Pteropode aiguille droite

Creseis acicula | (Rang, 1828)

N° 3351

Cosmopolite des eaux tempérées et tropicales

Clé d'identification

Mollusque pélagique caractérisé par une coquille pouvant mesurer jusqu'à 33 mm de longueur
Coquille longue, étroite et lisse avec quelques irrégularités
Deux appendices en forme de nageoires dépassent à l'extrémité la plus large de la coquille
Masse viscérale observable par transparence de la coquille

Noms

Autres noms communs français

Escargot piqueur (dans la presse grand public)

Noms communs internationaux

Straight needle-pteropod (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cleodora (Creseis) acicula Rang, 1828
Cleodora (Creseis) clava Rang, 1828
Cleodora acicula Rang, 1828
Cleodora clava Rang, 1828
Creseis acicula acicula (Rang, 1828)
Creseis acicula f. clava (Rang, 1828)
Creseis clava (Rang, 1828)
Creseis virgula clava (Rang, 1828)
Creseis acus Eschscholtz, 1829
Creseis recta (Gray, 1850)
Creseis spiniformis Benoit, 1843
Dentalium ecostatum T.W. Kirk, 1880

Distribution géographique

Cosmopolite des eaux tempérées et tropicales

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Caraïbes, ● Indo-Pacifique, ● Atlantique Nord-Ouest

Creseis acicula est circum-global (50°N-45°S) et a une distribution continue dans les eaux océaniques plus chaudes, préférant des plages de température comprises entre 10 et 28°C.

Biotope

Creseis acicula appartient à une lignée de mollusques qui ont réussi à coloniser la colonne d'eau. Elle fait partie du macroplancton*. C'est l'une des espèces les plus communes trouvées dans les eaux néritiques* et du large. À ce titre, on la trouve principalement dans les 200 m les plus élevés où elle apprécie les plages de température comprises entre 10 et 28°C.

Creseis acicula présente des migrations verticales journalières, au cours desquelles il se déplace vers les couches plus profondes de la colonne d'eau pendant la journée et remonte à la surface la nuit. On parle de phototaxie négative. En laboratoire, des individus répondaient à une source de lumière en attirant la toile d'alimentation (voir paragraphe Alimentation) et en s'enfonçant à environ 10 cm de profondeur.

Description

Creseis acicula est caractérisé par une coquille longue, étroite et lisse pouvant mesurer jusqu'à 33 mm de longueur. Cette coquille, en forme de tube ouvert vers l'avant, n'est pas parfaitement droite car elle présente de nombreuses petites distorsions dues aux irrégularités de croissance. L'ouverture de la coquille, d'environ 1,5 mm de diamètre à l'extrémité la plus large, laisse dépasser deux appendices du pied en forme de nageoires qui font partie de la zone buccale.

La coquille est transparente et laisse voir la masse viscérale interne. L'animal peut se rétracter entièrement dans la coquille.

Creseis acicula nage dans un mouvement ascendant grâce à des mouvements rapides des nageoires à intervalles courts suivis de périodes de repos. La coquille est maintenue verticale pendant ces mouvements ascendants. Quand les mouvements des nageoires cessent, l'animal s'enfonce lentement mais les nageoires déployées maintiennent la position verticale et contrôlent la vitesse en ajustant l'angle, l'inclinaison et la largeur horizontale des lobes étendus.

Espèces ressemblantes

La confusion sera possible avec l'espèce apparentée Creseis virgula (Rang, 1828) qui est plus petite que C. acicula (4 à 13 mm de long). Elle ne résistera pas à une observation sous microscope ou loupe binoculaire, la coquille de C. virgula présentant une courbure marquée à son extrémité la plus fine.

Parmi les ptéropodes euthécosomes (à coquille vraie), il existe aussi d'autres espèces ressemblantes qui sont toutes plus petites que Creseis acicula. La distinction en laboratoire sera facile. Citons :
  • Cavolina inflexa, Lesueur 1813
  • Clio convexa, Boas 1886
  • Clio cuspidata, Bosc 1802
  • Cuvierina columnella Rang, 1827
  • Hyalocylis striata, Rang 1828
  • Styliola subula, Quoy et Gaimard 1827

Alimentation

Creseis acicula a été initialement décrit comme un filtreur* actif dont les cils présents sur les ailes amenaient la nourriture à la bouche située en dessous. Si c'est effectivement le cas pour la forme larvaire*, les adultes utilisent plutôt une toile muqueuse sphérique pour capturer leurs proies. Le battement ciliaire est alors impliqué dans le déploiement et l'ingestion de la toile muqueuse. Les adultes qui se nourrissent ne bougent pas et donc ne nagent pas. Les expansions du pied sont repliées dorsalement, suggérant que la masse muqueuse contribue à la flottabilité des individus.

Creseis acicula a un régime généraliste composé de petits organismes planctoniques* : diatomées*, dinoflagellés, radiolaires et foraminifères.

La masse buccale globulaire située en arrière de la bouche est équipée d'une radula* constituée d'environ 7 rangées transversales de 3 dents (formule radulaire* : 1-1-1). Elle amène les aliments à l'œsophage qui les déversent dans l'estomac par un mouvement de déglutition. Cet estomac est en fait un gésier masticateur équipé de puissantes parois musculaires. Le gésier est associé à une glande digestive de couleur brun verdâtre.

L'intestin revient vers l'avant et les déchets fécaux sont compactés en cordons fragiles qui sont évacués par l'anus dans la cavité palléale*.

La transparence du corps et de la coquille de Creseis acicula permet de suivre le parcours des aliments tout au long du tractus* digestif et notamment d'observer le mouvement de déglutition de l'œsophage.

Reproduction - Multiplication

Comme tous les ptéropodes, Creseis acicula est hermaphrodite* protandre*, ce qui signifie qu'il est d'abord mâle puis femelle. La maturité sexuelle est généralement atteinte au bout d'un an.

La reproduction a lieu durant l'été, quand les eaux sont chaudes. Les adultes matures s'accouplent en pleine eau et chaque individu produit entre 110 et 130 œufs fécondés et mesurant de 0,06 à 0,07 mm. Ces œufs sont entourés d'une fine gaine muqueuse et restent planctoniques. Dans la capsule des œufs, les embryons ressemblent initialement à des larves trochophores*. Elles éclosent en larves véligères* d'environ 0,1 mm de long qui ressemblent à une forme adulte miniature. L'éclosion a lieu environ 60 heures après la ponte. Les larves véligères* de Creseis acicula présentent un velum à quatre lobes ciliés utilisés à la fois pour la nage et la collecte de nourriture.

Des phénomènes de pullulation ponctuelle et locale sont régulièrement observés sans qu'on en connaisse précisément les causes physiologiques. Les mécanismes potentiels de prolifération de Creseis acicula répondent à une conjonction entre température et salinité optimales ainsi qu'un approvisionnement alimentaire adéquat. Il semble que l'augmentation de la température de l'eau soit un paramètre crucial dans ces phénomènes.

Vie associée

La pullulation de Creseis acicula (adultes et véligères) est parfois associée à celle de Penilia avirostris, un crustacé cladocère*, et aux efflorescences de cyanobactéries filamenteuses du genre Trichodesmium. Creseis acicula ne se nourrit pas de Trichodesmium mais il pourrait profiter du microcosme associé à ces cyanobactéries, constitué de bactéries, d'autres cyanobactéries, de protozoaires, de champignons, d'hydrozoaires et de copépodes.

Divers biologie

La coquille des ptéropodes en général et de Creseis acicula en particulier est essentiellement constituée d'aragonite, une forme cristalline du carbonate de calcium (CaCO3). C'est un matériau délicat sensible à la dissolution en fonction de paramètres physico-chimiques comme la valeur du pH ou la concentration en ions carbonates. En effet, la baisse du pH favorise la dissolution du calcaire et la diminution des quantités de carbonates disponibles perturbe l'élaboration des coquilles ou des squelettes calcaires. Les ptéropodes sont ainsi des indicateurs du phénomène d'acidification des océans vu par le prisme de la qualité de leur coquille.

Informations complémentaires

Quand il est en grand nombre et notamment pendant les périodes de pullulation, Creseis acicula peut être responsable de dermatose marine. Les démangeaisons qui découlent du contact des baigneurs avec le ptéropode ne sont pas dues à des substances toxiques sécrétées par l'animal mais ont des causes mécaniques liées à la forme et la fragilité de leur coquille. Les démangeaisons apparaissent pendant ou immédiatement après la baignade et disparaissent en environ 2 heures.

Origine des noms

Origine du nom français

Ptéropode est le nom d'ordre des mollusques nageurs dont le pied a pris la forme d'ailes ou de nageoires. Aiguille droite permet de caractériser la forme de la coquille et de distinguer ce ptéropode d'autres individus dont la coquille est courbe.

Origine du nom scientifique

Creseis : viendrait de [Chryséis] qui est dans la mythologie grecque une des 3000 filles des titans Océanos et Téthys. C'est une nymphe mineure de la famille des Océanides.

acicula : du latin [acicula] diminutif de [acula] = aiguille. [acicula] signifie donc petite aiguille.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 139034

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Ordre Pteropoda Ptéropodes
Sous-ordre Euthecosomata Euthecosomes
Famille Creseidae Creseidés
Genre Creseis
Espèce acicula

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