Couleur d'un noir intense pointillé de blanc
Surface lisse et molle
Colonie charnue de petite taille (1 à 3 cm)
Leptoclinum protectum Daumézon, 1908
Méditerranée occidentale Nord et Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]En Méditerranée occidentale Nord, avec certitude, cette espèce est présente sur le littoral français et en Atlantique Nord-Est, c'est à Arcachon qu'elle a été identifiée.
En Méditerranée française, la littérature signale sa présence sur les coquilles des gastéropodes, sur des Cystoseira (Banyuls) et les fonds coralligènes (Marseille), mais c'est principalement sur les feuilles de posidonie que nous l'avons observée en plongée.
A Arcachon, Didemnum protectum est observé par petits fonds sur les piliers en bois.
La tunique commune (cormus*) de Didemnum protectum est d'un noir intense, pointillée de blanc et très molle au toucher. Les colonies de 1 à 3 centimètres de diamètre, charnues, épaisses, forment des masses sphéroïdales.
Les siphons exhalants peu nombreux, circulaires, sont plus ou moins bordés de blanc (amas de spicules). Les petits siphons inhalants (buccaux) sont régulièrement répartis à la surface de la tunique commune mais relativement espacés les uns des autres, leurs 6 languettes maculées de blanc les rendent bien visibles.
Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidés sont extrêmement difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches traitant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".
Trididemnum cereum (Giard, 1872) est très proche visuellement, seule la couleur souvent plus claire peut faire la différence. Même à l'observation microscopique, la ressemblance des deux espèces est flagrante.
La confusion avec certaines éponges, due aux orifices exhalants, est aussi possible.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension jusqu’aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les ascidies génèrent un courant d’eau (rentrant par les orifices inhalants individuels) pour capturer les particules en suspension. Les particules digérées et les déchets sortent ensuite par le siphon exhalant.
La reproduction peut être asexuée et sexuée.
Reproduction asexuée : formation et extension de la colonie par bourgeonnement* à partir de l’individu souche.
Reproduction sexuée : les représentants de la famille des Didemnidés sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
Les gonades* se trouvent dans le post-abdomen où a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire amène à la différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve* nageuse ressemblant à un têtard. Ces larves nageuses sont libérées dans le milieu par le siphon cloacal des zoïdes. La vie pélagique* est très courte et les larves se fixent au substrat par des papilles adhésives. A partir de là commence la métamorphose* qui donnera un individu adulte.
Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidés sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidés (Notodelphyidae), comme par exemple Anoplodelphys incerta Lafargue & Laubier, 1978.
Description microscopique de Didemnum protectum :
Les branchies sont suspendues librement entre les deux lames formant la tunique commune. La lame basale qui fixe la colonie au substrat ainsi que celle visible extérieurement sont chargées de spicules. Très éloignées l'une de l'autre, ces deux lames laissent un vaste espace où l'eau peut facilement circuler, facilitant les échanges gazeux (respiration) et l'alimentation (filtration de particules alimentaires).
Les spicules sont étoilés avec moins de 15 rayons, leur distribution dans la tunique est dense et régulière.
Les organes spiculogéniques (responsables de la fabrication des spicules), situés entre la troisième et la quatrième rangée de stigmates*, sont surmontés d'un tube et sont en position verticale.
Détermination des didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés (Didemnidae), elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. En effet, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rend ce critère insuffisant pour une bonne identification.
Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :
- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus*),
- le corps est divisé en deux parties : branchie d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- estomac sans diverticules hépatiques,
- pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen, voir le schéma dans la fiche Didemnum coriaceum).
Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).
Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :
- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).
Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.
Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :
- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette).
Didemne charnu et noir est une proposition du site DORIS.
Didemnum : [di-] = deux et [demnion] = matelas, lit, ici dans le sens de "logette". En effet, dans le premier de ses "Mémoires sur les animaux sans Vertèbres", Savigny, le créateur de ce nom, décrit ainsi le genre Didemnum : "Polype occupant deux loges, abdomen pédiculé", par opposition au genre Aplidium : "Polype occupant une seule loge, abdomen et ovaire sessiles".
protectum : du latin = toit, avant-toit. Sans doute en rapport avec le fort éloignement des deux lames (basale et extérieure) formant la colonie et ménageant un large espace intérieur.
Numéro d'entrée WoRMS : 103574
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Didemnum | ||
Espèce | protectum |
Didemnidé noir et charnu
Le cormus* charnu, de quelques centimètres de diamètre et d'un noir intense, pointillé de blanc, caractérise ce didemnidé.
Remarque :
Particulièrement pour cette espèce non illustrée par ailleurs, le doute est permis sur l'identification des photos proposées sur cette fiche. Néanmoins, l'étude détaillée des autres espèces de didemnidés nous permet raisonnablement de penser que c'est l'identification la plus probable.
Au large de l'îlot de l'Aragnon, Côte Bleue (13), 21 m
24/08/2008
Dans les posidonies
Si la littérature, traitant de cette espèce peu décrite, précise sa présence sur les coquilles des gastéropodes, c'est principalement sur les feuilles de posidonie que nous l'avons observée en plongée.
Au large de l'îlot de l'Aragnon, Côte Bleue (13), 21 m
24/08/2008
Taches blanches irrégulières
Recadrage de la photo précédente.
Tombant de la Tradelière, Antibes (06)
13/08/2007
Colonie contractée
Adhérant fortement à une feuille de posidonie, cette colonie est ici contractée.
PACA, Cap d'Antibes (06), 14 m
07/11/2009
Expansion et colonies filles
Sur ces deux colonies contractées les siphons buccaux ne forment plus qu'un point blanc, les siphons exhalants sont pincés et ici bordés de blanc.
PACA, Cap d'Antibes (06), 14 m
07/11/2009
Sous une pierre
Les petits siphons buccaux sont régulièrement répartis à la surface de la tunique commune de façon relativement espacés les uns des autres, leurs 6 languettes maculées de blanc les rendent bien visibles. Au centre, notez un discret siphon cloacal commun.
Anthéor (83), 3 m
16/06/2015
Prolifération sur des feuilles de posidonie
(voir la photo suivante de la même colonie pour les commentaires et la confusion possible avec Didemnum coriaceum).
Tour d'Olmeto, Monacia-d'Aullène, Corse Sud-Ouest (20), 10 m
22/09/2010
Identification souvent difficile
Cette colonie est très molle, contrairement à Didemnum coriaceum auquel elle ressemble fort ici, mais qui est rugueux, presque dur au toucher.
Tour d'Olmeto, Monacia-d'Aullène, Corse Sud-Ouest (20), 10 m
22/09/2010
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Frédéric BAUS
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Lafargue F., Wahl M., 1987, The didemnid ascidian fauna of France, Ann. Inst. océanogr., 63 (1), 1-46.