Nombre de bras égal ou inférieur à 20
Axe des bras orangé
Pinnules grises terminées par une pointe noire
Comatule granuleuse, comatule discoïde
Beaded crinoid (GB)
Antedon discoidea Carpenter, 1888
Davidaster discoidea (Carpenter, 1888)
Nemaster discoideus (Carpenter, 1888)
Nemaster insolitus Clark, 1917
Mer des Caraïbes, sud du golfe du Mexique
Zones DORIS : ● CaraïbesSa présence est signalée du sud-est de la Floride jusqu’en Colombie, Curaçao et Bonaire, sur l’ensemble des côtes caraïbes de l’Amérique centrale et sur l’ensemble de l’arc antillais.
On la retrouve essentiellement sur les tombants externes des cayes* peu exposées. Plus rare que la comatule dorée D. rubiginosus, la comatule perlée est toutefois relativement courante sur le récif entre 10 et 30 mètres de profondeur (potentiellement présente jusqu’à -150 m). Dans les Antilles françaises, on l'observe essentiellement sur les côtes caraïbes, très rarement côté Atlantique. On la rencontre isolée, les individus sont dispersés au sein des communautés récifales sur des sites peu perturbés.
La comatule perlée est un crinoïde discret. Il forme une coupe plumeuse constituée de vingt bras réunis par paires à la base sur environ 1 centimètre (ce critère, commun à la plupart des comatules, a pu être considéré comme un élément distinctif par certains auteurs, comme pour l’Antedon bifida de Méditerranée). Seuls quelques bras (3 à 10) sont visibles en général, les autres restant enroulés à la base de l’animal, à l’abri d’éventuels prédateurs.
Seules extensions visibles de l’animal, ces bras orangés (attention, l’axe uniquement), sont, tels des plumes, ornés de pinnules* courtes et quasi transparentes, terminées par une pointe noire. Les pinnules sont disposées autour de chaque bras selon deux plans perpendiculaires. Elles sont d’apparence perlée, comme de fins tubes transparents contenant des billes brillantes.
Les bras et les pinnules sont constitués d’un très grand nombre de plaques annelées offrant à l’ensemble une grande souplesse. Chaque pinnule est dotée de cannelures qui se prolongent par une cannelure principale sur chaque bras, ces dernières amenant vers la bouche la nourriture captée par les pinnules. Les bras, d’une vingtaine de centimètres, sont beaucoup plus courts que sur les autres espèces de Davidaster caribéennes.
Le corps, généralement dissimulé dans les anfractuosités récifales, est doté d’un nombre irrégulier de cirrhes* aboraux*, extensions courtes et puissantes utilisées pour le déplacement et surtout l’accrochage de l’animal.
Dans sa zone géographique, l’espèce la plus proche est Davidaster rubiginosus, dont la comatule perlée se distingue très nettement par sa couleur beaucoup plus discrète, sa taille plus réduite, le nombre de bras apparents plus réduit et son caractère plus solitaire.
Les crinoïdes sont des animaux suspensivores* passifs, ce qui signifie qu'ils se nourrissent de débris de matière organique en suspension et de plancton* apportés par les courants. Leur morphologie est entièrement orientée vers ce mode alimentaire, les bras munis de pinnules agissant comme des plumes qui, face au courant, filtrent les éléments planctoniques.
D. discoideus s'alimenterait jour et nuit, et consommerait essentiellement des diatomées*.
La comatule perlée, comme les autres espèces de cet ordre, a un mode de reproduction ovipare* (qui pond des œufs). Les sexes sont séparés, mais il n’y a pas de différenciation externe visible entre les individus mâles et femelles.
La fécondation est externe : il y a libération des gamètes* mâles dans l’eau. Les œufs sont conservés à la base des pinnules, jusqu’à l’éclosion, par les individus femelles.
Après éclosion, les larves* mènent une courte vie pélagique* pendant quelques heures à quelques jours : elles sont entraînées en pleine eau par les courants ; puis elles se fixent pendant quelques mois sur le substrat* par un pédoncule* (c'est le stade pentacrine* où l’animal mesure quelques millimètres), avant le passage à une vie libre où les comatules perdront ce pédoncule.
L’espèce vit sur les pentes externes récifales protégées de la houle. Elle y cohabite avec de nombreuses espèces, et en particulier les coraux et les éponges qui lui offrent des refuges profonds. Davidaster discoideus cohabite régulièrement avec sa cousine D. rubiginosus, parfois à plusieurs dans la même anfractuosité.
Cette espèce est typiquement cryptique*, très discrète. Là où d'autres espèces de comatules déploient largement leurs bras, de manière caractéristique, pour capter au maximum le plancton, cette espèce semble avoir une stratégie économe, ne laissant dépasser du repaire choisi qu’un minimum de bras, parfois seulement 3 ou 4, faisant parfois confondre ces bras isolés avec des colonies d’hydraires fixés.
En compensation, l’espèce est active en recherche alimentaire de jour comme de nuit contrairement aux autres crinoïdes de cette zone photique* qui sont essentiellement actifs la nuit.
Autre caractère biologique marqué, l’espèce est rhéophobe* (elle fuit le courant). On ne la rencontre ainsi jamais dans les passes, ou dans les zones soumises à la houle. Elle est d’ailleurs très fragile. On la retrouve essentiellement sur les tombants externes des récifs peu exposées aux vagues.
Au stade fixé, les comatules ressemblent à des lys de mer, ce qui est considéré comme un caractère ancestral du point de vue de l’évolution.
"Comatule perlée" est traduit de l'appellation anglaise beaded crinoid (perlé, en chapelet). Ce nom est inspiré par l'aspect des pinnules brillantes, pointées de noir à l'extrémité.
Comatule (du latin [coma] = chevelure), parce que les bouquets de bras des crinoïdes peuvent faire penser à une touffe de cheveux.
Davidaster : du latin [aster] = étoile, composant d'une série de noms de genre d'ophiures (par exemple Comaster, Nemaster...). Davidaster signifie donc "Etoile de David", David étant le premier prénom de David L. Meyer, spécialiste des Echinodermes. Pour créer le genre Davidaster, Hogett & Clark se sont appuyés sur ses études de la structure fine des "peignes" portés par les pinnules des bras.
discoidea : du grec [disko-] = disque, palet ; et [oïdes] = forme, aspect. Donc en forme de disque, mais le lien entre ce nom et la morphologie de l'espèce n'est pas évident.
Numéro d'entrée WoRMS : 246783
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Crinozoa | Crinozoaires | Echinodermes présentant, au minimum au stade larvaire, un pédoncule les fixant au substrat. Les formes adultes libres savent nager. |
Classe | Crinoidea | Crinoïdes | Corps en forme de calice, 5 bras primaires bien définis et des bras terminaux longs et ramifiés. Certaines espèces sont fixées par un pédoncule articulé, d'autres sont libres et nageuses. |
Sous-classe | Articulata | Articulés | |
Ordre | Comatulida | Comatulides | Seul ordre actuel, comprend 2 sous-ordres, l’un avec des organismes fixés, l’autre avec des organismes non fixés. |
Famille | Comatulidae | Comatulidés | |
Genre | Davidaster | ||
Espèce | discoideus |
Bras grêles, peu nombreux et gris
La partie des bras qui se détache sur le fond bleu permet d'apercevoir la pointe sombre des pinnules.
Anses d'Arlet, Martinique, 32 m
11/12/2014
Bras orangés à pinnules grises pointées de noir
Ici accompagnée d'un petit crabe Tour Eiffel, voici l'aspect typique de la comatule perlée.
Pointe Lézarde, Martinique, 10 m
11/08/2013
Détail des bras et des pinnules
presque incolores...
Grande Caye de Sainte Luce, Martinique sud, 20 m
27/08/2004
Axe orange
Sur ce spécimen mexicain, bien abrité entre les éponges, exceptionnellement presque tous les bras sont sortis.
Playa del Carmen, Yucatan (Mexique), 25 m
30/04/2013
Pointée de noir
La comatule perlée aime bien se trouver au calme, en profondeur.
Grande Caye de Sainte Luce, Martinique sud, 30 m
14/05/2012
Détail des pinnules
Sur les bras vus de près, on remarque l'aspect presque granuleux des pinnules, comme une série de petites billes, et leur disposition typiquement sur deux plans perpendiculaires.
Playa del Carmen, Yucatan (Mexique), 25 m
30/04/2013
Encore plus près
Vues d'encore plus près, les pinnules flexibles montrent comme un duvet de fins tentacules (les podia) qui explorent l'eau à la recherche de particules alimentaires.
Les bras portent souvent, comme ici, une ligne noire discontinue à la face ventrale. Il arrive même qu'ils soient entièrement noirs.
Anses d'Arlet, Martinique, 19 m
22/06/2013
Les deux espèces côte à côte
Au fond, Davidaster rubiginosus.
Au premier plan, Davidaster discoideus.
Martinique, 18 m
01/02/2007
Juvénile caché dans une éponge
Ce petit spécimen à 10 bras est un juvénile.
Il est souvent difficile, pour ces petits individus d'aspect grêle, de savoir si on a affaire à une comatule perlée ou une comatule dorée...
Nord Martinique, 25 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
10/06/2013
Vue rapprochée
L'examen rapproché des bras (il s'agit du juvénile de la photo précédente) nous donne des indications :
- la ligne noire interrompue sur la face dorsale du bras,
- l'aspect perlé des pinnules en grande partie translucides,
- l'espacement des pinules entre elles, nous font penser qu'il s'agit plutôt de Davidaster discoideus.
Le doute vient de la couleur atypique des extrémités des pinnules (jaune et non noire) : il s'agirait d'une variante de couleur. Selon Clark, on peut trouver des spécimens entièrement noirs, ou jaunes, ou blancs.
Nord Martinique, 25 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
10/06/2013
Comatules dorées et comatule perlée
Au premier plan, les bras d'une comatule perlée se détachent sur un bouquet de grandes comatules. L'auteur de la photo s'est approché du sujet en le prenant de loin pour une nouvelle variété d'hydraire !
Pointe Lézarde, Martinique sud, 18 m
18/03/2010
Confusion possible
C'est la quasi transparence des pinnules des bras de la comatule qui peut faire penser de loin à certaines formes d'hydraires plumeux non ramifiés, comme ces Aglaophenidés.
Il faut s'approcher pour voir que les rameaux secondaires des "bras" supposés sont ici disposés sur un seul plan.
Playa del Carmen, Yucatan (Mexique), 15 m
02/05/2013
Rédacteur principal : Alain PIBOT
Correcteur : Claude BOUCHON
Responsable régional : Anne PROUZET
Carpenter P.H., 1888, Report upon the Crinoidea collected during the voyage of H.M.S. Challenger, during the years 1873-1876. Part II. The Comatulae. In : REPORTS ON THE SCIENTIFIC RESULTS OF THE VOYAGE OF H.M.S. CHALLENGER, Zoology, 26, 399p.
Clark A.H., 1917, Four new echinoderms from the West Indies, Proceedings of the Biological Society Washington, 30, 63-70.
Clark A.H., 1921, Report on the crinoids collected by the Barbados-Antigua Expedition from the University of Iowa in 1918, Univ. Iowa Studies in Nat. Hist., 9(5), 1-28.
Clark A.H., 1931, A MONOGRAPH OF THE EXISTING CRINOIDS. VOL 1 THE COMATULIDS - PART 3 - SUPERFAMILY COMASTERIDA, Bulletin of the United States National Museum, 82, 816 pp.
Hoggett A.K., Rowe F.W.E., 1986, A reappraisal of the family Comasteridae A. H. Clark, 1908 (Echinodermata: Crinoidea), with the description of a new subfamily and a new genus, Zoological Journal of the Linnean Society, 88, 103-142.
Meyer D.L., Messing C.G., Macurda D.B., 1978, Zoogeography of tropical western Atlantic Crinoidea (Echinodermata), Bulletin of Marine Science, 28(3), 412-441.
La page de Davidaster discoideus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN