Disporelle napolitaine

Disporella neapolitana/hispida | (Waters, 1918)/(Fleming, 1828)

N° 624

Méditerranée et Atlantique Nord-Est

Clé d'identification

Colonie calcifiée, épaisse, formée de plusieurs disques juxtaposés
Colonie arrondie, aplatie, rugueuse et blanche
Tubes autozoïdaux en rangées rayonnantes
Petites colonies (10 à 30 mm de diamètre)
Disque bordé d'une fine lame calcaire sans zoïde
Alvéoles de grande taille et très petits lophophores

Noms

Autres noms communs français

Disporelle hirsute

Synonymes du nom scientifique actuel

Il serait distinct de la forme composée de Disporella hispida qui a été nommée var. meandrina, mais une révision serait nécessaire. Waters l'avait d'abord nommé Radiopora pustulosa d'Orbigny en 1879 à Naples, puis lui a donné le nom de Lichenopora neapolitana en 1918.

Distribution géographique

Méditerranée et Atlantique Nord-Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

La distribution de cette forme composée (multi disques) semble typiquement méditerranéenne.
Disporella hispida (forme simple) est distribuée en Atlantique principalement. En Méditerranée sa présence est parfois contestée par certains auteurs, mais l'identification des Lichénoporidés est très difficile.

Biotope

Disporella neapolitana est rencontrée dans des zones peu profondes, ombragées (espèce modérément sciaphile*) et bien alimentée par les courants en Méditerranée. C'est sur la roche, le coralligène, les rhizomes des posidonies, les surfaces artificielles et nouvellement disponibles que cette espèce conquérante se développe en priorité (espèce pionnière).

Description

Ce bryozoaire cyclostome fortement calcifié se caractérise par des colonies relativement épaisses, de forme irrégulière, circulaire, ovale ou lobée, de couleur blanche (rarement légèrement teintée), composées d'une ou plusieurs couronnes de zoïdes. La surface de la colonie est hérissée de tubes pointus (autozoïdes*) disposés en séries rayonnantes selon plusieurs couronnes adjacentes ; entre les tubes et au centre des couronnes, la surface est percée d'alvéoles juxtaposées. La périphérie de la colonie est bordée par une lame calcaire sans zoïdes qui est la marge de croissance.
Les tubes calcifiés des autozoïdes* sont en forme d'aiguille biseautée (plusieurs épines à l'apex des tubes pour Disporella cf. hispida et une épine par orifice de tube pour Patinella radiata), et sont organisés en rangées rayonnantes. Ces ouvertures tubulaires surmontées d'épines ont peut-être (?) un rôle de défense de la colonie. La région centrale du disque est déprimée, souvent occupée par les gonozoïdes* au contour sinueux, qui se reconnaît à l'absence d'alvéoles.

En plongée, la présence des lophophores n'est indiquée que par le fin duvet blanc qu'ils constituent à la surface de la colonie. Très petits, il est même difficile de les individualiser sur nos macrophotographies sous-marines.

Chaque système radial ou disque ne dépasse pas 5 mm (10 mm pour les colonies simples en incluant la lame calcaire marginale), mais il peut exister plusieurs disques dans les grandes colonies dont la taille peut aller jusqu'à 30 mm pour les observations méditerranéennes de ce que certains appellent une forme composée Disporella hispida.

Espèces ressemblantes

Il existe un grand nombre d'espèces de Lichenoporidae de petite taille (quelques mm) très similaires d'aspect, certaines restant à décrire ou l'ont été récemment. Seule une étude microscopique approfondie permet de les identifier. Voici, de façon non exhaustive, quelques unes d'entre elles pour la zone atlanto-méditerranéenne :

Disporella (Lichenopora) hispida (Fleming, 1828) sa distribution est plus nordique (commun en Grande Bretagne), et le bord des orifices érigés est le plus souvent trifide (de une à trois épines). Disporella neapolitana est, pour certains, simplement une forme composée de cette espèce qui ne présente classiquement qu'un seul disque (max. 10 mm).

Patinella (Lichenopora) radiata, un seul disque, très semblable, septes en rangées rayonnantes bien individualisés, Méditerranée.

Patinella (Lichenopora) verrucaria (O. Fabricius, 1780) est semblable, sa distribution est plus nordique (nord de la Grande Bretagne), et le bord des orifices érigés ne possède qu'une seule épine.

Patinella (Lichenopora) mediterranea Blainville, 1834 ?

Patinella (Lichenopora) flosculus Hincks, 1862, longtemps considéré comme un synonyme de P. radiata. Fréquent sur le littoral provençal sur Posidonia et Zostera.

Disporella (Lichenopora) harmeri (Neviani, 1939) Adriatique et Méditerranée occidentale.

Disporella boutani commun en mer Rouge, longtemps confondu avec Patinella (Lichenopora) radiata anatomiquement très proche.

La confusion est aussi possible avec les coraux durs solitaires juvéniles (Caryophyllia smithii par exemple), lorsque le polype est complètement rétracté ou mort (seul le squelette calcaire et blanchâtre est encore présent dans ce cas). L'identification se fera par l'absence de septes, la présence d'alvéoles et de tubes sur les protubérances radiales et la plus faible épaisseur du disque calcaire chez les Lichenoporidae.

Alimentation

Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées (algues unicellulaires) sont la base de l'alimentation des bryozoaires.

Reproduction - Multiplication

Comme tous les bryozoaires, cette espèce est capable de se reproduire de manière sexuée. La larve nageuse va ensuite se fixer pour générer une nouvelle colonie qui va grandir par bourgeonnement de zoïdes. A ce stade, la larve subit une métamorphose qui l'amène à former le premier zoïde (l'ancestrule*) de la nouvelle colonie. Les ancestrules* de Lichenoporidae (Patinella sp. ou Disporella sp.) sont très fréquents en juillet sur les feuilles de posidonies en Méditerranée.
La multiplication asexuée peut aussi se faire à partir d'un fragment cassé ou d'un clivage de la colonie en plusieurs colonies filles (les disques), qui vont pousser, pour cette espèce, sur un même plan.

Divers biologie

La croissance de ce bryozoaire est très rapide, il pourra ainsi se développer sur des substrats temporaires.

Informations complémentaires

Notez que dans la famille des Lichenoporidae actuels, les genres Patinella (ex. Lichenopora) et Disporella très proches ont amené de nombreuses révisions d'espèces de l'un à l'autre des deux genres. De plus, le grand nombre de bryozoaires fossiles étudiés est à l'origine d'incertitudes sur l'identification des bryozoaires actuels qui, souvent, ont hérité à tort ou non du nom d'un représentant fossile.
C'est le cas de l'espèce actuelle attribuée à Lichenopora radiata, qui vient d'être rebaptisée récemment Patinella radiata pour le démarquer du vrai Lichenopora radiata, espèce fossile appartenant à un genre différent.

C'est sous l'ancien nom Lichenopora radiata que vous trouverez désigné ce qui ressemble (forme simple le plus souvent) à ce petit bryozoaire blanchâtre et discoïde dans les ouvrages de vulgarisation : Weinberg S., 1996 ; Göthel H., 1996 ; Ocana A., 2000 ; Riedl R., 1996. Mais pour les illustrations de ces ouvrages qui montrent des formes composées (plusieurs disques), il ne s'agit pas de Patinella radiata, mais de l'espèce décrite dans cette fiche : Disporella neapolitana (= forme composée de D. hispida).

Origine des noms

Origine du nom français

Disporelle est directement traduit du nom de genre scientifique.
Disporelle napolitaine est une proposition du site DORIS.

Origine du nom scientifique

Disporella : du latin [dis]= riche, abondant, du grec [pora]= trou et [-ella] = petit.
neapolitana : napolitain(e).
hispida : du latin [hispius] = couverte de poils raides ou rugueux, hirsute.
Lichenoporidae : de lichen et du grec [pora] = trou.
Cette espèce est donc semblable à un lichen perforé de nombreux petits trous à la surface hirsute.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 111730

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Bryozoa / Ectoprocta Bryozoaires / Ectoproctes Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette.
Classe Stenolaemata Sténolèmes Leur lophophore est cylindrique, les zoïdes sont bien calcifiés et ils sont majoritairement marins. La classe des Stenolaemata est constituée d’un seul ordre vivant (et de trois fossiles) : l’ordre des Cyclostomatida ou cyclostomes qui sont formés d’un assemblage de tubes rigides.
Ordre Cyclostomatida Cyclostomes Tous marins. Les zoïdes sont tubulaires avec des parois calcifiées qui peuvent fusionner avec celles des zoïdes adjacents.
Sous-ordre Rectangulata
Famille Lichenoporidae Lichénoporidés Colonies encroûtantes, rondes ou ovales avec une lame marginale sans zoïdes. Zoïdes dressés organisés en rangées rayonnantes.
Genre Disporella
Espèce neapolitana/hispida

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