Couleur générale jaune sale
De 8 à 15 mm de long
Tubercules de forme irrégulière, comme hérissés
Avec un petit point noir ou violet à leur sommet
Ruwe wratslak (NL)
Staurodoris ocelligera Bergh 1881
Aldisa berghi Vayssière 1901
Atlantique Nord-Est tempéré, Méditerranée occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Elle a été rencontrée à plusieurs reprises au bassin d'Arcachon par le rédacteur. Son aire de répartition atlantique comprend le sud de la Bretagne, le golfe de Gascogne et les côtes espagnoles et portugaises, jusqu'au détroit de Gibraltar.
En Méditerranée, elle a été décrite par Vayssière dans la région de Marseille. Elle a été signalée dans l'étang de Thau, et a été photographiée à Malte, au sud de la Sardaigne, dans le nord de la mer Adriatique et dans le lac de Tunis.
Depuis juin 2020, cette espèce a été observée dans le sud-est de l'Escaut oriental (aux Pays-Bas).Elle a probablement été introduite.
Selon Peter van Bragt, la répartition de cette espèce serait la suivante: l'irlande, la côte sud de la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la France, l'Espagne, le Portugal jusqu'à la mer Méditerranée et les Açores.
On la trouve dans des zones rocheuses, ou sur des fonds coquilliers recouverts d'éponges, à des profondeurs ne dépassant pas vingt mètres. Elle semble préférer les milieux lagunaires.
Doris ocelligera est un petit nudibranche doridien de couleur générale jaune sale.
Elle mesure habituellement de 8 à 15 mm de long, exceptionnellement jusqu'à 25 mm (voire 45 mm aux Pays-Bas) ; sa forme est globalement elliptique.
Le manteau* recouvre entièrement le pied* ; sa surface est parsemée de tubercules peu élevés, de taille légèrement différente entre le centre et les bords, et de forme irrégulière, comme hérissée. Les tubercules sont grossièrement disposés en 6 ou 7 lignes longitudinales.
Les rhinophores* portent 7 à 9 lamelles obliques, qui se rejoignent en arrière, au-dessus d'une hampe lisse. Chaque rhinophore est encadré à sa base par deux tubercules un peu plus gros.
Les branchies*, au nombre de 9, sont simplement pennées. Autour de l'anneau branchial, un anneau d'environ 8 tubercules plus gros, qui portent souvent aussi des taches pigmentaires colorées.
Les rhinophores et les branchies sont rétractiles en cas de menace.
La coloration générale est jaune à brun clair, parfois grisâtre, un peu plus sombre au milieu du manteau, à cause d'un semis de petits points foncés. Chaque tubercule porte, classiquement, un petit point noir (ou violet) à son sommet, inconstant selon les individus.
Doris verrucosa Linnaeus, 1758 : la doris verruqueuse est de taille supérieure, mais la confusion est possible avec ses juvéniles. Doris verrucosa présente des tubercules arrondis, de tailles variées sans point noir apical, et fréquente habituellement un biotope sablo-vaseux.
Doris adrianae Urgorri & Señarís, 2021 : espèce de forme ovale (longueur maximale citée de 76 mm) et de couleur jaune à jaune-orange, semé de très fins points noirs microscopiques et non visibles à l’œil nu. Le dos est couvert de tubercules arrondis de même couleur que le corps, de différentes tailles, renforcés par des spicules tégumentaires caractéristiques peu visibles. Un faisceau de critères comme la coloration et la forme des tubercules, la morphologie de la radula*, des systèmes digestif et reproducteur, distingue cette espèce des autres espèces du genre Doris Linnaeus, 1758.
Le régime alimentaire de ce nudibranche est mal connu. Il est vraisemblable qu'il se nourrisse d'éponges des genres Halichondria et Hymeniacidon.(comme Haichondria panicea et Hymeniacidon perlevis dans les eaux néerlandaises).
Les aliments sont râpés par la radula*.
Les nudibranches sont hermaphrodites* ; ils portent simultanément des organes génitaux mâle et femelle. Mais on n'a jamais décrit d'auto-fécondation.
Les orifices génitaux mâle et femelle sont situés juste à côté l'un de l'autre, à l'avant-droit du pied. Les deux partenaires adoptent donc une position tête-bêche pour se féconder réciproquement.
La ponte forme un ruban bas spiral de 2 à 8 tours, sale à jaune vif, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
Doris ocelligera est un nudibranche assez rarement observé, tant par les plongeurs que par les biologistes. Sa petite taille, sa couleur de muraille, et son activité nocturne sont sans doute en cause, au moins autant que sa rareté réelle.
La radula, qui sert à râper les aliments, est constituée de nombreuses dents chitineuses, dont le nombre et la forme sont caractéristiques de chaque espèce. Leur étude au microscope permet aux biologistes d'identifier les espèces avec certitude.
Celle de Doris ocelligera a pour formule 22 (30, 0, 30) , soit vingt-deux rangées de soixante dents, en deux séries séparées. Les dents sont crochues, sans denticules, avec une bosse au-dessus de la cuspide*.
Aux Pays-Bas, selon P. van Bragt, les adultes sont présents de mars à septembre avec un pic au mois de juin. Ailleurs en Europe, l'espèce est également observée au printemps et en été, et peu en hiver.
Le terme “Doris ocellée" est une simple traduction de la dénomination scientifique, créé pour le site DORIS. Bien que provenant d'un nom mythologique féminin, le nom doris a été utilisé au masculin pour certaines espèces.
Doris : Doris est st le nom d'une Océanide, fille d'Océan et de Téthys, épouse de Nérée et mère des 50 Néréides, "doris" signifierait en grec "donne en abondance".
ocelligera : vient du latin ; composé de [ocellus], diminutif d'[oculus] = petit œil, perle, et de [gerere] = porter. Qui porte des petits yeux, ou des perles, probablement en référence à la forme et la coloration noire terminale des tubercules dorsaux.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Dorididae | Dorididés | Corps ovale allongé, manteau épais et large portant des tubercules parfois pédonculés ou disposés en rangées. Rhinophores rétractiles avec lamelles et comme les branchies souvent à proximité de tubercules « protecteurs ». Rainure sur les tentacules oraux. |
Genre | Doris | ||
Espèce | ocelligera |
Doris ocelligera caractéristique
Posé sur un thalle de sargasse, cet individu de 8 à 10 mm présente les caractères de l'espèce. En particulier la forme irrégulière des tubercules et leur point noir sont en évidence.
Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 3 m, de nuit
19/09/2006
Vue de derrière
Le même individu montre sa capacité à rétracter ses branchies, et l'alignement approximatif des tubercules. Même à l'arrière, le pied ne dépasse pas du manteau.
Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 3 m, de nuit
19/09/2006
Jaune sale
Spécimen de 12 mm environ, croisé en plongée de nuit sur substrat rocheux.
Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), de nuit
17/07/1999
Couleur de muraille
Le même individu a sorti ses branchies, mal individualisables des tubercules. Les rhinophores et leur hampe lisse sont bien visibles. Les tubercules semblent sales, par la tache brune de leur sommet.
Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), de nuit
17/07/1999
Jaune pâle
La couleur générale est assez pâle, mais on retrouve les caractéristiques de l'espèce, les tubercules hirsutes ponctués de noir.
Grand-Piquey, Bassin d'Arcachon (33), 5 m
02/09/2005
A qui la ponte ?
Ce spécimen aussi est assez pâle, avec les tubercules ponctués de noir. Il n'est pas certain que la ponte à côté de lui soit la sienne.
Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33)
06/06/2006
Trop propre pour être honnête
Ce spécimen de 10 mm environ rampe sur une feuille de Zostera noltii ; ça donne l'échelle. Il n'a pas de points noirs au bout des tubercules ; le risque de confusion avec Doris verrucosa juvénile est grand. La forme des tubercules, ici irréguliers et hérissés de minuscules pointes permet l'identification.
St Yves, Arcachon (33), 5 m, de nuit
07/09/1999
Difficile à identifier
Un autre spécimen difficile à différencier de Doris verrucosa et de Doris adrianae. En faveur de Doris ocelligera : Les tubercules n'ont pas l'air arrondis et lisses, et il y en a deux de part et d'autre des rhinophores. Cependant le pigment apical manque...
(sous réserve d'une identification correcte sur simple photo)
Etang de Thau (34)
14/08/2003
En Bretagne
Un spécimen de 10 mm environ, en déplacement sur une laminaire. Il est reconnaissable aux papilles irrégulières du dos.
Cette espèce est suffisamment rare pour mentionner chaque rencontre.
(sous réserve d'une identification correcte sur simple photo).
Men-du, Ria d'Etel (56), 10 m
14/05/2011
Accouplement
les deux individus sont tête-bêche
Zeelandbrug, Zélande, pays-Bas, 5 m
06/06/2023
Pendant la ponte
Le ruban spiral est en formation.
Zeelandbrug, Zélande, pays-Bas, 5 m
06/06/2023
La ponte
Une fois la ponte achevée, le géniteur s'éloigne. la ponte est fixée sur unje coquille d'huître déjà bien coloniée.
Zeelandbrug, Zélande, Pays-Bas, 5 m
06/06/2023
En déplacement
Les deux rhinophores et la panache branchial sont bien visibles. On devine le point sombre sur les tubercules.
Zelandbrug, Zélande, Pays-Bas, 5 m
06/06/2023
Sur des algues
les tubercules sont de tailles variées. Seul le rhinophore gauche est dans le plan de la photo.
Zelandbrug, Zélande, Pays-Bas, 5 m
06/06/2023
Rédacteur principal : Michel BARRABES
Vérificateur : Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable historique : Michel BARRABES
Responsable régional : Yves MÜLLER
Gantès H., 1980, OPISTHOBRANCHES ARCACHON, Thèse Université Bordeaux 1, 179p.
Rudman, W.B., 2006 (September 7) Doris ocelligera (Bergh, 1881). [In] Sea Slug Forum. Australian Museum, Sydney.
Bragt P. van, 2020, https://www.blauwtipje.nl/Doris/ocelligera/
La page de Doris ocelligera dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN