Ascidie coloniale formant de petites colonies (1 à 3 cm)
Forme bombée, convexe
Rouge vif ou rouge lie de vin ponctué de blanc
Siphons exhalants communs peu nombreux et cerclés de blanc
Leptoclinum coccineum Von Drasche, 1883
Didemnum grassei Harant, 1930
Didemnum posidoniae Médioni, 1970
Méditerranée nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Identifiée avec certitude dans le nord de l'Adriatique, à Banyuls et à Port-Cros, cette petite ascidie coloniale y est décrite comme relativement abondante et semble limitée au nord de la Méditerranée. En Méditerranée française, on l'observera essentiellement à l'ouest du Rhône et au-delà, sur les côtes catalanes espagnoles.
Espèce du coralligène* et des prairies de phanérogames, on retrouve ces colonies fixées à demeure sur la surface d’un substrat* solide (roches verticales, éponges, algues comme Codium bursa,...), ainsi que sur la base (rhizomes) des posidonies. Depuis la surface jusqu'à 50 mètres de profondeur.
Les colonies de Didemnum coccineum sont parmi les plus petites dans la famille des Didemnidés ressemblants. Elles ne mesurent habituellement que 1 à 3 cm de diamètre. La texture des colonies est ferme et leurs formes convexes font penser à de petits mamelons. La couleur est soit rouge lie de vin taché de blanc, soit rouge vif ponctué de blanc.
Les colonies font deux à quatre millimètres d'épaisseur en moyenne. Les quelques orifices exhalants communs, 2 à 3 le plus souvent pour une colonie, sont cerclés de blanc. Ces zones claires correspondent à de fortes concentrations de spicules calcaires étoilés. Les zoïdes, matérialisés par leurs petits siphons à six languettes, sont régulièrement répartis à la surface de la colonie.
Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidés sont très difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches traitant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".
D. coccineum peut facilement être confondu avec de petites colonies de Didemnum commune (toujours orange), Didemnum fulgens, Didemnum pseudofulgens et Polysyncraton lacazei.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension, jusqu’aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les ascidies génèrent un courant d’eau (rentrant par les orifices inhalants individuels) pour capturer les particules en suspension. Les particules digérées et les déchets sortent ensuite par le siphon exhalant.
Didemnum coccineum est, de toutes les espèces du genre vivant dans la région de Banyuls, celle dont l'isolement génétique est le mieux assuré en raison de la période très restreinte de sa reproduction sexuée (mars, avril : gonades* mûres ; mai à juillet : présence de larves* et plus rarement de gonades mûres).
La reproduction peut être asexuée et sexuée.
Reproduction asexuée : formation et extension de la colonie par bourgeonnement* à partir de l’individu souche.
Reproduction sexuée : les représentants de la famille des Didemnidés sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
Les gonades se trouvent dans le post abdomen et c’est là qu’a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire amène à la différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve nageuse ressemblant à un têtard. Ces larves nageuses sont libérées dans le milieu par le siphon cloacal des zoïdes*. La vie pélagique est très courte et les larves se fixent au substrat par des papilles adhésives. A partir de là, commence la métamorphose* qui donnera un individu adulte.
Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidés sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidae. Il existe une association stricte et fréquente (20%) avec le copépode Anoplodelphys galli pour Didemnum coccineum.
Description microscopique de Didemnum coccineum :
Les spicules sont étoilés avec une vingtaine de rayons aux extrémités arrondies et leur distribution dans la tunique est dense.
Les organes spiculogéniques (responsables de la fabrication des spicules), situés au niveau de la quatrième rangée de stigmates*, sont surmontés d'un tube et en position verticale.
Les zoïdes mesurent 1 à 2 millimètres de long en extension et 0,3 mm de diamètre environ ; ils sont implantés verticalement dans l'épaisseur de la tunique.
Détermination des Didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés (Didemnidae), elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. Effectivement, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rend ce critère insuffisant pour une bonne identification.
Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :
- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus*),
- le corps est divisé en deux parties : branchie d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- estomac sans diverticules hépatiques,
- pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen, voir le schéma dans la fiche Didemnum coriaceum).
Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).
Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :
- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).
Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.
Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :
- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette).
Didemne coccinelle est une proposition du site DORIS et une traduction du nom scientifique.
Didemnum : [di-] = deux et [demnion] = matelas, lit, dans le sens ici de "logette". En effet, dans le premier de ses "Mémoires sur les animaux sans Vertèbres", Savigny, le créateur de ce nom, décrit ainsi le genre Didemnum : "Polype occupant deux loges, abdomen pédiculé" ; par opposition au genre Aplidium : "Polype occupant une seule loge, abdomen et ovaire sessiles".
coccineum : de [coccus] = grain rouge ou/et du latin [coccinus] = écarlate. Par extension, semblable à une coccinelle (l'insecte).
Numéro d'entrée WoRMS : 103563
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Didemnum | ||
Espèce | coccineum |
Mamelon rouge vineux taché de blanc
Les zoïdes, matérialisés par leurs siphons étoilés à six languettes, sont régulièrement répartis à la surface de la colonie.
Méditerranée française occidentale (66)
1985
Petits mamelons rouges
Sous un surplomb et ici au-dessus d'un alcyon (Alcyonium acaule), cette ascidie forme de petites masses convexes à la texture ferme et de couleur rouge plus ou moins ponctuée de blanc.
Punta Mila, Escala, Costa Brava, Espagne, 14 m
24/08/2005
Forme typique
La forme typique montre de petites colonies de couleur rouge rosé ponctuée de blanc. Les quelques orifices exhalants communs sont cerclés de clair. Les colonies ne mesurent que 1 à 3 cm de diamètre.
Le Câble, Les Aresquiers (34), 10 m
09/07/2009
Siphons cerclés de blanc
Les siphons exhalants communs sont cerclés de blanc, ceci est dû à la forte concentration de spicules calcaires dans la tunique.
Méditerranée française occidentale (66)
1985
Rouge lie de vin
La couleur est soit rouge lie de vin taché de blanc comme ici, soit rouge vif ponctué de blanc.
Les colonies sont installées sur des zones verticales et relativement bien éclairées.
Le Câble, Les Aresquiers (34), 10 m
09/07/2009
Mamelons fusionnés
L'oursin Paracentrotus lividus donne la taille de la masse encroûtante rouge constituée de plusieurs petites colonies fusionnées. Les petits mamelons restent distinguables.
Banyuls (66), 6 m
01/05/2008
Au pied d'une axinelle
L'éponge Axinella polypoides dont la taille est ici d'une vingtaine de centimètres, met en évidence la petite taille des colonies (1 à 2 cm ici) de Didemnum coccineum visibles à droite de la photo.
Le Câble, Les Aresquiers (34), 10 m
09/07/2009
Détail des mêmes colonies
Noter la forme convexe des petites colonies et leur couleur rouge vif ponctuée de blanc.
Le Câble, Les Aresquiers (34), 10 m
09/07/2009
Colonies contractées et éponge encroûtante
La forte concentration de spicules à l'origine de la consistance coriace de ce didemne est bien visible ici. Ces spicules sont matérialisés par les zones blanches.
Sur la droite, une éponge encroûtante orange permet de comprendre le risque de confusion entre les ascidies coloniales et les spongiaires.
Cadaquès, Costa Brava, Espagne, 22 m
14/04/2008
Colonies contractées
Les siphons cloacaux communs ne sont plus visibles sur ces colonies contractées, leur consistance est celle du cuir.
Le Câble, Les Aresquiers (34), 10 m
09/07/2009
Rouge écarlate de Côte d'Azur
(Didemnum pseudofulgens ?)
Espèce présumée peu fréquente à l'est du Rhône, voici une belle photo qui nous prouve sa présence en Côte d'Azur ... sauf s'il s'agit de l'espèce très ressemblante Didemnum pseudofulgens !
Anthéor (83), 15 m
20/09/2009
Détails d'une colonie de Côte d'Azur
(Didemnum pseudofulgens ?)
Noter les petits siphons buccaux étoilés à six languettes et les gros siphons cloacaux cerclés de blanc.
Ici il pourrait s'agir de Didemnum pseudofulgens.
Anthéor (83), 15 m
20/09/2009
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Dominique HORST
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable historique : Michel PEAN
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Lafargue F., Laubier L., 1978, Anoplodelphys G. NOV., copépode notodelphyidae parasite de didemnidae (ascidides aplousobranches) en Méditerranée, Crustaceana (E. J. Brill, Leiden), 35(3), 596-612.
Lafargue F., Wahl M., 1987, The didemnid ascidian fauna of France, Ann. Inst. océanogr., 63(1), 1-46.
Monniot C., Monniot F., 1972, Clé mondiale des genres d'ascidies, MNHN, Laboratoire de Biologie des Invertébrés marins et Malacologie, extrait des Archives de Zoologie Expérimentale et Générale, 113(3), 311-367.
Turon X., 1988, Distribución ecológica de las ascidias en las costas de Cataluña e Islas Baleares (Mediterráneo Occidental), Misc. Zool., 12, 219-236.