Pastenague épineuse

Bathytoshia centroura | (Mitchill, 1815)

N° 3887

Océan Atlantique dans des eaux dont la température est comprise entre 15 et 26 °C, et en Méditerranée.

Clé d'identification

Corps en forme de losange au museau obtus
Dos foncé, ventre blanc à bord grisâtre
Tubercules épineux sur le disque
Queue longue, épineuse en forme de fouet
Forts aiguillons à la base de la queue

Noms

Autres noms communs français

Pastenague à queue épineuse, pastenague des îles

Noms communs internationaux

Roughtail stingray, rough-tailed, rough-tailed northern stingray, clam cracker, stingaree (GB), Dornenschwanz-Stechrochen, Rauschwanz-Stechrochen, Stechrochen (D), Trigone spinoso (I), Raya-látigo lija, raya-látigo isleña, chucho de rabo largo (E), Uge de cardas (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Raja centroura Mitchill, 1815
Dasyatis
centroura (Mitchill, 1815)
Dasyatis aspera
(Cuvier, 1816)
Pastinaca aspera
Cuvier, 1816
Trygon aldrovandi
Risso, 1827
Raia gesneri Cuvier, 1829
Trygon brucco Bonaparte, 1834
Trygon thalassia
Müller & Henle, 1841
Pastinaca acanthura
Gronow, 1854
Trygon spinosissima
Duméril, 1865
Dasybatus marinus
Garman, 1913

Distribution géographique

Océan Atlantique dans des eaux dont la température est comprise entre 15 et 26 °C, et en Méditerranée.

Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

La pastenague épineuse réside généralement dans les eaux tropicales et tempérées du littoral atlantique. A l'est, on la trouve depuis le golfe de Gascogne jusqu'à l'Angola, incluant Madère et l'archipel des Canaries. A l'ouest on la rencontre de la côte du Massachussets depuis Georges Bank jusqu'au sud de la Floride, dans le golfe du nord du Mexique et aux Bahamas. Elle a également été rencontrée au large de l'Uruguay, au sud du Brésil, plus au nord sur les côtes du Canada au niveau de Nouveau-Brunswick, et dans la mer Méditerranée.

Biotope

La pastenague épineuse est une espèce benthique* vivant dans les eaux marines et saumâtres. Elle préfère les zones à fond sableux, vaseux ou détritique*. Elle passe la plupart de son temps partiellement enfouie dans le sable.
Elle nage principalement à des profondeurs de 15 à 50 mètres, mais peut être rencontrée entre 3 et 270 mètres environ. Elle a été vue à une profondeur de 274 mètres dans les Bahamas.
La température de l'eau, qui doit être comprise entre 15° et 26 °C, est considérée comme le facteur majeur de la distribution de cette raie.
Pendant les mois d'été, la pastenague épineuse est plus fréquente dans les baies, les estuaires et les eaux côtières. De décembre à mai, elle a tendance à s'éloigner de la côte et à migrer vers les eaux du nord, mais pas au-delà du plateau continental.

Description

La pastenague épineuse a un corps en forme de losange, dont l'avant est légèrement concave, l'arrière est légèrement convexe et les extrémités des nageoires pectorales sont arrondies. Son dos est de couleur gris clair à brun foncé ou brun olivâtre.
La longueur du disque (d'une extrémité à l'autre des nageoires pectorales) est en moyenne de 150 à 160 cm, avec un maximum de 220 cm. Cette pastenague peut peser jusqu'à 300 kg. C'est la plus grande raie à queue en fouet de l'Atlantique.
Le dessus du corps est recouvert de forts tubercules épineux. La tête a un museau obtus (130 à 140 degrés) et de petits yeux derrière lesquels se trouvent de grands évents*. La bouche ventrale est garnie de plusieurs séries de petites dents. Le ventre est blanchâtre avec un bord grisâtre.
La pastenague épineuse possède une longue queue grêle en fouet, qui peut atteindre jusqu'à 2,5 fois la longueur du corps, et qui est recouverte de nombreuses rangées d'épines venimeuses lancéolées*. Après les épines, la queue est de couleur noire. Le pédoncule* caudal comporte un à trois dards venimeux.
La pastenague épineuse n'a pas de nageoire dorsale, ni de nageoire anale.

Espèces ressemblantes

On peut confondre la pastenague épineuse avec

  • La pastenague américaine, Hypanus americana, qui fréquente les côtes ouest de l'océan Atlantique, depuis le New Jersey jusqu'au sud du Brésil, incluant le golfe du Mexique et les Antilles. Cependant, une seule rangée de courtes épines recouvre la ligne médiane de la surface du dos de H. americana.
  • Taeniurops grabatus, dont le nom vernaculaire est pastenague africaine ou pastenague ronde, fréquente les îles Canaries et les côtes est de l'Afrique, de la Mauritanie à l'Angola. On la trouve également en Méditerranée de la Tunisie à l'Egypte. C'est une grande raie de couleur sombre, de forme presque circulaire. Sa queue est courte et sa peau est presque lisse
  • Himantura schmardae, la pastenague des Caraïbes. Cette dernière se reconnaît à son disque ovoïde et à son museau très large. Elle ne se rencontre qu'aux Caraïbes, principalement au sud.
  • Pteroplatytrygon violacea ou pastenague violette, est une grande raie pélagique* mesurant en moyenne 110 cm. Elle est uniformément violette, pourpre ou bleu-vert foncé sur le dos comme sur le ventre. Le disque en forme de losange est plus large que long. C'est une espèce cosmopolite des mers tropicales ou proches des tropiques.

B. centroura ne peut être confondue avec Dasyatis pastinaca dont la peau est dépourvue de tubercules épineux. D'autre part, on ne rencontre pas D. pastinaca sur les côtes ouest de l'Atlantique.

Alimentation

La pastenague épineuse est une espèce carnivore opportuniste qui adapte son alimentation en fonction de la proie la plus disponible.
Ses proies habituelles se composent de poissons et d'invertébrés comme les crabes, bivalves, gastéropodes, céphalopodes et de crustacés tels que les crevettes de la famille des Callianassidés.

Reproduction - Multiplication

La pastenague épineuse est ovovivipare*. Elle ne forme pas de couple monogame, et peut être polygame, comme la pastenague américaine Hypanus americana.
La fécondation est interne ; un mâle insère un de ses deux ptérygopodes* dans le cloaque de la femelle et y dépose le sperme. Les embryons se développent dans le corps de la femelle. Ils se nourrissent d'abord du vitellus*, puis d'un liquide utérin enrichi de mucus, graisse et protéines. Après incubation, les œufs éclosent dans la mère.
La reproduction a lieu le plus souvent à l'automne ou au début de l'hiver. La période de gestation dure environ quatre mois et la femelle donne généralement naissance en avril. Une femelle peut mettre bas de deux à six petits.
Les juvéniles dont la largeur du disque varie de 34 à 37 cm à la naissance, ne bénéficient d'aucun soin parental et sont capables de trouver la nourriture par eux-mêmes.
Les pastenagues mâles atteignent la maturité sexuelle lorsque la largeur de disque mesure de 130 à 150 cm, tandis que les femelles arrivent à maturité à une largeur de disque de 140 à 160 cm.
Chez les femelles prêtes à se reproduire, l'ovaire gauche est généralement plus développé que le droit.

Vie associée

La pastenague épineuse peut être parasitée par des vers tels Acanthobothrium woodsholei, Anthocephalum centrurum, Lecanicephalum sp., Oncomegas wageneri, Polypocephalus sp., Pterobothrium senegalense, et Rhinebothrium maccallumi, le monogène Dendromonocotyle centrourae, et les sangsues Branchellion torpedinis.
Le Rémora rayé (Echeneis naucrates) se trouve parfois attaché à son corps.

Divers biologie

La pastenague épineuse utilise le toucher, le goût, la vue, l'ouïe et l'odorat pour percevoir son environnement. En outre, comme les autres poissons cartilagineux, elle peut détecter des ondes électriques produites par d'autres organismes. Elle utilise cette capacité pour trouver des proies enterrées dans le substrat*.
La pastenague épineuse dispose d'environ sept rangées de dents fonctionnelles dans le centre de la mâchoire supérieure et environ douze à quatorze rangées fonctionnelles dans le centre de la mâchoire inférieure. Les pointes des dents des juvéniles et des femelles sont plates ou arrondies tandis que les pointes des dents des mâles matures sont courtes et coniques. Les bases des dents sont carrées, indépendamment de l'âge ou le sexe.

Les prédateurs ordinaires de la raie pastenague épineuse sont des requins et autres gros poissons, en particulier Sphyrna mokarran, le grand requin-marteau. Pour éviter que ses prédateurs la voient, la pastenague épineuse se cache juste sous la surface des fonds vaseux et sablonneux.

Informations complémentaires

Elle ne s'attaque pas à l'homme ; cependant si on marche dessus, elle peut se défendre en utilisant les épines de sa queue qui sont toxiques, mais rarement mortelles pour les humains.
En Méditerranée, la pêche intensive se pratique dans l'habitat de la pastenague épineuse qui est prise accidentellement par les chaluts, palangres, filets maillants et lignes à main.
Dans l'Atlantique Sud-Ouest, la pastenague épineuse et d'autres grandes raies sont fortement exploitées ; cette pression de pêche est susceptible d'augmenter en raison de l'intérêt commercial croissant dans l'utilisation de grandes raies pour produire du poisson haché. Autrefois, elle était broyée pour fabriquer de l'engrais. Ses ailes sont consommées fumées, salées ou séchées.
Jusqu'en 2012 on ne possédait pas de données sur l'âge maximum de B. centroura. L'âge d'une raie capturée sur les côtes de la Turquie, mesurant 198 cm du museau au bout de la queue (la queue avait été préalablement coupée près de la base), avec un disque de 179 cm de long et pesant 217 kg a été estimé à 24 ans. Sachant que ces raies peuvent devenir encore plus grandes, il est certain qu'elles peuvent vivre un plus grand nombre d'années.
L'évaluation des stocks de différentes espèces de la famille des Dasyatidés est limitée par la difficulté à identifier les espèces à partir des prélèvements de la pêche. En effet, au cours de la pêche, têtes, branchies, intestins et queues sont coupés, rendant l'identification difficile. Des chercheurs, se focalisant sur 4 espèces qui fréquentent les côtes sud et sud-est du Brésil : Dasyatis hypostigma, Dasyatis americana, Hypanus guttatus, et Bathytoshia centroura, ont mis au point une méthode de biologie moléculaire rendant cette identification possible.

Statuts de conservation et réglementations diverses

L'espèce est classée dans la catégorie "Préoccupation mineure" (ou LC pour Least Concern) par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Bien que les données concernant cette espèce soient limitées, sa grande taille et sa faible fécondité (2 à 6 juvéniles par portée) la rendent vulnérable et sensible à l'appauvrissement de sa population. Dans les eaux du nord-ouest de l'Atlantique, cette espèce n'est pas prise pour cible et la population est stable. Dans le sud-ouest de l'Atlantique, elle est pêchée au chalut, et les populations des côtes de l'Amérique du Sud ont fortement diminué par rapport à leur niveau des années 1950. Elle a été peu signalée en Méditerranée où la pêche au chalut est intense entre 50 m et 800 m de profondeur. Compte tenu de ces éléments, l'espèce est considérée « Quasi menacée » (ou NT pour Near Threatened) en Méditerranée et en Atlantique Ouest.

Origine des noms

Origine du nom français

Pastenague : issu du latin [pastinaca] = panais, qui désigne une racine comestible proche de la carotte. Rondelet en 1554 précise que la queue de ce poisson dépourvue de nageoires a la « couleur et rondeur » de la racine du panais. Par la suite la langue provençale a fait évoluer ce mot dans deux directions

  • pastenade pour désigner la plante connue aujourd'hui sous le nom de panais
  • pastenago pour désigner localement le poisson. Au XVIe siècle, Ambroise Paré écrivait (XXIII, 9) : "Les bestes venimeuses sont aspics, pastenaques, vives, torpedes, araignées".


Epineuse : en référence à ses épines sur le disque et sur la queue.

Origine du nom scientifique

Une révision de la classification des espèces de la famille des Dasyatidés, basée sur des caractères morphologiques et moléculaires, a été publiée en 2016. Le genre Bathytoshia, qui était jusqu'alors considéré comme un synonyme de Dasyatis (« junior synonym »), a été validé.

Bathytoshia : du grec [bathos] = profondeur. Toshia vient du Dr. Jas. R. Tosh, ichtyologue, qui a notamment publié en 1903 sur les poissons fréquentant la baie de Moreton en Australie.

centroura : du grec [kentros] = piquant, et [ur-] sur la queue, en référence à ses épines sur la queue.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 1017389

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Chondrichthyes Chondrichthyens Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale.
Sous-classe Elasmobranchii Elasmobranches Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles.
Super ordre Euselachii Sélaciens Raies et requins.
Ordre Rajiformes Rajiformes Les Rajiformes regroupent l'essentiel des raies. Poissons cartilagineux sans vessie natatoire, très plats mais apparentés aux requins.
Famille Dasyatidae Dasyatidés Famille des raies pastenague.
Genre Bathytoshia
Espèce centroura

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