Ascidie de mangrove

Ecteinascidia turbinata | Herdman, 1880

N° 2411

Atlantique tropical Ouest, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

Ascidie sociale en grappes serrées
Incolore translucide à orange
Zoïdes de 4 à 5 cm
Siphons terminaux, le cloacal plus ou moins coudé
Habite de petits fonds calmes à l'eau chargée en sédiments

Noms

Autres noms communs français

Ascidie orange

Noms communs internationaux

Mangrove Tunicate (GB)

Distribution géographique

Atlantique tropical Ouest, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Caraïbes, ○ [Guyane française], ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

On trouve cette ascidie :

  • en Atlantique, côte américaine : elle est signalée des Bermudes au Brésil en passant par le golfe du Mexique, la Floride, les Bahamas, la Jamaïque, les Antilles ;
  • dans l'Atlantique central, côtes européennes et africaines : aux îles du Cap Vert, Espagne, Sénégal, Sierra Leone ;
  • enfin elle est présente sporadiquement en Méditerranée (Baléares,Tunisie, Grèce, mer Egée) mais pas observée sur nos côtes françaises, ainsi qu'en mer Rouge (Djibouti).

Biotope

Cette ascidie coloniale ne se trouve qu'à faible profondeur (entre 1 et 10 m) et de préférence dans les mangroves, zones portuaires, lagons et fonds de baie ; en bref tout milieu "chargé" en sédiments. Les colonies poussent en plaques ou en manchons épais sur les racines de palétuviers, cordages, épaves, rocs, n'importe quelle structure solide disponible.

Description

L'ascidie de mangrove pousse en colonies denses sur les substrats* durs. C'est une ascidie sociale : chaque zoïde* conserve la morphologie d'une ascidie simple avec ses deux siphons individualisés, mais est relié aux autres par sa base.

Le corps à peu près cylindrique est effilé à l'arrière et se termine par un court pédoncule* épais, relié à un réseau de stolons* ramifié. Chaque zoïde peut mesurer jusqu'à 5 cm de hauteur. La tunique est fine, lisse, dépourvue d'épibiontes*. Elle est translucide et permet de voir, par transparence, le sac branchial perforé de nombreux orifices appelés trémas* (une vingtaine à une trentaine de rangées selon l'âge de l'individu, avec des variations géographiques).

Les siphons* inhalant et exhalant, tous deux terminaux, sont de taille à peu près identique. Le siphon exhalant ou cloacal est plus ou moins coudé alors que le siphon inhalant (buccal) reste droit.

La couleur varie du gris pâle translucide à l'orange intense, les siphons sont toujours cerclés d'un anneau orange même sur les individus les plus pâles.

Espèces ressemblantes

D'autres espèces d'ascidies sociales existent dans la même zone géographique, mais aucune n'est de taille ou d'aspect comparable.

Alimentation

Les ascidies se nourrissent par filtration de l'eau de mer. L'eau est aspirée par le siphon inhalant (ou siphon buccal) et elle est filtrée à travers les nombreux orifices du sac branchial. Les particules alimentaires collectées sont acheminées dans l'intestin, et les déchets sont rejetés par le siphon exhalant (ou siphon cloacal).

Reproduction - Multiplication

La reproduction sexuée a lieu pendant les mois d'été (de juin à septembre aux Bermudes), dès que la température dépasse 25 °C. Plus près de l'équateur il est possible que la reproduction ait lieu toute l'année.

En Méditerranée les zoïdes disparaissent dès le mois d'octobre. Les colonies se reconstituent rapidement au printemps à partir du stolon, et se reproduisent par voie sexuée uniquement en été avant de disparaître.

L'espèce est hermaphrodite*, chaque zoïde produisant des gamètes* mâles et femelles.

Les colonies grandissent par mode asexué (bourgeonnement de nouveaux zoïdes à partir du stolon).

Vie associée

L'ascidie de mangrove semble être protégée à la fois des épibiontes* (fouling) et des prédateurs par les composés chimiques qu'elle produit. Cependant ils sont sans effet contre son principal prédateur, le ver tigre Maritigrella crozieri.

Informations complémentaires

L'ascidie de mangrove (ou une de ses bactéries symbiotiques*, ce point n'est pas éclairci) produit un composé extrêmement actif sur certains types de lésions tumorales, connu sous les noms de ET-743, Ecteinascidine, Trabectédine. Mais, bien sûr, cette molécule est produite en très faibles quantités, il faudrait près d'une tonne d'ascidies pour extraire un gramme de ce composé.

Des tentatives d'aquaculture ont été faites, à Formentera (Baléares) et à Cuba, dans l'espoir de pouvoir exploiter la fameuse molécule antitumorale. Mais si les progrès de la synthèse par voie chimique ont rendu ces projets finalement peu rentables, on y a gagné au moins la connaissance de la biologie de cette espèce.

Origine des noms

Origine du nom français

Ascidie de mangrove à cause de son habitat préférentiel, ascidie orange à cause de sa couleur remarquable.

Origine du nom scientifique

Le nom du genre Ecteinascidia a été créé par Herdman à partir du grec [ectein-] = allonger, étirer ; et [ascidi] = petit sac, bourse ; décrivant ainsi la forme des zoïdes : " oblongue, se rétrécissant à l'arrière".

turbinata : latin, signifie "de forme conique". Toujours selon Herdman : les zoïdes très serrés d'une colonie sont presque pyriformes.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 103756

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Urochordata / Tunicata Urochordés / Tuniciers Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires).
Classe Ascidiacea Ascidies / Ascidiacés Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde.
Ordre Phlebobranchia Phlébobranches Le sac branchial* a des sinus longitudinaux qui portent ou non des papilles internes mais qui ne sont jamais plissés. Ascidies essentiellement solitaires. Gonades* situées sur l’anse du tube digestif ou à proximité.
Famille Perophoridae Pérophoridés Zoïdes en une seule partie reliés par des stolons.
Genre Ecteinascidia
Espèce turbinata

Nos partenaires