Petite méduse en forme d'entonnoir, fixée par une ventouse
Pédoncule très court (8 mm max) de section carrée
Couleur fort variable, hauteur de 2 à 3 cm
8 bras porteurs d'un bouquet de 80 tentacules
4 gonades internes étirées et pennées
Espèce très rare
Lucernaire, stauroméduse, lucernaire en forme de gobelet (Québec)
Goblet stalked jellyfish (US)
Lucernaria convolvulus Johnston, 1835
Craterolophus tethys Clark, 1863
Manche, Atlantique Nord-Est, Atlantique Nord-Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestIl s'agit d'une espèce nordique, dont la distribution s'étend de la Scandinavie au nord de la Bretagne. Elle affectionne les eaux fraîches. Sa présence n'est toujours signalée que localement, elle n'est jamais commune, toujours rare !
En Atlantique Nord-Ouest elle est présente dans le fleuve Saint Laurent, de l'Arctique au Cap Code.
La lucernaire à court pédoncule est une espèce infralittorale*, que l'on pourra trouver depuis la surface jusqu'à une vingtaine de mètres de profondeur maximum, rarement plus. Elle sera toujours fixée sur un support végétal, des algues ou des zostères.
Craterolophus convolvulus est une petite lucernaire dont la hauteur ne dépasse pas les trois centimètres. Elle est caractérisée par un pédoncule* très court, de section carrée et de huit millimètres de long maximum, terminé par un petit disque adhésif, qui fixe la lucernaire sur une algue ou une plante marine. L'ombrelle a la forme d'un gobelet profond, plus haut que large, sous-tendu par huit bras qui se terminent chacun par un bouquet de 80 tentacules capités. Entre chaque bouquet, l'ombrelle présente une échancrure étroite, en comparaison avec les autres espèces de lucernaires. Sur la face interne de l'entonnoir s'étirent quatre gonades pennées caractéristiques, de teinte plus pâle que l'ombrelle, qui présente une couleur fort variable : grise, brune, verte, et rouge.
Dans les eaux métropolitaines françaises, il existe quelques autres espèces de lucernaires, aisément différenciables avec un peu d'observation. Citons :
- Haliclystus auricula, la petite lucernaire à boutons, qui atteint 40 mm, et dont les ancres sont sphériques ou réniformes,
- Haliclystus salpinx, la grande lucernaire à boutons, qui atteint 60 mm, et dont les ancres ont une forme de trompette,
- Lucernariopsis campanulata, espèce très proche, mais qui ne possède pas d'ancres à l'aisselle des bras,
- Lucernaria quadricornis, plus grande (60 mm de haut maximum), dont les 8 bras sont réunis 2 par 2. On peut de plus la trouver fixée sur substrat rocheux,
- Lucernaria cruxmelitensis, plus petite (15 mm de haut maximum), 35 tentacules par bras. Points blancs évoquant la Croix de Malte.
Cette méduse se nourrit de zooplancton* (essentiellement des petits crustacés : amphipodes, copépodes, ostracodes, mais aussi petits vers et petits mollusques) qu'elle capture à l'aide des cnidocytes* qui garnissent ses huit bouquets de tentacules. Ces petites proies sont ensuite dirigées vers le manubrium* transparent au centre de l'entonnoir, puis digérées au sein de la cavité gastrique qui se trouve dans le pédoncule. Les restes non digérés (coquilles, carapaces) sont évacués par la bouche.
La reproduction est sexuée et les sexes sont séparés. Les méduses mâles et femelles libèrent leurs gamètes* en pleine eau où a lieu la fécondation. Une larve planula* pélagique* finit par tomber et se fixer sur un végétal. Elle se développe directement en une petite lucernaire. Une stauroméduse (du latin [stare] = s’arrêter) est une méduse qui s’est arrêtée de nager, qui s’est fixée, et qui a secondairement abandonné le mode de vie pélagique.
Il s'agit de plus d'une espèce bisannuelle : on compte deux générations de lucernaires à court pédoncule que l'on peut observer en avril et en septembre.
Craterolophus convolvulus se développera là où la végétation marine (algues et phanérogames) sera abondante. Par le passé, dans les années 1930, une mystérieuse maladie a provoqué la quasi disparition des prairies de zostères, alors florissantes. Les lucernaires sont alors devenus rarissimes !
Les lucernaires sont fixées mais, comme les comatules, elles sont capables de se détacher de leur substrat pour aller se fixer plus loin. L'ombrelle est alors animée de contractions, comme toute méduse digne de ce nom.
Le réseau nerveux épidermique des lucernaires est beaucoup plus important que celui des autres méduses.
L'individu qui illustre cette fiche a vraisemblablement eu une anomalie de développement : au lieu des 8 bouquets de tentacules habituels (caractère commun à toutes les stauroméduses), celui-ci en présente 13 ! De plus, au lieu des 4 gonades habituelles, cet individu en possède 7 ou 8 !
Des études récentes sur la physiologie et le développement des lucernaires démontreraient qu'elles forment un groupe bien à part au sein des scyphozoaires. Comme cela s'est déjà produit pour les cuboméduses, qui sont devenues les cubozoaires, il est question que les stauroméduses soient à leur tour regroupées dans la classe des staurozoaires ! Certaines classifications ont déja adopté cette modification.
Lucernaire vient du latin [lucerna] = petite lampe, cet animal évoquant une petite lampe de chevet lorsque l'entonnoir est dirigé vers le bas. Le court pédoncule est un critère essentiel dans la détermination.
Cette espèce ne possède pas de nom vernaculaire dans la littérature naturaliste. "Lucernaire à court pédoncule" est donc une proposition logique du site DORIS.
Craterolophus : du grec [krater] = vase (à l'origine) où l'on mélangeait l'eau et le vin, puis cratère, mais aussi force, pouvoir, et du grec [lopho] = crête, touffe, huppe, nageoire : donc vase portant des crêtes (c'est-à-dire les bouquets de tentacules).
convolvulus : du latin [convolvere] = rouler, s’enrouler ensemble. Notons que Convolvulus est aussi le nom de genre du liseron : la fleur du liseron ressemble fortement à notre lucernaire.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Sous-embranchement | Medusozoa | Médusozoaires | Cnidaires présentant une phase méduse acraspède (le plus souvent libre et pélagique) dans leur cycle de reproduction. Scyphoméduses, cuboméduses et stauroméduses. |
Classe | Staurozoa | Staurozoaires | Lucernaires, ou stauroméduses. Méduses sessiles (perte de la génération planctonique), ombrelle surmontée d'un pédoncule de fixation. Bouquets de petits tentacules capités, perte des statocystes, manubrium de section carrée. |
Ordre | Stauromedusae | Stauroméduses | Unique ordre de Staurozoaires. |
Sous-ordre | Cleistocarpida | Cleistocarpides | Gonades* pennées ou qui ressemblent à une lyre. |
Famille | Depastridae | Dépastridés | |
Genre | Craterolophus | ||
Espèce | convolvulus |
Sur une algue rouge
Les lucernaires sont bien souvent mimétiques sur les algues, il faut avoir l'oeil pour les dénicher !
Trévou-Tréguignec (22), estran
08/03/2014
Un court pédoncule
Observez le pédoncule de cette méduse : comparé à celui des autres espèces (Haliclystus auricula et Lucernariopsis campanulata), il est très court ! Nota : il s'agit ici d'un spécimen qui présente une anomalie de développement : au lieu des 8 bouquets de tentacules habituels, il en présente 13 !
Trégastel (22), estran
25/03/2008
Des gonades pennées
Observez les gonades qui s'étirent à l'intérieur de l'ombrelle : ils ont une forme pennée caractéristique. Observez aussi les bouquets de tentacules. Nota : il s'agit ici d'un spécimen qui présente une anomalie de développement : au lieu des 8 bouquets de tentacules habituels, il en présente 13 ! De plus, au lieu des 4 gonades habituelles, cet individu en possède 7 ou 8 !
Trégastel (22), estran
25/03/2008
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Vous pouvez consulter la liste complète des espèces de stauroméduses sur le site de Claudia Mills:
STAUROMEDUSAE: LIST OF ALL VALID SPECIES NAMES
Remerciements particuliers à Claudia Mills, de l'université de Washington, et à Yayoi M. Hirano, de l'université Chiba au Japon (Kominato Marine Laboratory), pour m'avoir aidé à identifier cette méduse...