Éponge encroûtante assez épaisse
Couleur rose pâle à rouge carmin
Contour irrégulier, déchiqueté
Canaux aquifères sombres sous la surface
Petits cratères éloignés les uns des autres
Nombreux petits oscules au rebord blanchâtre
Éponge rose à cratères
Pink crater sponge (GB), Spugna cratera rosa, crella rosa (I), Esponja rosa con cráteres (E), Krustenschwamm (D)
Yvesia rosea Topsent, 1892
Pytheas rosea (Topsent, 1892)
Pytheas rosea var. laevigata Descatoire 1969
Crella rosea var. laevigata (Descatoire, 1969)
Méditerranée et Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]La crellie rose est principalement présente dans tout le bassin occidental de la Méditerranée et en Atlantique proche (Açores, Madère, îles Canaries).
Les observations faites en Atlantique nord européen (Bretagne, Grande-Bretagne, Irlande) semblent devoir être réexaminées. L'apparence des éponges nommées "Crella rosea" dans cette zone diffère nettement des individus méditerranéens sans que nous ayons l'explication à ce jour.
Crella (Yvesia) rosea vit sur des substrats* durs, principalement sur les parois verticales ou en surplombs de la roche. C'est une espèce plutôt sciaphile*. Elle est principalement rencontrée par petits fonds de 5 à 20 m de profondeur, parfois au-delà.
Crella (Yvesia) rosea est une éponge encroûtante assez épaisse à la surface coriace et à la chair molle. Sa couleur chair varie du rose pâle au rouge carmin. Le contour des plaques est irrégulier laissant souvent apparaître des îlots d'apparence différente.
Ses oscules* nombreux, ronds, larges de 1 à 2 mm, sont entourés d'un petit rebord souvent blanchâtre. Les réseaux de canaux aquifères* serpentent vers les oscules, et bien que non proéminents, sont observables sous la forme de réseaux sombres sous la surface.
Les zones inhalantes, sous forme de cribles, sont contenues dans de petits cratères nettement éloignés les uns des autres, laissant de nombreuses zones lisses.
Voir la description microscopique dans la rubrique "Divers biologie".
Plusieurs éponges rougeâtres à cratères cohabitent sur les fonds rocheux avec Crella (Yvesia) rosea.
Crella (Crella) elegans : plus massive, elle forme des coussinets allongés terminés par un oscule plus gros, de couleur rose crème. Son biotope* est plus profond et moins à l'abri de la lumière.
Hemimycale columella : de couleur beige rosé, cette espèce est plus massive, les pores en cribles sont plus gros et plus serrés et le pourtour des cribles est de couleur blanchâtre.
Phorbas fictitius : plus massive également, le diamètre des cribles est plus uniforme et sans liseré blanc.
Phorbas tailliezi : de couleur rouge terne, ses cribles sont plus serrés et moins bien délimités.
Phorbas topsenti : sa couleur est rouge vif et son port plus massif.
Une observation des spicules* au microscope demeurera indispensable afin d’éviter toute erreur d’identification.
Comme toutes les autres éponges, Crella (Yvesia) rosea se nourrit et capte l'oxygène en créant dans ses chambres internes un courant d'eau. Celui-ci est engendré par le battement des cils de certaines cellules spécifiques aux Spongiaires : les choanocytes*.
La nourriture de ce filtreur* suspensivore* se compose de plancton* (en particulier d'organismes dinoflagellés*) et de particules organiques détritiques* en suspension. L'ensemble pénètre avec le courant d'eau via de tout petits trous, les pores inhalants ou ostioles* regroupés au niveau des cratères puis est capté par les choanocytes.
La digestion est intracellulaire, les déchets non métabolisables sont évacués par des orifices exhalants : les oscules*.
La reproduction peut être sexuée ou asexuée.
Les éponges ont une forte capacité de régénération.
Description microscopique :
L'ectosome* forme une sorte de croûte composée de spicules* épineux, des acanthostyles* de 65-70 x 3-5 µm plus ou moins arqués et fusiformes. Des acanthostyles de 120 x 6 µm, dits basiliaires, c’est-à-dire disposés à l’intérieur du derme en contact avec la pierre, sont également présents.
Les spicules mégasclères* du choanosome* sont des tornotes* lisses organisés en faisceaux de 230-250 x 5 µm.
Cette espèce présente aussi des microsclères*, des isochèles* arqués, peu nombreux, de 17 µm-23 µm et situés essentiellement dans l’ectosome.
Crellie rose est une traduction du nom scientifique.
Crella : du grec [krinau] = séparer, trier, passer au crible, passer au tamis.
rosea : de couleur rose.
Numéro d'entrée WoRMS : 169087
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Sous-classe | Heteroscleromorpha | Hétéroscléromorphes | |
Ordre | Poecilosclerida | Poécilosclérides | « Eponges à spicules variés ». Charpente de spicules siliceux (styles ou acanthostyles) renforcée de spongine. Plusieurs types de mégasclères et de microsclères (chèles, sigmas...). |
Famille | Crellidae | Crellidés | L'identification des espèces de cette famille est basée sur l'observation microscopiques du squelette : spicules tornotes dans les tissus et couches tangentielles de styles ou de oxes en surface (cortex) et microsclères uniquement du type isochèles. |
Genre | Crella (Yvesia) | ||
Espèce | rosea |
Plaque rose à oscules légèrement surélevés
La crellie rose, Crella (Yvesia) rosea, forme des plaques encroûtantes légèrement charnues montrant de petits oscules gainés de courts tubes blanchâtres et criblées de petits cratères disparates. La couleur chair peut être rosée comme ici.
Figuerolles, La Ciotat (13), 12 m
13/11/2015
Éponge encroûtante rose à petits cratères
Les gros trous sont les orifices d'expulsion d'eau, les petits trous plus nombreux correspondent aux zones d'aspiration.
Figuerolles, La Ciotat (13), 12 m
13/11/2015
En Catalogne française
Les oscules blanchâtres de petite taille (1-2 mm) et les cratères inhalants non adjacents sont des critères de reconnaissance de Crella (Yvesia) rosea.
Cap Vieille, Collioure, Côte Vermeille (66), 15 m
20/08/2010
A La Ciotat en Provence
Le contour de cette éponge, plus rouge que rose, est très découpé, laissant apparaître des îlots différents.
Figuerolles, La Ciotat (13), 11 m
23/01/2016
En Corse, bien rouge
Ce sont les petits cribles, disparates et regroupant les pores inhalants, qui permettent de reconnaître Crella (yvesia) rosea.
Crique de l'hôtel St Christophe, Calvi, Corse (2B), 14 m
01/08/2015
Petits cratères peu denses
Les veines sombres, les canaux aquifères convergeant vers les oscules, sont distinguables à travers le cortex.
Calvi, Corse (2B), 13 m
01/08/2015
Plaque déchirée en Catalogne espagnole
La crellie rose peut se découper en plusieurs îlots d'apparence différente. Les cribles regroupant les ostioles, séparés les uns des autres, sont bien visibles.
Rosas, Catalogne espagnole, 25 m
16/08/2011
Petits oscules clairs
Les oscules blanchâtres sont ici contractés. Les pores inhalants ou ostioles sont regroupés en cribles éloignés les uns des autres.
La Ciotat (13), 9 m
11/10/2013
Aspect mamelonné lié au support
La crellie rose s'est installée ici sur de grosses balanes Perforatus perforatus. Elle peut être facilement confondue avec l'espèce proche Crella (Crella) elegans.
Les Trois Arches, Carnon (34), 6 m
06/07/2009
Sous un surplomb
Crella rosea est une espèce qui se développe à l'abri de la lumière. Elle recouvre ici de grosses balanes Perforatus perforatus.
Les Trois Arches, Carnon (34), 4 m
08/07/2009
Commune à Banyuls
Crella rosea encroûte ici une paroi verticale de la roche en compagnie d'une autre éponge rouge orangé, probablement Crambe crambe, sur la côte Vermeille. Elle masque ici de grosses balanes Perforatus perforatus.
Cap la Vieille, Banyuls-sur-Mer (66), 15 m
15/08/2010
Dessins des spicules
Légendes : a. acanthostyle ectosomique, b. acanthostyle basiliaire, c. isochèle (x 510 µm) , t. portion de tornote choanosomique.
Figure 21 dans : Étude des spongiaires du golfe de Naples, d'après Émile Topsent (Archives de Zoologie expérimentale et générale, 63, 623-725).
Reproduction de documents anciens
1925
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Rédacteur : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Boury-Esnault N., 1971, Spongiaires de la zone rocheuse de Banyuls-sur-Mer, Vie Milieu, 22(2B), 287-350.
Pouliquen L., 1972, Les spongiaires des grottes sous-marines de la région de Marseille: Ecologie et systématique, Téthys, 3(4), 717-758.
Topsent E., 1892, Diagnoses d'éponges nouvelles de la Méditerranée et plus particulièrement de Banyuls, Archives de Zoologie expérimentale et générale, 2(10), 17-28.
Topsent E., 1925, Étude des spongiaires du golfe de Naples, Archives de Zoologie expérimentale et générale, 63, 623-725.
Topsent E., 1936, Eponges observées dans les parages de Monaco (Deuxième partie), Bulletin de l’Institut Océanographique, 686, 70p.
Vacelet, J., 1976, Inventaire des Spongiaires du Parc national de Port-Cros (Var), Travaux scientifiques du Parc national de Port-Cros, 2, 167-186.
La page de Crella (Yvesia) rosea sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires : World Porifera Database
La page de Crella (Yvesia) rosea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN