Adulte :
Taille de 12 à 18 mm
Face ventrale et dorsale brunes fortement ponctuées de jaune
Pattes postérieures en rames, garnies de soies
Élytres des mâles lisses, élytres des femelles striés longitudinalement
Larve :
Taille de 30 à 35 mm
Coloration variable mais souvent brune
Nage bien avec une posture "bossue"
Tête portée par un "long cou"
Dytique sillonné, dytique abeille
En France, le genre Acilius est représenté par trois espèces :
- Acilius canaliculatus (Nicolai, 1822) acilie côtelé
- Acilius duvergeri Gobert, 1874
- Acilius sulcatus (Linnaeus, 1758) acilie sillonné
Région holarctique
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeRégion holarctique* :
- Acilius canaliculatus (Nicolai, 1822) acilie côtelé : en France au nord d'une ligne La Rochelle-Genève, statut "vulnérable" en Belgique, l'Europe septentrionale et centrale, la Sibérie. Il n'a qu'un triangle jaune entre les deux yeux.
- Acilius duvergeri Gobert, 1874 : rare en France, absent de la Belgique, présent dans le sud-ouest de l'Europe (Andalousie, Portugal) ainsi qu'au Maroc.
- Acilius sulcatus (Linnaeus, 1758) acilie sillonné : commun dans toute la France (sauf la Corse), commun en Belgique, présent dans toute l'Europe, sauf en Espagne et en Italie. Il a un triangle et une barre jaunes entre les deux yeux.
On trouve fréquemment l'acilie dans les mares et étangs de toutes tailles où une végétation importante est présente. Les eaux sont donc stagnantes, ouvertes ou fermées. L'acilie, qui fait partie de l'ordre des coléoptères aquatiques, passe la plus grande partie de sa vie dans l'eau. Lorsque la mare ou l'étang s'assèche, quand la nourriture vient à manquer ou encore lorsqu'il cherche une partenaire pour se reproduire, l'acilie adulte peut en changer en volant. Il gagne d'abord les berges, puis s'apprête à décoller vers un autre point d'eau. Ces déplacements favorisent le brassage génétique lors de la reproduction.
La larve et l'adulte peuvent être observés au printemps et en été. Cette espèce est commune.
Adulte :
L'acilie est un insecte coléoptère commun qui mesure environ 12 à 18 mm. Son corps est adapté à la vie aquatique : ovale, arrondi et lisse, il est recouvert d'une couche imperméable (sécrétions huileuses hydrofuges* fabriquées par des glandes cutanées). Ses pattes postérieures (dernière paire) sont garnies de soies et transformées en rames grâce à des articles* plats et larges, ce qui lui permet d'être un nageur rapide, voire d'être un des meilleurs nageurs parmi les invertébrés d'eau douce. Lorsque ses pattes postérieures et intermédiaires se dirigent vers l'avant, les soies se plaquent sur les tarses facilitant l'hydrodynamisme en réduisant les frottements avec l'eau. Quand elles se dirigent vers l'arrière comme une rame, les soies s'écartent des tarses pour un meilleur appui sur l'eau.
Sa face dorsale est essentiellement brune et fortement ponctuée de jaune sur les élytres*. Le pronotum* est bordé de jaune sur les 4 côtés avec une bande jaune plus ou moins marquée dans la longueur. Entre les deux yeux, on distingue deux barres jaunes formant un triangle avec le bord inférieur de la tête. Juste au-dessus de ce triangle, deux fines barres jaunes sont disposées l'une à côté de l'autre à l'horizontale. Sa face ventrale est brune avec des petits points jaunes. Les appendices des hanches des pattes postérieures se terminent par une pointe courte. Les antennes sont filiformes.
La femelle se distingue du mâle par la présence d'élytres* creusés de profonds sillons. Les femelles peuvent présenter aussi des élytres non sillonnées. Les élytres du mâle sont toujours lisses. Le mâle a des pelotes adhésives sur les pattes avant. Elles agissent comme des ventouses pour agripper les femelles pendant l'accouplement.
Larve :
Plus grande que l'adulte, elle mesure environ 30 mm, voire 35 mm. Elle ressemble à un ver annelé, sauf que ce n'est pas un ver ! Elle possède une paire de mandibules* courtes, pointues mais bien visibles et son prothorax* allongé donne l'impression que sa tête est portée par un long cou. Sa coloration est variable, jaunâtre, verdâtre, mais souvent brune. La larve est une bonne nageuse grâce aux soies des tarses et à la forme en éventail des flancs de ses deux derniers segments de l'abdomen, mais elle sait aussi ramper. Elle respire en inspirant de l'air à la surface par les cerques* et les deux stigmates* du dernier segment abdominal, ce dernier étant allongé pour former un tube respiratoire. Son corps relativement souple permet à la larve, la tête en bas, d'arquer le corps vers le haut et vers la surface. La larve évolue dans son milieu par ondulation et en marchant. Sa posture "bossue" est caractéristique.
Il existe environ 3 500 espèces de dytiques dans les eaux douces mondiales, dont environ 250 en Europe occidentale et environ 150 en France. Une dizaine d'espèces se rencontre fréquemment en France. Elles appartiennent principalement au genre Dytiscus, et secondairement aux genres Cybister et Acilius. La distinction se fait surtout au niveau des apophyses (pièces situées sur le ventre), de la bordure claire sur le pronotum (face dorsale du prothorax*) et de la couleur du ventre.
Les familles des Dytiscidés et des Hydrophilidés se ressemblent au premier coup d'œil, mais elles comportent des différences importantes dans leur mode de vie et la structure de leur corps :
- beaucoup d'Hydrophilidés ont le dos très plat contrairement aux Dytiscidés, qui ont le dos très bombé ;
- les dytiques nagent beaucoup mieux que les hydrophiles ;
- leurs larves sont toutes deux carnassières, mais à l'âge adulte, les hydrophiles deviennent végétariens alors que les dytiques restent carnassiers ;
- les dytiques ont plus de soies sur les pattes médianes et postérieures que les hydrophiles.
C'est un grand prédateur. Ce carnassier mange des insectes aquatiques ou tombés dans l'eau, des têtards, des alevins, des petits vers et des petits poissons, tels que épinoches ou jeunes perches. Les proies sont aussi bien mortes que vivantes. Elles sont attrapées grâce aux pattes antérieures, puis sont broyées par les pièces buccales. L'acilie, comme les autres dytiques, possède deux glandes défensives situées dans le prothorax* (partie portant la tête et la première paire de pattes) : elles sécrètent un liquide blanc d'aspect laiteux qui paralyse les poissons.
La larve d'acilie est très vorace également et possède une paire de mandibules* en seringue qui injectent un suc digestif (liquide brun jaune) dans la proie. Le suc digestif contient un mélange de ferments qui paralyse la proie, la tue et la transforme en quelques minutes en bouillie. Celle-ci est ensuite vidée à l'aide des mêmes mandibules* utilisées comme une paire de pailles. Elle guette toutes sortes de proies vivantes, immobile et en position verticale, entre les végétaux aquatiques ou juste en-dessous de la surface de l'eau. Elle chasse aussi bien à l'affût que de manière active. Le corps peut alors s'allonger dans une détente brutale pour saisir rapidement une proie. Elle peut se laisser emporter par sa proie, qui finit par succomber aux effets du suc digestif. Elle se nourrit de petits poissons, alevins, têtards. Si la nourriture vient à manquer, les larves peuvent se dévorer entre elles.
L'accouplement a lieu principalement à l'automne, mais peut aussi avoir lieu au printemps. Le mâle s'accroche à la femelle grâce à ses pelotes adhésives situées sur les trois premiers articles* élargis des pattes antérieures. Ces pelotes agissent comme des ventouses, aussi appelées cupules. Elles sont composées d'une grande ventouse circulaire, de deux moyennes et de beaucoup de petites, assurant ainsi un accrochage efficace. Il s'agit là d'un dimorphisme* sexuel, car la femelle ne possède pas ces pelotes adhésives. Mâles et femelles s'accouplent plusieurs fois avec différents partenaires. La ponte s'étale du printemps à l'été. Les œufs sont déposés hors de l'eau sur de la mousse ou des branchages près de la rive. Les larves éclosent au début de l'été, gagnent l'eau où elles grandissent pour atteindre la taille de 30-35 mm. Elles retournent à terre à l'automne pour se transformer en nymphes d'une taille d'environ 16 mm. Elles creusent pour cela une logette dans la terre, hors de l'eau. Le stade nymphal dure quelques jours, le dytique parfait ou imago* hiberne en restant dans la coque jusqu'à l'année suivante.
Pour se reproduire, les acilies peuvent parcourir de grandes distances en volant, à la recherche d'eaux idéales à la reproduction ou à l'hibernation. Le décollage se fait de la rive, essentiellement au crépuscule, et l'atterrissage se fait directement dans l'eau.
Les prédateurs des acilies sont les grands échassiers, quelques poissons, les batraciens et des rapaces nocturnes. Pour se défendre et éloigner les poissons prédateurs, les acilies émettent une sécrétion rectale désagréable.
Lorsqu'on rencontre l'acilie en surface, l'abdomen dirigé vers le haut, cela signifie qu'il renouvelle sa provision d'air qu'il emprisonne sous ses élytres*. Son abdomen perce légèrement la surface de l'eau tandis que ses pattes postérieures sont ramenées vers l'avant. De l'air frais entre dans les deux derniers stigmates du système trachéen par la fente située entre ces segments et le bord des élytres*. L'air passe ensuite par les autres stigmates dorsaux pour arriver dans l'espace situé entre les ailes et l'abdomen. Cette réserve d'air est très importante pour l'équilibre hydrostatique de l'acilie. En effet, à l'image du plongeur en immersion, l'acilie s'efforce constamment de trouver l'équilibre entre son propre poids et celui de l'eau. Il se peut qu'en hiver l'acilie soit prisonnier sous une couche de glace et donc privé de l'accès à l'air de la surface. Comme l'acilie hiberne, il est donc au repos et n'a pas de ce fait de grands besoins en oxygène. A intervalles réguliers, l'air piégé sous ses ailes est rejeté sous forme de bulles, puis repris quelques secondes plus tard. Durant ce court moment, l'oxygène contenu dans l'eau entre dans la bulle d'air tandis que le CO2 sort de la bulle pour pénétrer dans l'eau. C'est en quelque sorte une "branchie physique".
Acilie : francisation du nom scientifique.
Acilius : du nom d'une famille romaine (dont un historien Acilius Glabrio).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Hexapoda | Hexapodes | Arthropodes à six pattes. Ce sont les insectes au sens large. |
Classe | Insecta | Insectes | Hexapodes terrestres et dulcicoles possédant trois paires de pattes et deux paires d’ailes (sauf chez les Diptères). |
Sous-classe | Pterygota Neoptera | Ptérygotes Néoptères | Insectes ailés dont les ailes sont rabattues au repos. L'immense majorité des insectes. |
Ordre | Coleoptera | Coléoptères | Insectes aux pièces buccales masticatrices dont la première paire d'ailes est transformée en élytres, cornées et rigides, servant de protection à la deuxième paire, membraneuse, elle seule permettant le vol. |
Sous-ordre | Adephaga | Adéphages | |
Famille | Dytiscidae | Dytiscidés | |
Genre | Acilius | ||
Espèce | sp. |
Larve
La larve possède une paire de mandibules bien visibles et son prothorax allongé donne l'impression que sa tête est portée par un long cou. Sa coloration est variable, mais souvent brune. Sa posture "bossue" est caractéristique.
Savièse (Suisse), 50 cm
15/05/2011
Larve nageuse
La larve est une bonne nageuse grâce aux soies des tarses et à la forme en éventail des flancs de ses deux derniers segments de l'abdomen.
Savièse (Suisse), 50 cm
15/05/2011
Respiration de la larve
Elle respire en inspirant de l'air à la surface par les cerques* et les deux stigmates* du dernier segment abdominal, ce dernier étant allongé pour former un tube respiratoire.
N/A
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Biotope
On trouve fréquemment l'acilie dans les mares et étangs de toutes tailles où une végétation importante est présente. Les eaux sont donc stagnantes, ouvertes ou fermées.
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Planche naturaliste
Reitter E., 1908, FAUNA GERMANICA, Die Käfer des Deutschen Reiches, Band I, Tafel 39
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Reproduction de documents anciens
1908
Rédacteur principal : Sandra SOHIER
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Responsable historique : Sandra SOHIER
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Site internet : Agence de l'eau Artois Picardie, et plus particulièrement pour le dytique bordé : le fichier pdf "Partez à la rencontre de la biodiversité - Les coléoptères aquatiques du bassin Artois-Picardie".