, est essentiellement observée sur le littoral de l'Atlantique et de la Manche en France métropolitaine, mais celle-ci est bien présente en Méditerranée, particulièrement sur les côtes d'Afrique du Nord. La forme encroûtante de cette espèce gris-argenté a un aspect plus hirsute du fait de la présence de longues épines. Les colonies plus larges qu'Electra posidoniae, souvent en étoile, présentent des limites anguleuses.
D'autres petites espèces du même genre, rarement observées et difficilement observables à l'œil nu, existent aussi en Méditerranée telles qu'Electra monostachys (eaux saumâtres, étang de Berre...) ou Electra elongata.
Comme les autres bryozoaires, Electra posidoniae filtre activement l'eau de mer afin d'y puiser les particules nutritives, et l'oxygène dont elle a besoin pour vivre.
Les autozoïdes* disposent d'un système digestif complet. Ils possèdent une couronne de tentacules ciliés, le lophophore*, qui crée un courant d'eau dirigé vers la bouche.
Ces tentacules ciliés, recouverts de mucus, piègent les particules nutritives, micro-organismes planctoniques et particules organiques, qui sont ensuite amenées jusqu'à la bouche.
Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement.
Au sein d'une même colonie, des zoïdes mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*.
La fécondation (reproduction sexuée) conduit à la formation d'embryons, incubés dans une poche membraneuse à l'intérieur de la zoécie*. Contrairement à d'autres espèces, il n'y a pas d'ovicelles* chez Electra posidoniae. Une fois expulsées, les larves libres et nageuses, assurent la dissémination spatiale de l'espèce. La larve de type cyphonaute* d'Electra posidoniae est munie de 2 valves sub-triangulaires et d'un tube digestif. Elle a une longue vie planctonique et peut être observée dans le plancton de janvier à août sur les côtes françaises méditerranéennes. Puis, ces larves se fixent sur des feuilles vertes de posidonies et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules*.
Chaque ancestrule forme une nouvelle colonie (reproduction asexuée) par bourgeonnement*, ce qui assure la croissance de la colonie. L'observation des ancestrules de Electra posidoniae est maximale en septembre.
Le développement des nouvelles colonies du bryozoaire se fait généralement à la fin de l'automne ou en hiver, période de croissance des nouvelles feuilles de la posidonie.
Le mollusque nudibranche Polycera quadrilineata grand amateur de bryozoaires, semble être un prédateur d'Electra posidoniae.
Description microscopique : Les zoïdes sont peu calcifiés, de forme ovale, tronqués en proximal. Ils mesurent de 0,5 à 0,8 mm de long.
La membrane frontale (opésia) non calcifiée, étendue et ovale est bordée d'épines courtes et peu nombreuses (de 2 à 4 épines le plus souvent). L'épine médiane proximale, caractéristique du genre, est à peine plus développée. Le gymnocyste* est perforé d'une vingtaine de pores au maximum et ceci dans la zone proximale. La paroi inférieure des cystides* est solidement fixée au support végétal.
Il n'y a pas d'aviculaire*, ni de vibraculaire* ou d'ovicelles*. L'ancestrule* est semblable aux autres autozoïdes*, mais elle est non perforée (1 à 2 pores) et présente deux épines distales.
Electra posidoniae est une espèce à cycle de vie court. Ceci est lié à son substrat caduc : les feuilles de posidonies dont la durée de vie est de 12 à 18 mois environ.
On peut remarquer que cette espèce a été découverte tardivement (Gautier, 1954) malgré son abondance en Méditerranée.
Bryozoaire de la posidonie ou bryozoaire des posidonies est directement en rapport avec le biotope très spécifique de cette espèce.
Electra : dans la tradition grecque Electre était la fille de Okeanos et de Téthys.
posidoniae : de la posidonie. Posidonia tire son nom du dieu de la mer grec [Poséidon].
Numéro d'entrée WoRMS : 111356
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Anasca | Anasques | La paroi frontale (ventrale) est membraneuse, flexible. |
Famille | Electridae | Electridés | Colonie encroûtante ou érigée, uni ou plurilamellaire, avec un développement en longueur souvent semblable à des rubans, forme adaptée au support algual souple et étroit (majorité des espèces). Zoïdes ovales ou triangulaire arrondis. Opesia plus ou moins large, recouverte d'épines variables en nombre et inconstantes. Épine médiane proximale constante chez toutes les espèces. Pas d'aviculaire, de vibraculaire ou d'ovicelle. |
Genre | Electra | ||
Espèce | posidoniae |
Fines lignes blanches bifurquées
Ce bryozoaire constitué d'une seule couche de zoïdes (unilamellaire) encroûte les feuilles vertes de la posidonie et y dessine de fines lignes blanchâtres bifurquant régulièrement.
Les petites taches violacées montrent des algues calcaires spécifiques des feuilles de la posidonie (Hydrolithon spp., Pneophyllum spp.).
Côte Vermeille (66)
N/A
Avec d'autres bryozoaires épiphytes
De nombreux autres bryozoaires à la croissance rapide s'installent aussi sur les feuilles de posidonies. Ici les longues et très fines lignes blanches, régulièrement érigées de petits tubes, appartiennent au genre Aetea. Les petites taches légèrement orangées à Chorizopora brongniartii.
Corse sud, 15 m
24/09/2011
Avec de petits hydraires
Les petits sapins implantés sur la marge inférieure de cette feuille de posidonie sont des hydraires, juste au-dessus une petite colonie d'Electra posidoniae se développe en étoile à partir de la marge de la feuille.
Cap d'Antibes, 15 m
13/02/2001
Sur la face externe des feuilles
Electra posidoniae s'implante préférentiellement, comme beaucoup d'autres épiphytes de la posidonie, sur la face externe des feuilles, celle qui est convexe.
Port des Tamaris, Côte Bleue (13), 3 m
07/04/2009
Sur un bout de posidonie...
Il n'y a pas moins de 4 espèces différentes de bryozoaires blanchâtres sur ce morceau de feuille. Electra posidonia et Aetea sp. forment de longues lignes encroûtantes, Crisia sp. forme un petit buisson (haut à gauche) et Patinella radiata se présente sous l'aspect d'une petite plaque ronde (en haut).
Port-Cros (83), Pointe La Croix, 12 m
02/09/2018
Sur les feuilles vertes de la posidonie
Electra posidoniae est inféodée à la posidonie, elle ne s'y développe que sur les feuilles vertes, donc vivantes, et plutôt sur la face bombée des feuilles.
Port des Tamaris, Côte Bleue (13), 2 m
01/10/2011
Blanchissement de l'herbier
Electra posidoniae, avec d'autres organismes encroûtants, s'est bien développée sur cet herbier ancien qui prend ainsi une coloration blanchâtre.
Le Jardin de Sausset, Côte Bleue (13), 5 m
16/05/2009
Lignes blanches sur fond vert
A gauche une algue verte arbustive Codium sp..
Cerbère, les Marches, 10 m
02/07/2008
Bryozoaire peu calcifié et souple
Les colonies âgées, de l'ordre d'une année, d'Electra posidoniae dessinent de jolis gribouillis sur la prairie marine. Leur support de prédilection étant mouvant, les colonies de ce bryozoaire se doivent d'être en même temps bien fixées et relativement souples.
Le Jardin de Sausset, Côte Bleue (13), 7 m
16/05/2009
Colonie encroûtante uni-, bi-, ou pauci-sériée
Bien que la colonie puisse s’étendre sur plus d’une dizaine de centimètres, chaque zoïde ne dépasse pas 1 mm. Les lophophores sont bien visibles ci-dessus : déployés ou rétractés. La paroi inférieure des cystides est solidement fixée à la feuille de posidonie. La colonie se développe par lignes de 1 ou 2 zoïdes voire un peu plus.
Antibes (06), stage biologie RABA
08/2008
Epine médiane proximale toujours présente
L'épine médiane proximale est une caractéristique du genre Electra, vous pouvez l'observer sur tous les zoïdes de la colonie.
île du Levant (83), laboratoire, stage de biologie
01/06/2009
Zoïdes ovales et peu calcifiés
Les lophophores rétractés sont visibles par transparence à l'intérieur des logettes faiblement calcifiées et fermées par une fine membrane frontale, l'opésia. Celle-ci, étendue et ovale, est bordée d'épines courtes et peu nombreuses (de 2 à 4 épines, voire plus). L'épine médiane proximale, caractéristique du genre, est à peine plus développée que les autres inconstantes.
Cadaqués, Costa Brava (Espagne), laboratoire
02/05/2011
Lophophores épanouis
Au premier plan ce sont des petites algues calcaires encroûtantes violacées.
Antibes, laboratoire
10/01/2009
Lophophores et pseudo-pores proximaux
Cette très belle photo prise en laboratoire permet d'observer parfaitement les lophophores sortis ou rétractés grâce à la transparence de la grande membrane frontale (opésia). D'autre part les pseudo pores regroupés dans la zone proximale du gymnocyste, au nombre d'une vingtaine, sont parfaitement visibles.
Cadaqués, Costa Brava (Espagne), laboratoire
02/05/2011
Macro sur la cystide (MEB)
Les cystides sont faiblement calcifiées. Elles comportent de 2 à 4 courtes épines autour de la cavité centrale ainsi que quelques perforations* (moins de 20) sur la face supérieure.
* Ces "pores" sont en fait de petits disques amincis non percés.
Photo réalisée au microscope électronique à balayage (MEB).
Antibes, laboratoire
07/06/2009
Face basale d'une logette (MEB)
Vue par la face basale avec les pseudo-pores et le gymnocyste. Notez la surface périphérique bien plane de la zone de fixation au substrat.
Photo réalisée au microscope électronique à balayage (MEB).
Antibes, laboratoire
08/2008
Dessin original de l'auteur de l'espèce
Le gymnocyste est perforé* dans sa partie proximale, les épines sont inconstantes en nombre et en position.
* Ces "pores" sont en fait de petits disques amincis non percés.
figure n°4, GAUTIER Y.V., thèse d'état, 1961
Reproduction de documents anciens
1961
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Rédacteur : Maud NEMOZ
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
La page sur le genre Electra sur le site de référence : Bryozoa.net
La page d'Electra posidoniae dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN