AUCUN de façon fiable in situ
Ascidie coloniale encroûtante
Avec ou sans denticule à la surface
Couleur très variable ; violet, blanc, noir, marron, beige, rose, etc.
Texture de cuir au toucher parfois rugueux
Didemne bariolé, didemne (ou Didemnum) dentelé (pour la variété dentata)
Leptoclinum maculosum Milne Edwards, 1841
Didemnum asperum (Milne-Edwards, 1841)
Leptoclinum durum Milne-Edwards, 1841
Leptoclinum tridentatum Von Draschte, 1883
Didemnum helgolandicum Michaelsen, 1921
Didemnum candidum Carlisle, 1954
Méditerranée, Atlantique Nord-Est et Manche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]On observe cette ascidie encroûtante sur tout le littoral français de la mer du Nord à la Méditerranée en passant par la Manche et l'Atlantique Nord-Est.
Didemnum maculosum est l'espèce de la famille des Didemnidés la plus commune et la plus répandue dans les eaux de l'Atlantique Nord-Est et, à un degré moindre, dans les eaux méditerranéennes.
Espèce particulièrement ubiquiste* (présente en tous lieux), Didemnum maculosum est très abondant sur les fonds durs et au pied des algues ou des phanérogames subaquatiques. Il est observé sur tous types de substrats* : roche, vieilles colonies de bryozoaires, feuilles de posidonie, cystoseires, Microcosmus spp., gorgones, etc. Il est présent à la surface (découvert à marée basse) et dans les zones infralittorale* et circalittorale* (collecté à 120-150 m dans le canyon de la Cassidaigne, près de Marseille).
Cette ascidie, ou plus précisément le "complexe Didemnum maculosum", est sans doute la plus difficile à décrire tant elle varie en taille, en aspect de surface et en couleur.
Les colonies peuvent être nombreuses et très petites (quelques mm de diamètre), ou en réseaux diffus ou encroûter largement leur support.
La couleur des colonies est très variable, violette, blanche, noire, marron, beige, rose, etc.
La tunique* est le plus souvent fortement calcifiée du fait de la grande densité des spicules* chez cette espèce, mais ici aussi, ce n'est pas systématique car certaines colonies à la texture molle ont une faible densité de spicules calcaires. Cette densité, si elle est élevée, donne une consistance de cuir à la surface de la colonie et un aspect rugueux, presque cassant, au toucher.
La surface peut être lisse (dans ce cas, l'identification est quasi impossible sur photo) ou, plus classiquement, régulièrement parsemée d'aspérités bien visibles : les denticules*. Ceux-ci ne se présentent pas toujours sous la même forme selon les colonies : une, deux ou trois languettes de certains siphons branchiaux hypertrophiés les constituent. Cette forme varie parfois au sein d'une même colonie.
Parmi ces formes dentelées, l'une d'elle, nommée Didemnum maculosum variété dentata, est plus facile à reconnaître sous l'eau ou sur photo grâce à ses trois denticules caractéristiques. Elle se présente comme un ensemble de petites unités systémiques (quelques dizaines de zoïdes* autour d'un petit nombre de siphons exhalants) de 5 à 20 mm de diamètre et de couleur blanc crayeux pour l'ensemble du cormus* ou pour la périphérie, le centre de chaque petite unité étant parfois plus sombre.
Chez Didemnum maculosum, les zoïdes se répartissent sur toute la surface. Il n'y a pas ou peu de zone sans zoïdes contrairement à l'espèce ressemblante Didemnum coriaceum.
Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidés sont très difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches traitant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".
Didemnum coriaceum, en particulier dans ses formes bicolores, peut très fortement ressembler à Didemnum maculosum. Seule l'observation des larves* permet de différencier de façon catégorique les deux espèces. Contrairement à Didemnum maculosum, la répartition des zoïdes à la surface du cormus n'est pas régulière, certaines zones en sont dépourvues.
Lissoclinum perforatum, aux gros trous noirs, peut aussi facilement être confondu avec les formes lisses de Didemnum maculosum.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension jusqu’aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les zoïdes génèrent chacun un courant d’eau entrant par les orifices inhalants individuels et le filtrent pour en capturer les particules en suspension. Les déchets sont ensuite évacués par le siphon exhalant de chaque zoïde dans un cloaque* commun à plusieurs d'entre eux. Ces cloaques, via un réseau de veines, débouchent à leur tour à la surface de la colonie par une large ouverture.
La reproduction peut être asexuée et sexuée.
Reproduction asexuée : formation et extension de la colonie par bourgeonnement* à partir de l’individu souche.
Reproduction sexuée : les représentants de la famille des Didemnidés sont hermaphrodites*. La fécondation est interne et le développement indirect. Les gonades* se trouvent dans le post-abdomen où a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire commence après la formation des œufs où se passe la différenciation des organes internes de la chorde* et de la queue pour former une larve* nageuse semblable à un têtard. Les larves sont libérées dans le milieu par le siphon atrial* des zoïdes. Leur vie pélagique* est très courte et elles se fixent au substrat* par des papilles adhésives situées sur la tête. A partir de là commence la métamorphose* qui donnera un individu adulte.
Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidés sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidés. Didemnum maculosum est parasité par deux espèces du genre Anoplodelphys, soit l'une soit l'autre de ces deux espèces, jamais les deux en même temps. Ceci semble prouver l'existence de plusieurs espèces dans le complexe "Didemnum maculosum". Effectivement un genre de copépodes parasites donné n'est associé, le plus souvent, qu'à une seule espèce de Didemnidés.
Description microscopique de Didemnum maculosum :
Les spicules sont étoilés avec plus de 15 rayons. Leur distribution dans la tunique est très dense, excepté chez les spécimens mous.
Les organes spiculogéniques (responsables de la fabrication des spicules), situés entre la troisième et la quatrième rangées de stigmates*, sont surmontés d'un tube en position verticale. Remarquons que la position horizontale des organes spiculogéniques est spécifique de Didemnum coriaceum. Chez toutes les autres espèces de Didemnum, ces organes sont, comme chez Didemnum maculosum, en position verticale.
Détermination des Didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés, elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. En effet, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rendent ce critère insuffisant pour une bonne identification.
Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :
- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus*),
- le corps est divisé en deux parties : branchie* d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- l'estomac est sans diverticules hépatiques,
- il n'y a pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen, voir le schéma dans la fiche Didemnum coriaceum).
Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte* courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).
Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :
- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).
Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.
Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :
- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette).
Didemne variable est une proposition du site DORIS.
Didemne bariolé est aussi une proposition du site DORIS et une des traductions possible du nom scientifique.
Didemnum : [di-] = deux et [demnion] = matelas, lit, ici dans le sens de "logette". En effet, dans le premier de ses "Mémoires sur les animaux sans Vertèbres", Savigny, le créateur de ce nom, décrit ainsi le genre Didemnum : "Polype occupant deux loges, abdomen pédiculé", par opposition au genre Aplidium : "Polype occupant une seule loge, abdomen et ovaire sessiles".
maculosum : du latin [maculatus] = tacheté, bariolé.
Numéro d'entrée WoRMS : 103570
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Didemnum | ||
Espèce | maculosum |
Didemidé polymorphe, polychrome et multi-taille...
Didemnum maculosum est une ascidie coloniale encroûtante à la forme, à la taille, à la couleur et à l'aspect très variables ! Il s'agit néanmoins d'une espèce très courante, si ce n'est la plus courante, sur notre littoral français métropolitain.
Côtes françaises méditerranéennes et atlantiques
N/A
Forme violette sur les gorgones
Cette forme envahissante est un classique sur les gorgones en Méditerranée.
Lipari, Sicile, 40 m
08/2020
Forme blanche et tri-dentelée (Méditerranée)
Didemnum maculosum variété dentata est la forme la plus facile à reconnaître dans le complexe "Didemnum maculosum". Cette forme se caractérise par sa couleur blanc crayeux et la présence de nombreuses aspérités, les denticules, à proximité des ouvertures orales. Les colonies de cette forme dentelée sont de petite taille.
Rade de Villefranche sur Mer (06)
29/04/2007
Forme blanche et tri-dentelée (Méditerranée)
Le centre des petites colonies de la forme dentelée (Didemnum maculosum variété dentata) est parfois plus foncé que la périphérie de couleur blanche. Et c'est à la périphérie de ces petites colonies de quelques millimètres de diamètre que vous pouvez observer les trois petits denticules bordant les siphons inhalants.
Côte Vermeille (66)
N/A
Forme blanche dentée
La lutte pour l'espace est rude sur ce qui doit être un axe de gorgone morte : Didemnum maculosum est ici en concurrence avec des hydraires, des éponges, des algues rouges et des bryozoaires.
Balise, La Ciotat (13), 25 m
12/09/2010
Forme blanche et dentelée, très petites colonies
Autour de ce calliostome Calliostoma zizyphinum, les petites colonies de Didemnum maculosum ne mesurent pas plus de quelques millimètres.
Aber-Benoît, Finistère (29), 10 m
05/07/2005
Forme blanche et tri-dentelée (Manche)
Parmi les algues rouges, la couleur blanche de ces petites colonies contrastent avec leur support. A la périphérie, vous pouvez observer les trois petits denticules bordant les siphons inhalants.
Milau, Trébeurden (22), Bretagne nord, 12 m
07/08/2006
Forme jaunâtre à gros denticules
Cette ascidie coloniale s'est developpée au pied de l'algue en boule Codium bursa. De discrets siphons cloacaux communs sont plus ou moins régulièrement espacés le long de la colonie.
Grand Mornas, Côte Bleue (13), 10 m
26/03/2011
Forme beige clair et dentelée (Méditerranée)
Didemnum maculosum est fréquent au pied de l'herbier à posidonie, sur les écailles mortes présentes au-dessous des faisceaux de feuilles vertes rubanées.
La sèche de Guenaud, Les Embiez (83), 15 m
22/08/2008
Forme grise, violacée à fortes aspérités (macro)
Tiboulen de Maire, Marseille (13), 20 m
26/05/2007
Forme grise, violacée, en épibionte
Didemnum maculosum se dispute l'espace avec l'alcyon encroûtant et divers bryozoaires sur cet axe de gorgone morte.
Tiboulen de Maire, Marseille (13), 20 m
26/05/2007
Forme grise tachée de noir et dentelée (Méditerranée)
Sur ce spécimen méditerranéen bien gonflé, les siphons exhalants communs, ici bordés de noir, sont largement ouverts et facilement observables.
La Ciotat (13), 28 m
10/07/2011
Forme teintée de noir et dentelée
Didemnum maculosum peut arborer une teinte très foncée, quasiment noire.
La Revellata, Corse (2B), 20 m
20/10/2008
Forme jaunâtre à la surface "épineuse" (Méditerranée)
Les petits tubes en haut et à gauche du didemnidé appartiennent au bryozoaire Nolella stipata. Ils n'ont pas de rapport avec les aspérités de la surface de l'ascidie.
PACA, Cap d'Antibes (06), 14 m
24/01/2010
Forme marron violacé et dentelée (Bretagne nord)
Il y a une très forte ressemblance, pour cette colonie, avec Didemnum coriaceum. La présence des denticules aidera à faire la différence entre les deux espèces.
Milau, Trébeurden, Bretagne nord (22), 12 m
07/08/2006
Forme lisse et blanche non identifiable sur photo
Les formes lisses et blanches de Didemnum maculosum sont impossibles à identifier sur photo ou in situ. Cette photo à visée pédagogique doit être comprise comme "pouvant ressembler à la forme blanche et lisse de D. maculosum".
Pointe de la Croix, Port Cros (83), 16 m
03/06/2006
Forme grise, étendue (Bretagne)
La surface rugueuse, caractéristique de Didemnum maculosum, et la répartition des zoïdes sur toute la surface plaident en la faveur de cette espèce plutôt que pour l'espèce très ressemblante Didemnum coriaceum.
Carantec (29), 12 m
22/05/2010
Forme grise veinée de noir sur l'estran normand
Contractées à marée basse, les colonies sont fines, coriaces et rugueuses.
Agon Coutainville, Manche Ouest (50), en partie basse de l'estran
12/08/2010
Répartition régulière des zoïdes à la surface
Notez la présence des individus (siphons buccaux ici refermés à marée basse) sur les zones sinueuses foncées mais également sur les zones claires.
Agon Coutainville, Manche Ouest (50), en partie basse de l'estran
12/08/2010
Croûte grise très rugueuse et coriace
Ce didemnidé encroûte ici le pied d'un rameau de posidonie. Sa consistance très dure, cassante (voir en haut de l'image) peut le faire confondre avec une algue calcaire ou un bryozoaire. Au toucher, ces formes grises et très calcifiées sont rugueuses.
PACA, Cannes (06)
01/11/2009
Petites colonies aux formes variées et Lissoclinum perforatum
Au pied des laminaires, sur et sous les crampons, plusieurs petites ascidies coloniales ont élu domicile. L'espèce la plus reconnaissable est le botrylle étoilé ici de couleur jaune. A côté, plusieurs petites colonies blanches, grises à violacées, hérissées ou non de petits denticules, se côtoient. L'une d'elles, aux gros trous noirs à gauche, pourrait être un Lissoclinum perforatum, les autres sans doute des Didemnum maculosum.
Dialed Nord, Trébeurden (22)
16/08/2005
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvie DIDIERLAURENT
Vérificateur : Wilfried BAY-NOUAILHAT
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Lafargue F., Wahl M., 1987, The didemnid ascidian fauna of France, Ann. Inst. Océanogr., 63(1), 1-46.
La page de Didemnum maculosum dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.