Translucidité caractéristique de la tunique commune
Tunique très molle, lisse, vitreuse de quelques mm
Individus (zoïdes) très visibles à travers la tunique
Petite colonie de 15 cm maximum environ
Orifices inhalants peu visibles
Grands orifices exhalants circulaires
Tunicier voile
Jelly-synascidian (GB), Sinascidia gelatinosa (I, E), Gallert-Synascidie (D)
Diplosoma listeri
Diplosoma gelatinosum
Espèce cosmopolite, plutôt dans les eaux tempérées
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest, ● Caraïbes, ● Indo-PacifiqueCe Didemnidé est présent sur toutes les côtes métropolitaines françaises. L’espèce est mentionnée en Méditerranée, mer Adriatique, Atlantique, mer du Nord, mer d’Irlande, Manche, Afrique du Sud, océan Indien, Australie, Californie, Japon, Brésil, Caraïbes...
Cette espèce est présente depuis la surface, jusqu’à plus de 80 mètres.
Au niveau de la frange infra-littorale, Diplosoma listerianum colonise les substrats durs secondaires comme les coques des navires. En Europe elle est fréquente dans les ports en Manche et Atlantique.
Plus profond, D. listerianum affectionne en priorité les substrats flexibles comme les grandes algues (fréquent sur les laminaires en Atlantique et Manche) et les phanérogames marines. Rare sur les substrats durs profonds, elle peut par contre se développer sur les fonds sédimentaires vaseux en zone calme (lagune, estuaire, fond de port,...).
Sur l'estran cette ascidie coloniale échappe parfois à l'observation du fait de sa parfaite transparence.
Les colonies très molles à la translucidité caractéristique de Diplosoma listerianum forment des croûtes de quelques millimètres d’épaisseur (4-5 mm au maximum). Le diamètre habituel des colonies est peu important : de 3 à 10 cm, il ne dépasse pas les 15 cm. Ces colonies toujours fixées sont fragiles et difficiles à prélever sans déchirures. La tunique gélatineuse commune est incolore, très lisse, et laisse clairement apercevoir les zoïdes* blancs ou tachés de noir d’où une couleur générale des colonies d’un gris plus ou moins marqué. les individus (zoïdes* de 2 mm environ) sont dressés perpendiculairement sous la surface sans ordre particulier. On distingue difficilement les orifices inhalants qui mesurent moins d’un mm. L'orifice exhalant de chaque individu s'ouvre dans un vaste cloaque commun, celui-ci débouche sur l’extérieur de la colonie par de nombreux orifices circulaires proéminents transparents (siphons cloacaux communs), semblables aux oscules des spongiaires. Toujours transparente, la colonie de Diplosoma listerianum est quelquefois parsemée d'une fine granulation blanche, souvent autour des siphons cloacaux et buccaux.
(description microscopique : voir dans "Divers biologie")
Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidéssont très difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches traitant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".
Diplosoma spongiforme plus grande et plus pigmentée, est souvent confondue avec D. listerianum. D. spongiforme est plus opaque, plus épais, gris, noirâtre, verdâtre ou beigeâtre mais il y a des D. listerianum épais et des D. spongiforme transparent !
Didemnum maculosum (Milne-Edwards, 1841), colonie lobée de couleur variée (marbrures violettes) et dont les petits orifices inhalants disparaissent au toucher.
Lissoclinum perforatum (Giard, 1872), croûte blanche opaque au contour arrondi, et zoïdes plus grands que chez les Didemnum ou les Diplosoma.
Polysyncraton lacazei, synascidie rouge (mais parfois noire, violette, bleuâtre, orange ou jaune !), croûte de 5 à 10 mm et un diamètre de 30 cm maximum.
Polysyncraton bilobatum, synascidie jaune et opaque.
La confusion avec certaines éponges est possible, mais la translucidité de cette synascidie n’a pas d’équivalent chez les spongiaires.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension, jusqu’aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les ascidies génèrent un courant d’eau (rentrant par les orifices inhalants individuels) pour capturer les particules en suspension. Les particules digérées et les déchets sortent ensuite par le siphon exhalant.
La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués.
Ses blastozoïdes* (individus issus du bourgeonnement au sein de la colonie) sont hermaphrodites*. Les œufs fécondés sont à l’origine d’une larve pélagique qui se métamorphose en un nouvel oozoïde* fondateur asexué. Il bourgeonne pour donner naissance à une nouvelle colonie.
Il faut aussi préciser que tous les cormus* (colonie) de Diplosoma listerianum s'accroissent à la fois par blastogénèse et ovogénèse. Effectivement, si on examine à l'époque de la reproduction sexuée de nombreuses colonies de D. listerianum on observe toujours quelques individus fixés dans la tunique commune et présentant des restes des organes larvaires (pour plus de précision, voir dans "Divers biologie", Description microscopique).
Colonie toujours très propre, pas d’épibiontes*. On la trouve souvent sur les laminaires et il semblerait y avoir des relations avec des cyanobactéries associées à la production des différentes chlorophylles des végétaux.
Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidés sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidés.
Les petits gastéropodes Trivia monacha et Trivia arctica (grain de café, petite porcelaine de 10-12 mm de long) se nourrissent de cette ascidie. Le nudibranche Goniodoris nodosa est aussi un prédateur.
Ce Didemnidé ne vit pas longtemps en captivité (aquarium), il devient rapidement visqueux et se désagrège.
Description microscopique (extrait de Lahille, 1890) :
La caractéristique du genre est l’absence de spicules calcaires (inobservation microscopique !) dans la tunique, qu’il ne faut pas confondre avec des pigments blancs.
La tunique commune de D. listerianum est très peu développée, les cavités cloacales sont très vastes. On peut considérer le cormus* comme formé de deux membranes limitant une grande cavité communiquant avec l'extérieur par les cloaques communs. La membrane inférieure fixe la colonie au support à l'aide d'expansions en forme de crampons (voir fig. 58). A la membrane supérieure sont suspendus les zoïdes dont la partie inférieure du corps flotte dans la grande cavité cloacale commune où débouchent les cloaques individuels.
Les individus sont disposés sans aucun ordre, et la colonie s'accroît aussi bien à l'aide d'oozoïdes* (zoïdes primaires issus de la reproduction sexuée) non expulsés au dehors qu'à l'aide de blastozoïdes (issus de bourgeonnement). Tous les individus se relient aussi à la membrane inférieure par un prolongement ectodermique, renfermant des fibres musculaires, qui leur permettent de se fixer, de se rétracter et de diminuer en même temps la cavité cloacale.
La tunique est mince, gélatineuse et transparente. Autour de certains orifices buccaux sont disposés des amas de cellules pigmentaires.
Les orifices inhalants peuvent se contracter en étoile à 6 branches, mais ces languettes ne sont pas visibles en plongée ou même sur photo.
Détermination des Didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés (Didemnidae), elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique sauf chez les Diplosoma. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. Effectivement, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rend ce critère insuffisant pour une bonne identification.
Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :
- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus*),
- le corps est divisé en deux parties : branchie d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- estomac sans diverticules hépatiques,
- pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen, voir le schéma dans la fiche Didemnum coriaceum).
Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).
Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :
- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).
Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.
Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :
- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette).
L’aspect gélatineux ou la finesse de la tunique (voile).
Diplosoma : du grec [soma] = corps, et [diplo] = double : corps divisé en deux régions,
listerianum : en référence à Martin Lister (1638-1712), zoologiste, physicien et botaniste anglais.
Numéro d'entrée WoRMS : 103579
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Diplosoma | ||
Espèce | listerianum |
Colonie en formation sur laminaire
Colonie en formation avec zoïdes visibles sur Laminaria sp.
Carantec, Ile verte, Baie de Morlaix Manche, 8 m
14/07/2005
Prédateur : Trivia spp.
C'est, en atlantique, sur les laminaires que se développe souvent Diplosoma listerianum. C'est là que l'on retrouvera ses prédateurs et en premier lieu, la petite porcelaine "grain de café" Trivia monacha (ici) ou une autre espèce proche Trivia artica.
Trébeurden (22)
19/08/2005
Sur laminaire et pigmenté de blanc
Cette colonie de Diplosoma listerianum a recouvert une partie de ce laminaire. Cette colonie est ici parsemée de zones blanches, ce n’est pas toujours le cas d’autres colonies. En Atlantique et en Manche, les algues et en particulier les laminaires sont un substrat de choix pour ces synascidies.
Carantec, baie de Morlaix, 8 m
07/2005
Fine granulation blanche
La fine granulation blanche est présente autour des petites ouvertures inhalantes, une grosse ouverture exhalante tubulaire et transparente est bien visible en bas. Le relief apparent de ce Diplosoma listerianum est dû au fait qu'il recouvre ici une grosse ascidie solitaire blanchâtre Ascidia mentula.
Plage du Kador, Crozon (29), 8 m
08/04/2007
Phanérogame marine gainée par D. listerianum
Une fois de plus, c'est sur un support souple que s'est développé ce Didemnidé transparent.
Etang d'Urbino, Corse, 1 m
26/08/2007
Voile gélatineux sur la vase
D. listerianum peut de développer sur les fonds vaseux, formant ainsi de petites plaques gélatineuses, inconsistantes comme ici dans une lagune du littoral corse.
Etang d'Urbino, Corse, 1 m
26/08/2007
Colonie rampante sur le fond
Ici aussi D. listerianum semblable à un voile évanescent s'est installé sur un substrat instable, une bioconstruction faite par de petits vers tubicoles.
Mer du Nord
2004
Zoïdes par transparences et granulation blanche
La tunique commune et les siphons cloacaux sont parsemés d'une fine granulation blanche.
Cette jeune colonie est fixée sur un laminaire.
Trébeurden (22)
18/08/2005
Variante ponctuée de noir
Sur une ascidie solitaire Styela plicata
Les zoïdes tachés de noir donnent un aspect général foncé à cette fine colonie sur laquelle on peut observer les traces d'un prédateur (ver plat ?) à gauche, ainsi que de nombreux siphons cloacaux communs en relief.
A noter que cette forme est décrite dans le Harant & Vernières 1933 sous le nom (non valide) de Diplosoma gelatinosum var. punctatum :
" Pigment présent dans l'ectoderme, à l'extrémité antérieure du sillon ventral; cormus en croûte mince et luisante; individus très visibles comme des points noirs à travers la tunique. Pierres et tunique des Ascidiidés. Manche, Granville, Roscoff, Ré, Arcachon, Méditerranée (çà et là)."
Le ponton, Thau (34), 5 m
16/04/2007
Petite colonie rampante à identifer
Ici ce didemnidé gélatineux et transparent est venu recouvrir la roche infra-littorale* à algues photophiles*. La tunique commune quasiment invisible laisse voir les zoïdes désordonnés et marqués ici de blanc. S'agit-il de Diplosoma listerianum ou de D. spongiforme?
PACA, Cap d'Antibes (06), 4 m
24/01/2010
Colonie gris clair et siphons exhalants transparents
La coloration grise de cette colonie est due à la pigmentation des zoïdes, la tunique restant parfaitement transparente ici. Notez les nombreux et petits siphons exhalants.
Île de Ré, 10 m
23/08/2007
Diplosoma spongiforme : une espèce très proche !
La forme transparente de l'autre espèce du genre Diplosoma en Europe, c.a.d. D. spongiforme illustrée sur cette photo, peut être très facilement confondue avec D. listerianum. Ici le substrat dur (Myriapora truncata) et la forme plus régulière des ouvertures buccales annelées nous incitent à attribuer cette jolie colonie transparente à D. spongiforme.
La Fourmigue, Antibes (06), 15 m
08/2007
En Guadeloupe (Caraïbes)
Diplosoma listerianum est bien présente dans les petites Antilles.
Port de Port-Louis, Guadeloupe, 1 m, de nuit
29/011/2009
Coupe schématique d'une colonie
Les individus sont fixés à la base de la colonie par un prolongement spécial (appendice fixateur).
Fig. 58. _ D. listeri. Coupe d'un cormus.
Ct, crampons d'attache situés sous la membrane inférieure ; Ca, cavité cloacale commune.
D'après Fernant LAHILLE, fig. 58, 1890
Reproduction de documents anciens
1890
Anatomie détaillée d'un zoïde
Fig. 66. _ D. listeri. Vu par la face ventrale ; les viscères sont recourbés contre le côté droit de la branchie ; Pe, prolongement ectodermique ; Am, appendice fixateur ; Mi, intestin moyen ; Pi, post-estomac ; Rs, réservoir séminal ; Fs, follicule testiculaire.
Taille du zoïde hors appendice fixateur : environ 1 mm.
D'après Fernant LAHILLE, fig. 66, 1890
Reproduction de documents anciens
1890
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Denis ADER
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable régional : Michel PEAN
Lafargue F., Wahl M., 1987, The didemnid ascidian fauna of France, Ann. Inst. océanogr., 63 (1), 1-46.
La page de Diplosoma listerianum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN