Colonie calcifiée, épaisse, formée de plusieurs disques juxtaposés
Colonie arrondie, aplatie, rugueuse et blanche
Tubes autozoïdaux en rangées rayonnantes
Petites colonies (10 à 30 mm de diamètre)
Disque bordé d'une fine lame calcaire sans zoïde
Alvéoles de grande taille et très petits lophophores
Disporelle hirsute
Il serait distinct de la forme composée de Disporella hispida qui a été nommée var. meandrina, mais une révision serait nécessaire. Waters l'avait d'abord nommé Radiopora pustulosa d'Orbigny en 1879 à Naples, puis lui a donné le nom de Lichenopora neapolitana en 1918.
Méditerranée et Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La distribution de cette forme composée (multi disques) semble typiquement méditerranéenne.
Disporella hispida (forme simple) est distribuée en Atlantique principalement. En Méditerranée sa présence est parfois contestée par certains auteurs, mais l'identification des Lichénoporidés est très difficile.
Disporella neapolitana est rencontrée dans des zones peu profondes, ombragées (espèce modérément sciaphile*) et bien alimentée par les courants en Méditerranée. C'est sur la roche, le coralligène, les rhizomes des posidonies, les surfaces artificielles et nouvellement disponibles que cette espèce conquérante se développe en priorité (espèce pionnière).
Ce bryozoaire cyclostome fortement calcifié se caractérise par des colonies relativement épaisses, de forme irrégulière, circulaire, ovale ou lobée, de couleur blanche (rarement légèrement teintée), composées d'une ou plusieurs couronnes de zoïdes. La surface de la colonie est hérissée de tubes pointus (autozoïdes*) disposés en séries rayonnantes selon plusieurs couronnes adjacentes ; entre les tubes et au centre des couronnes, la surface est percée d'alvéoles juxtaposées. La périphérie de la colonie est bordée par une lame calcaire sans zoïdes qui est la marge de croissance.
Les tubes calcifiés des autozoïdes* sont en forme d'aiguille biseautée (plusieurs épines à l'apex des tubes pour Disporella cf. hispida et une épine par orifice de tube pour Patinella radiata), et sont organisés en rangées rayonnantes. Ces ouvertures tubulaires surmontées d'épines ont peut-être (?) un rôle de défense de la colonie. La région centrale du disque est déprimée, souvent occupée par les gonozoïdes* au contour sinueux, qui se reconnaît à l'absence d'alvéoles.
En plongée, la présence des lophophores n'est indiquée que par le fin duvet blanc qu'ils constituent à la surface de la colonie. Très petits, il est même difficile de les individualiser sur nos macrophotographies sous-marines.
Chaque système radial ou disque ne dépasse pas 5 mm (10 mm pour les colonies simples en incluant la lame calcaire marginale), mais il peut exister plusieurs disques dans les grandes colonies dont la taille peut aller jusqu'à 30 mm pour les observations méditerranéennes de ce que certains appellent une forme composée Disporella hispida.
Il existe un grand nombre d'espèces de Lichenoporidae de petite taille (quelques mm) très similaires d'aspect, certaines restant à décrire ou l'ont été récemment. Seule une étude microscopique approfondie permet de les identifier. Voici, de façon non exhaustive, quelques unes d'entre elles pour la zone atlanto-méditerranéenne :
Disporella (Lichenopora) hispida (Fleming, 1828) sa distribution est plus nordique (commun en Grande Bretagne), et le bord des orifices érigés est le plus souvent trifide (de une à trois épines). Disporella neapolitana est, pour certains, simplement une forme composée de cette espèce qui ne présente classiquement qu'un seul disque (max. 10 mm).
Patinella (Lichenopora) radiata, un seul disque, très semblable, septes en rangées rayonnantes bien individualisés, Méditerranée.
Patinella (Lichenopora) verrucaria (O. Fabricius, 1780) est semblable, sa distribution est plus nordique (nord de la Grande Bretagne), et le bord des orifices érigés ne possède qu'une seule épine.
Patinella (Lichenopora) mediterranea Blainville, 1834 ?
Patinella (Lichenopora) flosculus Hincks, 1862, longtemps considéré comme un synonyme de P. radiata. Fréquent sur le littoral provençal sur Posidonia et Zostera.
Disporella (Lichenopora) harmeri (Neviani, 1939) Adriatique et Méditerranée occidentale.
Disporella boutani commun en mer Rouge, longtemps confondu avec Patinella (Lichenopora) radiata anatomiquement très proche.
La confusion est aussi possible avec les coraux durs solitaires juvéniles (Caryophyllia smithii par exemple), lorsque le polype est complètement rétracté ou mort (seul le squelette calcaire et blanchâtre est encore présent dans ce cas). L'identification se fera par l'absence de septes, la présence d'alvéoles et de tubes sur les protubérances radiales et la plus faible épaisseur du disque calcaire chez les Lichenoporidae.
Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées (algues unicellulaires) sont la base de l'alimentation des bryozoaires.
Comme tous les bryozoaires, cette espèce est capable de se reproduire de manière sexuée. La larve nageuse va ensuite se fixer pour générer une nouvelle colonie qui va grandir par bourgeonnement de zoïdes. A ce stade, la larve subit une métamorphose qui l'amène à former le premier zoïde (l'ancestrule*) de la nouvelle colonie. Les ancestrules* de Lichenoporidae (Patinella sp. ou Disporella sp.) sont très fréquents en juillet sur les feuilles de posidonies en Méditerranée.
La multiplication asexuée peut aussi se faire à partir d'un fragment cassé ou d'un clivage de la colonie en plusieurs colonies filles (les disques), qui vont pousser, pour cette espèce, sur un même plan.
La croissance de ce bryozoaire est très rapide, il pourra ainsi se développer sur des substrats temporaires.
Notez que dans la famille des Lichenoporidae actuels, les genres Patinella (ex. Lichenopora) et Disporella très proches ont amené de nombreuses révisions d'espèces de l'un à l'autre des deux genres. De plus, le grand nombre de bryozoaires fossiles étudiés est à l'origine d'incertitudes sur l'identification des bryozoaires actuels qui, souvent, ont hérité à tort ou non du nom d'un représentant fossile.
C'est le cas de l'espèce actuelle attribuée à Lichenopora radiata, qui vient d'être rebaptisée récemment Patinella radiata pour le démarquer du vrai Lichenopora radiata, espèce fossile appartenant à un genre différent.
C'est sous l'ancien nom Lichenopora radiata que vous trouverez désigné ce qui ressemble (forme simple le plus souvent) à ce petit bryozoaire blanchâtre et discoïde dans les ouvrages de vulgarisation : Weinberg S., 1996 ; Göthel H., 1996 ; Ocana A., 2000 ; Riedl R., 1996. Mais pour les illustrations de ces ouvrages qui montrent des formes composées (plusieurs disques), il ne s'agit pas de Patinella radiata, mais de l'espèce décrite dans cette fiche : Disporella neapolitana (= forme composée de D. hispida).
Disporelle est directement traduit du nom de genre scientifique.
Disporelle napolitaine est une proposition du site DORIS.
Disporella : du latin [dis]= riche, abondant, du grec [pora]= trou et [-ella] = petit.
neapolitana : napolitain(e).
hispida : du latin [hispius] = couverte de poils raides ou rugueux, hirsute.
Lichenoporidae : de lichen et du grec [pora] = trou.
Cette espèce est donc semblable à un lichen perforé de nombreux petits trous à la surface hirsute.
Numéro d'entrée WoRMS : 111730
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Stenolaemata | Sténolèmes | Leur lophophore est cylindrique, les zoïdes sont bien calcifiés et ils sont majoritairement marins. La classe des Stenolaemata est constituée d’un seul ordre vivant (et de trois fossiles) : l’ordre des Cyclostomatida ou cyclostomes qui sont formés d’un assemblage de tubes rigides. |
Ordre | Cyclostomatida | Cyclostomes | Tous marins. Les zoïdes sont tubulaires avec des parois calcifiées qui peuvent fusionner avec celles des zoïdes adjacents. |
Sous-ordre | Rectangulata | ||
Famille | Lichenoporidae | Lichénoporidés | Colonies encroûtantes, rondes ou ovales avec une lame marginale sans zoïdes. Zoïdes dressés organisés en rangées rayonnantes. |
Genre | Disporella | ||
Espèce | neapolitana/hispida |
Bryozoaire encroûtant et blanchâtre
Taille : 25 mm.
L'allure plate, ronde, rugueuse, claire et la fine marge calcifiée permettent d'identifier ce bryozoaire du genre Disporella. Cette grande colonie est constituée de plusieurs disques (22 comptés ici) aux centres déprimés et blancs. Certains auteurs parlent d'une forme composée de Disporella hispida.
En haut à gauche, un autre bryozoaire, la dentelle de Neptune Reteporella grimaldii et en haut à droite une éponge orange Reniera fulva ?
Cap d'Antibes (06), 30 m
27/07/2007
Au pied des posidonies
Ce bryozoaire en forme de disque est bordé d'une fine lame calcaire sans zoïde.
Mursetta, Galeria, Corse (2B), 20 m
15/10/2007
Dans son milieu
Pour le plongeur, ce bryozoaire se présente sous forme de petits cercles plats, blancs et calcifiés sur divers subtrats (ici sur une éponge noire).
Mucchilina, Scandola, Corse (2A), 25 m
17/10/2007
Biotope ombragé
Taille : 30 mm.
Grande colonie sous un surplomb et à la marge verdie par des algues microscopiques.
En haut à droite une ascidie coloniale pourpre foncé Cystodytes dellechiajei.
Cap Reu, Medes, Costa Brava (Espagne), 15 m
26/08/2005
Deux colonies
Ces deux colonies de belle taille (25 mm environ pour le diamètre) sont ici, sous un surplomb du coralligène, en concurrence pour l'espace avec l'éponge encroûtante bleue Phorbas tenacior. La lame marginale sans zoïde est cachée par l'éponge.
Aragnon, Côte Bleue (13), 15 m
19/08/2005
Petite colonie : 6 mm
Les petits tubes très calcifiés et acérés (une à trois épines par tube) protègent l'ouverture des zoécies. La marge (fine lame calcifiée et périphérique) de la colonie ne comporte pas de zoïde.
Prélèvement fait à Sausset, Côte Bleue (13), 14 m
06/2007
Fin duvet de lophophores
Taille de la colonie : 20 mm.
Les lophophores sont très petits, il est difficile de bien les observer.
Mursetta, Galeria, Corse (2B), 20 m
15/10/2007
Bryozoaire mobile !
Surprenant, ici cette petite colonie a élu domicile sur la coquille d'un petit gastéropode qui fréquente l'herbier.
Au dessous, encroûtant la feuille de posidonie, une autre bryozoaire : Electra posidoniae.
Le Graillon, Antibes (06)
22/03/2009
En boule
En boule au bout d'une branche morte de gorgone.
La Révellata, Calvi, Corse, 25 m
19/10/2008
Epines acérées
Cette colonie a été trouvée sur un œuf de grande roussette éclos. Les petits tubes très calcifiés se terminent par une, deux ou trois épines qui protègent l'ouverture des zoécies.
Prélèvement fait à Sausset, Côte Bleue (13), 14 m
06/2007
Sur une gorgone
C'est sur une partie blessée de cette gorgone pourpre que s'est installée une grosse colonie ovoïde.
Carall Bernat, Estartit, Costa Brava (Espagne), 23 m
16/09/2012
Variante bretonne : Disporella hispida
Ici en Bretagne, la forme composée de Disporella hispida peut être nommée D. hispida var. meandrina.
golfe du Morbihan, fonds de cailloux, 7 m
25/04/2010
Sur l'estran en Manche
Disporella hispida forme mamillée en Manche.
Plouezec (22), estran
21/07/2012
Forme composée de Disporella hispida en Bretagne
Surface hérissée de tubes pointus disposés en plusieurs couronnes, couleur blanche, très dur au toucher, taille 10 mm.
Bretagne, Saint Quay Portrieux, 6 m (basse mer)
27/12/2016
Détail d'une grande colonie
Diamètre : 20 mm. Les pores et l'organisation en plusieurs disques sont clairement visibles ici.
Prélèvement fait à Sausset, Côte Bleue (13), 14 m
06/2007
Espèce conquérante
Taille de la petite colonie au centre : 6 mm. La grande colonie en haut à gauche : 12 mm. Sur cet œuf de grande roussette éclos se sont installées plusieurs espèces conquérantes, ce sont celles qui occupent les premières les nouveaux substrats disponibles. A côté de Disporella sp. se trouvent plusieurs espèces de petits vers à tubes calcaires, des balanes, des algues encroûtantes, et d'autres petits bryozoaires encroûtants.
Prélèvement fait à Sausset, Côte Bleue (13), 14 m
06/2007
Espèces proches (Busk)
Busk, 1875. Catalogue of Marine Polyzoa in the Collection of the British Museum. Part III. Cyclostomata Planche XXXIV (extrait) : Fig.3 Disporella radiata (= Patinella radiata) Fig.4 Disporella mediterranea (= Patinella mediterranea) Fig.5 Plagioecia sarnienis ( valide)
Busk, 1875 - Planche XXXIV (extrait)
Reproduction de documents anciens
1875
Espèces proches (MacGillivray)
Cette planche de dessins illustre quelques espèces de la grande famille des Lichenoporidae, la taille de chaque colonie représentée n'est que de quelques millimètres, c'est donc, pour la plupart des colonies semblables, très petit ! 3. Lichenopora hispida (= Disporella hispida) 4, 5. Lichenopora radiata (= Patinella radiata) 6. Lichenopora australis (validité actuelle ?) 7. Lichenopora reticulata (validité actuelle ?) 10, 11. Lichenopora wilsoni (validité actuelle ?)
MacGillivray, 1895 - planche XXI (extrait)
Reproduction de documents anciens
1895
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Correcteur : Jean-Georges HARMELIN
Responsable régional : Michel PEAN
Alvarez, J.A., 1995, New data on the family Lichenoporidae Smitt (Bryozoa: Cyclostomida) from the Mediterranean region, Journal of Natural History, 29(4), 1067-1079.
Hayward, P.J., 1971, The marine fauna and flora of the Isles of Sicilly Bryozoa and Entoprocta, Journal of Natural History, 5(5), 481-489.