Ombrelle de 50 à 200 cm de diamètre
Couleur brune bien marquée, parfois jaune pâle ou rouge brique
Tentacules très nombreux, très fins et très longs (parfois plus de 30 m)
Quatre bras oraux longs et très ondulés, souvent cachés par les tentacules
Bord de l'ombrelle divisé en huit lobes, alternés avec huit rhopalies
Méduse très urticante, à approcher avec prudence
Crinière de lion, méduse chevelue, cyanée jaune
Lion's mane (jellyfish), giant jellyfish (GB), Gelbe Haarqualle (D), Gele haarkwal (NL), Rod brennmanet (N)
Medusa capillata Linnaeus, 1758
Cyanea arctica Péron & Lesueur, 1809
Cyanea versicolor L. Agassiz, 1862
Circumpolaire, Atlantique Nord, Atlantique Nord Ouest, Pacifique Nord
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La distribution de la cyanée capillaire est septentrionale. Elle s'étend du cercle polaire arctique au Pacifique Nord (du Japon à la Californie) et à l'Atlantique Nord (dans le Saint Laurent, du nord des Etats-Unis au nord de l'Europe). Cette espèce est également bien présente dans l'ouest de la Baltique ainsi qu'en mer du Nord. Les courants et le vent peuvent "pousser" certains individus jusqu'en Floride et jusqu'au golfe de Gascogne, où des échouages ont déjà été observés.
Cette méduse est océanique et vit d'ordinaire au large, en pleine mer. Elle peut cependant être déportée vers la côte par les vents et les courants. Elle risque alors d'accrocher le fond et de périr ainsi immobilisée puis déchiquetée. Elle affectionne les eaux froides. On la trouvera toujours dans les vingt premiers mètres, dérivant le plus souvent juste sous la surface.
Avec un diamètre de 50 à parfois 200 cm, Cyanea capillata est une des plus grosses espèces de méduse au monde.
L'ex-ombrelle est transparente, notamment sur ses bords, et l'endoderme est en général de teinte orange brune bien marquée. Cette teinte oscille entre le jaune pâle, le rose et le rouge brique, et dépend de l'âge : les jeunes méduses sont roses ou jaunes, les vieux individus sont plus foncés, rouges ou orange brun.
L'ombrelle est bombée par une mésoglée très épaisse en son centre. Son bord est divisé en huit lobes (chacun d'eux étant formé de deux petits lobes), et dans les échancrures qui les séparent se trouvent les organes des sens : œil, fossette olfactive et statocystes reliés à quelques neurones simples, le tout constituant les rhopalies*, au nombre de huit.
Les tentacules sont très nombreux et fins, évoquant une chevelure, et s'enracinent sur plusieurs rangées dans la partie marginale de la sous-ombrelle, formant huit touffes, dont l'implantation est alternée avec les rhopalies. Ils peuvent mesurer jusqu'à 30 m et atteindre le nombre de huit cents (au moins soixante cinq tentacules et jusqu'à cent cinquante par touffe) ! Leur couleur est également jaune-brun voire rose-rouge.
Derrière ces tentacules, quatre bras oraux longs et très ondulés, mais souvent peu visibles, forment le manubrium* et cernent une bouche située en son centre. Ces bras sont normalement aussi longs que le diamètre de l'ombrelle.
Le muscle sous-ombrellaire marginal est scindé en seize zones musculaires bien visibles.
Cyanea capillata est considérée par certains auteurs comme étant la forme nordique de Cyanea lamarcki (Péron & Lesueur, 1810), qui est plus petite (jusqu'à 30 cm de diamètre) et de couleur bleue. D'autres auteurs estiment qu'il s'agirait de deux espèces distinctes.
La cyanée capillaire est carnivore. Les proies, poissons et crustacés principalement, mais aussi cténophores et autres méduses, sont récupérées par les tentacules, garnis de millions de cnidocytes* très urticants. Après contraction, les tentacules amènent les proies paralysées aux bras oraux qui à leur tour, grâce à une fine ciliature, les conduisent à la bouche.
Le cycle de reproduction de la cyanée capillaire passe par deux phases, l'une sexuée, l'autre asexuée. Les méduses sont gonochoriques* (à sexes séparés).
La phase sexuée a lieu à la fin de l'automne. Les gonades se développent entre les bras oraux et le muscle sous-ombrellaire dans quatre poches génitales (qui ne servent cependant pas à l'évacuation des gamètes). A leur maturité ces gonades font saillie à la base des bras oraux.
Les méduses mâles libèrent leurs spermatozoïdes en pleine eau, la fécondation a lieu dans le tractus génital des méduses femelles. Les œufs sont conservés dans ce tractus puis expulsés par la bouche et persistent jusqu'au stade larvaire planula* dans les replis des bras oraux. Ils sont toutefois sans protection particulière, et ne sont pas regroupés dans des poches incubatrices comme c'est le cas pour Aurelia aurita. Les planules ciliées mènent ensuite une courte vie pélagique puis finissent par tomber sur le fond et par se transformer en polypes particuliers, les scyphistomes*.
Après cette phase sexuée, les méduses s'affaiblissent puis, charriées par les courants vers les côtes et déchiquetées, finissent pas mourir. C'est à la fin de l'automne que les échouages sont les plus importants.
La phase asexuée du cycle de reproduction, appelée strobilation*, a lieu dès le début du printemps. Elle est dite polydisque*, c'est-à-dire qu'il y a production de nombreux disques par scyphistome*. Chaque disque libéré se transforme en petite méduse ou éphyrule*, qui gagne la surface où, gavée de plancton, sa croissance sera très rapide.
La longévité des cyanées capillaires n'excède pas une année.
Des crevettes ainsi que plusieurs espèces de poissons peuvent vivre aux abords immédiats de la cyanée capillaire : Icichthys lockingtoni (medusafish), Peprilus triacanthus (butterfish), juvéniles de Peprilus alepidotus (harvestfish), Zaprora silenus (prowfish)... Citons aussi pour les eaux françaises les juvéniles de maquereau, de morues (Gadus morhua), et de chinchards (Trachurus trachurus).
La cyanée leur procure protection et restes de nourriture. Ce type d'association, qui ne bénéficie qu'aux poissons sans que ceux-ci nuisent à la méduse, est appelé probiose.
De petits amphipodes, comme Hyperia galba, peuvent aussi "squatter" l'intérieur de la cavité sous-ombrellaire. Cette association, où le crustacé se laisse transporter, est appelée phorésie*.
En 1870, une cyanée de 240 cm de diamètre et possèdant des tentacules de 36,5 m de long, soit une taille supérieure à celle d'une baleine bleue, s'est échouée sur une plage du Massachussets !
Au Japon chaque année, la cyanée capillaire, connue localement sous le nom de méduse d'Echizen (du nom de la province japonaise), pullule par millions. Cette pullulation est due :
- au déversement intensif en mer via les rivières d'engrais agricoles. Ces engrais stimulent la reproduction du phytoplancton, et par conséquent celle du zooplancton,
- au réchauffement climatique qui a pour effet de décupler la strobilisation* des scyphistomes*.
Cette invasion gigantesque est une véritable catastrophe pour les pêcheurs. Dès lors, tous les moyens sont bons pour venir à bout de ces méduses, y compris les manger !
Cyanea capillata une espèce venimeuse parfois très urticante pour l'Homme. Sa piqûre est souvent redoutable, et est fonction de la durée et de l'importance du contact : certains accidents mortels ont été recensés ! La plupart du temps, le contact avec une cyanée provoque des brûlures persistantes, des troubles des rythmes cardiaque et ventilatoire, des irritations et des crampes musculaires.
Les jeunes méduses de petite taille, observables au printemps, ne sont pas urticantes. C'est à la fin de l'été et en automne, lorsque les méduses atteignent leur taille maximale, que les piqûres sont les plus douloureuses.
Près des côtes métropolitaines, cette espèce ne serait que peu urticante.
Pour approcher et photographier cette méduse, il est donc plus prudent de porter une bonne combinaison et de le faire par le dessus. Il faut en effet toujours se méfier des tentacules aussi fins et aussi peu visibles que le sont des cheveux.
Les tortues marines peuvent se nourrir de cyanées sans être importunées par leurs cellules urticantes. Des oiseaux et certains gros poissons peuvent également faire figurer la cyanée à leur menu.
Elles peuvent s'échouer en très grand nombre après un été chaud, ou suite à de grandes marées ou une grosse tempête.
Attention alors à ne pas toucher les tentacules : même échouée, leur pouvoir urticant persiste plusieurs heures !
Dans une nouvelle de Conan Doyle (l'auteur de Sherlock Holmes) "Adventure of the Lion's Mane" un individu, sur la route d'une plage, vient mourir aux pieds du célèbre détective en criant "la crinière du lion !". Son dos est lacéré de stries rouges comme celles qui auraient pu être causées par les griffes d'un fauve... Dans cette enquête, une des rares où Watson est absent, les victimes ont en fait été piquées par une cyanée capillaire.
Cyanée est la traduction directe du nom de genre scientifique Cyanea,
capillaire, chevelue, crinière de lion : en raison de ses tentacules, très nombreux, très fins et très longs.
Cyanea : les cyanées étaient dans la mythologie grecque des roches bleues qui flottaient à la surface comme des méduses ! Aujourd'hui la couleur cyan est une teinte de bleu,
capillata : du latin [capillatus] = chevelu.
Numéro d'entrée WoRMS : 135301
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Sous-embranchement | Medusozoa | Médusozoaires | Cnidaires présentant une phase méduse acraspède (le plus souvent libre et pélagique) dans leur cycle de reproduction. Scyphoméduses, cuboméduses et stauroméduses. |
Classe | Scyphozoa | Scyphozoaires | Méduses vraies (ou acraspèdes). Phase polype réduite à absente. Le plus souvent strobilisation du polype (de petite taille) pour produire des méduses pouvant atteindre une grande taille. Cavité gastrale cloisonnée en quatre. |
Sous-classe | Discomedusae | Discoméduses | Scyphoméduses à ombrelle discoïde, non sillonée. |
Ordre | Semaeostomeae | Séméostomes | Grandes méduses au manubrium allongé et divisé en quatre bras oraux. L'ombrelle porte des tentacules marginaux et huit rhopalies. |
Famille | Cyaneidae | Cyanéidés | |
Genre | Cyanea | ||
Espèce | capillata |
Proche de la surface, tentacules retractés
Cette cyanée a été prise en apnée, les tentacules sont bien rétractés.
Chabot, Ile aux marins, Saint-Pierre et Miquelon, 5 m
07/07/2005
Une cyanée capillaire...
Voici Cyanea capillata, une des plus grandes espèces de scyphoméduse : le diamètre de son ombrelle peut atteindre deux mètres !
Ses très nombreux tentacules, très fins et très longs, évoquent une chevelure caractéristique...
Ile au Marteau, Québec, Canada, 5 m
16/08/2003
Une grosse méduse !
Avec son diamètre de 50 à 200 cm, c'est une des plus grosses espèces de méduse au monde.
Grotte du Colombier, Saint-Pierre et Miquelon, 22 m
22/07/2006
Ombrelle
L'ex-ombrelle de la cyanée capillaire est transparente. La sous-ombrelle présente une teinte en général brune, qui peut varier du jaune au rouge brique. Entre les deux, une mésoglée massive.
Anse bleue, Nouveau Brunswick, Canada, 10 m
10/07/2007
A la dérive
Cette cyanée se déplace au gré des courants, traînant dans son sillage ses longs tentacules.
Chabot, Ile aux marins, Saint-Pierre et Miquelon, 5 m
07/07/2005
Lobes et bras buccaux
L'ombrelle de cette scyphoméduse se divise en 8 lobes. Cette division est bien visible ici.
Observez, entre les nombreux tentacules, les bras buccaux allongés et festonnés.
Ile au Marteau, Québec, Canada, 5 m
16/08/2003
La chevelure
L'adjectif "capillaire" du nom vernaculaire prend ici tout son sens !
Grotte du Colombier, Saint-Pierre et Miquelon, 22 m
22/07/2006
En pleine eau, tentacules étalés
Sous son ombrelle et dans son sillage, la méduse traîne des centaines de tentacules dont la taille peut dépasser les 30 mètres !
Anse bleue, Nouveau Brunswick, Canada, 10 m
10/07/2007
En pleine eau, tentacules rétractés
Après avoir piégé et harponné une grande quantité de poissons et de zooplancton, les tentacules de la cyanée sont rétractés vers le manubrium, puis dirigés vers la bouche.
Anse bleue, Nouveau Brunswick, Canada, 10 m
10/07/2007
Chasse
Plusieurs méduses sont prises au piège dans la crinière de lion. Après contraction, les tentacules amèneront les proies paralysées aux bras oraux qui à leur tour, grâce à une fine ciliature, les conduiront à la bouche.
Au pied du Chapeau, Miquelon, Saint-Pierre et Miquelon, 2 m
07/07/2005
Fin de vie
L'ex-ombrelle de la crinière de lion est transparente. La sous-ombrelle, jaunâtre, fait penser à un oeuf sur le plat.
Cette méduse en piteux état est en fin de vie. Chahutée par les courants près d'un fond de roches et d'oursins, elle ne tardera pas à disparaître...
Chabot, Ile aux marins, Saint-Pierre et Miquelon, 3 m
07/07/2005
Echouée
Une cyanée en fin de vie, en mer du Nord, sur une plage des Pays-Bas.
Zélande, Pays-Bas, estran
07/2006
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Rédacteur : Vincent MARAN
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Vincent MARAN