Dytique bordé

Dytiscus marginalis | Linnaeus, 1758

N° 2301

Europe, Amérique du Nord, Asie

Clé d'identification

Taille de 30 à 35 mm
Face dorsale brune, thorax et abdomen bordés nettement de jaune
Pattes postérieures en rames, garnies de soies
V à l'envers sur le front
Elytres des mâles lisses, élytres des femelles striés longitudinalement

Noms

Autres noms communs français

Dytique marginé

Noms communs internationaux

Great diving beetle (GB), Ditisco, distico marginato (I), Ditisco, escarabajo acuatico (E), Gelbrandkäfer, gemeine Gelbrand (D), Geelgerande Watertor, geelgerande waterkever (NL)

Distribution géographique

Europe, Amérique du Nord, Asie

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-Ouest

Europe septentrionale et centrale, Amérique du Nord, Asie centrale, Japon. En France, le dytique bordé est présent partout, plus particulièrement dans le nord et le sud-ouest. Il est plus rare en Méditerranée.

Biotope

On trouve fréquemment le dytique bordé dans les mares et étangs de toutes tailles, rivières, fleuves, polders, où une végétation importante est présente. Les eaux peuvent donc être courantes ou stagnantes, ouvertes ou fermées. Le dytique, qui fait partie de l'ordre des coléoptères aquatiques, passe la plus grande partie de sa vie dans l'eau. Lorsque la mare ou l'étang s'assèche, quand la nourriture vient à manquer ou encore lorsqu'il cherche une partenaire pour se reproduire, le dytique bordé adulte peut en changer en volant. Il gagne d'abord les berges, puis s'apprête à décoller vers un autre point d'eau. Ces déplacements favorisent le brassage génétique lors de la reproduction.

Description

Adulte :
Le dytique bordé est un insecte coléoptère commun qui mesure environ 30 à 35 mm. Son corps est adapté à la vie aquatique : ovale, arrondi et lisse, il est recouvert d'une couche imperméable (sécrétions huileuses hydrofuges fabriquées par des glandes cutanées). Ses pattes postérieures (dernière paire) sont garnies de soies et transformées en rames grâce à des articles plats et larges, ce qui lui permet d'être un nageur rapide, voire d'être un des meilleurs nageurs parmi les invertébrés d'eau douce. Lorsque ses pattes postérieures et intermédiaires se dirigent vers l'avant, les soies se plaquent sur les tarses facilitant l'hydrodynamisme en réduisant les frottements avec l'eau. Quand elles se dirigent vers l'arrière comme une rame, les soies s'écartent des tarses pour un meilleur appui sur l'eau.
Sa face dorsale est brune, le thorax et l'abdomen sont bordés de jaune de façon très marquée. Sa face ventrale est plutôt jaune, les différentes pièces ventrales sont bordées d'un peu de noir. Les appendices des hanches des pattes postérieures se terminent par une pointe courte. On observe généralement un V à l'envers sur le front. Les antennes sont filiformes.
La femelle se distingue du mâle par la présence de stries longitudinales sur ses élytres*. Ces stries ou sillons peuvent être jaunes. Les femelles peuvent présenter aussi des élytres sans stries. Les élytres du mâle sont toujours lisses. Le mâle a des pelotes adhésives sur les pattes avant. Elles agissent comme des ventouses pour agripper les femelles pendant l'accouplement.

Larve :
Plus grande que l'adulte, elle mesure environ 50 à 55 mm. Elle ressemble à un ver annelé, sauf que ce n'est pas un ver ! Elle possède une paire de mandibules bien visibles. Sa coloration est variable, mais souvent brune. La larve est une bonne nageuse grâce aux soies des tarses et à la forme en éventail des flancs de ses deux derniers segments de l'abdomen, mais elle sait aussi ramper. La larve des dytiques est très vorace. Elle respire en inspirant de l'air à la surface par les cerques* et les deux stigmates* du dernier segment abdominal, ce dernier étant allongé pour former un tube respiratoire. Son corps relativement souple permet à la larve, la tête en bas, d'arquer le corps vers le haut et vers la surface. La larve évolue dans son milieu par ondulation et en marchant. On l'appelle aussi tigre d'eau douce du fait de son comportement carnassier marqué.

Espèces ressemblantes

Il existe environ 3500 espèces de dytiques dans les eaux douces mondiales, dont environ 250 en Europe occidentale et environ 150 en France. Une dizaine d'espèces se rencontrent fréquemment en France. Elles appartiennent principalement au genre Dytiscus, et secondairement aux genres Cybister et Acilius. La distinction se fait surtout au niveau des apophyses (pièces situées sur le ventre), de la bordure claire sur le pronotum (face dorsale du prothorax) et de la couleur du ventre.
- Le grand dytique Dytiscus latissimus : grande taille de 36 mm à 44 mm, présent en Europe, mais rare en France où il est protégé. Les élytres ont un bord très large. Les épipleures (bords de l'abdomen) sont aplatis et tranchants.
- Dytiscus lapponicus : un peu plus petit que D. marginalis, nombreuses lignes fines et jaunes sur les élytres, espèce rare vivant dans les lacs alpins et les plans d'eau des tourbières.
- Dytiscus dimidiatus : bordure antérieure et postérieure très fine et pas franche sur le pronotum.
- Cybister Cybister lateralimarginalis : taille de 30 à 37 mm. Il se distingue des dytiques par la présence d'une seule griffe sur les tarses postérieurs. Le pronotum n'est bordé que latéralement. Le tibia postérieur est plus petit et plus large que le dytique, son éperon apical est long et large. Grâce à un corps plus large et plus plat et des "rames" très larges, le cybister nage encore mieux que le dytique bordé. La larve n'a pas de cerques*. Il vit dans les lacs et étangs riches en végétation et propres. On le trouve dans presque toute la France et en Europe, sauf en Europe du nord (Angleterre, Suède, Finlande, Norvège).
- Le dytique sillonné Acilus sulcatus : taille de 16 à 18 mm. Il présente un corps plat, ovale et très large. Ses élytres sont jaunes et fortement mouchetés de brun. Il a sur le pronotum une barre jaune avec des formes en losange aux extrémités ; sur le front, il a, en plus du V à l'envers, quelques taches anguleuses jaunes. Commun dans toute la France, présent dans toute l'Europe, sauf en Espagne et en Italie, on l'observe dans les eaux stagnantes.
- Le colymbète Colymbetes fuscus : plus petit que les précédents coléoptères, taille de 18 mm maximum. Bordure jaune latérale sur le thorax et les élytres, grandes bandes brunes sur les élytres, à peine visibles. Il fréquente le même milieu que le dytique et apprécie les marais salés.

Les familles des Dytiscidés et des Hydrophilidés se ressemblent au premier coup d'œil, mais elles comportent des différences importantes dans leur mode de vie et la structure de leur corps.
- Beaucoup d'Hydrophilidés ont le dos très plat contrairement aux Dytiscidés, qui ont le dos très bombé.
- Les dytiques nagent beaucoup mieux que les hydrophiles.
- Leurs larves sont toutes deux carnassières, mais à l'âge adulte, les hydrophiles deviennent végétariens alors que les dytiques restent carnassiers.
- Les dytiques ont plus de soies sur les pattes médianes et postérieures que les hydrophiles.

Alimentation

C'est un grand prédateur. Ce carnassier mange des insectes aquatiques ou tombés dans l'eau, des têtards, des alevins, des petits vers et des petits poissons, tels que épinoches ou jeunes perches. Les proies sont aussi bien mortes que vivantes. Elles sont attrapées grâce aux pattes antérieures, puis sont broyées par les pièces buccales. Le dytique bordé, comme les autres dytiques, possède deux glandes défensives situées dans le prothorax (partie portant la tête et la première paire de pattes) : elles sécrètent un liquide blanc d'aspect laiteux qui paralyse les poissons.
La larve des dytiques est très vorace également et possède une paire de mandibules en seringue qui injectent un suc digestif (liquide brun jaune) dans la proie. Le suc digestif contient un mélange de ferments qui paralyse la proie, la tue et la transforme en quelques minutes en bouillie. Celle-ci est ensuite vidée à l'aide des mêmes mandibules utilisées comme une paire de pailles. Elle guette toutes sortes de proies vivantes, immobile et en position verticale, entre les végétaux aquatiques ou juste en dessous de la surface de l'eau. Le corps peut alors s'allonger dans une détente brutale pour saisir rapidement une proie. Elle peut se laisser emporter par sa proie, qui finit par succomber aux effets du suc digestif. Elle se nourrit de petits poissons, alevins, têtards. Si la nourriture vient à manquer, les larves peuvent se dévorer entre elles.

Reproduction - Multiplication

L'accouplement a lieu principalement à l'automne, mais peut aussi avoir lieu au printemps. Le mâle s'accroche à la femelle durant 2 à 3 jours, grâce à ses pelotes adhésives situées sur les trois premiers articles élargis des pattes antérieures. Ces pelotes agissent comme des ventouses, aussi appelées cupules. Elles sont composées de 2 grandes ventouses circulaires et d'environ 150 plus petites, assurant ainsi un accrochage efficace. Il s'agit là d'un dimorphisme sexuel, car la femelle ne possède pas ces pelotes adhésives. Le transfert du sperme ne dure que 15 minutes environ. Mâles et femelles s'accouplent plusieurs fois avec différents partenaires. La ponte s'étale du printemps à l'été. Les œufs mesurent environ 7 mm et sont enfoncés dans le tissu des plantes aquatiques par l'ovipositeur ou tarière (organe allongé, situé à l'extrémité de l'abdomen de la femelle et qui permet le dépôt des œufs). Les larves éclosent au début de l'été et muent trois fois en cinq à six semaines. Elles peuvent atteindre la taille de 50 à 60 mm. Puis elles gagnent la terre pour se transformer en nymphes. Elles creusent pour cela une logette dans la terre, hors de l'eau. Le stade nymphal dure environ 14 jours, le dytique parfait ou imago* hiverne en restant dans la coque jusqu'à l'année suivante. La taille de l'imago atteint 30 mm.
Pour se reproduire, les dytiques peuvent parcourir de grandes distances en volant, à la recherche d'eaux idéales à la reproduction ou à l'hivernation. Le décollage se fait de la rive, essentiellement au crépuscule, et l'atterrissage se fait directement dans l'eau.

Vie associée

Les prédateurs des dytiques sont les grands échassiers, quelques poissons, les batraciens et des rapaces nocturnes. Pour se défendre et éloigner les poissons prédateurs, les dytiques émettent une sécrétion rectale désagréable.

Divers biologie

Les larves du dytique bordé peuvent piquer l'homme. Elles auraient l'effet d'une piqûre de guêpe, douloureuse et longue. Le dytique adulte possède deux griffes acérées au niveau du tibia, qui peuvent provoquer une bonne coupure. Donc faites preuve de prudence si vous manipulez l'adulte ou sa larve !

Lorsqu'on rencontre le dytique bordé en surface, l'abdomen dirigé vers le haut, cela signifie qu'il renouvelle sa provision d'air qu'il emprisonne sous ses élytres. Son abdomen perce légèrement la surface de l'eau tandis que ses pattes postérieures sont ramenées vers l'avant. De l'air frais entre dans les deux derniers stigmates du système trachéen par la fente située entre ces segments et le bord des élytres. L'air passe ensuite par les autres stigmates dorsaux pour arriver dans l'espace situé entre les ailes et l'abdomen. Cette réserve d'air est très importante pour l'équilibre hydrostatique du dytique. En effet, à l'image du plongeur en immersion, le dytique s'efforce constamment de trouver l'équilibre entre son propre poids et celui de l'eau. Il se peut qu'en hiver le dytique soit prisonnier sous une couche de glace et donc privé de l'accès à l'air de la surface. Comme le dytique hiberne, il est donc au repos et n'a pas de ce fait de grands besoins en oxygène. A intervalles réguliers, l'air piégé sous ses ailes est rejeté sous forme de bulles, puis repris quelques secondes plus tard. Durant ce court moment, l'oxygène contenu dans l'eau entre dans la bulle d'air tandis que le CO2 sort de la bulle pour pénétrer dans l'eau. Le dytique bordé est actif au printemps et en été.
Souvent calme, le dytique peut accélérer soudainement. Il peut vivre 2 ans, voire jusqu'à 5 ans.

Informations complémentaires

Les dytiques ne sont pas appréciés dans les mares et bassins créés par l'homme, car ils s'attaquent aux poissons et autres espèces vivant dedans. Néanmoins, dans la nature, ces insectes sont importants pour l'équilibre naturel de la vie aquatique.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Parmi les dytiques, seul le grand dytique Dytiscus latissimus est protégé en France.

Origine des noms

Origine du nom français

Dytique : traduction littérale du latin Dytiscus,
bordé : traduction du latin marginalis.

Origine du nom scientifique

Dytiscus : du latin [dytiqu] = plonger, du grec [dutikos] = plongeur,
marginalis : du latin [marginal] = du bord.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Hexapoda Hexapodes Arthropodes à six pattes. Ce sont les insectes au sens large.
Classe Insecta Insectes Hexapodes terrestres et dulcicoles possédant trois paires de pattes et deux paires d’ailes (sauf chez les Diptères).
Sous-classe Pterygota Neoptera Ptérygotes Néoptères Insectes ailés dont les ailes sont rabattues au repos. L'immense majorité des insectes.
Ordre Coleoptera Coléoptères Insectes aux pièces buccales masticatrices dont la première paire d'ailes est transformée en élytres, cornées et rigides, servant de protection à la deuxième paire, membraneuse, elle seule permettant le vol.
Sous-ordre Adephaga Adéphages
Famille Dytiscidae Dytiscidés
Genre Dytiscus
Espèce marginalis

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