Ébalie tuméfiée

Clé d'identification

Noms

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est

Ebalia tumefacta est connue du sud de la Norvège, en Suède, au Danemark, en mer du Nord, autour des îles Britanniques et jusqu'en Mauritanie. L'espèce n'est pas présente en Méditerranée.

Biotope

Ebalia tumefacta vit sur des fonds durs avec des pierres, des débris de coquillages, des graviers, du sable grossier et, dans une moindre mesure, sur du sable plus fin, de la vase. Elle est présente de la zone de balancement des marées jusqu’à 20 à 40 m (voire 155 m) de profondeur.

Description

La carapace d'Ebalia tumefacta est octogonale, d'aspect tuméfié, plus large que longue (jusqu'à 12 mm de large pour 10 mm de long), la surface dorsale est lisse à l'œil nu. La marge frontale est concave ou avec une incision médiane peu profonde. La carapace présente 4 "bosses" disposées en une croix bien visible. Les chélipèdes* sont robustes et de taille égale. Les péréiopodes* sont en général lisses.
La carapace est rougeâtre, couleur chair ou crème avec des taches rouges, parfois elle est marbrée. Les péréiopodes sont bruns rougeâtres à gris ou crème.

Espèces ressemblantes

6 autres espèces du genre Ebalia sont présentes sur les côtes de France métropolitaine. Ce sont des espèces délicates à déterminer en raison d'un dimorphisme* sexuel important et d'un polymorphisme* souvent accentué. De plus, des différences morphologiques sont observées entre les adultes et les jeunes. Il est utile de pouvoir disposer de plusieurs spécimens des deux sexes pour la détermination (Noël, 1992). De ces faits, la détermination des individus observés est très délicate.

• Carapace arrondie ou ovale : E. cranchii, E. granulosa, E. nux ;
• Carapace octogonale : E. deshayesi, E. edwardsii, E. tuberosa, E. tumefacta.

• Ebalia cranchii Leach, 1817. Cette espèce, rare, qui mesure jusqu'à 11 mm x 11 mm, est jaune rougeâtre ou blanc rougeâtre avec des petits points sombres sur l'abdomen, les péréiopodes* sont jaunâtres. Elle vit entre 20 m et 550 m de profondeur sur des substrats* vaseux et caillouteux. Elle est présente dans l'Atlantique Nord-Est et en Méditerranée.
• Ebalia granulosa Milne-Edwards H., 1837. Cette espèce, rare, qui mesure jusqu'à 9,5 mm x 9,6 mm, est jaunâtre avec deux points rouges sur la carapace. Ses membres sont plus longs. Ses pinces sont légèrement plus épaisses et dans l’alignement du chélipède* tandis que celles de l’ébalie tuméfiée sont tournées vers l’intérieur. Elle vit du littoral jusqu'à plus de 400 m de profondeur. Elle est présente en Atlantique Nord-Est et en Méditerranée.
  
• Ebalia nux Milne-Edwards A.,1883. Cette espèce rouge brique avec des points rouges plus foncés, qui mesure jusqu'à 7,6 x 6 mm, vit à grande profondeur (de 80 m à 2 500 m de profondeur) sur des fonds vaseux en Atlantique Nord-Est et en Méditerranée.

• Ebalia deshayesi Lucas, 1846. Cette espèce, qui mesure jusqu'à 6,6 mm x 7 mm, présente un Y renversé de couleur rouge-orangé sur un fond jaune pâle. Elle vit entre 5 m et 50 m de profondeur (voire 100 m) sur des fonds sableux ou vaseux. Elle n'est présente qu'en Méditerranée.
• Ebalia edwardsii Costa, 1838. Cette espèce, rare, qui mesure jusqu'à 7 mm x 9 mm, blanc-jaunâtre avec une tache rouge interne sur les chélipèdes*. Elle vit entre la surface et 100 m de profondeur sur des fonds sédimentaires grossiers, dans le coralligène* en Méditerranée. Elle est parfois confondue avec E. tumefacta.
• Ebalia tuberosa (Pennant, 1777). C'est la plus grosse des Ebalia européennes : elle mesure jusqu'à 18 mm x 18 mm. Sa carapace est gris-brun à taches rouges ou orange sur les segments fusionnés de l'abdomen. Elle vit sur des fonds sédimentaires (sable, vase) en Atlantique Nord-Est, de la Norvège au tropique, de la surface à 235 m de profondeur.

Alimentation

Comme la plupart des décapodes brachyoures, Ebalia tumefacta doit être opportuniste pour son alimentation.

Reproduction - Multiplication

Ebalia tumefacta est une espèce gonochorique*. Les sexes présentent un dimorphisme* sexuel : les chélipèdes* du mâle sont plus longs que ceux de la femelle. L'abdomen du mâle est environ deux fois plus long que large. Les segments abdominaux 3 à 5 chez le mâle et 4 à 6 chez la femelle sont fusionnés.

L'ébalie tuméfiée présente une disposition particulière des organes reproducteurs qui diffère de celle des autres crabes. Le réceptacle séminal (un organe où le sperme est stocké) présente deux chambres orientées dans le sens avant-arrière. La chambre antérieure est recouverte d'une cuticule*, tandis que la chambre postérieure est recouverte d'un tissu spécial sécréteur (un épithélium glandulaire). L'oviducte* est relié au réceptacle séminal près de l'ouverture du vagin. Des muscles particuliers sont attachés à l'oviducte et au sternum* (partie inférieure de la carapace) qui jouent un rôle clé pour contrôler l’entrée des œufs dans le réceptacle séminal et faciliter la fécondation puis la ponte.
Contrairement à la plupart des autres crabes, la femelle ne mue pas avant l'accouplement et conserve donc une carapace dure.
Chez les décapodes, les œufs embryonnés sont collés sous l’abdomen* des femelles. Les premiers stades larvaires* (nauplius* et les stades larvaires* suivants) restent embryonnaires et ne sont donc pas libres ; l'éclosion se fait au stade zoé*. Il y a quatre stades zoé successifs et un stade mégalope* ; ce dernier ressemble à un petit crabe.

Les femelles “grainées” (portant des œufs sur leur abdomen) sont connues en Manche d’avril à septembre.
Des larves* sont présentes dans le plancton* de juillet à novembre en mer du Nord.

Vie associée

Ce petit crustacé est consommé par de nombeux poissons comme l'églefin (Melanogrammus aeglefinus (Linnaeus,1758)), le cabillaud (Gadus morrhua Linnaeus, 1758) et le merlan (Merlangius merlangius (Linnaeus, 1758)).

Divers biologie

Lorsque l’animal est dérangé ou en danger, il rassemble ses pattes sous son corps, ce qui le fait ressembler à un petit caillou.
Cette espèce a l'habitude de s’enfouir dans le substrat en ne laissant dépasser que l’extrémité des yeux.

Informations complémentaires

Les zones du corps qui sont blanches quand le crabe est soumis à l’éclairage du jour deviennent rose vif dans l’obscurité (d’Udekem d’Acoz, 1999).

Les yeux peuvent être rétractés dans les orbites comme chez le tourteau par exemple.

Origine des noms

Origine du nom français

Ébalie tuméfiée : simple traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Ebalia : du latin [Œbalia] = nom de la forteresse fondée par les Spartiates à Tarente (Italie). Ce nom de genre a été donné, en 1817, par le zoologiste britannique William Elford Leach (1790-1836). Ce dernier avait une très bonne connaissance des auteurs anciens (grecs et romains) et de plusieurs mythologies.

tumefacta : du latin [tumefactus] = gonflé. Ce nom d’espèce a été donné, en 1808, par le zoologiste britannique George Montagu (1753-1815). Cette espèce a un aspect gonflé, tuméfié.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 107302