Anémone fantôme de Berre

Diadumene cf. leucolena | (Verrill, 1866)

N° 5210

Atlantique Nord-Ouest et central, Pacifique Nord-Est, Méditerranée, Caraïbes (eaux tempérées à subtropicales)

Clé d'identification

Petite anémone allongée (2 cm environ)
Couleur blanchâtre, vert olive à orangée, toujours translucide
Colonne plus ou moins rayée longitudinalement, fine et allongée
Tentacules longs, effilés, pointus, lisses ou perlés et parfois tachetés de blanc
De 40 à 60 (92 max.) tentacules d'aspect inorganisé
Bouche colorée et bordée par dix lobes proéminents de chaque côté

Noms

Autres noms communs français

Anémone blanche

Noms communs internationaux

White anemone, ghost anemone (GB), Anémona verde (E), Geisteraktinie (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Sagartia leucolena Verrill, 1866
Cylista leuconela (Verrill, 1866)
Cylista levolena
Diadumene leucolens
Diadumine leucolena

Distribution géographique

Atlantique Nord-Ouest et central, Pacifique Nord-Est, Méditerranée, Caraïbes (eaux tempérées à subtropicales)

Zones DORIS : ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

L'anémone fantôme est originaire d'Atlantique Nord-Ouest du Nouveau-Brunswick (Canada) à la Georgie (Etats-Unis). Cette espèce invasive est aujourd'hui retrouvée dans le Pacifique Nord-Est (côte des Etats-Unis, Hawaï), les Caraïbes, l'Atlantique Sud-Ouest (Panama, Brésil), l'Atlantique Nord-Est et central (Canaries, Maroc, Sénégal, Cameroun, péninsule ibérique...).
Cette anémone semble non documentée en Europe et en Méditerranée. L'identité exacte des individus observés dans l'étang de Berre (13) qui illustrent cette fiche reste à être confirmée. Bien que leur anatomie externe corresponde à Diadumene leucolena, seule une étude détaillée microscopique pourrait en préciser l'espèce exacte que nous appellerons Diadumene cf. leucolena.

Biotope

Cette petite anémone fréquente les petits fonds et tolère de grandes variations de salinité et de température. Elle se développe en particulier et principalement dans les eaux saumâtres calmes des estuaires et des lagunes côtières. Elle vit sur les huîtres, les moules, les rochers, les algues, les pilotis et les flotteurs. Elle peut même se développer sur les carapaces de tortues marines.

Description

Diadumene cf. leucolena est une petite anémone de 0,5 à 1 cm de diamètre et de 1 à 3 cm de haut. Sa coloration, identique pour les tentacules* et la colonne, est translucide teintée de blanchâtre, de vert olive, parfois de rose pâle ou d'orange clair.

La colonne de Diadumene leucolena semble lisse de loin, elle est constellée de petites aspérités lorsqu'on l'observe de très près. Etendue, la longueur de la colonne mesure 2 à 5 fois sa largeur. Longue, mince et cylindrique en expansion, elle adhère à son support par une base étroite. La colonne est divisée en scapus* et capitulum* séparés par un col peu marqué. Le capitulum est peu visible car souvent rétracté dans le scapus chez les individus vivants. Les cinclides* disposés en 12 rangées longitudinales avec 3-6 cinclides par rangée sont répartis sur le scapus. Les cinclides sont des pores par lesquels l'anémone peut émettre des aconties* (filaments blancs et urticants). Des muscles ectodermiques* longitudinaux sont visibles sous forme de fines bandes sur la colonne.

Les tentacules translucides, nombreux (habituellement 40 à 60, jusqu'à 92), très longs en pleine expansion, minces, s'effilent jusqu'à la pointe. D'apparence inorganisés, bien que disposés en quatre cycles, les tentacules donnent souvent un aspect hirsute à cette anémone. Chaque cycle possède, du disque oral vers la colonne (de l'intérieur vers l'extérieur) 6 - 6 -12 et 24 tentacules, mais des variantes sont fréquentes. Les tentacules placés du côté du disque oral (nommés tentacules internes) sont plus longs que ceux situés du côté de la colonne (nommés tentacules externes). Certains individus montrent très clairement des tentacules plus ou moins perlés, cette particularité ne semble pas décrite dans la littérature traitant du genre Diadumene. D'autres individus peuvent présenter de petites taches blanches perpendiculaires aux tentacules, cette particularité est retrouvée dans plusieurs espèces du genre dont Diadumene leucolena ou D. paranaensis. Les tentacules du premier et du second cycle peuvent former ,de façon inconstante et éphémère, des "tentacules de défense" (fighting tentacles), généralement plus épais que les tentacules d'alimentation et parfois plus longs et/ou terminés par une pointe blanche.

Le disque oral est nu, il peut présenter des traces blanches radiaires plus ou moins marquées. La bouche plus colorée (du blanc à l'orange) que le disque se caractérise par dix lobes proéminents, petits et arrondis, de chaque côté.

Il y a six paires de mésentères* parfaitement formés. Les muscles rétracteurs sont réduits, ce qui explique la contraction partielle de la colonne et des tentacules lorsque l'anémone est dérangée.

Espèces ressemblantes

Les risques de confusion sont principalement limités aux autres espèces du même genre (Diadumene).

Diadumene cincta, l'anémone flammée, est également de petite taille, avec des tentacules* de même allure et certains individus de cette espèce peuvent présenter une teinte claire. Sa distribution, principalement européenne, est plus nordique.

Diadumene lineata, l'anémone asiatique, est plus petite, avec des tentacules plus opaques et une colonne typiquement colorée et rayée de jaune ou de blanc.

Plusieurs autres espèces du genre Diadumene, normalement absentes d'Europe, présentent un même aspect comme Diadumene manezinha du Brésil (décrite en 2018) et Diadumene paranaensis du Brésil (décrite en 2015).

Metridium senile, l'œillet de mer, peut présenter des jeunes individus qui pourraient être éventuellement source de confusion. Toutefois cette anémone possède un très grand nombre de tentacules de même taille et courts.

Exaiptasia diaphana, l'aiptasie diaphane, se présente parfois sous une forme atypique allongée proche d'aspect, mais sa taille est plus importante et elle forme des colonies plus denses. Elle s'en différencie aussi par sa couleur brun jaunâtre et ses tentacules en "zigzag".

Aiptasiogeton hyalinus, l'anémone des moules, montre des lèvres fines et non perlées.

Alimentation

Les cellules urticantes de ses tentacules* lui permettent de capturer le plancton* animal dont elle se nourrit.

Reproduction - Multiplication

Son mode de reproduction peut être asexué, ce qui explique le fait que l'on trouve des populations de plusieurs individus de même couleur en un même secteur. Par scission longitudinale un nouvel individu se forme à partir d'un autre. Lorsque la colonne de celui-ci régénère la partie perdue, cette partie régénérée prend souvent une teinte rosée. Suivant les secteurs géographique où cette anémone a été étudiée, cette reproduction asexuée semble absente à commune.

Certaines populations sont issues d'un seul individu par reproduction asexuée ; de ce fait tous les individus, formant un clone* sont du même sexe.

La reproduction peut aussi être sexuée. La fécondation entraîne l'apparition d'une larve* planula* planctonique* qui permettra la dissémination de l'espèce. Après 5 jours à 17,5 °C cette larve se fixera sur le fond et donnera un nouveau polype* qui pourra être à l'origine d'une nouvelle population.

Divers biologie

Des aconties* (filaments défensifs urticants) peuvent être émises depuis la colonne si l'anémone est dérangée.

La partie basale de l'anémone fantôme n'adhère que modérément au substrat*, ce qui lui permet de se déplacer si nécessaire.

Cette anémone supporte d'importantes variations de température et de salinité.

Informations complémentaires

L’anémone fantôme est une espèce invasive, largement introduite dans différents pays et lagune avec l’élevage d’huîtres ou par le fouling des coques de bateaux. Il est probable que ce soit par un phénomène identique qu’elle se soit retrouvée dans l’étang de Berre.

Origine des noms

Origine du nom français

Anémone fantôme est la traduction du nom commun anglais. Toutes les observations de cette anémone que nous appelons D. cf. leucolena ont été faites dans l'étang de Berre.

Origine du nom scientifique

En l'absence d'indication de l'auteur nous ne pouvons que faire des hypothèses pour le nom de genre.
Le nom de genre Diadumene évoque un terme du latin peu usité et signifiant : orné d'un diadème, peut-être en rapport avec l'aspect particulier de la bouche de ce genre qui a l'aspect d'un double collier de perle.
Le diadumène est une sculpture grecque d’un athlète portant autour de la tête le ruban de la victoire. Par analogie, ce ruban pourrait être assimilé à la couronne de tentacules de cette anémone.

leucolena : du latin [leuco] = blanc et du grec [lena] = Hélène = éclat du soleil. Donc "soleil blanc éclatant".

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 158230

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Anthozoa Anthozoaires Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie).
Sous-classe Hexacorallia / Zoantharia Hexacoralliaires / Zoanthaires Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6.
Ordre Actiniaria Actiniaires Polypes solitaires souvent colorés, en général fixés à un substrat dur par un large disque pédieux. Organismes parfois mobiles.
Sous-ordre Nynantheae Thenaria Nynanthées Thenaria
Famille Diadumenidae Diaduménidés
Genre Diadumene
Espèce cf. leucolena

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