Animal minuscule (moins de 3 mm)
Corps allongé de couleur brun sombre
3 paires de pattes de couleur brun-jaunâtre
Une paire d’antennes, dont la base est également de couleur brun-jaunâtre
Elytres ne couvrant que très partiellement l’abdomen
Grosse tête
Pièces buccales très saillantes
Pour Diglotta mersa (Haliday, 1837) :
Diglossa submarina Fairmaire & Laboulbène, 1856
Diglotta crassa (Mulsant & Rey, 1870)
Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest, Manche et Mer du Nord, Méditerranée occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises)Diglotta mersa fréquente les côtes de l’Atlantique Nord-Est, depuis l’Algérie jusqu’au Danemark, et de la Méditerranée (Italie, Albanie). Diglotta mersa a récemment été identifiée sur les côtes canadiennes (Québec), où elle semble avoir été introduite.
Diglotta sinuaticollis est davantage septentrionale et fréquente les côtes du nord de la France, de la Belgique et des Pays-Bas, de l’Irlande, de l’Angleterre.
Les Diglotta intertidaux* se rencontrent habituellement sur les fonds sableux bien aérés, médiolittoraux* et supralittoraux*, et les marais salés. Ils fréquentent également les substrats* rocheux ou les blocs rocheux. Ces espèces sont rarement abondantes mais il arrive de les rencontrer localement en grand nombre, à l'embouchure de la Somme par exemple.
Les Diglotta sont des petits coléoptères qui présentent l’allure générale de celle des staphylinidés : corps très allongé, trois paires de pattes, élytres* courts laissant une large part de l’abdomen* découvert.
Les Diglotta de nos côtes ont un corps brun très foncé, presque noir, plutôt mat.
La base des antennes et des pattes présente une couleur plus claire tirant sur le brun jaunâtre.
Les Diglotta se distinguent des autres espèces de staphylins par leur grosse tête, plus large que le pronotum*, et par les pièces buccales largement saillantes, en forme de bec. Les élytres ne sont pas plus longs que le pronotum. L’abdomen est plus large au niveau du cinquième tergite*.
La littérature mentionne le fait que ces espèces peuvent présenter un polymorphisme*, certains individus ayant des élytres, et des ailes, beaucoup plus longs qui leur permettent de voler. Les individus à élytres longs appartenant à l’espèce Diglotta mersa étaient auparavant désignés sous le nom Diglotta submarina.
La longueur du corps, hors antennes, ne dépasse pas 2,5 mm.
Deux espèces de Diglotta peuvent être rencontrées sur nos côtes de métropole : Diglotta mersa et Diglotta sinuaticollis. Ces deux espèces fréquenteraient les mêmes biotopes*, mais la littérature indique également que Diglotta mersa serait plutôt rencontrée sur les marais salés et Diglotta sinuaticollis sur les espaces sableux médiolittoraux*. Si les spécialistes peuvent arriver à distinguer les deux espèces sur la base de critères morphologiques externes (rapport longueur/largeur du pronotum*, longueur des élytres* et orientation de leur pilosité), une détermination fiable passe par la dissection et l’observation des genitalia des mâles (édéage - organe reproducteur d'intromission- = pénis ou phallus).
Il y aurait une cinquantaine d’espèces de staphylinidés plus ou moins inféodés à l’estran*, la plupart d’entre elles étant plutôt liées aux substrats* meubles et aux laisses* de mer. Ces espèces se ressemblent beaucoup et leur détermination est une affaire de spécialiste. La plus grande prudence reste donc de mise quand on prospecte ce type d’habitat.
En milieu rocheux intertidal*, le risque de confusion le plus élevé est celui portant sur Micralymma marinum, espèce qui se rencontre généralement plus bas sur l’estran (au niveau de la zone à Fucus spiralis et Fucus vesiculosus). Cette espèce présente des élytres très courts. Les pattes et les antennes sont entièrement noires.
Les Diglotta, comme tous les staphylinidés, sont des prédateurs. La littérature ne détaille pas leur nourriture, mais les proies potentielles sont abondantes dans la zone où sont rencontrées ces espèces, en particulier sous les blocs rocheux (collemboles comme Anurida maritima, larves de diptères, etc.).
Les coléoptères ont des sexes séparés. La fécondation est interne.
Il n’existe pas d’information spécifique sur la reproduction des Diglotta dans la littérature.
Lorsqu’elles vivent sur les substrats* meubles, ces espèces creusent de petits terriers dans lesquels elles s’abritent.
Les staphylinidés sont essentiellement des coléoptères terrestres – ils constituent la plus grande famille animale connue à ce jour - et moins de 1% des staphylinidés sont inféodés à l’estran* (tous les staphylinidés rencontrés par ailleurs sur l’estran ne sont pas nécessairement inféodés à ce biotope*). Les études montrent que les staphylinidés littoraux sont polyphylétiques*, ce qui n’est pas en soi une surprise, et que les côtes pacifiques constituent un foyer majeur pour l’émergence d’espèces littorales. Ainsi, les côtes de l’océan Pacifique comptent la moitié des espèces de Staphylinidés littoraux.
Des études phylogénétiques* récentes ont montré que la sous-famille des Aleocharinés, à laquelle appartiennent les Diglotta, était monophylétique* malgré l’abondance d’espèces la constituant.
Diglotte : francisation du nom scientifique
Diglotta : du grec [dis] = deux et de [glossa] = langue, soit à deux langues par allusion à la langue fourchue de ce coléoptère. Le nom de genre était au départ Diglossa, mais ce nom de genre était déjà attribué à des oiseaux. Le nom de genre a été donné par l'entomologiste britannique Georges Charles Champion (1851-1927).
mersa : du latin [mersa] = plonger (dans l'eau)
submarina : le nom d’espèce submarina provient du latin éponyme, signifiant sous-marin, en référence directe au fait que cette espèce peut survivre sous la surface.
crassa : du latin [crassa] = gros, épais
sinuaticollis : du latin [sinuat-] = courbure, cavité et du latin [coll-] = cou.
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Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Super classe | Allotriocarida | Allotriocarides | |
Classe | Hexapoda | Hexapodes | Six pattes |
Sous-classe | Insecta | Insectes | |
Ordre | Coleoptera | Coléoptères | Insectes aux pièces buccales masticatrices dont la première paire d'ailes est transformée en élytres, cornées et rigides, servant de protection à la deuxième paire, membraneuse, elle seule permettant le vol. |
Famille | Staphylinidae | ||
Sous-famille | Aleocharinae | Aleocharinés | |
Genre | Diglotta | ||
Espèce | spp. |
Un petit staphylin sur l'estran
Un individu trouvé sous un bloc rocheux. Ne pas se fier au substrat d’arrière-plan, qui ne correspond pas à son biotope. L’animal s’était déplacé avant la photo lorsque le bloc sous lequel il vivait a été retourné. Son biotope réel est beaucoup plus humide.
Macrophotographie rapport 1:1 recadrée
Estran, Pointe de la Rognouse, Binic (22)
01/08/2022
Un individu dans son biotope
Les Diglotta sont caractérisés par une grosse tête et des petits élytres. La couleur générale du corps est brun foncé. Compte tenu du ratio longueur/largeur du pronotum (pronotum plus large que long) et de l’orientation de la pilosité visible à l’apex des élytres, il pourrait s’agir ici de Diglotta sinuaticollis.
Macrophotographie rapport 1 :1
Estran, Pointe de la Rognouse, Binic (22)
01/08/2022
Autre vue d’un individu
Autre vue d’un individu, pouvant également appartenir à l’espèce Diglotta sinuaticollis, observé cette fois dans une anfractuosité de la roche.
On devine sur cette photo les pièces buccales largement protrudées.
Macrophotographie rapport 1 :1
Estran, Pointe de la Rognouse, Binic (22)
16/07/2022
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Pierre NOËL
Responsable régional : Yves MÜLLER
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La page de Diglotta mersa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Diglotta sinuaticollis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN