Etoile de mer très irrégulière
De 6 à 10 bras inégaux, le plus souvent 7 ou 8
2 à 4 plaques madréporiques
Surface dorsale recouverte de fines épines éparses
Epines cernées d'un buisson de pédicellaires
Coloration variable, d'ordinaire blanche et brune tachetée de rouge et de bleu
Taille normale comprise entre 3 et 10 cm
Etoile de mer bleue, étoile de mer irrégulière, étoile à fins piquants
Blue spiny starfish (GB), Stella pungente minore (I), Estrella espinosa azul (E), (Blauer) Dornenstern (D), Blauwe stekelster (NL)
Asterias tenuispina Lamarck, 1816
Asterias savaresi Delle Chiaje, 1827
Asteracanthion tenuispinus Müller & Troschel, 1842
Asterias atlantica Verrill, 1868
Lytaster inaequalis Perrier, 1894
Caraïbes, océan Atlantique, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● CaraïbesLa distribution de cette espèce s'étend dans l'ensemble du bassin méditerranéen, et jusqu'au golfe de Gascogne, aux îles du Cap-Vert et à la Guinée. Par le biais d'une introduction secondaire, elle s'étend du Brésil jusqu'aux Bermudes en passant par les Caraïbes.
Cette espèce très commune en Méditerranée affectionne les fonds rocheux et végétaux de la zone infralittorale*, depuis la surface, près de laquelle elle vit habituellement, jusqu'à une cinquantaine de mètres de profondeur. On la trouvera fréquemment dans les herbiers et sous les pierres.
Coscinasterias tenuispina est une étoile de mer vraiment particulière. Si un mot doit caractériser cet animal, c'est bien l'irrégularité ! Elle présente un nombre de bras variable, allant de 6 à 10, le plus souvent 7 ou 8, de taille inégale, et leur disposition autour du disque central réduit est aléatoire. Cette étoile semble avoir quelque peu oublié sa symétrie radiée originelle...
La surface dorsale, percée de 2 à 4 plaques madréporiques*, est couverte d'épines irrégulièrement disposées, et cernées chacune d'un petit buisson de pédicellaires*. Le long des bras, ces épines sont alignées sur 5 rangs.
La couleur de cet animal est, encore une fois, fort variable, d'ordinaire blanche et brune, et tachetée de rouge, de jaune, de mauve, souvent de bleu ! La face ventrale est claire, et les larges sillons ambulacraires* accueillent 4 rangées de longs podia* terminés en ventouse.
Son envergure est normalement de 3 à 10 centimètres, rarement plus (20 centimètres maximum).
On pourra confondre l'étoile de mer épineuse avec l'étoile de mer glaciaire (Marthasterias glacialis), à cause de son épiderme recouvert de piquants. Les différences essentielles résident dans la taille, l'étoile de mer glaciaire étant beaucoup plus grande (jusqu'à 40 cm alors que Coscinasterias tenuispina dépasse rarement les 10 cm d'envergure), et dans le nombre de bras : l'étoile de mer glaciaire a toujours 5 bras, l'étoile de mer épineuse en a toujours 6 à 10.
Il s'agit d'une espèce carnivore et prédatrice. Elle parcourt l'herbier et la surface de la roche à la recherche de vers et de mollusques. Elle piège les petites proies grâce à ses nombreux podia terminés en ventouse, qui les acheminent alors vers la bouche centrale munie de cinq dents coupantes. Pour les plus grosses d'entre elles (mollusques), elle dévagine son estomac, qui sécrète de puissantes enzymes digestives, puis en aspire le contenu liquéfié.
La reproduction est d'ordinaire sexuée, il existe des étoiles de mer épineuses mâles et femelles, ces dernières étant beaucoup plus abondantes. Elles émettent alors en pleine eau des nuages de semence. La fécondation donne une larve* dipleurula, qui rejoint la microfaune du plancton*. Après quelques semaines, la larve subit une métamorphose et passe par deux stades larvaires supplémentaires, dits bipinnaria puis brachiolaria, très différents de l'adulte. La larve brachiolaria tombe sur le fond et se transforme directement en une minuscule étoile.
Par ailleurs, cette espèce est douée d'un très fort pouvoir de régénération. Un fragment de bras, pour peu que sa taille soit suffisante, peut être à lui seul à l'origine d'une nouvelle étoile.
Blessé, amputé, cet animal n'aura aucun mal à retrouver rapidement son aspect initial !
A l'extrémité de ses bras, Coscinasterias tenuispina possède des tentacules sensoriels qui lui permettent d'appréhender son environnement. Il lui arrive alors d'essayer de prendre appui sur un rocher ou un végétal en apparence inaccessible, et de se retrouver suspendue avec très peu de points d'accrochage ! (observation du photographe Charles Nérot).
Etoile de mer épineuse : à cause des nombreuses épines qui parsèment la surface de l'étoile,
Etoile de mer bleue : les taches bleues sont parfois dominantes,
Etoile de mer irrégulière : à cause du nombre et de la taille inégale des bras,
Etoile à fins piquants : traduction directe du nom d'espèce tenuispina.
Coscinasterias : du grec [coscin] = tamis (?), et du grec [aster] = étoile,
tenuispina : du latin [tenui] = fin, menu, et du latin [spina] = épine.
Le tégument de cette étoile est recouvert de petites épines.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Asterozoa | Astérozoaires | Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes. |
Classe | Asteroidea | Astérides | Organismes en forme d’étoile, libres. 5 à 50 bras, squelette réduit, estomac dévaginable. Ce sont les étoiles de mer. |
Ordre | Forcipulatida | Forcipulatides | Les piquants de la face dorsale sont entourés d’une couronne de pédicellaires croisés. Les tubes ambulacraires sont ordinairement quadrisériés et ils sont terminés par des ventouses. |
Famille | Asteriidae | Astériidés | |
Genre | Coscinasterias | ||
Espèce | tenuispina |
Une étoile vraiment particulière...
Observez cette curieuse étoile, les 8 bras sont de longueur très inégale !
Antibes (06), 8 m, de nuit
02/10/2008
7 bras
Cet individu, dont les taches sont plus clairsemées, possède 7 bras, ce qui est le cas de figure le plus fréquent chez cette espèce.
La Fourmigue nord (83), 8 m
06/05/2007
8 bras
Un fond noir fait mieux ressortir cette étoile, dont les bras se confondent souvent avec le substrat.
Méditerranée
2006
4 bras
Cette observation est rarissime s'agissant de cette espèce. Cet individu a selon toute vraisemblance été victime d'amputations...
Cagnes sur mer (06), 6 m, de nuit
03/08/2007
Sous la surface
C'est près de la surface, dans les premiers mètres et parmi les algues, qu'on a le plus de chances de rencontrer l'étoile de mer épineuse.
Le Planier, Marseille (13), 5 m
19/03/2005
Prédation
Cet individu a attrapé une ophiure (Ophiura sp.) grâce à ses podia. Il est probable qu'il s'agisse ici de prédation...
Cros-de-Cagnes (06)
26/07/2012
Presque mimétique
Les nombreuses taches qui parsèment la surface des bras confèrent à cette espèce un certain mimétisme.
La Ciotat (13), 15 m
17/09/2005
Gros plan de la face dorsale
Observez les petites épines entourées chacune d'une petite touffe de pédicellaires*. Ces structures squelettiques buissonnent à la surface de l'étoile.
Cagnes-sur-mer (06), 12 m
19/06/2007
Dominante brune
La plupart du temps, l'étoile de mer épineuse présente une coloration rouge brun sur fond blanc.
La Fourmigue (83), 12 m, de nuit
25/09/2007
Variante bleue
Certains individus possèdent une dominante de taches bleues, ce qui a valu à cette espèce l'autre nom d'étoile de mer bleue. Elle est d'ailleurs aussi nommée ainsi en anglais, en espagnol, en allemand et en néerlandais !
Méditerranée, 3 m
2006
Dominante rouge
Une étoile épineuse de couleur rouge !
Antibes (06), 8 m
09/10/2008
De nuit, sur le sable
Une étoile de mer épineuse chasse de nuit sur fond sableux. Observez encore une fois les bras de taille très inégale.
Cagnes sur mer (06), 10 m, de nuit
10/02/2007
Arpentage
L'étoile cherche ici à prendre appui sur un thalle d'halimède (Halimeda tuna) en arpentant sa fronde de ses tentacules sensoriels !
La Fourmigue nord (83), 8 m
06/05/2007
La vie ne tient qu'à un podia !
A force de vouloir atteindre un point d'appui inaccessible, une étoile de mer épineuse se retrouve suspendue par un podia à un thalle d'halimède (Halimeda tuna) !
La Fourmigue nord (83), 8 m
06/05/2007
Juvénile de 2 cm
Trouvé bien caché à l'abri d'une pierre (qu'il a donc fallu retourner), un juvénile de l'étoile de mer épineuse. Le ver tubicole en bas à gauche (probablement une polymnie) donne une échelle fiable : l'astérie ne fait pas plus de 2 cm !
Il semble que, déjà, un ou des bras lui manquent puisqu'on ne peut en compter que 4...
Bien entendu, toujours remettre précautionneusement les pierres en place lorsqu'elles sont retournées. Il en va de la survie des espèces !
Crau de Nao, Rade de Villefranche-sur-Mer (06), 5 m
28/10/2006
Comète
Un bras de l'étoile en a ici régénéré trois autres !
Cagnes-sur-mer (06), 7 m
22/09/2007
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable historique : Samuel JEGLOT
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Gondim A.I., Christoffersen M.L., Pereira Dias T.L., 2014, Taxonomic guide and historical review of starfishes in northeastern Brazil (Echinodermata, Asteroidea), Zookeys, 449, 1-56.
Pawson D.L., Vance D.J., Messing C.G., Solis-Marin F.A., Mah C.L., 2009, Echinodermata of the Gulf of Mexico, in Gulf of Mexico - Origin, Waters, and Biota, 1, 1177-1204.