Coquille conique, épaisse et lisse de 60 à 120 mm
Teinte de fond blanche avec des points quadrangulaires marron foncé en lignes spiralées
3 bandes jaune pâle sur le dernier tour
Tache sombre à la base du canal siphonal
Spire plate et ouverture longue et étroite, blanche
Périostracum velouté, marron foncé
Manteau rougeâtre ponctué de noir
Cône littéraire, cône arabe, cône imprimé du Pacifique
Lettered cone (GB)
Conus (Elisaconus) litteratus Linnaeus, 1758
Elisaconus litteratus (Linnaeus, 1758)
Strategoconus litteratus (Linneus, 1758)
Cucullus pardus Röding, 1798
Conus arabicus Lamarck, 1810
Conus grueneri Reeve, 1814
Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCe cône commun est présent dans tout l’Indo-Pacifique de l'Afrique de l'Est à la Polynésie française à l’exception de la mer Rouge et de l’archipel d’Hawaï où il est absent. Il reste rare sur l’île de la Réunion mais très fréquent en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie.
Ce cône vit sur les fonds sableux des lagons entre 3 et 15 m de profondeur ou de la pente externe jusqu’à 50 m. Préférant les sables fins ou grossiers, on peut le rencontrer également sur des fonds détritiques ou d’algues. Partiellement enfoui durant le jour, il n’est pas rare d’observer ce chasseur nocturne en plein soleil à la recherche de ses proies.
La coquille de ce cône est épaisse, spiralée, asymétrique et lisse. De forme conique allongée, sa taille moyenne oscille entre 60 et 120 mm mais elle peut atteindre exceptionnellement 170 mm.
La teinte de fond est blanche, ornée de plusieurs lignes en spirales formées de points plus ou moins quadrangulaires et de couleur marron foncé à noire. L’extrémité antérieure est souvent teintée de brun ou de noir avec parfois des reflets bleuâtres. Le dernier tour présente 3 bandes transverses de couleur jaune pâle à orange.
Son enroulement est dextre*. Son ouverture, de couleur blanche, est longue et étroite. Labre* et columelle* sont dépourvus de plis. L’épaule est anguleuse et non crénelée. La spire est plate et souvent érodée.
Le périostracum* est épais, plus ou moins translucide ; son aspect est velouté et sa couleur marron foncé. Chez les spécimens les plus grands le périostracum s’épaissit et une couche de sable masque très souvent l’ornementation du test.
On constatera que les coquilles des jeunes individus sont les plus belles, les adultes plus âgés sont souvent décolorés et ont l’apex* altéré.
La couleur du pied*, organe musculeux qui sert au déplacement et qui porte un petit opercule*, est de couleur rose à rouge brun avec des taches noires ; on observe latéralement des lignes grisâtres à beiges.
Le siphon*, qui contribue à la respiration et à la détection des proies grâce à des récepteurs chimiques, est rose tacheté de petits points noirs.
Conus eburneus : de taille nettement plus petite (30 à 75 mm), son épaule est nettement moins anguleuse, sa base est blanche et non noirâtre, sa spire plus haute et les bandes spiralées sont moins régulières.
Conus leopardus : sa taille est plus grande (jusqu’à 220 mm) et son périostracum plus épais. On notera l’absence des 3 bandes transversales jaunâtres. Sa base est blanche et ne possède pas de marque bleuâtre. Le manteau est blanchâtre tacheté de brun.
C'est un prédateur carnivore, diurne et nocturne, au régime alimentaire vermivore* strict avec une préférence pour le ver polychète errant Phyllodoce malmgreni ainsi que pour ses congénères de la famille des Capitellidés.
La proie est détectée grâce à des récepteurs chimiques situés au niveau du siphon. Le cône projette ensuite, à l'aide de sa trompe ou proboscis*, un dard ou dent radulaire relié à une glande remplie d'un venin très puissant (neurotoxine*) qui paralyse la proie en agissant sur les muscles et le système nerveux. Ce mécanisme est précis ; au cours de la phase d’excitation qui précède la chasse de la proie, une fléchette est extraite du sac radulaire*, véritable carquois, puis maintenue au bout du proboscis rétracté, l’extrémité pointant à l’extérieur. Au moment de la prise de contact avec la proie, le proboscis se détend et l’extrémité libre de la fléchette est enfoncée dans les chairs de celle-ci. Une contraction du bulbe chasse alors le venin sur tout le trajet : canal à venin, pharynx*, proboscis et l’injecte dans la proie par la lumière de la fléchette. Le venin très puissant paralyse et tue celle-ci en quelques instants.
C’est également par cette trompe que l'animal va ingérer sa proie ; elle est susceptible en effet de se dilater considérablement. Une fois avalée la proie est lentement digérée par les enzymes* sécrétées par le cône.
Les cônes sont des animaux à sexes séparés dits gonochoriques*. Les mâles possèdent un pénis en arrière du tentacule* oculaire, sur le côté droit. Après l'accouplement, les femelles pondent des œufs protégés dans des capsules ovigères* en forme de vasques ondulées et crénelées dans leur partie supérieure. Ces capsules sont attachées aux rochers ou aux algues. L'éclosion des œufs donne naissance à des larves* trochophores* planctoniques* qui se métamorphosent en quelques jours (21 à 23 jours) en larves véligères* avant de se poser sur le fond et se transformer en petits cônes identiques aux adultes.
Comme chez beaucoup de cônes il est rare de rencontrer des coquilles de Conus litteratus intactes ; la fine pellicule qui recouvre le test est souvent recouverte par des algues rouges encroûtantes de l’ordre des Hildenbrandiales ou des Corallinales. Sur certains spécimens âgés, une couche de sable plus ou moins épaisse peut se déposer sur le périostracum qui recouvre la coquille et favoriser l’implantation d’algues rouges gazonnantes.
Il est rencontré parfois près d’un de ses prédateurs, le cône marbré (Conus marmoreus). En effet ce dernier, malacophage*, ne dédaigne pas en faire sa proie.
Comme tous les cônes Conus litteratus est venimeux mais sa piqûre, bien que douloureuse, n’est pas dangereuse pour l’homme. En effet, à l’instar de tous les cônes vermivores, leur appareil inoculateur, très petit, ne délivre qu’une quantité trop faible de venin. Il est fortement recommandé de ne pas le manipuler.
Son venin est donc parfaitement adapté à ses proies : les vers. En effet, les molécules du venin de ce cône ou conopeptides ont une cible spécifique au sein du système nerveux ou des muscles de sa proie et ne lui laissent aucunes chances. L'action du venin est comparable à un choc électrique ; le ver est étourdi dans un premier temps avant que n’agissent les molécules. La mort survient très vite par paralysie des muscles respiratoires.
Ce cône est parfois récolté localement en tant que nourriture et consommé cuit, fortement assaisonné. Cependant l’utilisation principale de ce gastéropode reste sa coquille exploitée dans l’artisanat de la bijouterie notamment aux Philippines.
Des études récentes, effectuées par des chercheurs australiens, ont mis en évidence que le venin des cônes contenait des protéines appelées conotoxines. Ces dernières ont des effets analgésiques sur le système nerveux de l’homme et ces propriétés intéressent au plus haut point les pharmacologues. La production d’antidouleurs semble très prometteuse car leur efficacité est nettement supérieure à la morphine et dépourvue d’accoutumance.
Bien qu’il n’y ait pas de risques majeurs de raréfaction envers cette espèce, Conus litteratus est présent sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN* depuis 2013. Il est classé dans la catégorie des préoccupations mineures (LC).
Cône : désigne une coquille en forme de pain de sucre.
imprimé : qui est décoré de motifs.
Conus : du latin [conus]= cône, allusion à la forme de la coquille. Nom de genre créé par Linné en 1758.
litteratus : du latin [litteratus] = portant des caractères, marqué de lettres, en rapport avec les taches noires de forme variable.
Numéro d'entrée WoRMS : 215522
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Conidae | Conidés | Coquille de taille moyenne à grande voire très grande, normalement 20-50mm jusqu'à 170 mm de haut, conique ou biconique avec une ouverture étroite et un canal siphonal court. Sculpture spirale habituellement développée, sculpture axiale absente ou sous la forme de tubercules sur l'épaulement. Sinus anal peu profond à modéré sous la suture. Opercule présent, petit à nucléus terminal. Bouchet & al.2011. |
Genre | Conus | ||
Espèce | litteratus |
Manteau et siphon
Le manteau et le siphon bordés de rose orangé sont visibles ici.
La Réunion, océan Indien, zone battue
20/03/2017
Points noirs sur fond blanc
La teinte de fond est blanc orné de plusieurs lignes en spirales formées de points plus ou moins quadrangulaires de couleur marron foncé à noire.
L'Ermitage, Saint-Gilles-les Bains, La Réunion, 1 m
08/08/2018
Epibiontes
Souvent des algues rouges encroûtantes de l’ordre des Hildenbrandiales ou des Corallinales recouvrent partiellement le test.
L'Ermitage, Saint-Gilles-les Bains, La Réunion, 1 m
20/03/2017
Face dorsale
La coquille est blanc ponctué de taches brun foncé à noires.
« Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique ».
A l’intérieur de sa zone de répartition, l’Indo-Pacifique.
18/04/2018
Spire plate
La spire est plate, l’apex érodé, la couleur est blanc taché de marron foncé.
« Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique ».
A l’intérieur de sa zone de répartition, l’Indo-Pacifique.
18/04/2018
3 bandes transversales
Sur ce spécimen de 66 x 36 mm, on distingue les 3 bandes transverses de couleur jaune pâle à orange du dernier tour.
« Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique »
A l’intérieur de sa zone de répartition, l’Indo-Pacifique.
18/04/2018
Pour mieux comprendre
Les différentes parties de la face ventrale.
« Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique »
A l’intérieur de sa zone de répartition, l’Indo-Pacifique.
18/04/2018
Spécimens de collection
Vues de la face ventrale et dorsale du cône imprimé. On remarque que la coquille est épaisse, spiralée, asymétrique et lisse.
« Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique »
Philippines
02/05/2018
Timbre commémoratif
Timbre de Tanzanie de 30 TSh (shilling tanzaniens) édité en juin 1992.
Tanzanie
22/04/2018
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Bruno MATHÉ
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Letourneux Y.M., 2004, Les mollusques du genre Conus et les applications thérapeutiques de leurs venins, Université de Nantes, Faculté de pharmacie, thèse pour le diplôme d’état de Docteur en pharmacie, 80p.
Pi C. et al., 2006, Diversity and evolution of conotoxins based on gene expression profiling of Conus litteratus, Genomics, 88, 808-819.
Richard G., 1985, Conidae de Polynésie Française, Xenophora, 27, 7-18.
Touitou D., Balleton M., Conidae de Polynésie, Xenophora, 111, 27-42.
La page de Conus litteratus sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase
La page de Conus litteratus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN