Didemne coriace

Didemnum coriaceum | (Drasche, 1883)

N° 1138

Cosmopolite

Clé d'identification

Organisation zoïdale en amas bien visibles
Surface lisse ou parsemée d'aspérités
Consistance de cuir
Couleur variable : blanche, grise, violacée, et marquée de jaune, orange, marron
Parfois de très gros siphons exhalants (colonies charnues)

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Leptoclinum coriaceum Von Drasche, 1883
Didemnum helgolandicum Carlisle, 1954
Didemnum candidum Savigny, 1816 correspond à la variété blanche de D. coriaceum.

Distribution géographique

Cosmopolite

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique

Espèce cosmopolite et particulièrement ubiquiste* (présente en tous lieux), on l'observe sur tout le littoral français de la mer du Nord à la Méditerranée en passant par la Manche et l'Atlantique Nord-Est. Présence avérée dans le canal du Mozambique.

Biotope

Didemnum coriaceum est très abondant sur les fonds durs et au pied des algues. Il est présent dans les zones infralittorale et circalittorale et ceci sur tous types de substrats (roche, feuilles de posidonie, cystoseires, Microcosmus sp., gorgones, etc).

Description

Didemnum coriaceum est une espèce qui forme de belles colonies encroûtantes plus ou moins massives de quelques centimètres à quelques décimètres de long. Les tissus sont particulièrement calcifiées (forte densité de spicules calcaires) ce qui donne une consistance de cuir à la colonie. La surface est lisse ou marquée d'aspérités.
La couleur de cette espèce est particulièrement variable : blanche, grise ou violette, uniformément colorée ou tachée de jaune, orange, violet ou marron.
Chez D. coriaceum, les zoïdes* sont organisés en amas sinueux bien visibles, dessinant des lignes fusionnées ou non. Ils laissent libres des îlots sans zoïdes dont la taille et la répartition sont relativement uniformes sur la surface de la colonie. Les lignes formées par les amas de zoïdes (noirâtres, marron, violacés ou blancs bordés de violet,..) et les zones "nues" (blanches, grises, jaunes, orange,...) sont souvent de couleurs différentes.
Les quelques orifices exhalants communs sont bien visibles, ronds, légèrement surélevés et parfois tachés de petites lignes radiantes blanches irrégulièrement réparties et correspondant aux languettes cloacales des zoïdes proches. Chez certaines colonies massives et charnues, ces orifices exhalants peuvent être particulièrement gros et faire penser aux oscules de certaines éponges.

Espèces ressemblantes

Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidéssont très difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches traitant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".

Didemnum maculosum, en particulier dans ses formes bicolores, peut beaucoup ressembler à D. coriaceum. Seule l'observation des larves permet de différencier de façon catégorique les deux espèces.

Néanmoins, D. coriaceum fait partie des rares espèces relativement identifiables sur photo (ou sous l'eau), en premier lieu grâce à son organisation zoïdale* typique et bien visible.

La confusion avec certaines éponges, due aux gros orifices exhalants des grosses colonies, est aussi possible.

Alimentation

Ces animaux sont des filtreurs* microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension jusqu'aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les ascidies génèrent un courant d'eau (rentrant par les orifices inhalants individuels) pour capturer les particules en suspension. Les particules digérées et les déchets sortent ensuite par le siphon exhalant.

Reproduction - Multiplication

Les larves* de Didemnum coriaceum ont été observées de mai à septembre en France.

La reproduction peut être asexuée et sexuée.

Reproduction asexuée : formation et extension de la colonie par bourgeonnement à partir de l'individu souche.
Reproduction sexuée : les représentants de la famille des Didemnidés sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
Les gonades* se trouvent dans le post abdomen et c'est là qu'a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire amène à la différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve nageuse ressemblant à un têtard. Ces larves nageuses sont libérées dans le milieu par le siphon cloacal des zoïdes. La vie pélagique est très courte et les larves se fixent au substrat par des papilles adhésives. A partir de là commence la métamorphose qui donnera un individu adulte.

Vie associée

Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidés sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidae.

Divers biologie

Description microscopique de Didemnum coriaceum :
Les spicules sont étoilés avec moins de 15 rayons aux extrémités arrondies, leur distribution dans la tunique est dense et régulière.
Les organes spiculogéniques (responsables de la fabrication des spicules), situés en arrière de la quatrième rangée de stigmates*, sont surmontés d'un tube et en position horizontale. Cette position horizontale des organes spiculogéniques est spécifique de Didemnum coriaceum. Chez toutes les autres espèces de Didemnum, ces organes sont en position verticale.

Période de repos estivale :
Beaucoup d'espèces de tuniciers coloniaux, en particulier les Didemnidés dont D. coriaceum, observent des périodes de "repos" saisonnier dans le cycle de leur développement, notamment à la période chaude. Dans ce cas, la surface des colonies est couverte par une pellicule lisse et les ouvertures siphonales sont scellées. Ce qui est interprété comme un phénomène de dormance qui prolonge la durée de la vie des zoïdes. L'alimentation diminue, la production cellulaire et la reproduction sont sujettes à variations.

Informations complémentaires

Détermination des didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés (Didemnidae), elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. Effectivement, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rend ce critère insuffisant pour une bonne identification.

Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :

- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus*),
- le corps est divisé en deux parties : branchie d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- estomac sans diverticules hépatiques,
- pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen. Voir schéma "Mode de bourgeonnement").

Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :

- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).

Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :

- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).

Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :

- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.

Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :

- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette).

Origine des noms

Origine du nom français

Didemne coriace est une proposition du site DORIS et la traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Didemnum : [di-] = deux et [demnion] = matelas, lit, ici dans le sens de "logette". En effet, dans le premier de ses "Mémoires sur les animaux sans Vertèbres", Savigny, le créateur de ce nom, décrit ainsi le genre Didemnum : "Polype occupant deux loges, abdomen pédiculé", par opposition au genre Aplidium : "Polype occupant une seule loge, abdomen et ovaire sessiles".
coriaceum : coriace, en rapport avec sa consistance de cuir.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 103565

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Urochordata / Tunicata Urochordés / Tuniciers Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires).
Classe Ascidiacea Ascidies / Ascidiacés Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde.
Ordre Aplousobranchia Aplousobranches Ascidies coloniales.
Famille Didemnidae Didemnidés Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma).
Genre Didemnum
Espèce coriaceum

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