Bryozoaire dressé, buissonnant et calcifié
Coloration générale blanche à blanchâtre
Touffe ramifiée de rameaux rectilignes blancs à jonctions noires
Colonie de 20-30 mm
Mousse blanche
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Crisia denticulata est visible le long des côtes atlantiques Nord-Est, de la Grande-Bretagne et de l'Irlande jusqu'aux côtes du Maroc, ainsi qu'en Méditerranée.
Crisia denticulata est visible dans l'étage infralittoral, dans des crevasses et sous les surplombs. Cette espèce est très souvent fixée aux crampons d'algues et forme des tapis (soit seuls, soit avec d'autres espèces de bryozoaires).
Les représentants des genres Crisia et Filicrisia forment une colonie ou zoarium* dressée, à aspect de mousse, constituée par le regroupement de milliers d'individus unitaires (appelés zoïdes* ou zoécies*) contenus chacun dans une logette (cystide*) calcifiée, tubulaire et cylindrique.
Crisia denticulata présente une coloration générale blanc pur à blanc ivoire avec des logettes blanches ou parfois rougeâtres, tandis que les joints entre les logettes sont noirs. Avec une apparence de buisson, cette colonie forme une touffe très ramifiée, avec de nombreux rameaux rectilignes fins (les branches du buisson sont appelées inter-nœuds). Chaque rameau est constitué par un alignement de 1 à 2 rangées de 12 à 15 zoïdes (le grand axe de chaque individu étant dans le sens de la longueur du rameau). Les articulations (ou nœuds) entre les rameaux calcifiés sont chitineuses et noires.
L'ensemble de la colonie a une taille de 20 à 30 mm, tandis que les rameaux ont un diamètre de quelques millimètres.
Il existe d'autres espèces de taille, forme, couleur et de distribution sensiblement identiques. La distinction est possible en observant à la loupe les rameaux constituant la colonie :
Crisia ramosa Harmer, 1891 : à rameaux rectilignes mais plus épais que ceux de C. denticulata.
Crisia aculeata Hassall, 1841 : colonie grêle, peu ramifiée, à rameaux garnis d'épines (zoïdes cornus) ; jusqu'à 15 mm ; étage infralittoral ; fixée sur des surplombs rocheux recouverts d'algues rouges, hydraires ou autres bryozoaires ; Atlantique Nord-Est, de la Norvège arctique à la Méditerranée.
Crisia eburnea (Linnaeus, 1758) : colonie touffue et très buissonnante, à rameaux courts et incurvés ; articulations brun jaunâtre clair ; jusqu'à 20 mm ; étage infralittoral ; fixée sur des surplombs rocheux recouverts d'algues rouges, hydraires ou autres bryozoaires ; Atlantique Nord-Est, de la Norvège arctique à la Méditerranée.
Il existe d'autres espèces ressemblantes dans le genre Crisia : Crisia cuneata Maplestone, 1905 ; Crisia fistulosa (Heller 1867) ; Crisia oranensis (Waters 1916) ; Crisia pyrula Harmelin, 1990 ; Crisia sigmoidea Waters 1916 ; et dans le genre Filicrisia : Filicrisia geniculata (Milne-Edwards, 1838)...
Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur* suspensivore* microphage*. Les diatomées (algues unicellulaires) sont la base de son alimentation.
Chaque zoïde constituant la colonie peut être soit mâle, soit femelle. L'ensemble de la colonie est ainsi hermaphrodite*. La fécondation est interne et s'effectue dans la logette d'un polypide*. Elle aboutit à la constitution d'un œuf unique. Ensuite, l'unique embryon primaire va se développer dans une logette élargie (gonozoïde*) et se cliver en plusieurs embryons (= polyembryonnie). Chaque embryon va donner naissance à une petite larve* ciliée sphérique, nageuse, à courte vie pélagique.
Cette larve est bordée par un épithélium pavimenteux de cellules coronales possédant chacune plusieurs cils. La larve est ouverte dans sa région aborale* sur une cavité contenant le tissu palléal*, une cuticule* invaginée et des cellules épidermiques. En comparaison, la région ventrale est ouverte sur un amas de cellules glycogéniques constituant le sac interne de la larve. La présence de deux très fines fibres musculaires lisses et latérales, reliant l'épiderme aboral à la région ventrale, pourrait permettre de dire que la larve de Crisia denticulata présente plutôt une symétrie bilatérale qu'une symétrie radiaire. Enfin, la larve ne présente pas de cellules nerveuses clairement différenciées.
Ensuite, la fixation de la larve à un substrat se caractérise par une métamorphose rapide (en 15 à 18 h). La sole* de fixation au substrat est alors constituée par la dévagination du sac interne, tandis que le nouvel épiderme de la logette primordiale (= l'ancestrule*) est formé par l'évagination du tissu palléal. Cet ancestrule va finalement bourgeonner pour donner de nouveaux polypides et de nouvelles logettes et former ainsi une nouvelle colonie.
La colonie est constituée de différents types de zoïdes : les autozoïdes* (ou polypides, individus somatiques à rôle nutritif), les gonozoïdes* (individus germinaux à rôle reproducteur) et les aviculaires* (individus à rôle défensif). Bien que présents chez d'autres représentants du genre Crisia, les flagellés (individus à rôle nettoyeur) semblent être absents chez Crisia denticulata.
Crisia denticulata peut être consommé par un mollusque nudibranche doridien, le Polycéra des Féroé (Polycera faeroensis).
Crisia : francisation du nom de genre scientifique,
à joints noirs : précision basée sur l'anatomie descriptive de la colonie (proposition du site DORIS).
Crisia : du latin [crista] = touffe,
denticulata : du latin [denticulatus] = qui a beaucoup de petites dents, dentelé.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Stenolaemata | Sténolèmes | Leur lophophore est cylindrique, les zoïdes sont bien calcifiés et ils sont majoritairement marins. La classe des Stenolaemata est constituée d’un seul ordre vivant (et de trois fossiles) : l’ordre des Cyclostomatida ou cyclostomes qui sont formés d’un assemblage de tubes rigides. |
Ordre | Cyclostomatida | Cyclostomes | Tous marins. Les zoïdes sont tubulaires avec des parois calcifiées qui peuvent fusionner avec celles des zoïdes adjacents. |
Sous-ordre | Articulata/Articulina | ||
Famille | Crisiidae | Crisiidés | |
Genre | Crisia | ||
Espèce | denticulata |
La colonie
L’ensemble de la colonie a une taille de 20 à 30 mm.
Amas du Cap, Saint-Cast (22), 23 m
30/05/2009
Gazon blanchâtre sur la roche
En bas à droite un autre bryozoaire arbustif aux rameaux plats Bugula angustiloba (flabellata).
Le Four nord, Trébeurden (22), 20 m
10/08/2006
Au pied des laminaires
Crisia denticulata est visible dans l’étage infralittoral, dans des crevasses et sous les surplombs. Cette espèce est très souvent fixée aux crampons d’algues et forme des tapis.
Ar Goredec, Archipel des Triagoz, Trébeurden (22)
09/07/2007
Coloration générale blanche
La colonie présente une coloration générale blanc pur à blanc ivoire avec des logettes blanches ou parfois rougeâtres, tandis que les joints entre les logettes sont noirs.
Ar Goredec, Archipel des Triagoz, Trébeurden (22), 16 m
24/07/2009
Avec Crimora papillata
Le mollusque nudibranche doridien, le crimora (Crimora papillata) est visible au centre bas.
Le Corbeau, Carantec (29), 36 m
07/05/2007
Parmi de nombreux épibiontes sur un stipe de laminaire
Sur ce cliché, on peut également voir à droite une petite éponge Sycon ciliatum, des tâches blanches représentant des ascidies coloniales (didemnidés), et des algues rouges.
Gouredec, Trébeurden (22), 19 m
10/07/2007
Détail des joints noirs
Chaque rameau est constitué par un alignement de 1 à 2 rangées de 12 à 15 zoïdes.
Trébeurden (22), prélèvement (laboratoire)
11/08/2006
Fins rameaux articulés par des joints noirs
Les articulations (ou nœuds) entre les rameaux calcifiés sont chitineuses et noires.
Trébeurden (22), prélèvement (laboratoire)
11/08/2006
Petit buisson blanchâtre et touffu
L’ensemble de la colonie a une taille de 20 à 30 mm, tandis que les rameaux ont un diamètre de quelques millimètres.
Trébeurden (22), prélèvement (laboratoire)
11/08/2006
Rédacteur principal : Gaël ROCHEFORT
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
d’Hondt J.L, 1977, Structure larvaire et histogenèse post-larvaire chez Crisia denticulata (Lamarck) (Bryozoa, Cyclostomata, Articulata), Zoologica Scripta, 6, 55-60.
La page sur Crisia denticulata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN