Corps blanc
Papilles dorsales organisées en 8 à 10 bouquets
Tête avec deux taches oculaires orangées
Rhinophores orangés
Tentacules buccaux blancs
Limace pélerine
Hervia (GB, I, E, D, NL)
Doris peregrina Gmelin, 1791
Hervia peregrina (Gmelin, 1791)
Rizzolia peregrina Trinchese, 1880
Hervia costai Haefelfinger, 1961
Méditerranée, Atlantique Est (hors France)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Tout le bassin méditerranéen, mais aussi l'océan Atlantique Est : Portugal, Espagne, Sénégal, îles Canaries.
De nombreux ouvrages prétendent que l'hervia est une espèce endémique de la Méditerranée.
On trouve l'hervia à toutes les profondeurs de mars à octobre, quand les hydraires du genre Eudendrium sont abondants. Ces rencontres se font principalement dans les 10 premiers mètres, de juillet à octobre, quand l’eau est à une température supérieure à 18 °C. Elles se tiennent, sur leurs hydraires, le plus souvent contre des parois rocheuses, dans des eaux claires et bien oxygénées.
En Méditerranée, on les rencontre le plus souvent sur les tombants rocheux du coralligène*.
Cratena peregrina a généralement une taille de 3 cm, mais peut atteindre au maximum 5 cm.
Le corps est d’un blanc laiteux, avec des reflets orangés. Il comporte de multiples excroissances tubulaires orangées teintées de rouge, de brun et de violet (les cérates*) dont les extrémités pointues ont des reflets bleutés. Ces excroissances sont organisées en 8 à 10 bouquets situés transversalement à l’animal, et correspondent à des extensions des glandes digestives. Les reflets orangés du corps sont dus à la couleur des glandes sexuelles et digestives.
Le corps se termine par une longue queue effilée qui ne comporte pas d’appendice et qui représente un tiers de la longueur totale du nudibranche.
La tête, bien marquée, possède :
Il semblerait que la couleur des papilles dorsales soit variable. En revanche, le corps blanc et les taches oculaires orangées permettent à coup sûr de déterminer cette limace.
Il n’existe pas d’espèce semblable car sa coloration est caractéristique.
L'hervia se nourrit des polypes d’hydraires particulièrement du genre Eudendrium qu’elle broute à l’aide de sa radula*.
Une publication de 2017 avance que les éolidiens mangeurs d'hydraires se nourriraient également du zooplancton* capturé par les polypes* du cnidaire et choisiraient prioritairement les polypes rassasiés en zooplancton par rapport aux autres polypes. Les auteurs de l'étude ont appelé ce mécanisme, visant à manger un organisme-proie au travers d'un autre organisme primo-prédateur : la kleptoprédation.
La reproduction a lieu de mars à septembre. L’espèce est hermaphrodite* synchrone (elle possède en même temps les gamètes* mâles et femelles) et un accouplement avec un congénère est nécessaire.
Cet accouplement a lieu par accolement des papilles génitales se trouvant sur le côté droit près des rhinophores, qui se conclut par un échange de spermatozoïdes*.
Lors de la ponte, les ovules sont fécondés par les spermatozoïdes du congénère.
Les œufs de Cratena peregrina sont agglomérés sous la forme de tortillons blancs. Ils éclosent au bout de 7 à 8 jours pour donner naissance à des larves* nageuses planctoniques*. Ces larves planctoniques se posent sur les hydraires Eudendrium dès qu’elles les détectent et se transforment en limaces rampantes. Une larve peut "voyager" près d'un an. Elle peut ne jamais se transformer en limace si elle ne trouve pas son hydraire favori.
L'hervia se rencontre souvent sur des hydraires du genre Eudendrium.
L'hervia mange les hydraires sans déclencher leurs cellules urticantes (appelées nématocystes* ou cnidocystes*). Elle ne digère pas les cellules urticantes embryonnaires, mais les accumule dans une poche nommée cnidosac* située près du sommet des excroissances dorsales, et dans laquelle ces cellules se développent.
Si cette limace est agressée, les cellules urticantes se déclenchent et l’agresseur reçoit du venin toxique.
L'hervia, comme les autres éolidiens*, n’a pas de branchies. La respiration se fait par diffusion par toute la surface du corps. Les papilles dorsales augmentent largement cette surface.
La vie de l'hervia est brève, elle ne dépasse pas un ou deux mois. Durant la belle saison, il peut y avoir plusieurs générations. En hiver, les larves* assurent la permanence de l’espèce.
Hervia est un ancien nom de genre de cette limace. L'origine de ce nom n’a pas été trouvée.
Cratena : du latin [cratis] = grille, treillis.
peregrina : du latin "de l'étranger, étranger" mais cela peut être pris dans le sens de voyageur (faune de Perrier N°4) ou de pélerin (faune de Perrier N°10). Effectivement cette espèce est très mobile.
Numéro d'entrée WoRMS : 146862
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Facelinidae | Facelinidés | Eolidiens au corps grêle, aux cérates groupés en faisceaux, sans pédoncule. En général tentacules pédieux, rhinophores à lamelles ou annelés. |
Genre | Cratena | ||
Espèce | peregrina |
Cratena peregrina adulte
Une Cratena peregrina reconnaissable à ses deux taches oculaires, ses rhinophores orangés et ses tentacules buccaux blancs.
Antibes (06)
20/08/2004
Vue de dessus
Le corps est hyalin. Deux taches orangées sont visibles à l'avant des rhinophores. Les rhinophores sont orangés et les tentacules blanchâtres. Par transparence il est possible de distinguer les lobes du foie de couleur brunâtre.
Agay (83), 15 m
02/05/2013
Cratena peregrina vue d’ensemble
Le corps se termine par une longue queue effilée qui ne comporte pas d’appendice et qui représente un tiers de la longueur totale du nudibranche.
Villefranche-sur-Mer (06), Crau de Nao, 20 m
14/11/2009
Tache
Les marques orange à l'avant de la tête sont trompeuses, les véritables "yeux" se trouvent à la base des rhinophores. Il s'agit d'un organe photosensible, petit point noir que l'on distingue sur la photo sur la base arrière du rhinophore de droite.
Bassin de Thau (34), 2 m
10/06/2018
Beau manteau recouvert de cérates
Cette limace est fort belle, admirez ses papilles dorsales bien alignées ! Accrochée à la paroi, elle s'apprête à déguster son plat favori de polypes d'hydraires.
Le moulade, Port Vendres (66)
29/07/2021
Bouche
La bouche de Cratena peregrina, fendue verticalement, est bien adaptée à la préhension des hydraires.
Thau (34), 6 m
12/11/2005
A table !
Cette gourmande est prête à déguster ce polype d'hydraire.
Cerbère (66), Pointe des Girelles, 5 m
04/07/2008
Hervias et flabelline en train de se nourrir
Deux Cratena peregrina avec une flabelline sur leur menu de choix : un hydraire du genre Eudendrium.
Antibes (06)
20/08/2004
Accouplement de deux hervias
Les Cratena peregrina sont caractérisées par un hermaphrodisme simultané et ont besoin d’un partenaire pour se reproduire.
Ibiza (Espagne), Llardo Norde
17/09/2001
Par dizaines
Des dizaines d’hervia en train de se reproduire le long des parois rocheuses. Sur la photo on ne voit qu’un petit échantillon de tout ce qu’il y avait. Un bel événement de reproduction.
En face du Cap Camarat (83), apnée à 5 m de fond au rocher des portes
23/07/2023
Deux hervias avec leur ponte
Après s’être accouplées, deux Cratena peregrina pondent sur leur hydraire. La ponte se présente sous forme d’un fin tortillon blanc.
Antibes (06)
20/08/2004
Ponte en cours
Les œufs de Cratena peregrina sont agglomérés sous la forme de tortillons blancs.
L'Estartit (Espagne), Iles Médes, environ 8 m de profondeur
10/06/2017
Rhinophores branchus
Les rhinophores de cet individu sont branchus. Cette malformation se voit parfois sur les limaces.
Cap de Nice (06)
17/11/2019
Avec un copépode parasite
Un copépode endoparasite s'est fixé sur la tête de cette Hervia.
Les tables, Cap d’Agde (34), 7 m
29/07/2022
Bête à concours !
Photo primée au concours "Les Yeux de Doris 2006".
Cerbère (66), 15 m
08/2004
Individu de l'Atlantique proche
San Sebastian (Pays-Basque espagnol), 15 m
15/07/2009
Rédacteur principal : Georges HUSSON
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Véronique LAMARE
Willis T.J., Berglöf K.T.L., McGill R.A.R., Musco L., Piraino S., Rumsey C.M., Fernandez T.V., Badalamenti F., 2017, Kleptopredation : a mechanism to facilitate planktivory in a benthic mollusc., Biol. Lett., 13, 20170447.
La page de Cratena peregrina dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN