Petite limace ne dépassant pas 10 mm
Corps verdâtre, mais entièrement masqué par les cérates
Cérates gris à verdâtres, translucides, parcourus de fines lignes blanches
Tête rectangulaire blanche
Rhinophores noirs à base blanche, lisses, très longs, portés horizontalement
Petits yeux noirs très rapprochés et situés entre les rhinophores
Rabbit sapsucking slug, (GB), Kaninchen Saftsauger (D)
Les anglo-saxons ont tendance à utiliser le nom de "Shaun the sheep" (Shaun le mouton), en référence à la série d'animation du même nom, pour presque toutes les espèces du genre Costasiella alors qu'il devrait être réservé à Costasiella kuroshimae. Du coup, de nombreux pays traduisent aussi ce nom dans leur langue pour nommer à tort C. usagi.
Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCette espèce est principalement connue dans le Pacifique tropical Ouest, de la Thaïlande et l'Indonésie à la Papouasie Nouvelle-Guinée et Guam, et du sud du Japon à l'Australie et la Nouvelle-Calédonie. Elle est également observée aux Galapagos dans le Pacifique Est ainsi que dans l'océan Indien à Mayotte et aux Maldives. Elle pourrait donc avoir une distribution indo-pacifique plus large.
Cette limace ne se rencontre que sur les algues udotées (Avrainvillea sp.) dont elle se nourrit. On la trouvera donc là où se développent ces algues, c'est-à-dire sur les fonds sableux, avec un courant modéré, dans les 10 premiers mètres de profondeur.
Costasiella usagi est une petite limace de mer ne dépassant pas 10 mm de longueur.
Le corps est verdâtre mais rarement visible car entièrement masqué par des cérates* denses. Seules la queue effilée et blanche ainsi que la tête dépassent.
Les cérates médians sont gris à verdâtres (parfois noirs), translucides, alors que les cérates externes sont noirs. Tous possèdent une extrémité blanche plus ou moins marquée et sont parcourus de lignes blanches fines. Les cérates sont disposés sur environ 10 rangées.
La tête est blanche, de forme rectangulaire, et porte de chaque côté 2 très longs rhinophores* lisses, qui restent en position horizontale. Ceux-ci sont noirs sauf au niveau de leur insertion sur la tête qui reste blanche. Entre les rhinophores, deux petits yeux noirs, très rapprochés sont bien visibles.
Il existe 16 espèces dans le genre Costasiella (et plusieurs espèces non décrites) souvent difficiles à distinguer les unes des autres mais C. usagi est la seule à avoir des cérates* parcourus de lignes blanches. Cela n'empêche pas de trouver beaucoup d'erreurs d'identification dans la littérature ou sur Internet. Cela vient principalement du fait qu'en anglais le nom de "Shaun the sheep", normalement réservé à Costasiella kuroshimae, est attribué à la plupart des espèces du genre Costasiella.
On retrouve donc des signalements de C. usagi avec le nom de "Shaun the sheep", mais également des photos avec le nom de "Shaun the Sheep" et donc identifiées comme C. usagi alors qu'il s'agit d'une autre espèce.
Il existe d'autres limaces à cérates et ayant une forme proche, mais les Costasiella ont vraiment une tête caractéristique, assez rectangulaire, avec 2 yeux très proches et centraux et 2 longs rhinophores* lisses.
Les Sacoglosses, dont fait partie Costasiella usagi, sont herbivores. C. usagi se nourrit d'udotées (Avrainvillea sp.), une algue verte en forme d'éventail. Elle déchiquette les cellules végétales avec sa radula* et ingère les chloroplastes*. Par transparence, ces organites végétaux ingérés sont parfois visibles à l'intérieur des cérates* où se prolongent les diverticules intestinaux. Ils continuent leur photosynthèse* apportant une autre source de nourriture à l'animal.
Costasiella usagi est hermaphrodite*. L'orifice génital est situé au niveau de la tête, sur le côté droit. L'accouplement se fait donc tête-bêche et chaque individu transfère ses spermatozoïdes* à son partenaire. La fécondation* est interne. Les œufs sont déposés directement sur l'algue servant de nourriture. Ils sont enfermés dans un ruban muqueux en forme de spirale. Les larves* sont planctoniques*.
Costasiella usagi est étroitement liée aux algues Avrainvillea sp. qui lui servent de nourriture, d'habitat pour généralement toute sa vie et de lieu de ponte. C'est également le cas pour Costasiella kuroshimae et il est fréquent de voir ces 2 espèces sur la même algue.
Chez les Sacoglosses, la radula* ne présente qu'une rangée de dents et les dents usées qui tombent, sont récupérées dans un sac intérieur disposé dans la queue.
En cas de danger, cette espèce est capable, par autotomie*, de se séparer d'une partie de ses cérates* qui repousseront.
Costasiella usagi se nourrit d’algues et peut récupérer les chloroplastes* sans les détruire, on parle de kleptoplastie*. Ceux-ci apparaissent alors par transparence dans les cérates. Toujours fonctionnels, ces chloroplastes vont poursuivre leur activité de photosynthèse* pendant quelques semaines et les sucres produits nourriront alors l'animal. C. usagi fait partie de ce que les anglo-saxons appellent des "solar powered sea slugs", c'est-à-dire des limaces à énergie solaire. Il existe une deuxième catégorie de "solar powered sea slugs" qui eux ne vont pas se contenter de chloroplastes mais assimilent des algues unicellulaires (zooxanthelles*) qui vont se développer dans leurs tissus (on parle de symbiose) et poursuivre leur photosynthèse.
La costasielle-lapin va également garder des métabolites* toxiques provenant des algues qu'elle consomme, ce qui lui procure une défense contre les prédateurs.
Costasielle-lapin est une proposition du site DORIS et correspond à la traduction du nom scientifique.
Costasiella : en l'honneur d'Oronzio Gabriele Costa (1787-1867), malacologue italien et professeur de zoologie à l'université de Naples.
usagi : signifie lapin en japonais. Le japonais Ichikawa, dans sa description de l'espèce explique qu'il a choisi ce nom en référence à sa manière particulière de se mouvoir, rampant de manière saccadée, projetant ses rhinophores* (longs comme des oreilles de lapin) en avant puis en arrière, rappelant les mouvements de saut d'un lapin.
Numéro d'entrée WoRMS : 494660
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Sacoglossa | Sacoglosses | Coquille à paroi fine et en forme d’œuf ou de 2 valves, ou absente. Les espèces sans coquille sont pourvues de parapodies ou de cérates. 2 paires ou pas de tentacules sur la tête (rhinophores en tube). |
Famille | Costasiellidae | Costasiellidés | |
Genre | Costasiella | ||
Espèce | usagi |
Caractère unique
Cette espèce, de quelques millimètres, se reconnaît immédiatement à ses cérates striés de blanc. C'est la seule espèce dans ce genre ou dans les genres voisins à avoir cette particularité.
Anilao, Philippines, 8 m
14/05/2018
Tête
La tête est blanche, rectangulaire, avec 2 petits yeux centraux très rapprochés.
Anilao, Philippines, 12 m
04/2018
Rhinophores
Les rhinophores sont lisses, longs et placés à l'horizontale. Ils sont noirs, avec une base blanche.
Anilao, Philippines, 10 m
19/05/2018
Version sombre
Chez cet individu les cérates sont particulièrement foncés. On peut voir qu'ils sont quand même striés de blanc ce qui confirme que l'on a affaire à Costasiella usagi.
Baie des Citrons, Nouméa, Nouvelle-Calédonie
08/2014
Cérates
Les cérates striés de blanc sont translucides et l'on peut voir ici par transparence les chloroplastes qu'ils contiennent. Les premiers cérates sont plus petits et de couleur sombre.
Anilao, Philippines, 8 m
15/05/2018
Vaste distribution ?
Cette espèce est principalement connue dans le Pacifique tropical Ouest, notamment aux Philippines et en Indonésie. En fait on la rencontre du sud du Japon à la Nouvelle-Calédonie mais elle a été également photographiée aux Galapagos dans le Pacifique Est et à Mayotte et aux Maldives dans l'océan Indien.
Lembeh, Sulawesie, Indonésie, 17 m
14/03/2016
Lapin ?
C'est le nom unagi, qui en japonais, langue du descripteur, signifie lapin, qui a offert à cette espèce le joli nom commun de costasielle-lapin
Sémaphore de Nouville, Nouméa, Nouvelle-Calédonie, océan Pacifique
03/10/2019
Ponte
La ponte, en bas à gauche sur cette photo, est en forme de ruban spiralé.
Ambon, Indonésie, 13 m
11/2019
Taille réelle
Sur cette photo on se rend mieux compte de la difficulté de voir la costasielle-lapin (flèche du bas) qui ne mesure que 10 mm maximum. La flèche du haut indique sa ponte. Cette espèce se nourrit uniquement de l'algue éventail Avrainvillea sp.
Wakatobi, Indonésie, 11 m
04/06/2018
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Vérificateur : Pascal GIRARD
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Ichikawa M., 1993, Saccoglossa (Opisthobranchia) from the Ryukyu Islands, Publication of the Steo Marine Biological Laboratory, 36(3), 119-139.
Marın A., Ros J., 2004, Chemical defenses in Sacoglossan Opisthobranchs: Taxonomic trends and evolutionary implications, Sci. Mar., 67, 227–241.
Wägele M., Johnsen G., 2001, Observations on the histology and photosynthetic performance of “solar-powered” opisthobranchs (Mollusca, Gastropoda, Opisthobranchia) containing symbiotic chloroplasts or
zooxanthellae, Org. Divers Evol.,1(3),193–210.
La page de Costasiella usagi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN