Dragonnet de sable

Diplogrammus infulatus | Smith, 1963

N° 4640

Mer Rouge et ouest de l’océan Indien

Clé d'identification

Corps fuselé légèrement aplati, taille maximale documentée 12 cm
Yeux proéminents placés sur la partie supérieure du crâne
Ouverture branchiale réduite à un pore extensible situé dorsalement
Repli de peau blanc avec des tirets noirs sous la médiane horizontale du corps
Premier rayon de la dorsale épineuse très long et porteur d’un filament chez les mâles

Noms

Autres noms communs français

Dragonnet vert

Noms communs internationaux

Sawspine dragonet, Indian Ocean fold dragonet, sand dragonet (GB), Saagstekel-drakie (Afrique du Sud)

Distribution géographique

Mer Rouge et ouest de l’océan Indien

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Cette espèce est présente en mer Rouge et dans l’ouest de l’océan Indien, des côtes d’Afrique de l’est aux Seychelles, à Madagascar et aux Mascareignes.

Biotope

Diplogrammus infulatus est une espèce benthique*. Son habitat typique est constitué par des fonds sableux ou sablo-détritiques*, avec ou sans champs d’algues, en lagon ou à proximité de récifs coralliens ou rocheux.
C’est un habitué des très petits fonds (on peut le trouver jusque dans des mares intertidales* à marée basse), qui peut être rencontré jusqu’à 20 m.

Description

Description sommaire : le corps est fuselé et légèrement aplati, de couleur gris pâle à jaunâtre parsemée de nombreuses taches claires et de taches foncées plus petites. On observe un repli de peau alternant des tirets noirs et blancs sous la médiane horizontale du corps. Les yeux sont placés sur le haut du crâne. Les parties épineuse et molle de la nageoire dorsale sont séparées, le premier rayon dur est nettement plus long que les autres. Les pelviennes, en forme de pale de pagaie, sont de grande taille. La caudale est longue, et arrondie quand elle est complètement déployée.

Description détaillée :
Le corps est fuselé et plus large que haut, ce qui le fait paraître légèrement aplati. Sa hauteur (mesurée à l’aplomb du premier rayon dur de la dorsale) entre environ 6,3 à 8,4 fois dans sa longueur standard (longueur sans la queue). La taille maximale documentée est de 12 cm. Cette espèce ne porte pas d’écailles.

La couleur de fond est un gris pâle plus ou moins jaunissant. Le dos est parsemé de taches blanc cassé à grisâtres de tailles, de formes et d’emplacements variables qui lui donnent un aspect pommelé. Entre ces taches se distribuent des taches gris foncé à noires plus petites. Les flancs sont généralement plus clairs et parsemés de nombreuses petites taches ou de tirets d’un bleu parfois très pâle, et de taches noires moins nombreuses. Une petite selle noire est souvent présente derrière la deuxième nageoire dorsale. Un repli de peau en forme de carène se trouve sous la médiane horizontale du corps, presque au bas du flanc. Il commence à l’aplomb du deuxième rayon de la dorsale molle et va jusqu’au pédoncule* caudal. Il est blanc avec des tirets noirs, ces tirets correspondant à une série de taches noires espacées qui le chevauchent. Certains individus présentent, sur la médiane horizontale, une autre série de taches noires parallèle aux taches présentes sur ce repli de peau, les deux séries n’étant pas symétriques. Le patron de couleur des femelles est similaire, mais plus terne.

La tête, vue de dessus, dessine un triangle à base large, dont le sommet est constitué par un long museau à extrémité arrondie. Les femelles ont un museau moins long et moins aplati que celui des mâles. Les mâles présentent un important renflement latéral du maxillaire*, dont la forme évoque celle d’une oreille humaine, qui apparaît nettement quand la bouche est ouverte.
La bouche aux lèvres charnues est petite et fortement protractile*. Elle se situe sous l’extrémité du museau, qui la surplombe comme un auvent quand elle est projetée vers le substrat*.
Les yeux sont de taille moyenne, de forme oblongue, globuleux, et placés sur la partie supérieure du crâne, ce qui les rend spectaculairement proéminents.
L’ouverture branchiale est réduite à un pore extensible situé dorsalement. Les deux pores, droit et gauche, sont bien visibles quand ils sont en pleine extension.
Un lambeau de peau libre est présent sur l’extrémité postérieure de l'opercule*. L’angle du préopercule* porte une longue épine dont la pointe est incurvée vers le haut ; elle est denticulée dans sa partie supérieure. La longueur de cette épine entre de 3 à 6 fois dans la longueur de la tête. Les mâles exhibent des lignes bleues au dessin ondulé et des tirets de même couleur sur le museau et les joues. Trois d’entre elles rayonnent de la partie inférieure de l’œil en direction de la bouche.

Les parties épineuse et molle de la nageoire dorsale sont séparées.
- Les quatre rayons de la partie épineuse sont fins et flexibles. Le premier, nettement plus long que les trois autres, est surmonté par un filament dont la longueur s’accroît avec l’âge chez les mâles. Chez les femelles, la dorsale épineuse est moins haute et commence plus loin de la nuque. Cette nageoire est décorée par des bandes obliques alternant le bleu pâle et le gris, auxquels se mêlent quelques taches brunes et blanches. La partie molle de la dorsale est haute et longue avec une extrémité postérieure dont la pointe, largement déjetée vers l’arrière, peut surplomber le début de la caudale. Elle est parcourue de bandes horizontales alternées bleues et grises sur lesquelles se distribuent sans ordre des taches brun foncé.
- L’anale est à peu près symétrique de la dorsale molle et presqu’aussi longue et haute qu’elle. Mais contrairement à celle-ci les membranes entre les pointes des rayons sont nettement échancrées. Elle est décorée de taches et tirets bleus, dont la densité augmente en progressant vers la partie postérieure de la nageoire.
- Les pectorales sont translucides avec des tirets bleus placés à intervalles réguliers sur les rayons. Elles sont liées par une membrane aux pelviennes.
- Les pelviennes sont largement séparées l'une de l'autre et sont spectaculairement développées (elles entrent 3,1 à 3,3 fois dans la longueur standard), leur forme évoque une pale de pagaie. Les membranes entre les pointes de leurs rayons sont échancrées. Elles présentent des couleurs et des taches similaires à celles du corps, l’ensemble étant couvert par une multitude de tirets d’un bleu plus ou moins pâle.
- La nageoire caudale est longue et arrondie quand elle est complètement déployée (ce qui est rare en dehors de la période de reproduction). Elle est légèrement moins longue chez les femelles que chez les mâles. Elle porte des taches brunes plus ou moins nombreuses chevauchant les rayons, et de très nombreux tirets horizontaux d’un bleu plus ou moins soutenu.

Espèces ressemblantes

Dans son aire de répartition (mer Rouge et ouest de l’océan Indien), Diplogrammus infulatus ne peut être confondu qu’avec les espèces de son genre endémiques de mer Rouge (D. gruveli, D. paucispinis et D. randalli) ou susceptibles d’être rencontrées sur la côte sud omanaise (D. pygmaeus).

  • Diplogrammus gruveli : sa petite taille devrait suffire à le différencier de D. infulatus. Aucune taille maximale n’a été fixée, mais les spécimens sur lesquels Smith (1963) et Fricke et al. (2014) ont travaillé mesuraient entre 4 et 6 cm. Une photo de haute résolution pourrait aussi montrer que sa ligne latérale* n’est pas branchue, contrairement à celle de D. infulatus (voir dans la section « Divers biologie »). Enfin, on ne le trouve que dans le canal et le golfe de Suez dans lesquels D. infulatus n’a pas encore été observé bien qu’il soit présent à l’entrée du golfe.
  • Diplogrammus paucispinis : là encore la taille maximale documentée (3,9 cm) devrait aider à éviter les confusions. En cas de rencontre avec un jeune D. infulatus, on pourra se reporter aux marques bleues présentes sur la tête et le corps des mâles (absentes chez D. paucispinis), et à la forme de la caudale, pointue dans les deux sexes pour D. paucispinis (alors qu’elle est arrondie chez D. infulatus).
  • Diplogrammus randalli : on ne trouve cette espèce que dans les golfes de Suez et d’Aqaba, qui dans l’état actuel des connaissances ne sont pas fréquentés par D. infulatus, mais cela pourrait évoluer. Auquel cas, les mâles peuvent être distingués de ceux de D. infulatus par l’absence de marques bleues sur la tête et le corps. La taille maximale documentée est de 7 cm.
  • Diplogrammus pygmaeus : la taille maximale documentée est de 3,7 cm, ce qui en fait la plus petite espèce du genre (d’où l’épithète spécifique choisie dans le nom scientifique). En cas de rencontre avec un très jeune D. infulatus : la tête de D. pygmaeus vue de dessus est proportionnellement très grosse et le corps est trapu.

Il est très difficile, voire dans certains cas impossible, de distinguer in situ ou d’après photo les femelles de ces espèces de celles de D. infulatus. Cette distinction requiert l’examen d’un spécimen en laboratoire (entre autres à partir de la morphologie de l’épine préoperculaire).

Alimentation

Les dragonnets se nourrissent de divers invertébrés benthiques*, comme des vers polychètes, des gastéropodes à coquille, des bivalves, des ophiures et, à l’occasion, de copépodes ou amphipodes présents sur les feuilles de phanérogames*.

Reproduction - Multiplication

Les comportements de reproduction n’ont pas été étudiés chez Diplogrammus infulatus à la date de parution de cette fiche (09/2021), à notre connaissance. Cependant, ils ne devraient pas être différents d’une structure générale observée chez de nombreuses espèces de la famille des Callionymidés. Ces points communs sont les suivants : organisation territoriale et harémique*, cour complexe incluant une livrée nuptiale, pontes par paires en pleine eau à la tombée de la nuit, larves* pélagiques* et adoption d’un mode de vie benthique* à l’issue de la phase pélagique.

Un combat rituel entre mâles a pu être observé à La Réunion. Les mâles rivaux se trouvaient à une quinzaine de centimètres d’une femelle immobile et en livrée ordinaire. Ils arboraient tous les deux une livrée nettement jaunissante, plus sombre en partie ventrale, avec de très nombreux ocelles* et tirets d’un bleu intense sur cette partie des flancs. Ils se tenaient côte à côte légèrement au-dessus du substrat, dans le même sens ou tête-bêche, la gueule ouverte mais sans chercher à se mordre. Toutes les nageoires étaient déployées au maximum de leurs possibilités. Au bout d’une quinzaine de minutes, le mâle s’estimant vaincu retrouvait son patron de couleur ordinaire et s’ensablait sur place, probablement en signe de soumission.

Divers biologie

La ligne latérale* porte de courtes branches évoquant des épines placées alternativement sur et sous la ligne proprement dite, les branches de la partie supérieure étant les plus longues. Cette caractéristique justifiait selon Smith, le descripteur, la création d’un sous-genre pour cette espèce (Climacogrammus), qui n’a pas été retenu par la postérité.
D’autres genres de la famille des Callionymidés présentent une ligne latérale branchue (par exemple Draculo ou Paracallionymus) mais chacune de ces lignes a un dessin particulier selon le genre. Chez Diplogrammus infulatus, la ligne part de l’œil, descend derrière les opercules, puis remonte vers le début de la seconde dorsale, la longe et redescend pour finir en ligne droite sur l’axe médian du corps dans son dernier tiers, en se prolongeant jusqu’à la base du quatrième rayon branchu de la caudale. Les lignes latérales droite et gauche sont connectées par une commissure entre les yeux et sur la partie dorsale du pédoncule* caudal. L’espèce étant sans écailles, ces lignes latérales sont constituées de pores*.

Les espèces de la famille des Callionymidés n’ont pas de vessie* natatoire, mais elles peuvent parcourir de petites distances en « planant » au-dessus du substrat, leurs grandes nageoires pelviennes déployées.

Le patron de couleur de l’espèce renvoie à une stratégie de camouflage*. Il rend les individus difficilement repérables sur leurs fonds électifs (sableux ou sablo-détritiques*).

La première nageoire dorsale de D. infulatus comprend 4 rayons durs fins et flexibles, la seconde 8 rayons mous, le dernier étant dédoublé à sa base. L’anale comprend 7 rayons mous, le dernier se dédoublant à sa base. La nageoire pectorale comprend de 18 à 20 rayons. Les pelviennes comprennent 1 rayon dur et 5 rayons mous fortement ramifiés. La caudale comprend 12 à 13 rayons.

Informations complémentaires

La taille maximale documentée pour Diplogrammus infulatus fait de lui la plus grande espèce de son genre. La seconde place est occupée par D. goramensis (océan Pacifique) avec 10 cm, les six autres espèces du genre étant comprises entre 3,7 et 7 cm.

L’espèce est considérée comme rare.

Origine des noms

Origine du nom français

Dragonnet : le premier dragonnet fut décrit en 1554 par Rondelet sous le nom de « Dracunculus », diminutif du nom latin « draco », qui signifie dragon, serpent fabuleux. « Dracunculus » se traduit donc par « petit dragon », autrement dit « dragonnet ». Ce premier nom scientifique a probablement été choisi à cause de l’aspect de ces poissons quand toutes leurs nageoires sont déployées, notamment les deux dorsales et les larges pelviennes. Tous les poissons des familles des Callionymidés et des Draconettidés sont communément appelés des dragonnets.

de sable : cette précision décrit le biotope usuel de cette espèce benthique*.

Origine du nom scientifique

Diplogrammus : le genre a été créé par Gill en 1865 (On a new family type of fishes related to the blennioids, Annals of the Lyceum of Natural History of New York, vol. 8, p. 143) pour distinguer, au sein du genre Callionymus tel qu’il était constitué à l’époque, les espèces qu’on croyait dotées de deux lignes latérales par flanc des espèces n’en présentant qu’une.
Ce nom de genre est composé par les mots grecs [diplóos], qui signifie « double », et [gramma], qui signifie « signe, écrit, marque gravée, etc. », en référence à ces supposées lignes latérales doubles (la seconde est en fait un repli de peau qui se trouve sous la médiane horizontale du corps).
Le genre contient actuellement huit espèces acceptées. L’espèce-type* est Diplogrammus goramensis, décrit par Bleeker en 1858 sous le nom de Callionymus goramensis.

infulatus : cet adjectif latin est formé à partir du nom [infula], qui signifie « bande, ruban, bandelette ».
L'ichthyologiste sud-africain James L.B. Smith (1897-1968) décrit l’espèce en 1963 dans Fishes of the families Draconettidae and Callionymidae from the Red Sea and the western Indian Ocean, Ichthyological Bulletin, Department of Ichthyology, Rhodes University, No. 28 (pp. 550-551). Le descripteur ne précise pas la raison du choix de ce mot, mais on peut supposer qu’il fait allusion au long filament porté par le premier rayon de la dorsale épineuse chez les mâles.
La localité du type* est l’île d’Inhaca, située au large de Maputo, capitale du Mozambique.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 219777

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Famille Callionymidae Callionymidés
Genre Diplogrammus
Espèce infulatus

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