Colonie encroûtante de moins de 10 cm
Zoïdes peu visibles, généralement en cercle
Couleur variable: pourpre, marron, vert, bleu...
C. dellechiajei regroupe sûrement plusieurs espèces
Compound ascidian, colonial ascidian, colonial seasquirt (GB), Tunicato (I), Ascidia colonial (E), Koloniebildende Seecheide (D)
Cystodites dellechiajei (Della Valle, 1877)
Cystodytes dellachiaiae (Della Valle, 1877)
Cystodytes dellachiajei (Della Valle, 1877)
Cystodytes dellechiaiae (Della Valle, 1877)
Distoma dellachiajei Della Valle, 1877
Distoma dellechiaie (Della Valle, 1877)
Distoma dellechiajei (Della Valle, 1877)
Distoma dellechiajiae (Della Valle, 1877)
Cystodites cretaceus Drasche, 1883
Cystodites durus Drasche, 1883
Cystodytes cretaceous Drasche, 1883
Cystodytes cretaceus Drasche, 1883
Cystodites draschii Herdman, 1886
Cystodites philippinensis Herdman, 1886
Cystodytes draschei Herdman, 1886
Cystodytes draschii Herdman, 1886
Cystodytes perspicuus Nott, 1892
Cystodytes aucklandicus Nott, 1892
Cystodytes violaceus Van Name, 1902
Cystodytes ceylonensis Herdman, 1906
Cosmopolite des mers tropicales et tempérées
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cosmopolite des mers tropicales et tempérées, sa distribution est aussi eurybathique*, c'est à dire que cette ascidie coloniale peut être trouvée dès les premiers mètres jusqu'à de grandes profondeurs (spécimen collecté à 735 m, Monniot 1974). Elle a été identifiée dans les Caraïbes (des Bermudes à Panama), en Atlantique, dans le Pacifique et l'océan Indien. En Méditerranée, bien que partout présente, elle n'est que sporadiquement abondante. Ainsi on l'observe peu sur la côte d'Azur et devient commune à partir de la côte Vermeille et en Espagne.
Espèce encroûtante des substrats* durs partiellement ombragés, elle est en compétition avec les nombreux autres habitants de ce biotope convoité (autres ascidies coloniales, éponges, algues calcaires, bryozoaires...).
Cystodytes dellechiajei forme des colonies molles (50 à 100 mm de diamètre) en croûte de quelques millimètres d'épaisseur (5 à 20 mm), semblables à de petits coussinets aplatis plus ou moins anastomosés*. La fine tunique gélatineuse commune, relativement lisse au toucher, peut être de couleur extrêmement variable suivant la zone géographique, mais également, au sein d'une même zone géographique. Le plus souvent pourpre sur le littoral méditerranéen français, on rencontrera également des formes marron, vertes et bleues en Méditerranée occidentale et orientale. Cosmopolite, cette espèce sera retrouvée sous différentes couleurs dans d'autres secteurs géographiques comme les Caraïbes (miel) ou l'Indo-Pacifique (blanc translucide, jaune, violet...).
Les 2 siphons s'ouvrent à la surface de la colonie, ils sont souvent peu visibles. Les zoïdes s'organisent de façon rudimentaire. Ils sont généralement regroupés en cercle autour de l'ouverture cloacale commune (réunion des siphons exhalants). Entre ces groupes de zoïdes, il peut exister des zones lisses occupées par la seule tunique de la colonie.
La variabilité intra-spécifique est grande chez cette ascidie coloniale, particulièrement en ce qui concerne la couleur des colonies, la composition moléculaire et la chimie, ce qui suggère une révision du genre pour plusieurs auteurs. Mais, en Méditerranée, le nom de Cystodytes dellechiajei est traditionnellement conservé.
Description microscopique :
Les zoïdes sont longs et divisés en deux parties bien distinctes ; le thorax (les 2 siphons et le sac branchial) et l'abdomen (l'estomac et l'intestin). Ils sont complètement noyés dans la tunique. Les zoïdes sont particulièrement contractiles chez cette espèce. L'abdomen est entouré par une couche de spicules calcaires discoïdes dans laquelle tout le zoïde peut venir se cacher lorsque ce dernier vient à se contracter (en cas de diverses perturbations). Les spicules sont matérialisés par de petits points blanchâtres parfois visibles à travers la tunique. Le sac branchial est composé de 4 rangées de stigmates*, c'est une caractéristique du genre Cystodytes.
La variabilité au sein d'une même espèce (intra-spécifique) est un phénomène habituel chez les invertébrés marins. Des variations très importantes peuvent apparaître au niveau de la taille, de la couleur, de la texture, de la forme générale, de la chimie et des autres caractéristiques de l'animal. Cette variabilité de l'espèce pose souvent un problème au sujet de son statut taxonomique.
Cystodytes dellchiajei, supposée cosmopolite, présente plusieurs morphotypes* qui diffèrent entre eux par la couleur (15 teintes différentes répertoriées!), la composition des spicules (4 types de spicules répertoriés!) et la composition des métabolites secondaires. C'est pour ces raisons qu'il existe une certaine controverse pour savoir si C. dellechiajei représente une seule ou plusieurs espèces en Méditerranée et dans les autres zones de distribution (Caraïbes, Indo-Pacifique).
Eudistoma reginum, Polycitoridae, rencontré dans l'Indo-Pacifique, a un aspect semblable et sa couleur est généralement pourpre soutenu.
Eudistoma hospitale, Polycitoridae, rencontré dans l'Indo-Pacifique, forme de large plaque encroûtante sur les coraux. Sa couleur peut être pourpre, marron...
Cystodytes violatinctus, Polycitoridae, rencontré dans l'Indo-Pacifique dans les petits fonds coralliens, est parfaitement identique pour le plongeur à C. dellechiajei (forme pourpre)!
Cystodytes multipapillatus, Polycitoridae, rencontré dans l'Indo-Pacifique dans les très petits fonds coralliens, couleur mélangée marron et violette.
Cystodytes aucklandidus (synonyme non valide) Polycitoridae, rencontré dans l'Indo-Pacifique a pour sa part une large répartition géographique et est eurybathique*.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Les ascidies créent un courant d'eau (rentrant par les petits orifices inhalants individuels) grâce au mouvement des cils du pharynx pour attraper les particules en suspension (organismes suspensivores*). Ce courant est aussi utilisé pour les échanges gazeux. Les particules sortent par le siphon* exhalant.
La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués. Ces animaux sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
Colonie sur les stolons qui ont passé l'hiver. C'est par la reproduction asexuée que se forme la colonie (bourgeonnement à partir de l'individu souche). Une étude faite en Méditerranée sur une période de vingt mois et portant sur les deux formes les plus abondantes (bleue et violette) montrent que les pics saisonniers de croissance et de reproduction de la forme violette, ont lieu, approximativement, deux mois plus tard que ceux de la forme bleue. D'autre part, le pic de reproduction est décalé du pic de croissance, ce qui montre que les ressources énergétiques disponibles sont consacrées à une seule action à la fois.
Reproduction sexuée :
La dispersion larvaire supposée minime favorise l'isolement génétique. Elle explique sans doute la présence fréquente de petits groupements de colonies isochromes* (de même couleur).
Reproduction asexuée :
De même que certaines éponges (Oscarella sp. ou Chondrosia reniformis), Cystodytes dellechiajei pratique aussi occasionnellement un mode de multiplication (dispersion) asexuée. Pour cela, elle forme des excroissances en forme de gouttes ou de filaments qui pendent sous les tombants de la colonie souche, puis à l'occasion de coup de mer (fortes turbulences) ces excroissances se détachent pour se disperser au gré des courants et se fixer plus loin si les conditions le permettent. On nomme ces éléments des "propagules" parce qu'ils permettent la "propagation" de l'espèce.
Les colonies sont propres, généralement sans épibionte*.
Mécanisme de défense :
Les ascidies, et particulièrement Cystodytes dellechiajei, utilisent plusieurs mécanismes de défense pour limiter l'impact de la prédation et la lutte pour l'espace ; ils sont physiques (rigidité de la tunique et spicules) et chimiques (utilisation de métabolites secondaires comme l'ascididemine, concentration élevée de vanadium et un pH inférieur à 1). Cet animal fait tout de même l'objet de prédation de la part d'oursins (on retrouve les spicules calcaires dans les fées de Paracentrotus lividus), de nudibranches (Hypselodoris orsinii en Méditerranée, Coriocella sp. aux Caraïbes...) et de poissons (mers tropicales).
Cette espèce fait l'objet de recherches poussées au niveau moléculaire, ceci dans le domaine médical où la recherche de nouvelles molécules passe par l'étude de nombreux invertébrés marins dotés de mécanismes chimiques de défense. Parmi ces molécules découvertes chez C. dellechiajei, on peut citer la cystodamine à l'activité antibiotique (1992, mission en Tunisie), l'ascididemine, alkaloïde majeur de C. dellechiajei en Méditerranée qui est une molécule aux propriétés antibactériennes et antifongiques.
Ascidie coloniale pourpre est une proposition du site DORIS, bien que sa couleur ne soit pas systématiquement pourpre.
Cysto- : de [cyst(o)-] : poche gonflée, vessie.
-dytes : de [-dyte] ou [-dytique] = plonger, s'enfoncer.
dellechiajei : vient de Stefano [Delle Chiaje], 1794-1860, qui était un zoologiste, botaniste, anatomiste et physicien italien (Naples). [Micrura dellechiajei (Hubrecht, 1879), Amphiura chiajei Forbes, 1843, Cystodytes dellechiajei Della Valle, 1877].
Numéro d'entrée WoRMS : 103601
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Polycitoridae | Polycitoridés | Regroupe les principaux genres suivant : Eudistoma, Polycitor, Cystodytes. |
Genre | Cystodytes | ||
Espèce | dellechiajei |
Guerre pour l'espace !
Cette belle colonie pourpre est ici en concurrence avec divers organismes encroûtants.
Punta Salines, Costa Brava (Espagne), 20 m
17/09/2010
Propagules
Dispersion par bourgeonnements filiformes ou "propagules": De la même manière que certaines éponges (Oscarella sp. ou Chondrosia reniformis), Cystodytes dellechiajei pratique aussi occasionnellement un mode de multiplication (dispersion) asexuée. Pour cela, elle forme des excroissances en forme de gouttes ou de filaments qui pendent sous les tombants de la colonie mère, puis ces excroissances se détachent pour se disperser au gré des courants et se fixer plus loin si les conditions le permettent. On nomme ces éléments des « propagules ».
Escala, Costa Brava (Espagne), 22 m
17/07/2006
Ouvertures exhalantes multilobées
Notez la présence, en haut et à droite de la colonie, de deux ouvertures exhalantes résultant de la mise en commun de plusieurs siphons cloacaux des zoïdes proches. Ils présentent plusieurs lobes qui forment un léger dôme.
Reggio, Estartit, Costa Brava (Espagne), 32 m
20/07/2006
Avec Polysyncraton lacazei
Les colonies, plus petites et orange sur la gauche de la photo, sont aussi des ascidies encroûtantes nommées Polysyncraton lacazei. En haut de la photo, les plaques mauves sont des algues calcaires.
Escala, Costa Brava (Espagne), 6 m
23/08/2005
Groupement de colonies isochromes
La dispersion larvaire supposée minime favorise l'isolement génétique. Elle explique sans doute la présence fréquente de ces petits groupements de colonies isochromes.
Escala, Costa Brava (Espagne), 22 m
17/07/2006
Spicules calcaires discoïdes
Les spicules* sont matérialisés par de petits points blanchâtres parfois visibles à travers la tunique, en particulier au niveau de blessures de la tunique.
Punta saline, Estartit, Catalogne (Espagne), 18 m
14/09/2013
En Crète (Grèce)
Ces colonies sont très semblables à celles rencontrées sur les côtes françaises.
Agia Pelagia, Héraklion, Crète, 18 m
04/2007
Forme noirâtre en Guadeloupe
Cystodytes dellechiajei est présent, entres autres, dans les Antilles françaises où il peut être de couleur gris foncé, blanc ou noir comme sur cette observation.
Les trois Pointes, Vieux Fort, Guadeloupe, 8 m
30/05/2019
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Michel KUPFER
Responsable régional : Michel PEAN
López Legentil S., 2005, Multidisciplinaire Studies of the Genus Cystodytes (Ascidiacea): From Molecules to Species, Universitat de Barcelona (thèse sous la direction de Banaigs B., Turon X.), 217p. (cliquer ici pour télécharger la thèse).
La page de Cystodytes dellechiajei dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN