Gastéropode pélagique possédant 2 "ailes"
Corps translucide, teinte bleutée
Structure cartilagineuse à 5 crêtes dentelées, allure d'un sabot
Bouche munie de deux tentacules ciliés sensoriels
60 à 65 mm de longueur
Sabot de Vénus (pour la partie cartilagineuse retrouvée dans la laisse de mer)
Cymbulie de Péron (nom cité dans l'
Sea butterfly (GB)
Cymbulia proboscidea Péron & Lesueur, 1810
Cymbulia proboscidea Oken, 1815
Cymbulia peronii Lamarck, 1819
Cymbulia quadridentata Gegenbaur, 1855
Cymbulia borealis Bonnevie, 1913
Cymbulia peronii var. minor Van der Spoel, 1976
Océan Atlantique Nord et Sud, Méditerranée
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La présence de Cymbulia peronii a été signalée dans l'océan Atlantique du Brésil au Canada et les eaux européennes jusqu'en Afrique du Sud, ainsi qu'en Méditerranée. Sa présence dans l'est du Pacifique est supposée.
On rencontre ce gastéropode en pleine eau, près de la surface et près des côtes au printemps. Il est plus généralement présent sur l'ensemble du domaine pélagique (des spécimens ont été trouvés jusqu'à 2 000 mètres), transporté au gré des courants. Il supporte des températures variant de 13 à 27 °C.
Cymbulia peronii est un gastéropode marin qui fait partie du macroplancton (plancton de taille supérieure à 5 mm), sa taille pouvant atteindre 60 à 65 mm de longueur. Son pied est surmonté de deux extensions en forme d'ailes, les parapodes*, qui lui permettent de se déplacer, sans pour autant pouvoir lutter contre les courants marins. A l'avant, la bouche proéminente est munie de deux tentacules ciliés à rôle sensoriel. L'animal renferme une petite masse viscérale de couleur orangée. Comme de nombreux autres organismes planctoniques, il est translucide et possède une teinte bleutée.
Au stade larvaire on note la présence d'une coquille qui au cours du développement laisse place à une structure cartilagineuse transparente. Celle-ci présente cinq crêtes dentelées qui lui confèrent l'allure d'un sabot (la pseudoconque). C'est cette partie de l'animal, appelée "sabot de Vénus", qui est la plus connue car on la retrouve assez fréquemment échouée sur les rivages dans la laisse* de mer après la mort de l'animal. Elle ressemble alors visuellement à un morceau de glace ou de cristal, à la consistance gélatineuse mais relativement dure…
Bien que le risque de confusion avec d'autres espèces soit minime, il y a chez les cténophores des organismes possédant deux extensions aliformes*, en position latérale par exemple chez Leucothea multicornis, qui se distingue essentiellement de Cymbulia peronii par huit palettes de cils vibratiles, caractéristiques des cténaires.
Cymbulia peronii se nourrit de plancton en se déplaçant bouche béante. C'est un mode de prédation passif, par filtrage, malgré la présence des tentacules ciliés sensoriels qui ont un rôle de détecteur, signalant la présence de proies.
La reproduction a lieu de juin à août. Les ptéropodes sont des organismes hermaphrodites protandres* (les caractères mâles s'expriment en premier). On parle alors d'hermaphrodisme successif où les individus femelles sont les plus âgés. La reproduction se déroule dans le milieu planctonique : émission des gamètes* et développement des larves véligères* (larves de gastéropodes).
Une observation réalisée en submersible (1992) en Méditerranée occidentale a permis d'évaluer les vitesses de déplacement de Cymbulia peronii :
- en situation normale, la vitesse variait de 2 à 11 cm/s, la vitesse la plus lente correspondant aux déplacements verticaux,
- en situation de fuite, des mesures à 40 cm/s ont été enregistrées,
- une phase de repos, durant laquelle l'animal plane, parapodes déployés, au gré du courant.
En 1976, Van der Spoel distingue deux variétés (ou sous-espèces) :
-Cymbulia peroni morpha peroni, correspondant à la forme décrite sur cette fiche,
-Cymbulia peroni morpha minor, dont la pseudoconque arquée dans le sens longitudinal ne possède plus l'axe de symétrie axial.
Ces gastéropodes appartiennent à l'ordre des thécosomes, du groupe des ptéropodes : du grec [pteros] = aile, et [podos] = pied. Les animaux de cet ordre et de ce groupe possèdent généralement, en arrière des lèvres, une radula*, généralement formée de 3 dents par rangée et qui leur sert à l'alimentation.
Si vous trouvez cet animal dans la laisse de mer, faites l'expérience de la transparence… Aisément visible dans votre main, il disparaît quasi complètement quand il est immergé dans de l'eau claire…
Papillon de mer (sea butterfly en anglais), en raison de sa nage au moyen de ses parapodes aliformes.
Sabot de Vénus : en raison de la forme de la structure cartilagineuse qui rappelle un sabot. Vénus sortie des eaux aurait-elle perdu un sabot ? Déesse ou cendrillon de l'amour ?
Cymbulia : du grec [kumbos] = vase, tasse, coupe, objet creux, et le diminutif –ule, donc petite coupe ;
peronii : en hommage à François Péron (1775-1810), valeureux combattant durant les guerres entre la France et la Prusse, qui a ensuite étudié la médecine et l'histoire naturelle ; ami proche du naturaliste C.A. Lesueur.
Numéro d'entrée WoRMS : 139494
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Ordre | Pteropoda | Ptéropodes | |
Sous-ordre | Pseudothecosomata | Pseudothecosomes | |
Famille | Cymbuliidae | Cymbuliidés | |
Genre | Cymbulia | ||
Espèce | peronii |
Grâce et volupté
Les rencontres avec le mollusque vivant sont relativement rares et laissent au plongeur le souvenir d'une observation exceptionnelle.
Sec du langoustier, Ile de Porquerolles (83), 2 m
03/04/2011
Toutes "ailes" déployées
Une symétrie bilatérale très nette pour ce planeur qui se laisse aller au gré des courants.
Sec du langoustier, Ile de Porquerolles (83), 2 m
03/04/2011
Un merveilleux papillon
Les parapodes de Cymbulia peronii, très musculeux, ont la forme d'ailes et fonctionnent comme telles. C'est un caractère que l’on retrouve chez certaines aplysies, mais pas de manière aussi comparable.
Antibes (06), 1 m, de nuit
09/02/2009
Objets trouvés !
Un sabot de gélatine semblable à un chausson de verre (vair) perdu par une princesse, ou ici par une déesse nommée Vénus ?
Mais c’est qu’elle en perd beaucoup la distraite !
Le Lavandou (83), laisse de mer
29/04/2005
L'envers du sabot
Cette partie de l'animal, appelée "sabot de Vénus", est la plus connue car on la retrouve assez fréquemment échouée sur les rivages dans la laisse de mer après la mort de l'animal.
Plage du Dramont (83), échoué
30/05/2004
Entre vol et nage
Si l’on fait abstraction de l’élément liquide, l’évolution de Cymbulia peronii est plus proche du vol que de la nage. Une vraie féerie pour le plongeur qui a la chance de croiser cette merveille de la nature.
Antibes (06), 1 m, de nuit
08/04/2008
Un sabot de taille
C'est une histoire de centimètres !
Dis moi combien tu chausses et je t’appellerai Vénus (qui chausse du 6 cm).
Plage d'Estartit, Costa Brava, Espagne, échoué
29/04/2010
Nage bouche béante
Cymbulia péronii nage bouche béante, à la manière d'une raie manta, pour gober le plancton qui croise son chemin.
Cap gros, Antibes (06), de nuit, 2 m
08/04/2008
Gastéropode planctonique
Bien que se nourrissant de plancton (régime planctonophage*) Cymbulia peronii fait elle-même partie du macroplancton.
Cap gros, Antibes (06), de nuit, 2 m
08/04/2008
Nage
Le nom de « papillons de mer » donné aux ptéropodes est dû à leur déplacement, utilisant leurs parapodes comme des ailes, avec autant de grâce que les papillons dans les champs de fleurs.
Antibes (06), 1 m, de nuit
09/02/2009
Extrait du Tregouboff
Dessins extraits du MANUEL DE PLANCTONOLOGIE MEDITERRANEENNE.
N/A
Reproduction de documents anciens
N/A
Rédacteur principal : Christian COUDRE
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER
Boltovskoy D., 1999, South Atlantic Zooplankton, Bacchus Publishers, Leiden, pp. i-xvi + 1-1706.
Harbison G.R., 1992, Obervations on the swimming and buoyancy of Cymbulia peronii (Gastropoda : thecosomata) made from submersible, J. mar. biol. Ass. UK, 72, 435-446.
Van Der Spoel S., 1976, Finer sculptures in euthecosomatous shells, and their value for taxonomy (Mollusca, Pteropoda), Beaufortia, 24, 105-132.
La page de Cymbulia peronii dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN