Eponge massive
Forme très variable, de sphérique à digitée
Oscules regroupés sur la crête apicale
Vert olive à jaune canari, violette en cas de lésion
Consistance ferme, très légèrement compressible
Hippospongia metachromia de Laubenfels, 1954
Petrosaspongia metachromia Bergquist, 1995
Océan Pacifique Nord, Océan Pacifique Sud
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCet organisme est présent depuis l’Indonésie, Taïwan et la Micronésie (Palaos) jusque dans la majorité des archipels du Pacifique Sud (Nouvelle-Calédonie, Fidji, Vanuatu, Polynésie française) et à Hawaï pour la limite nord.
Cette éponge préfère les pentes externes des récifs d’îles « ouvertes » ou atolls. Elle peut s’y développer abondamment sur différents types de substrat (rocheux, corallien vivant ou mort) depuis les premiers mètres et jusqu’à plus de 65 m de profondeur.
Dans les zones fortement exposées aux courants, elle se rencontre à l’abri dans les crevasses et présente une morphologie alors adaptative (très encroûtante, couleur jaune vif car absence de micro-organismes photosynthétiques à sa surface).
Dactylospongia metachromia se présente généralement sous la forme d’un coussin massif et plutôt compact, parfois ramifié en plusieurs lobes. Les oscules* sont situés en partie apicale* de l’animal, en général alignés selon un axe longitudinal ou transversal.
La couleur varie du vert olivâtre quand l’éponge est exposée sur le récif au jaune vif lorsqu’elle est encroûtante et se niche au fond des anfractuosités coralliennes. En cas de déchirure du derme, la lésion devient alors violette ce qui est caractéristique de l’espèce.
Le squelette est un réseau dense de fibres de spongine dépourvues de noyau. Des reliefs coniques ou « conules » parsèment la paroi externe, séparés par des lacunes.
La consistance est ferme et difficilement compressible.
Un mucus très abondant suinte de l’animal immédiatement après qu’il soit soumis à un stress (manipulation, remontée en surface).
Dactylospongia elegans : espèce plus ramifiée, oscules dispersés sur la surface des branches, consistance élastique, absence de coloration violette des zones nécrosées.
Organisme sessile* filtreur qui s’alimente en aspirant l’eau par ses pores inhalants (ou ostioles*). L’eau ainsi pompée est filtrée par des cellules ciliées spécialisées appelées choanocytes*, qui entretiennent le flux d’eau par leur mobilité synchrone (via leurs cils ou « flagelles ») et retiennent les particules planctoniques* (par phagocytose*) dont l’éponge se nourrit préférentiellement.
L’eau filtrée est ensuite rejetée à travers les pores exhalants (ou oscules*).
La majorité des espèces membres de la classe des Démosponges sont hermaphrodites.
La reproduction de Dactylospongia metachromia est relativement peu connue, cependant elle présente comme beaucoup d’éponges une grande capacité de régénération par bourgeonnement successif d’un morceau isolé (reproduction asexuée).
La reproduction sexuée consiste en la formation d’un œuf (ou « zygote ») suite à la fusion des gamètes* à l'intérieur de l'éponge. La larve* « parenchymella » qui s’échappe de l’un des pores exhalants nage ensuite librement dans la colonne d’eau avant de se fixer sur un substrat* pour former une jeune colonie. Le choix du substrat sera déterminé en fonction de différents paramètres environnementaux perçus par la larve (degré d’exposition lumineuse, courantologie notamment).
A été observée en étroite association avec une autre espèce d’éponge particulièrement abondante sur la pente externe et dans les lagons des atolls de Polynésie française, Haliclona sp. (observation du rédacteur).
Le squelette de cette éponge est dépourvu de spicules* (sécrétions calcaires ou siliceuses en forme d’aiguilles) mais constitué principalement de spongine au même titre que les éponges de toilette. Les fibres sont denses et interconnectées. La distinction entre les réseaux de liaison primaire et secondaire n’est pas évidente comme chez d’autres espèces de la famille des Thorectidés. Ils lui confèrent néanmoins un important potentiel de rétention d’eau (85% d’humidité en moyenne).
Les prédateurs naturels des éponges sont les tortues marines (Eretmochelys imbricata principalement), certaines espèces de nudibranches (par exemple du genre Phyllidiella) et d’échinodermes ainsi que des poissons récifaux carnivores (Balistidés et Tetraodontidés). Ne pouvant se déplacer et dépourvue de spicules protecteurs de ses couches cellulaires, cette éponge se défend exclusivement par l’émission de composés chimiques pouvant se révéler toxiques pour certains de ses prédateurs.
Cette espèce fait l’objet de travaux en matière d’écologie chimique car elle produit des substances d’intérêt ayant des applications dans la santé humaine.
D’un point de vue biologique, l’étude de cette éponge in situ a notamment pu montrer une réaction des cellules face au stress provoquant la contraction des oscules suite à la manutention de l’animal. L’impact d’une forte compression mécanique sur la survie de cette espèce n’a pas encore été étudié, mais il est en général fortement déconseillé de presser les éponges marines au risque d’endommager irrémédiablement les couches cellulaires qui constituent leur derme.
Dactylospongia : du grec [dactylo]= le doigt, et [spoggos] = éponge, en référence aux digitations de l’exosquelette parfois observées chez certaines colonies.
Initialement connue sous le nom d’Hippospongia : du grec [híppos] = cheval, car elle servait autrefois à laver et lustrer le poil des chevaux.
metachromia : du grec [meta] = le changement, la succession ; et [khroma] = couleur, en référence au fait que cette éponge tourne au violet lorsqu’elle est incisée, sortie de l’eau ou plongée dans l’éthanol pour sa conservation.
Numéro d'entrée WoRMS : 165313
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Dictyoceratida | Dictyocératides | « Eponges à réseau de corne ». Squelette entièrement composé de fibres de spongine anastomosées et souvent organisées en réseaux primaire, secondaire voire tertiaire. Fibres généralement homogènes ou légèrement stratifiées avec ou sans moelle centrale. Pas de spicules. Eponges vivipares. |
Famille | Thorectidae | Thorectidés | Spongiaires à texture dure et fragile, avec de nombreux grains de sable et de fragments de spicules étrangers incrustés dans le choanoderme et dans les fibres primaires et parfois secondaires, formant des strates qui se croisent. Chambres choanocytaires sphériques possédant des canaux d’entrée et de sortie d’eau bien développés. |
Genre | Dactylospongia | ||
Espèce | metachromia |
Oscules alignés
Les orifices sont alignés le long d'une crête.
Atoll de Tematangi, archipel des Tuamotu, Polynésie française, 19 m
25/10/2018
Gros plan sur les orifices
Surface granuleuse, oscules cloisonnés et nettement marginés
Atoll de Tematangi, archipel des Tuamotu, Polynésie française, 14m
25/10/2019
Biotope
Environnement corallien
Atoll de Tematangi, archipel des Tuamotu, Polynésie française, 12m
25/10/2018
Rédacteur principal : Mathilde MASLIN
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable régional : Anne PROUZET
Boufridi, A., 2014, DE L’ÉTUDE D’ÉPONGES DU GENRE DACTYLOSPONGIA AUX PARTICULARITÉS CHIMIQUES DES ILIMAQUINONES, Université Paris Sud - Paris XI, France, 228 p.
La page de Dactylospongia metachromia sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires : World Porifera Database