Tunique commune vitreuse grisâtre, noirâtre à verdâtre
Tunique molle, lisse, parfois gaufrée
Zoïdes invisibles à travers la tunique (visibles par les siphons cloacaux)
Grande colonie de plus de 20 cm
Orifices inhalants souvent bien visibles
Grands orifices exhalants circulaires
Synascidie gélatineuse
Jelly-synascidian (GB), Sinascidia gelatinosa (I, E), Gallert-Synascidie (D)
Astellium spongiforme Giard, 1872
Lissoclinum cupuliferum Kott, 1952
Méditerranée, Atlantique oriental
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Ce Didemnidé est présent sur toutes les côtes métropolitaines françaises. Il est absent en mer du Nord.
Cette ascidie coloniale est présente dans l'infra et le circa-littoral jusqu'à 40 mètres sur tous types de supports, le plus souvent rigides.
Sur la façade atlantique, D. spongiforme se rencontrera en priorité sur la roche infralittorale en mode exposé où ses colonies sont en général plus étendues que celles observées en Méditerranée.
Diplosoma spongiforme est une ascidie coloniale, encroûtante, présentant une surface aplatie ou lobée. Cette ascidie est bien plus pigmentée que l'espèce avec laquelle elle est souvent confondue D. listerianum. D. spongiforme n'est que partiellement ou pas du tout transparente. Plus opaque et plus épaisse, sa coloration est variable : gris, noirâtre, verdâtre, beigeâtre ou "incolore". Les "livrées" bicolores noir-gris ou noir-jaunâtre ne sont pas rares. Les colonies très molles forment des croûtes de quelques millimètres à quelques centimètres d’épaisseur, fragiles et difficiles à prélever sans déchirures.
La tunique est lisse, vitreuse et ne laisse pas, ou difficilement, apercevoir par transparence les zoïdes*. Les individus (zoïdes* de 1,5 mm environ) sont dressés, sans ordre apparent, perpendiculairement sous la surface où l’on distingue clairement les orifices inhalants, souvent marqués d'un cercle ou de pointillés blancs. Ces petits siphons buccaux mesurent moins d’un mm de diamètre et semblent, en apparence, dépourvus de lobes (cependant, il y en a bien six comme chez tous les Didemnidés). Le diamètre habituel des colonies est de 20 à 30 cm, mais il peut largement dépasser cette dimension, particulièrement en Atlantique où plusieurs colonies jointives peuvent couvrir plus d'un mètre carré de substrat. Les orifices exhalants débouchent dans un cloaque commun qui s'ouvre sur l’extérieur de la colonie par quelques grands orifices circulaires proéminents et souvent translucides (siphons cloacaux communs), ressemblant aux oscules des spongiaires.
Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidés sont très difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches traitant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".
Diplosoma listerianum est très proche, ces colonies sont néanmoins bien plus transparentes et de petite taille. Elles sont prioritairement rencontrées sur des supports flexibles comme les grandes algues ou les phanérogames marines. Mais il y a des D. listerianum épais et des D. spongiforme transparents ! Les siphons cloacaux communs y sont plus nombreux et plus petits que chez D. spongiforme.
Didemnum maculosum (Milne-Edwards, 1841), colonie lobée de couleur variée (marbrures violettes) et dont les petits orifices inhalants disparaissent au toucher.
Lissoclinum perforatum (Giard, 1872), croûte blanche opaque au contour arrondi, et zoïdes plus grands que chez les Didemnum ou les Diplosoma.
Polysyncraton lacazei, synascidie rouge (mais parfois noire, violette, bleuâtre, orange ou jaune !), croûte de 5 à 10 mm et un diamètre de 30 cm maximum.
Polysyncraton bilobatum, synascidie jaune formant des encroûtements opaques.
Trididemnum cereum également plus opaque, souvent finement bigarré de gris, jaune, noir, marron, ne présente pas de siphons cloacaux aussi visibles et réguliers que D. spongiforme.
La confusion avec certaines éponges est possible, mais la translucidité des Diplosoma (D. spongiforme et D. listerianum) n’a pas d’équivalent chez les spongiaires.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension, jusqu’aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les ascidies génèrent un courant d’eau (rentrant par les orifices inhalants individuels) pour capturer les particules en suspension. Les particules digérées et les déchets sortent ensuite par le siphon exhalant.
La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués.
Ses blastozoïdes* (individus issus du bourgeonnement au sein de la colonie) sont hermaphrodites*. Les œufs fécondés sont à l’origine d’une larve* pélagique* qui se métamorphose en un nouvel oozoïde* fondateur asexué. Il bourgeonne pour donner naissance à une nouvelle colonie.
Colonie toujours très propre, il n'y a pas d’épibiontes* sur D. spongiforme.
Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidés sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidés.
Description microscopique (extrait de Lahille, 1890) :
La caractéristique du genre Diplosoma est l’absence de spicules calcaires dans la tunique, qu’il ne faut pas confondre avec des pigments blancs.
Individus invisibles ou très peu visibles à travers la tunique.
La tunique de D. spongiforme est toujours fort développée et, par suite, les cloaques communs sont beaucoup plus réduits que chez D. listerianum. Au lieu de former une grande cavité unique, ils constituent le plus souvent une série d'égouts plus ou moins ramifiés. Les individus ne semblent plus suspendus uniquement par le pourtour de leur orifice buccal, mais ils sont entièrement enchâssés dans la tunique commune.
Détermination des Didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés (Didemnidae), elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. Effectivement, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rend ce critère insuffisant pour une bonne identification.
Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :
- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus*),
- le corps est divisé en deux parties : branchie d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- estomac sans diverticules hépatiques,
- pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen, voir le schéma dans la fiche Didemnum coriaceum).
Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).
Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :
- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).
Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.
Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :
- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette).
Didemne est une francisation de "didemnidé" et spongieux pour sa forte ressemblance avec une éponge encroûtante.
Diplosoma : du grec [soma] = corps, et [diplo] = double : corps divisé en deux régions,
spongiforme : à l'apparence d'une éponge.
Numéro d'entrée WoRMS : 103582
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Diplosoma | ||
Espèce | spongiforme |
Ascidie encroûtante ressemblant à une éponge !
D. spongiforme peut être observé dans toutes les zones, même profondes, accessibles à la plongée autonome (0-60 m, et plus ?).
Roche Bleue, Galéria, Corse, 40 m
20/10/2007
Substrat sous-jacent visible par transparence
Sous un surplomb du coralligène, ce Didemnidé révèle ici sa légère transparence, le substrat sous-jacent, sans doute des algues calcaires rougeâtres, est partiellement visible sous la colonie.
Antibes (06)
06/09/2009
Forme opaque, gris clair
D. spongiforme est une espèce encroûtante qui peut être très facilement confondue avec une éponge, effectivement ses siphons cloacaux ressemblent beaucoup aux oscules des spongiaires. Observez l'intérieur des gros siphons, vous y découvrirez les petits zoïdes de cette ascidie.
Port Cros (83)
01/07/2006
Gros orifices exhalants
Les siphons exhalants proéminents sont plus ou moins régulièrement répartis à la surface du tunicier.
La Gabinière, Port Cros (83), 20 m
04/06/2006
Voile mou sur le substrat
Forme bleutée, verdâtre et relativement translucide.
Tiboulen de Maire, Marseille, 15 m
05/2007
Colonie méditerranéenne charnue
Il est bien difficile de ne pas "voir", de prime abord, une belle éponge encroûtante sur cette belle photo !
Cette colonie forme une véritable gaine autour de la base d'une gorgone rouge. Ressemblant aux oscules des éponges, les siphons cloacaux communs forment de petites cheminées transparentes. Les siphons inhalants répartis à la surface de la colonie sont plus petits, mais ils restent néanmoins visibles.
Cannes (06)
28/11/2005
Forme grise, bleutée
C'est en Méditerranée que l'on observera ces colonies d'un beau bleu, à ne pas confondre avec l'éponge encroûtante bleuâtre Phorbas tenacior.
Gabinière ouest, Port Cros (83)
04/06/2006
Grosse colonie mamelonnée
C'est, le plus souvent, sur les côtes de l'Atlantique et de la Manche que sont observées ces grosses colonies lobées. Chaque lobe présente d'habitude, en son milieu, un grand cône cloacal translucide autour duquel les orifices buccaux arrondis paraissent disséminés sans ordre (extrait Lahille, 1890).
Perros-Guirec (22), 15 m
14/05/2009
Grosse colonie encroûtant une gorgone
Diplosoma spongiforme peut s'installer sur tous types de substrats, ici la gorgone orange est presque totalement encroûtée par ce Didemnidé invasif.
Ile de Batz (29)
09/2004
Surface gaufrée
Les grandes colonies (25 cm de diamètre ici) montrent une épaisseur irrégulière donnant une surface plus ou moins gaufrée.
Le Fourre Nord, Trebeurden (22), 18 m
10/08/2006
Espèce encroûtante, ici au pied d'une gorgone
D. spongiforme peut couvrir de larges surfaces, en s'installant sur tout type de substrat mort ou vivant.
Ar Veskleg ouest, Trebeurden (22)
20/08/2005
Grosse colonie charnue et bosselée
Ce Didemnidé peut couvrir de larges surfaces, jusqu'à un mètre carré, dans ce cas il peut s'agir de plusieurs colonies jointives.
Au centre, un grosse ascidie solitaire blanchâtre, sans doute Phallusia mamillata.
Rade de Brest (29), 5 m
13/09/2009
Sur une gorgone jaune
En couleur naturelle, sur un axe de gorgone morte, la dominante est bleu translucide, alors que sous un éclairage artificiel comme ici (flash ou lampe), ce sont les zones pigmentées en blanc qui ressortent.
La gorgone jaune sur laquelle s'est installée cette ascidie coloniale est Eunicella cavolinii, qui est généralement rencontrée à flanc de parois.
Ilot de l'Aragnon, Côte Bleue (13), 13 m
23/07/2006
Forme bigarrée, jaune et noire
Il existe des variantes très foncées de D. spongiforme, celles-ci présentent un pigment ectodermique indigo foncé presque noir ou vert plus ou moins sombre et parfois, comme ici, associé à des cellules pigmentaires jaunâtres. La superposition de ces différents pigments et leur abondance variable produit une grande diversité d'aspect.
Synonymes anciens de cette forme noirâtre : Diplosoma chamoeleon-spongiforme, Astellium nigricans...
Crozon, Morgat (29)
06/2008
Forme noire ponctuée de blanc
Epave du Reggio, Estartit, Costa Brava (E), 28 m
20/07/2006
Colonie translucide
La confusion avec Diplosoma listerianum, une espèce toujours translucide, est ici très facile. Mais la tunique reste bien visible ici et elle est surtout bien développée, épaisse, et donc caractéristique de D. spongiforme. Les orifices buccaux à l'apparence dépourvue de languettes et très clairement cerclés de blanc signent aussi D. spongiforme.
La Fourmigue, Antibes (06), 15 m
09/08/2007
Forme claire en Corse
Forme claire dans les algues rouges.
Capu di Vella, Galeria, Corse, 24 m
17/10/2007
Colonie fille au pied des posidonies
Notez la fine liaison anatomique (coulure) présente entre les colonies principales.
Forme claire annelée de blanc (siphons).
Le Pain de Sucre, île du Levant (83), 9 m
30/05/2009
Pigment blanc
Cette ascidie coloniale s'est installée sur l'axe d'une gorgone morte. Des zones blanchâtres sont visibles ici, il s'agit de pigments blancs et non pas de spicules calcaires qui sont absents dans le genre Diplosoma.
Iles de Lérins (06)
11/11/2005
Colonie parfois très charnue
L'épaisseur du cormus peut atteindre quelques centimètres.
Iles de Lérins (06)
17/06/2006
Siphons inhalants petits et exhalants communs
Notez la pigmentation variable, plus foncée à gauche.
Carantec, Beclem, 18 m
02/05/2009
Gros siphons cloacaux et siphons buccaux bien visibles
La tunique pigmentée et bien développée chez D. spongiforme ne laisse pas voir les individus (zoïdes) par transparence.
Aragnon, Côte Bleue (13), 10 m
16/07/2005
Détail de la surface en Atlantique
Les petits orifices inhalants restent bien visibles chez cette espèce contrairement à D. listerianum. Les orifices exhalants sont souvent en haut de petits lobes.
Rade de Brest (29), 23 m
11/11/2009
Formes ponctuée et annelée
(Méditerranée)
A gauche la forme annelée, la plus classique, avec ses siphons buccaux qui sont cerclés de blanc.
A droite la forme ponctuée, plus rare, avec ses siphons marqués de petits points blancs.
Au milieu, une langouste juvénile dont la taille est d'environ 10 cm.
Aragnon, Côte Bleue (13), 16 m
17/08/2008
Forme annelée
(Méditerranée)
Les siphons sont cerclés de blanc.
Côte Vermeille (66)
N/A
En mer du Nord
Noter les très nombreux orifices cloacaux très translucides à la surface de cette colonie nordique. Les orifices buccaux bien visibles et ponctués de blanc, le substrat dur et l'épaisseur de la colonie confirme Diplosoma spongiforme.
Les Ridens, Boulogne sur Mer, 20 m
21/10/2007
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Lafargue F., Wahl M., 1987, The didemnid ascidian fauna of France, Ann. Inst. océanogr., 63 (1), 1-46.