Nudibranche ovale, jusqu'à 12 mm de longueur
Couleur blanche des papilles dorsales, généralement sur un manteau pigmenté de rouge
Papilles de forme conique
Bande marginale jaune discontinue à l'intérieur d'une bordure blanche extérieure
Rhinophores lamellés en V
Panache branchial blanc jusqu'à sept feuillets
Diaphorodoris
Diaphorodoris (GB, D), Diaforodoris (E), Doride orlato (I)
Onchidoris luteocincta (M. Sars, 1870)
Diaphorodoris luteocincta luteocincta
Doris beaumonti Farran, 1903
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est et Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette espèce se rencontre en mer du Nord jusqu'en Norvège, en Manche, et dans l'Atlantique où elle est principalement connue dans les îles Britanniques et ne descend probablement pas au sud de la Bretagne sur les côtes françaises.
Elle est également présente en Méditerranée, dans laquelle elle est considérée comme rare.
L'espèce évolue dans la zone infralittorale* sur les roches comme sur les zones couvertes d'algues.
On la rencontre jusqu'à 50 m.
Diaphorodoris luteocincta est un nudibranche de petite taille de forme ovale mesurant 4 à 12 mm de longueur.
Le manteau* supérieur est bordé d'un liseré jaune discontinu et bordé à la périphérie par une bande blanche à transparente. La partie dorsale de l'animal comporte de courtes papilles blanches de forme conique peu prononcée. Le plus souvent, on observe la présence de taches irrégulières rouges sur le dos.
Les deux rhinophores* sont lamellés en V, et la partie postérieure de l'animal arbore un panache branchial portant jusqu'à sept branches entourant l'orifice anal.
Le pied* de l'animal est blanc et l'extrémité postérieure du pied montre une ligne centrale blanche iridescente.
Diaphorodoris luteocincta et Diaphorodoris alba ont longtemps été considérées comme une seule espèce à papilles blanches mais présentant deux variétés :
Thompson et Brown (1984) font remarquer qu'ils ont observé tous les intermédiaires entre les deux extrêmes ci-dessus dans le sud-ouest de la Grande-Bretagne. D'autres auteurs voyaient même deux stades différents dans la croissance.
Furfaro, Picton, Martynov et Mariottini ont recherché des critères morphologiques, anatomiques ainsi que des différences au niveau de certains gènes mitochondriaux et nucléaires afin de préciser s'il y a une ou deux espèces. Leur étude et leur publication de 2016 a montré qu'il y a bien deux espèces :Diaphorodoris luteocincta mange des bryozoaires calcaires comme Smittoidea reticulata, Cellepora pumicosa ou Crisia spp. et semble plus sélectif sur sa nourriture que Diaphorodoris papillata. L'espèce est régulièrement rencontrée dans sa distribution britannique à proximité de bryozoaires du genre Nolella et il est fort probable que ces bryozoaires constituent également une source de nourriture privilégiée pour D. luteocincta.
Les Diaphorodoris sont hermaphrodites* synchrones. Lorsque les individus s'accouplent en position tête-bêche, leurs organes génitaux débouchant sur la droite de leur corps, ils échangent leurs spermatozoïdes* respectifs. Les ovules* sont fécondés lors de leur expulsion par chacun des individus, peu après la copulation.
Ils déposent leurs œufs sous forme d'une ponte blanche aplatie et spiralée.
Les œufs donnent ensuite naissance à des larves* planctoniques* qui évolueront vers le stade adulte benthique*.
D. luteocincta présente également d'autres caractéristiques physiologiques qui lui sont propres. Celles-ci nécessitent une étude anatomique plus poussée (nombre de denticules de la première dent latérale de la radula*, détails concernant l'appareil reproducteur, etc.) et pour plus de précisions sur ces points précis, il convient de consulter l'article de [Furfaro & al. 2016].
Comme Diaphorodoris luteocincta et D. alba ne formaient auparavant qu'une seule et même espèce, les noms vernaculaires (doris diaphane, diaphorodoris) et les synonymes (Onchidoris luteocincta, Diaphorodoris luteocincta luteocincta et Doris beaumonti) des deux espèces étaient les mêmes ! D. alba a dorénavant trouvé un nouveau nom vernaculaire, abandonnant doris diaphane à son aînée : D. luteocincta.
Doris diaphane : évoque l'aspect translucide blanc du nudibranche.
A noter que les mouchetures rouges du dos ne sont pas reprises dans ce nom commun, qui lui reste de l'époque où D. luteocincta et D. alba, immaculée, n'étaient considérées que comme une seule et même espèce, avec deux variations.
Diaphorodoris : du grec [diaphoros] = différent, remarquable ; et Doris, fille des dieux grecs Océanos et Thétys, mariée au dieu marin Nérée. Ensemble, Nérée et Doris eurent 50 filles, les néréides (nymphes marines). Doris a donné un nom commun générique à certains nudibranches doridiens (les "doris") et se retrouve également dans la composition de nombreux noms scientifiques de genre (Chromodoris, Acanthodoris, Peltodoris, Platydoris, Hypselodoris, Onchidoris, etc.).
Ce nom de Diaphorodoris pourrait donc désigner un doris qui sort de l'ordinaire, qui se distingue des autres.
A noter que les auteurs de ce nom de genre, Iredale et O'Donoghue en 1923, ne donnent, eux, pas d'explications quant à leur choix.
luteocincta : du latin [luteus] = jaune ; et [cinctus] = entouré de. C'est bien la bordure jaune du manteau qui est évoquée ici.
Numéro d'entrée WoRMS : 140630
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Calycidorididae | Calycidorididés | |
Genre | Diaphorodoris | ||
Espèce | luteocincta |
Petites mouchetures rouges sur le dos
Les petites pigmentations rouges entre les papilles blanches pointent dorénavant vers l'espèce D. luteocincta. Jusqu'en 2016, cette robe ne constituait qu'une variation de l'espèce : Diaphorodoris luteocincta variété reticulata.
L'autre variation, Diaphorodoris luteocincta var alba était, outre l'omniprésent anneau marginal jaune, entièrement blanche et constitue maintenant une espèce à part entière.
Bretagne
2006
Bande jaune interrompue et périphérie blanche
La bande blanche périphérique et la bande jaune interrompue par endroits précisent bien qu'il s'agit de Diaphorodoris luteocincta.
Carantec, Beclem (29), 12 m
16/07/2007
Nourriture
Selon les zones géographiques, cette espèce est fréquemment rencontrée sur des substrats rocheux détritiques où sont présents des bryozoaires. L'auteur de cette photo, le chercheur Bernard Picton, co-auteur de l'article de 2016 sur la différenciation entre D. luteocincta et D. alba, estime que les très petits bryozoaires du genre Nolella, que l'on voit au-dessus de l'animal, sont une source habituelle de nourriture pour ces doridiens.
Îles Britanniques
16/06/2015
Préliminaires à la reproduction
Ce couple de Diaphorodoris luteocincta est très clairement en position de reproduction. Les organes génitaux débouchent sur le flanc droit, derrière la tête et doivent s'interpénétrer. Cette position tête-bêche est donc caractéristique chez les doridiens.
Cette espèce est particulièrement abondante dans la baie de Morlaix, Finistère, début mai.
Paradis, Carantec (29), 27 m
02/05/2009
Cas de reproduction entre deux espèces
Ce cas de figure n'est pas isolé et nous connaissons plusieurs exemples de reproduction entre deux espèces proches.
En effet, l'individu de gauche appartient à l'espèce Diaphorodoris luteocincta et celui de droite à l'espèce Diaphorodoris alba.
Il arrive parfois que de tels croisements interspécifiques aient lieu.
Il serait intéressant de suivre le développement des œufs (si fécondation effective il y a !) et des éventuels embryons produits par ces individus.
Camaret (29), 20 m
26/08/2010
Dans les Bouches-du-Rhône
La bande blanche sur le bord du manteau est caractéristique de cette espèce et permet ainsi de la distinguer de Diaphorodoris alba.
Cassis (13)
16/10/2010
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Rédacteur : Denis ADER
Vérificateur : Dominique HORST
Vérificateur : Philippe PERRIER
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Furfaro G., Picton B., Martynov A., Mariottini P., 2016, Diaphorodoris alba Portmann & Sandmeier, 1960 is a valid species: molecular and morphological comparison with D. luteocincta (M. Sars, 1870) (Gastropoda: Nudibranchia), Zootaxa, 4193(2), 304-306.
La page de Diaphorodoris luteocincta dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN