Organisation zoïdale en amas bien visibles
Surface lisse ou parsemée d'aspérités
Consistance de cuir
Couleur variable : blanche, grise, violacée, et marquée de jaune, orange, marron
Parfois de très gros siphons exhalants (colonies charnues)
Leptoclinum coriaceum Von Drasche, 1883
Didemnum helgolandicum Carlisle, 1954
Didemnum candidum Savigny, 1816 correspond à la variété blanche de D. coriaceum.
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-PacifiqueEspèce cosmopolite et particulièrement ubiquiste* (présente en tous lieux), on l'observe sur tout le littoral français de la mer du Nord à la Méditerranée en passant par la Manche et l'Atlantique Nord-Est. Présence avérée dans le canal du Mozambique.
Didemnum coriaceum est très abondant sur les fonds durs et au pied des algues. Il est présent dans les zones infralittorale et circalittorale et ceci sur tous types de substrats (roche, feuilles de posidonie, cystoseires, Microcosmus sp., gorgones, etc).
Didemnum coriaceum est une espèce qui forme de belles colonies encroûtantes plus ou moins massives de quelques centimètres à quelques décimètres de long. Les tissus sont particulièrement calcifiées (forte densité de spicules calcaires) ce qui donne une consistance de cuir à la colonie. La surface est lisse ou marquée d'aspérités.
La couleur de cette espèce est particulièrement variable : blanche, grise ou violette, uniformément colorée ou tachée de jaune, orange, violet ou marron.
Chez D. coriaceum, les zoïdes* sont organisés en amas sinueux bien visibles, dessinant des lignes fusionnées ou non. Ils laissent libres des îlots sans zoïdes dont la taille et la répartition sont relativement uniformes sur la surface de la colonie. Les lignes formées par les amas de zoïdes (noirâtres, marron, violacés ou blancs bordés de violet,..) et les zones "nues" (blanches, grises, jaunes, orange,...) sont souvent de couleurs différentes.
Les quelques orifices exhalants communs sont bien visibles, ronds, légèrement surélevés et parfois tachés de petites lignes radiantes blanches irrégulièrement réparties et correspondant aux languettes cloacales des zoïdes proches. Chez certaines colonies massives et charnues, ces orifices exhalants peuvent être particulièrement gros et faire penser aux oscules de certaines éponges.
Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidéssont très difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches traitant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".
Didemnum maculosum, en particulier dans ses formes bicolores, peut beaucoup ressembler à D. coriaceum. Seule l'observation des larves permet de différencier de façon catégorique les deux espèces.
Néanmoins, D. coriaceum fait partie des rares espèces relativement identifiables sur photo (ou sous l'eau), en premier lieu grâce à son organisation zoïdale* typique et bien visible.
La confusion avec certaines éponges, due aux gros orifices exhalants des grosses colonies, est aussi possible.
Ces animaux sont des filtreurs* microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension jusqu'aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les ascidies génèrent un courant d'eau (rentrant par les orifices inhalants individuels) pour capturer les particules en suspension. Les particules digérées et les déchets sortent ensuite par le siphon exhalant.
Les larves* de Didemnum coriaceum ont été observées de mai à septembre en France.
La reproduction peut être asexuée et sexuée.
Reproduction asexuée : formation et extension de la colonie par bourgeonnement à partir de l'individu souche.
Reproduction sexuée : les représentants de la famille des Didemnidés sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
Les gonades* se trouvent dans le post abdomen et c'est là qu'a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire amène à la différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve nageuse ressemblant à un têtard. Ces larves nageuses sont libérées dans le milieu par le siphon cloacal des zoïdes. La vie pélagique est très courte et les larves se fixent au substrat par des papilles adhésives. A partir de là commence la métamorphose qui donnera un individu adulte.
Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidés sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidae.
Description microscopique de Didemnum coriaceum :
Les spicules sont étoilés avec moins de 15 rayons aux extrémités arrondies, leur distribution dans la tunique est dense et régulière.
Les organes spiculogéniques (responsables de la fabrication des spicules), situés en arrière de la quatrième rangée de stigmates*, sont surmontés d'un tube et en position horizontale. Cette position horizontale des organes spiculogéniques est spécifique de Didemnum coriaceum. Chez toutes les autres espèces de Didemnum, ces organes sont en position verticale.
Période de repos estivale :
Beaucoup d'espèces de tuniciers coloniaux, en particulier les Didemnidés dont D. coriaceum, observent des périodes de "repos" saisonnier dans le cycle de leur développement, notamment à la période chaude. Dans ce cas, la surface des colonies est couverte par une pellicule lisse et les ouvertures siphonales sont scellées. Ce qui est interprété comme un phénomène de dormance qui prolonge la durée de la vie des zoïdes. L'alimentation diminue, la production cellulaire et la reproduction sont sujettes à variations.
Détermination des didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés (Didemnidae), elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. Effectivement, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rend ce critère insuffisant pour une bonne identification.
Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :
- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus*),
- le corps est divisé en deux parties : branchie d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- estomac sans diverticules hépatiques,
- pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen. Voir schéma "Mode de bourgeonnement").
Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).
Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :
- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).
Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.
Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :
- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette).
Didemne coriace est une proposition du site DORIS et la traduction du nom scientifique.
Didemnum : [di-] = deux et [demnion] = matelas, lit, ici dans le sens de "logette". En effet, dans le premier de ses "Mémoires sur les animaux sans Vertèbres", Savigny, le créateur de ce nom, décrit ainsi le genre Didemnum : "Polype occupant deux loges, abdomen pédiculé", par opposition au genre Aplidium : "Polype occupant une seule loge, abdomen et ovaire sessiles".
coriaceum : coriace, en rapport avec sa consistance de cuir.
Numéro d'entrée WoRMS : 103565
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Didemnum | ||
Espèce | coriaceum |
Didemne charnu avec de gros siphons exhalants
Forme classique : Violacé au niveau des amas de zoïdes et jaune entre ces zones.
Côte Bleue, barge de Carro, 27 m
07/2006
Didemne encroûtant et ubiquiste*
Forme violacée.
Ubiquiste*, Didemnum coriaceum peut être rencontré sur tout type de support, comme ici sur un rameau mort de gorgone.
Côte Bleue (13), 21 m
24/08/2008
Détails d'une colonie bretonne
Forme claire (blanc autour des zoïdes, siphons buccaux violets et jaunes entre les amas zoïdaux).
Notez que sur ces colonies encroûtantes et peu épaisses, les siphons cloacaux communs sont nombreux et de petite taille.
Anse Milliau, Trébeurden (22), 15 m
07/08/2006
Forme classique et gros siphon exhalant
Forme violette et jaune en Bretagne.
Les 4 pompes, Brest, 10 m
13/09/2008
Détails de l'organisation des zoïdes
Forme orange et violette.
Le quadrillage formé par les amas en lignes irrégulières des siphons buccaux (ici violets) et les zones "libres" (ici orangées) est caractéristique de Didemnum coriaceum.
Héraut (34)
12/08/2007
Détail de la tunique commune
Les siphons buccaux sont toujours bien visibles chez cette espèce.
Le Graillon, Antibes (06), 3 m
11/04/2009
Colonie charnue, gros siphons et colonie fille
Forme blanche et marron foncé.
Notez en bas à droite de la photo, la présence d'une colonie fille en train de se détacher
(voir photo suivante).
Aragnon, Côte Bleue (13), 15 m
11/08/2007
En Catalogne
La ressemblance avec une éponge est flagrante !
Cala Joncols, Costa Brava (Espagne), 33 m
17/09/2016
Colonie fille
Noter le fragment de pédoncule détaché et pas encore résorbé ainsi que l'aspect granuleux de la face inférieure. On voit aussi que cette colonie fille a commencé à se coller au substrat (vieux rhizome de posidonie) avec une nette différenciation de la partie qui adhère.
Aragnon, Côte Bleue (13), 15 m
11/08/2007
Un an plus tard !
Photographiée un an plus tard (en août 2008), cette grosse colonie charnue ne présente plus que deux gros lobes à la place de trois en 2007. L'extension sur le sable qui a généré une colonie fille est toujours visible.
Aragnon, Côte Bleue (13), 15 m, de nuit
02/08/2008
Enorme siphon cloacal commun
C'est chez les représentants méditerranéens de Didemnum coriaceum que l'on observe souvent ces très gros siphons cloacaux. Ils sont dans ce cas très peu nombreux au sein de la colonie.
Le Graillon, Antibes (06), 3 m
11/04/2009
Une éponge ?
Non, un gros siphon exhalant !
La taille de ce siphon permet d'observer l'organisation interne de cette ascidie coloniale et charnue.
lloret del mar, Costa Brava (Espagne), 17 m
04/07/2006
Dégénérescence ou phase de repos ?
Fin août, les eaux sont chaudes depuis, le plus souvent, quelques semaines. C'est à cette période que de nombreux Didemnidés changent d'aspect. Mais s'agit-il d'une dégénérescence ou d'une phase de repos estivale ?
Aragnon, Côte Bleue (13), 21 m
24/08/2008
Petites colonies bretonnes sous un tombant
Une grande partie de ce surplomb est couvert par Didemnum coriaceum, ici en couche mince.
Anse Millau, Trébeurden (22), 15 m
07/08/2006
Dominante jaune
A Banyuls, sous un tombant, cette colonie claire vient draper la paroi.
Banyuls (66), 6 m
05/07/2009
Aspérités de surface
Forme grise, noire et blanche, fréquente sur les feuilles de posidonie.
Sur cette petite colonie trouvée dans la posidonie, la présence (non constante chez cette espèce) d'aspérités de surface est bien visible.
Marseille (13), 28 m
03/07/2009
Forme typique en Côte d'Azur
Cap d'Antibes (Graillon) (06), 10 m, de nuit
31/01/2009
Mode de bourgeonnement
Bourgeonnement entéro-épicardique des Didemnidés.
PERRIER Edmond, Traité de ZOOLOGIE, 1ère édition, vol.5, page 2309, fig.1623
Reproduction de documents anciens
1899
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Dominique HORST
Responsable régional : Michel PEAN
Lafargue F., Wahl M., 1987, The didemnid ascidian fauna of France, Ann. Inst. océanogr., 63 (1), 1-46.
La page de Didemnum coriaceum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN