Corps en forme de losange au museau obtus
Dos foncé, ventre blanc à bord grisâtre
Tubercules épineux sur le disque
Queue longue, épineuse en forme de fouet
Forts aiguillons à la base de la queue
Pastenague à queue épineuse, pastenague des îles
Roughtail stingray, rough-tailed, rough-tailed northern stingray, clam cracker, stingaree (GB), Dornenschwanz-Stechrochen, Rauschwanz-Stechrochen, Stechrochen (D), Trigone spinoso (I), Raya-látigo lija, raya-látigo isleña, chucho de rabo largo (E), Uge de cardas (P)
Raja centroura Mitchill, 1815
Dasyatis centroura (Mitchill, 1815)
Dasyatis aspera (Cuvier, 1816)
Pastinaca aspera Cuvier, 1816
Trygon aldrovandi Risso, 1827
Raia gesneri Cuvier, 1829
Trygon brucco Bonaparte, 1834
Trygon thalassia Müller & Henle, 1841
Pastinaca acanthura Gronow, 1854
Trygon spinosissima Duméril, 1865
Dasybatus marinus Garman, 1913
Océan Atlantique dans des eaux dont la température est comprise entre 15 et 26 °C, et en Méditerranée.
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]La pastenague épineuse réside généralement dans les eaux tropicales et tempérées du littoral atlantique. A l'est, on la trouve depuis le golfe de Gascogne jusqu'à l'Angola, incluant Madère et l'archipel des Canaries. A l'ouest on la rencontre de la côte du Massachussets depuis Georges Bank jusqu'au sud de la Floride, dans le golfe du nord du Mexique et aux Bahamas. Elle a également été rencontrée au large de l'Uruguay, au sud du Brésil, plus au nord sur les côtes du Canada au niveau de Nouveau-Brunswick, et dans la mer Méditerranée.
La pastenague épineuse est une espèce benthique* vivant dans les eaux marines et saumâtres. Elle préfère les zones à fond sableux, vaseux ou détritique*. Elle passe la plupart de son temps partiellement enfouie dans le sable.
Elle nage principalement à des profondeurs de 15 à 50 mètres, mais peut être rencontrée entre 3 et 270 mètres environ. Elle a été vue à une profondeur de 274 mètres dans les Bahamas.
La température de l'eau, qui doit être comprise entre 15° et 26 °C, est considérée comme le facteur majeur de la distribution de cette raie.
Pendant les mois d'été, la pastenague épineuse est plus fréquente dans les baies, les estuaires et les eaux côtières. De décembre à mai, elle a tendance à s'éloigner de la côte et à migrer vers les eaux du nord, mais pas au-delà du plateau continental.
La pastenague épineuse a un corps en forme de losange, dont l'avant est légèrement concave, l'arrière est légèrement convexe et les extrémités des nageoires pectorales sont arrondies. Son dos est de couleur gris clair à brun foncé ou brun olivâtre.
La longueur du disque (d'une extrémité à l'autre des nageoires pectorales) est en moyenne de 150 à 160 cm, avec un maximum de 220 cm. Cette pastenague peut peser jusqu'à 300 kg. C'est la plus grande raie à queue en fouet de l'Atlantique.
Le dessus du corps est recouvert de forts tubercules épineux. La tête a un museau obtus (130 à 140 degrés) et de petits yeux derrière lesquels se trouvent de grands évents*. La bouche ventrale est garnie de plusieurs séries de petites dents. Le ventre est blanchâtre avec un bord grisâtre.
La pastenague épineuse possède une longue queue grêle en fouet, qui peut atteindre jusqu'à 2,5 fois la longueur du corps, et qui est recouverte de nombreuses rangées d'épines venimeuses lancéolées*. Après les épines, la queue est de couleur noire. Le pédoncule* caudal comporte un à trois dards venimeux.
La pastenague épineuse n'a pas de nageoire dorsale, ni de nageoire anale.
On peut confondre la pastenague épineuse avec
B. centroura ne peut être confondue avec Dasyatis pastinaca dont la peau est dépourvue de tubercules épineux. D'autre part, on ne rencontre pas D. pastinaca sur les côtes ouest de l'Atlantique.
La pastenague épineuse est une espèce carnivore opportuniste qui adapte son alimentation en fonction de la proie la plus disponible.
Ses proies habituelles se composent de poissons et d'invertébrés comme les crabes, bivalves, gastéropodes, céphalopodes et de crustacés tels que les crevettes de la famille des Callianassidés.
La pastenague épineuse est ovovivipare*. Elle ne forme pas de couple monogame, et peut être polygame, comme la pastenague américaine Hypanus americana.
La fécondation est interne ; un mâle insère un de ses deux ptérygopodes* dans le cloaque de la femelle et y dépose le sperme. Les embryons se développent dans le corps de la femelle. Ils se nourrissent d'abord du vitellus*, puis d'un liquide utérin enrichi de mucus, graisse et protéines. Après incubation, les œufs éclosent dans la mère.
La reproduction a lieu le plus souvent à l'automne ou au début de l'hiver. La période de gestation dure environ quatre mois et la femelle donne généralement naissance en avril. Une femelle peut mettre bas de deux à six petits.
Les juvéniles dont la largeur du disque varie de 34 à 37 cm à la naissance, ne bénéficient d'aucun soin parental et sont capables de trouver la nourriture par eux-mêmes.
Les pastenagues mâles atteignent la maturité sexuelle lorsque la largeur de disque mesure de 130 à 150 cm, tandis que les femelles arrivent à maturité à une largeur de disque de 140 à 160 cm.
Chez les femelles prêtes à se reproduire, l'ovaire gauche est généralement plus développé que le droit.
La pastenague épineuse peut être parasitée par des vers tels Acanthobothrium woodsholei, Anthocephalum centrurum, Lecanicephalum sp., Oncomegas wageneri, Polypocephalus sp., Pterobothrium senegalense, et Rhinebothrium maccallumi, le monogène Dendromonocotyle centrourae, et les sangsues Branchellion torpedinis.
Le Rémora rayé (Echeneis naucrates) se trouve parfois attaché à son corps.
La pastenague épineuse utilise le toucher, le goût, la vue, l'ouïe et l'odorat pour percevoir son environnement. En outre, comme les autres poissons cartilagineux, elle peut détecter des ondes électriques produites par d'autres organismes. Elle utilise cette capacité pour trouver des proies enterrées dans le substrat*.
La pastenague épineuse dispose d'environ sept rangées de dents fonctionnelles dans le centre de la mâchoire supérieure et environ douze à quatorze rangées fonctionnelles dans le centre de la mâchoire inférieure. Les pointes des dents des juvéniles et des femelles sont plates ou arrondies tandis que les pointes des dents des mâles matures sont courtes et coniques. Les bases des dents sont carrées, indépendamment de l'âge ou le sexe.
Les prédateurs ordinaires de la raie pastenague épineuse sont des requins et autres gros poissons, en particulier Sphyrna mokarran, le grand requin-marteau. Pour éviter que ses prédateurs la voient, la pastenague épineuse se cache juste sous la surface des fonds vaseux et sablonneux.
Elle ne s'attaque pas à l'homme ; cependant si on marche dessus, elle peut se défendre en utilisant les épines de sa queue qui sont toxiques, mais rarement mortelles pour les humains.
En Méditerranée, la pêche intensive se pratique dans l'habitat de la pastenague épineuse qui est prise accidentellement par les chaluts, palangres, filets maillants et lignes à main.
Dans l'Atlantique Sud-Ouest, la pastenague épineuse et d'autres grandes raies sont fortement exploitées ; cette pression de pêche est susceptible d'augmenter en raison de l'intérêt commercial croissant dans l'utilisation de grandes raies pour produire du poisson haché. Autrefois, elle était broyée pour fabriquer de l'engrais. Ses ailes sont consommées fumées, salées ou séchées.
Jusqu'en 2012 on ne possédait pas de données sur l'âge maximum de B. centroura. L'âge d'une raie capturée sur les côtes de la Turquie, mesurant 198 cm du museau au bout de la queue (la queue avait été préalablement coupée près de la base), avec un disque de 179 cm de long et pesant 217 kg a été estimé à 24 ans. Sachant que ces raies peuvent devenir encore plus grandes, il est certain qu'elles peuvent vivre un plus grand nombre d'années.
L'évaluation des stocks de différentes espèces de la famille des Dasyatidés est limitée par la difficulté à identifier les espèces à partir des prélèvements de la pêche. En effet, au cours de la pêche, têtes, branchies, intestins et queues sont coupés, rendant l'identification difficile. Des chercheurs, se focalisant sur 4 espèces qui fréquentent les côtes sud et sud-est du Brésil : Dasyatis hypostigma, Dasyatis americana, Hypanus guttatus, et Bathytoshia centroura, ont mis au point une méthode de biologie moléculaire rendant cette identification possible.
L'espèce est classée dans la catégorie "Préoccupation mineure" (ou LC pour Least Concern) par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Bien que les données concernant cette espèce soient limitées, sa grande taille et sa faible fécondité (2 à 6 juvéniles par portée) la rendent vulnérable et sensible à l'appauvrissement de sa population. Dans les eaux du nord-ouest de l'Atlantique, cette espèce n'est pas prise pour cible et la population est stable. Dans le sud-ouest de l'Atlantique, elle est pêchée au chalut, et les populations des côtes de l'Amérique du Sud ont fortement diminué par rapport à leur niveau des années 1950. Elle a été peu signalée en Méditerranée où la pêche au chalut est intense entre 50 m et 800 m de profondeur. Compte tenu de ces éléments, l'espèce est considérée « Quasi menacée » (ou NT pour Near Threatened) en Méditerranée et en Atlantique Ouest.
Pastenague : issu du latin [pastinaca] = panais, qui désigne une racine comestible proche de la carotte. Rondelet en 1554 précise que la queue de ce poisson dépourvue de nageoires a la « couleur et rondeur » de la racine du panais. Par la suite la langue provençale a fait évoluer ce mot dans deux directions
Epineuse : en référence à ses épines sur le disque et sur la queue.
Une
révision de la classification des espèces de la famille des
Dasyatidés, basée
sur des caractères morphologiques et moléculaires,
a été publiée en
2016. Le genre Bathytoshia,
qui était jusqu'alors considéré
comme un synonyme de Dasyatis
(« junior synonym »), a été validé.
Bathytoshia : du grec [bathos] = profondeur. Toshia vient du Dr. Jas. R. Tosh, ichtyologue, qui a notamment publié en 1903 sur les poissons fréquentant la baie de Moreton en Australie.
centroura : du grec [kentros] = piquant, et [ur-] sur la queue, en référence à ses épines sur la queue.
Numéro d'entrée WoRMS : 1017389
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Super ordre | Euselachii | Sélaciens | Raies et requins. |
Ordre | Rajiformes | Rajiformes | Les Rajiformes regroupent l'essentiel des raies. Poissons cartilagineux sans vessie natatoire, très plats mais apparentés aux requins. |
Famille | Dasyatidae | Dasyatidés | Famille des raies pastenague. |
Genre | Bathytoshia | ||
Espèce | centroura |
Sur un fond de sable
La pastenague épineuse a un corps en losange. Son dos est foncé.
Las Galletas, Tenerife, îles Canaries, 21 m
30/07/2013
En train de s'ensabler
Elle affectionne les zones à fond sableux, vaseux ou détritique, et passe la plupart de son temps partiellement enfouie dans le sable.
Punta Luna, Tenerife, 21 m
10/07/2013
Longue queue
Sa longue queue en fouet, qui peut atteindre jusqu'à 2,5 fois la longueur du corps, a de nombreuses rangées d'épines venimeuses et comporte un à trois dards venimeux sur le pédoncule caudal.
Las Galletas, Tenerife, îles Canaries, 37 m
23/07/2014
Changement de trajectoire
Les extrémités des nageoires pectorales sont arrondies.
Las Rayas, Tenerife, 20 m
16/10/2005
En plein vol
La pastenague épineuse nous montre son ventre, blanchâtre au bord grisâtre. On peut remarquer ses petits yeux derrière lesquels se trouvent de grands évents*.
Las Galletas, Tenerife, îles Canaries, 22 m
23/07/2012
Aiguillon caudal
La pastenague épineuse possède de forts aiguillons à la base de la queue. L'aiguillon ressemble a un couteau bordé de deux rangées de petites dents dirigées vers l'arrière. Attention à ne pas rester à portée des mouvements de queue.
Roncadores del faro, Tenerife, 25 m
07/07/2014
Tubercules épineux
Le dessus du corps de la pastenague épineuse est recouvert, comme son nom l'indique, de tubercules épineux.
Punta Luna, Tenerife, 21 m
27/07/2014
Rédacteur principal : Annie SUBRA
Vérificateur : Laurent FEY
Responsable régional : Sylvie HUET
Afonso P., Porteiro F.M., Fontes J., Tempera F., Morato T., Cardigos F., Santos R.S., 2013, New and rare coastal fishes in the Azores islands: occasional events or tropicalization process?, Journal of Fish Biology, 83(2), 272-294.
Basusta N., Sulikowski J.A., 2012, The oldest estimated age for roughtail stingray [Dasyatis centroura (Mitchill, 1815)] from the Mediterranean Sea, Journal of Applied Ichthyology, 28(4), 641-642.
Capape C., 1993, New data on the reproductive-biology of the thorny stingray, Dasyatis centroura (Pisces, Dasyatiae) from off the Tunisian coasts, Environmental Biology of Fishes, 38(1-3), 73-80.
Last P.R., Naylor G., Manjaji-Maysumoto B.M., 2016,
A
revised classification of the family Dasyatidae
(Chondrichthyes: Myliobatiformes) based on new morphological and
molecular insights, Zootaxa, 4139 (3), 345–368.
La page sur Bathytoshia centroura sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Bathytoshia centroura dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN